LES CORSAIRES "Enfants de Dunkerque" Antoine-Alexis PERIER de SALVERT 1691/1757
Messire Antoine Alexis de Perier de Salvert,
Je remercie Monsieur Benoît de Perier pour l'aide apporté à la rédaction de cet article extrait d’une notice historique de Raymond de Bertrand.
Chef d'escadre des armées navales du roi Louis XV, commandeur de l'ordre
militaire de Saint-Louis, naquit à Dunkerque le 4 Septembre 1691.
Son père, M. Etienne de Perier, lieutenant de vaisseau de Sa Majesté,
remplissait en cette ville, depuis 1689, l'emploi de lieutenant de port, comme
chef de service.
Il fut anoblie (avec sa descendance) en 1726, année de sa mort.
Sa mère était demoiselle Marie de Launay.
Les de Perier et les de Launay, gens de bonnes maisons, recevaient chez eux
tout ce qu'il y avait de bien et de haut placé dans la ville. On y rencontrait
souvent M. Faulconnier, Jean Bart, M. de Relingue, chef d'escadre ; Mathieu
Dewulf, le valeureux corsaire ; M. de Saint-Clair, capitaine de vaisseau; M.
Claude Ceberet, écuyer, seigneur du Boulay, intendant de la marine; M. de
Saint-Pol, capitaine de vaisseau, etc.
La vocation pour la profession de marin était bien déterminée dans les
familles des de Perier et des de Launay.
Le fils aîné se trouvait déjà embarqué à l'âge de huit ans, faisait en 1695
une première campagne et assistait a un combat dans lequel on signala sa
bravoure.
En grandissant, Antoine Alexis, son frère, voulut, lui aussi, devenir un
homme de mer ;
En 1702, on l'engagea comme volontaire sur les vaisseaux du roi, pendant
ses trois premières années de navigation, il eut l'honneur de prendre part à
plusieurs combats. Ses chefs n'eurent qu'à s'en louer et, sur leur recommandation, le gouvernement
le nomma garde de marine, le 20 Mai 1705.
Il embarqua sur le Jersey, commandé par le capitaine Cochart, qui, pendant
six mois, fit la course et livra trois combats.
En 1706, le Jersey, passant sous le commandement du marquis de Lanquetot,
prit rang dans l'escadre du chevalier de
Forbin. Ce vaisseau, armé de 46 canons et monté de 300 hommes d'équipage,
sortit de la rade de Dunkerque le 2 Juin avec tous les autres bâtiments de
l'escadre. Dix jours après, la flottille
était en vue de l'île de Saint-Kelda, à l'Ouest de l'Ecosse ; elle aperçut deux
gros navires de la compagnie hollandaise qui s'en allaient aux Indes.
M. de Lanquetot reçut le signal de les observer, et il s'en acquitta si
adroitement que le lendemain 13 Juin les deux navires hollandais étaient
enlevés par lui et M. de Roquefeuii qui commandait le Prothée.
Le 2 Octobre, les huit navires de
l'escadre de M. de Forbin rencontrèrent une flotte d'environ soixante bâtiments
convoyés par six navires de guerre de 46 à 56 canons. Ils arrivèrent sur
l'ennemi qui mit pavillon hollandais et l'on se prépara de part et d'autre à
une vigoureuse attaque.
Le Jersey, que n'avait pas quitté le jeune de Perier, se mit en ligne de
bataille et canonna résolument l'ennemi qui lui était opposé. L'action fut
longue et incertaine, mais enfin la valeur française l'emporta. Un navire de
guerre hollandais fut enlevé, un autre incendié et un troisième coula à fond.
Les trois autres à moitié désemparés prirent la fuite. Le 18, le chevalier de
Forbin vint lui-même annoncer celte nouvelle en arrivant dans, la rade de
Dunkerque.
Vers le mois de Mars 1707, M.
Duguay, intendant de la marine, reçut l'avis de mettre en état une escadre. M.
de Forbin conserva le commandement du vaisseau le Mars, nomma de Perier l'aîné
capitaine de la barque longue la Levrette de 8 canons, et classa le jeune
Antoine-Alexis comme garde de marine dans l'équipage du vaisseau le Prothée, de 46 canons, commandé par M. le
comte d'Illiers.
La flottille, forte de neuf vaisseaux et de quatre barques longues, partit
de Dunkerque le 11 Mai, et le lendemain quatre corsaires de cette ville
s'adjoignirent à l'escadre.
D'après les conseils de Cornille
Saus, capitaine du Corsaire la Victorieuse, M. de Forbin fit voile vers les
côtes d'Angleterre, et il aperçut, comme on le lui avait dit, 50 voiles
qu'escortaient deux vaisseaux de ligne anglais de 72 canons, l'Hamptoncourt et
le Grafton, et un troisième, le Royal-Oak, de 76 canons.
C'était le 13 Mai : le chevalier de Forbin résolut de les attaquer et
bientôt l'engagement devint général.
Le Mars et le Prothée combattirent l'Hamptoncourt et s'en emparèrent après
une action meurtrière. Le Grafton, qui ne se défendit pas avec moins d'ardeur,
dut néanmoins amener son pavillon devant d'autres vaisseaux français. Le
Royal-Oak, plus heureux, put s'échapper et gagner la côte d'Angleterre dans un
état désespéré. Le lendemain l'escadre rentra à Dunkerque avec 22 prises.
On ramena chez lui le jeune de Perier qui avait été blessé d'une forte
contusion à l'épaule.
Un exprès était déjà parti pour annoncer à la Cour la nouvelle de ce
magnifique combat. Le roi en éprouva un si grand plaisir qu'il nomma
instantanément M. de Forbin chef d'escadre, en lui annonçant qu'il changeait
son titre de chevalier en celui de comte.
Le 10 Juin, le comte de Forbin reprit la mer. Le jeune de Perier était à bord du Prothée. Son frère aîné était
passé sur l'un des autres vaisseaux, avec son grade de garde de marine, depuis
le désarmement des quatre barques longues.
La flottille captura un grand nombre
de navires anglais et hollandais.
Pour sa part, le 23 Juin, le Prothée en possédait quatre, et il continua
ensuite encore sa course avec succès.
Le 14 Août, le comte de Forbin donna le commandement à de Perier, l'aîné, du
navire le Saint-Paul, enlevé à l'ennemi. Dans cette campagne, on avait capturé
trente-trois navires
Six de ses vaisseaux et deux autres
bâtiments, parmi lesquels on comptait le Prothée, sortirent de la rade de Brest
le 19 Octobre, en compagnie de six vaisseaux laissés aux ordres de M.
Duguay-Trouin. Le 24, toute l'escadre s’attaqua à une flotte de 120 à 130
voiles, qui s'en allait d'Angleterre à Lisbonne, porter des vivres, des hommes
et des chevaux au roi de Portugal, sous l'escorte de cinq vaisseaux.
L'occasion était belle de frapper un grand coup, et le combat ne tarda pas
à s'engager. Le vaisseau amiral le Cumberland, armé de 82 à 86 canons, cédant
le premier, amena son pavillon. Le Chester de 54 canons se rendit ensuite.
Alors le Devonshire, de 86 à 92 canons, vaisseau le plus colossal de la flotte,
fut entouré des vaisseaux que commandaient MM. de Tourouvre, François-Cornil Bart et DuguayTrouin.
L'escadre rentra à Brest le 27 Octobre avec les trois navires de guerre
anglais et quelques-uns des soixante bâtiments capturés à l'ennemi pendant
l'action.
Le 8 Novembre, M. de Forbin était de retour à Dunkerque, et le jeune de Perier
rentrait dans sa famille.
Dans le courant du mois de Janvier 1708, l'ordre d'armer tous les navires
de l’État amarrés dans le bassin, arriva de là Cour.
A la fin de Février, neuf vaisseaux étaient presque tous prêts à prendre la
mer, et dix-neuf frégates d'armateurs de la ville, destinées à la même
expédition, n'attendaient que l'avis du départ. Le jeune de Perier, qui avait su
se faire distinguer en plusieurs circonstances, reçut le commandement d'une des
frégates.
On ne connut la destination de la flotte que le 9 Mars à l'arrivée de
Jacques III, le prétendant au trône d'Angleterre. Douze bataillons
d'infanterie, offrant un effectif de 6,000 hommes, venaient d'y être embarqués.
Le 17, le roi Jacques et les officiers de sa maison montèrent à bord du Mars
que commandait M. de Forbin ; et, le 19, les vents étant devenus favorables, la
flotte leva l'ancre et navigua vers l'Ecosse. Le 23, la plupart des navires arrivèrent
à l'embouchure de la rivière d'Edimbourg. On comptait sur un débarquement
facile et une manifestation amicale des Ecossais. Quelques jours s'écoulèrent
et l'on finit par comprendre, après bien des recherches, des tentatives et des
mouvements, que cela devenait impossible par les difficultés de la côte,
l'absence des partisans et l'apparition d'une flotte de 38 bâtiments de guerre
anglais que M. de Forbin parvint à éviter. Le roi et sa suite étaient dans des
transes mortelles et demandaient à revenir. On assembla un conseil de guerre,
et il fut résolu que l'on regagnerait la France pour échapper à l'ennemi qui ne
manquerait pas de reparaître au plus vite. On fit donc route pour Dunkerque où,
malgré les vents contraires, la flotte arriva en majeure partie le 7 Avril.
Pendant cette expédition, il y avait eu quelques faits d'armes
particuliers. Le jeune de Perier eut l'honneur d'être porté à l'ordre du jour pour
l'intrépide valeur dont il avait fait preuve dans le combat qu'il avait livré à
un fort corsaire anglais qui dut forcer de voiles pour lui échapper.
A la suite de cette affaire, M. de Forbin éprouva toutes sortes de chagrins
et d'injustices : il sollicita sa retraite et quitta le service en Août 1708.
Le capitaine Du Quesnel complétant
alors l'équipage du Blackwal de 54 canons, appela comme officier Antoine-Alexis de Perier.
Le vaisseau quitta la rade de Dunkerque le 16 Septembre et se livra à la
course. Il ne tarda pas à faire de riches captures; l'une d'elles fut confiée au jeune Dunkerquois
qui sut bientôt s'y distinguer.
Il attaqua deux corsaires qu'il combattit à outrance, et ne pouvant les
enlever, il les força à la fuite.
L'année 1709 s'ouvrit
avantageusement pour de Perier jeune.
Le 2 Janvier, le Blackwal aperçut un bâtiment anglais chargé de plus de
cent cinquante boucauts de sucre, armé de 16 canons et monté par treize hommes
d'équipage. Le vaisseau chassa dessus et lui fit amener son pavillon. M. de
Tourouvre, commandant en chef de la flottille, de la
conduite et des capacités de de Perier, lui donna le commandement de la prise pour la ramener en France, et le
jeune garde s'en acquitta avec la célérité et l'habileté d'un marin consommé.
A peine était-il arrivé à sa destination, qu'on lui donna le commandement
d'un brigantin armé en course. Il s'élança à la mer avec toute la fougue de son
âge, cherchant l'occasion de combattre le premier navire qui se présenterait.
Le hasard le servit à merveille il attaqua près de Douvres un corsaire
d'Ostende, et l'enleva à l'abordage avec le navire chargé de canons dont ce
corsaire ennemi s'était emparé dans la rade de Dunkerque.
Dès son retour, de Perier le jeune passa sur la frégate le Zéphyr, armée en
course.
Les derniers jours de l'année 1709 lui offrirent plusieurs occasions de
déployer son courage dans un très-grand nombre de rencontres et d'abordages.
En 1710, dans un combat que livra le Zéphyr à un corsaire de Flessingue, de
46 canons, de Perier fut blessé d'une balle
morte au bas-ventre. Plein d'ardeur, et ne voulant pas quitter son navire il prit part, à quelques jours de là, a une
lutte contre des forces quadruples le Zéphyr se vit contraint de céder, et le
malheureux de Perier fut conduit en Angleterre, où il resta six mois prisonnier.
Tout ce temps ne fut pas perdu pour le jeune Dunkerquois : il le consacra à
son instruction dont il n'avait pu s'occuper jusqu'ici avec une constante
assiduité.
Antoine Alexis de Perier ne rentra dans sa famille que vers le mois d'Avril
1712 ; mais ce ne fut guère pour y prendre du repos. IL avait trop à cœur sa captivité.
Au mois de Mai, il obtint le commandement du Lion, armé en course, et
courut sus aux ennemis. La chance fut de son côté : il enleva d'abord
nuitamment à l'abordage un corsaire d'Ostende, et, pendant les sept mois que
dura la campagne, il captura encore trente-sept navires marchands et autres.
C'était un magnifique début.
En 1713, il passa sur le vaisseau le Grafton, de 70 canons, que l'on
conduisit à Brest. De là il se dirigea sur le Havre, où l'on armait un navire à
bord duquel il fit une campagne à la côte de Guinée et à Saint-Domingue en 1714
et 1715.
Dès ce moment son avenir est tout tracé. En 1716 on lui confie le
commandement d'une frégate, de 30 canons armée en guerre pour la compagnie du
Sénégal, chasse les forbans de la rivière de Gambie et prend possession du
Fort-Jacques dont ils s'étaient emparés.
On était alors à la fin de 1719.
L'année suivante, de Perier commande quatre frégates armées en guerre pour la
compagnie des Indes, réduit l'île et la forteresse d'Arguin après treize jours
de siège, obtient le 16 Août 1721 son brevet d'enseigne de vaisseau, puis, il
s'empare de divers interlopes anglais et hollandais sur la côte d'Afrique
jusqu'en l'année 1722.
A son retour, on le retient deux ans
à terre, il est attaché à la direction des travaux du port et de la rade de
Roch-Yan que l'on vient de transformer en cité maritime sous le nom de Lorient,
et pour le récompenser de ses loyaux services, la compagnie des Indes lui
donne, en 1724, le commandement de deux
frégates et de six navires de transports de la compagnie montés de cinq cents
hommes de débarquement. Il appareille, et, en 1725, il prend en douze jours de
siège la forteresse d'Arguin et celle de Portendik qu'occupent les Hollandais.
En 1727, on le retrouve en France. Il conduit d'abord la frégate la Gloire,
du Havre à Brest, et passe ensuite sur le vaisseau le Neptune, commandé par le
marquis d'O, qui accomplit une campagne de six mois.
il se maria en 1729. Il alla habiter
le château de Lanriec près de Cancarneau, sur les bords de la mer dans
l'arrondissement de Quimper.
Ce fut vers l'époque de son mariage
que de Perier ajouta à son nom patronimique, la dénomination de Salvert.
De Perier attendait de l'avancement. Il l'obtient en 1730. Le 4 Avril, on lui
accorde le brevet de lieutenant de vaisseau, le commandement de la flûte la
Somme, et la commission de lieutenant de
roi au gouvernement général de la Louisiane, pour commander sous les ordres de
son frère, gouverneur dans ce pays, les troupes du roi et celles de la colonie.
En 1732, il était de retour en
France. Le ministre de la marine le
rappelle au service en 1733, et il fait alors, une campagne de six mois,
d'abord comme capitaine en second à bord du Griffon, puis comme commandant de la
Méduse.
Revenu au port de désarmement, de Perier est appelé pour faire partie de
l'expédition de Dantzick que doit diriger le comte Dubois de la Motte, et passe
sur le Fleuron que commande M. de Beauharnais.
Il s'agissait de l'élection du roi de Pologne, beau-père de Louis XV. La
Russie ne veut pas de Stanislas Leczinsky, protégé par la France.
L'escadre française transporte dans la Baltique un secours de 1500 hommes;
mais, à l'aspect des nombreux bataillons russes et allemands qui bordent la
rade de Dantzick, le comte Dubois de la Mothe se retire et se réfugie à
Copenhague. De Brehan, comte de Plelo, ambassadeur de France en Danemark, se
résout à conduire les 1500 soldats au secours de la ville de Dantzick dans
laquelle Stanislas est renfermé.
Le 27 Mai 1734, il débarque les
troupes que le Fleuron transporte en partie. Les Français attaquent et se
défendent avec une bravoure fabuleuse; le comte de Plelo tombe et meurt sous le
feu des Russes. Au bout de plus d'un mois, ce qui reste d'hommes valides se
voit réduit à accepter une capitulation.
L'escadre, revint en France sans même ramener le pauvre
roi Stanislas
On apporta l'ordre de désarmer tous
les navires de l’État dans les ports du royaume.
De Perier resta à terre pendant quatre ans.
Grâce à son mérite, le roi pensa à lui en 1738.
Le ministre l'appela au commandement de la frégate l'Astrée, désignée pour
protéger à la côte de Guinée le commerce de la Compagnie des Indes contre les
Anglais, bien qu'on ne fût pas en guerre avec l'Angleterre.
Sa belle et énergique conduite dans cette expédition lui vaut, le 13 mai,
le brevet de chevalier de Saint-Louis.
A la côte de Guinée, l'Astrée reçoit l'ordre de se diriger vers la côte du
Maroc pour maintenir les corsaires de Salé. Plusieurs rencontres ont lieu, et,
en 1739 de Perier réussit à détruire sur la barre de Larache le navire amiral de
ces corsaires.
L'année suivante, le valeureux dunkerquois s'embarque sur le Juste, l'un
des bâtiments de l'escadre du vice amiral d'Antin, qui part pour l'Amérique. L'escadre,
surprise par la tempête, perd plusieurs de ses navires et est ramené en France, et le 4 Mai 1744
de Perier est nommé capitaine de vaisseau.
A la fin de 1743, il reçoit l'avis de s'embarquer sur le Dauphin-Royal que
commande M. de Barailh ; et quelques mois après, lors de la déclaration de guerre
à l'Angleterre, en Mars 1744, il devient lui-même le commandant de ce vaisseau.
M. de Perier de Salvert commande le Dauphin-Royal jusqu'en 1744.
En 1747, le ministre l'appelle au
commandement du vaisseau le Northumberland et de l'escadre destinée à secourir
le Canada, il remplit avec honneur la mission.
On lui tient compte de ce beau résultat: le 17 Février 1750, il est nommé
commissaire-général d'artillerie; puis, dans le cours de 1754, il prend le
commandement du vaisseau le Lis et d'une division pour la côte de Guinée. Il y
obtient un plein succès; et, lors de son retour, il reçoit le brevet de chef
d'escadre à la date du 4 Septembre 1752, le jour même que son compatriote
François Cornil Bart est élevé au grade de vice-amiral de France.
Au mois de Janvier 1755, M.
Lhermite de Villeblanche, commissaire ordonnateur de la marine à Dunkerque,
annonce que le roi a ordonné un armement dans le port de Brest, et l'on apprend
en même temps que Sa Majesté a nommé M. de Perier de Salvert pour commander une de
ses escadres.
Le 10 Mars, le Bizarre, que montait
M. Perier, était en rade de Brest;
Dans ces entrefaites, Le 27 Avril, l'amiral Boscawen partit de
Plymouth avec onze vaisseaux de ligne et une frégate, dans le but d'intercepter
les secours que l'on enverrait de France au Canada. Le 3 Mai, une escadre, sous
le commandement du comte Dubois de la Motte, quitta la rade de Brest et cingla
sur l'Amérique. Des brouillards la dérobèrent aux recherches des Anglais, et
elle continua paisiblement sa route. En arrivant au banc de Terre Neuve, le Comte Dubois détacha
de son escadre M. de Perier de Salvert avec le vaisseau le Bizarre que celui-ci
commandait, et les vaisseaux le Défenseur, l'Espérance, le Dauphin-Royal,
l'Aquilon et la Comète, et lui enjoignit de se rendre à Louisbourg.
Le chef d'escadre suivit cet ordre
et réussit à merveille.
M. de Perier de Salvert rentra à Brest dans les premiers jours de décembre 1755.
Le roi donna ses ordres et du 29
Juin au 5 Juillet, on vit arriver successivement à Dunkerque M. l'intendant de
Caumartin, M. de Perier de Salvert que Sa Majesté venait d'attacher au conseil du
ministère de la marine, plusieurs ministres et les personnages les plus
instruits et les plus influents de la Cour : ils venaient s'entendre avec les
chefs de service et les édiles dunkerquois pour mettre à exécution les projets
du gouvernement à l'égard de la ville, par suite de la guerre qui venait
d'éclater entré la Cour de Saint-James et celle de Versailles.
M. le ministre déclara qu'on mettrait le port dans l'état où il était avant
sa démolition. Deux jours
après, M. de Salvert fit le
détail des travaux qu'on allait entreprendre pour mettre le port le plus
promptement possible en état de recevoir les frégates du roi.
M. de Salvert quitta Dunkerque en laissant partout des regrets, les
meilleures impressions de l'excellence de son caractère, le souvenir de sa
gracieuse bienveillance et la conviction de ses bonnes dispositions pour sa
ville natale.
A son retour à Versailles, il entretint le roi de tout ce qu'il était
nécessaire d'exécuter pour la restauration du port et la prospérité du commerce
maritime de la ville de Dunkerque. Sa Majesté donna l'assurance qu'on
réaliserait promptement les divers projets combinés.
De nouveaux honneurs attendaient M. de
Perier. Sa Majesté le nomma, le 19 Octobre 1756, commandeur de l'ordre de
Saint-Louis, et, le 19 Novembre, inspecteur du dépôt des cartes et plans de la
marine.
Une mort subite vint le frapper au
moment où il ne s'était jamais plus occupé des intérêts de sa ville natale.
Il mourut à Versailles, le 7 Avril 1757, et y fut inhumé le lendemain dans
l'ancienne église de la paroisse, en présence des premiers officiers de la
Cour.
La mort de messire Antoine Alexis de Perier de Salvert, chef d'escadre, fut
une perte irréparable pour Dunkerque. Cette existence, si précieuse pour sa
ville natale comme pour l’État, fut brisée dans la plus belle phase de sa
course. Les hautes capacités de l'illustre Dunkerquois, que favorisait sa
brillante position sociale, l'appelaient aux plus éminentes dignités du royaume.