LES AS DE L'ESCADRILLE DES CIGOGNES A SAINT-POL/MER EN 1917

 

L’affrontement aérien va devenir une affaire de spécialistes dès 1914, une guerre des meilleurs.

Ce sont les Français qui ont employé les premiers cette expression qui a été reprise par les Allemands par la suite. Ces combats aériens sont magnifiés aussi bien par l’opinion publique que par les pilotes eux-mêmes : l’aviation possède un côté noble, chevaleresque.
Le statut d'as de l'aviation s'obtient en principe au bout de cinq victoires en combat aérien.

Escadrille des cigognes à Saint Pol sur mer

En juillet la bataille des Flandres va débuter, De Bierne (Bergues aérodrome pour les anglais) la formation se rend ensuite sur celui de Saint-Pol-sur-Mer. 
Les appareils d'escadrilles étaient ornés d’une cigogne.
C’est Brocard qui adopta, pour l'escadrille, son symbole favori, celui de la « Cigogne », évocateur de l'Alsace et répondant aux espoirs de tout le groupement.
Sans répit, les cigognes continuent la lutte au mépris de tous les dangers, les pilotes, malgré l'artillerie anti-aérienne qui crible les avions, réussissent toujours à refouler l'aviation ennemie à l'intérieur de ses lignes. Toutefois malgré de nombreuses victoires, la bataille des Flandres va s'avérer meurtrière, après Heurtaux blessé, le sergent Silberstein, le capitaine Auger tués , c'est le capitaine Georges Guynemer qui à son tour disparait « en plein Ciel de Gloire », le 11 septembre 1917, au-dessus de Poelcapelle (Belgique).


Maintenue dans les Flandres jusqu'en décembre 1917 , la SPA 3 affectée auprès de la VIe Armée  rejoint le terrain de Maisonneuve (Aisne), à cette époque les Spad XIII ont remplacé les Spad VII et XII (canon).

Dans l’escadrille des cigognes voici les As qui furent présent à Saint-Pol-sur-mer.
 
René Fonck dit la Cigogne Blanche, 
 75 victoires homologuées. Il fut l’ « As des As ».
En tant que pilote de chasse, sa technique de combat consiste essentiellement à surprendre l’adversaire, lui porter un coup décisif au plus près et avec un minimum de munitions, et se soustraire à sa riposte.
Il rejoint le groupe des Cigognes le 25 avril 1917 où le commandant Brocard le reçoit. Affecté à l’escadrille SPA 103 à saint Pol sur chasseur SPAD VII, il va vite se révéler comme un chasseur hors-pair en abattant un appareil le 5 mai, un autre le 11 et un autre le 13, ce qui lui fait atteindre le total de 5 victoires homologuées qui lui donnent l’honneur de voir son nom figurer au communiqué aux armées du 3 juin 1917.
La suite de la guerre est pour Fonck une suite ininterrompue de victoires aériennes jusqu’à l’armistice, atteignant le total de 75 victoires homologuées ce qui fait de lui l’as des as de la chasse française et alliée. 
Le 30 Novembre 1917 le sous-lieutenant Fonck est décoré au terrain de Saint Pol de la croix de chevalier de la légion d’honneur.
René Fonck termine la guerre avec tous les honneurs et le grade de lieutenant, arborant une Croix de guerre 1914-1918 avec 28 palmes et une étoile. Alors en pleine gloire, Fonck est le porte-drapeau de l’aviation française lors du défilé de la victoire le 14 juillet 1919. 
 
 
Charles Nungesser, 
43 victoires homologuées, Celui qui était surnommé le « Hussard de la Mors »
Au cours d’une embuscade ennemie alors qu’il tentait de chercher du renfort. Il réussit alors à s’emparer d’un véhicule ennemi, une 40 chevaux Mors, et à revenir vers les lignes alliés avec les plans de guerre du quartier général allemand qu’il contenait. 
C’était une véritable tête brûlée, d’ailleurs la liste de ses blessures égale celle de ses décorations : Légion d’honneur, Croix de guerre 1914-1918 avec 28 palmes, Médaille militaire, The Military Cross, l’Ordre de Léopold avec palmes et la Distinguished Service Cross.
Il fait peindre sur son Nieuport 17 son emblème personnel qui était des plus remarquables : dans un cœur peint en noir, une tête de mort avec deux tibias entrecroisés, surmontée par un cercueil encadré par deux chandeliers.



 
 Georges Guynemer, 
1894-1917- 54 Victoires homologuées premier français à atteindre les 50 victoires.
Décorations de Georges Marie Ludovic Jules Guynemer : Médaille militaire, officier de la Légion d’Honneur à 21 ans, et Croix de Guerre avec 24 palmes.
Jugé inapte et trop fragile par l’armée de terre, il parvient à intégrer l’armée de l’air grâce à son acharnement.
Il récupère un vieux Morane-Saulnier Type L, surnommé le « Vieux Charles », car il avait appartenu au sergent Charles Bonnard. Guynemer gardera ce surnom sur tous ses appareils. Il intègre très vite l’escadrille 103 dite des « cigognes », avant d’en prendre la tête.
Pilote fougueux et courageux, il s’illustre sur son SPAD VII.

Il est abattu le 11 septembre 1917 en combat aérien à Poelkapelle en Belgique, à seulement 22 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Sa mort choque l’opinion publique et suscite de nombreux hommages de la part de ses compagnons et de ses adversaires.
Il accède tout de suite au statut de légende de l’aviation et reste encore aujourd’hui une référence dans le monde de l’aéronautique.




Roland Garros, 
pionnier de l’aviation française,

Le 23 Septembre 1913, il a effectué la première traversée de la Méditerrané en 7 h 53 m, malgré deux pannes d’un moteur de son Morane-Saulnier H, une au large de la Corse et l’autre au-dessus de la Sardaigne. Quand il s’est posé à Bizerte il n’avait que cinq litres de carburant. Avant il avait remporté trois records d’altitude, aux États-Unis, au Mexique et à Cuba.
La guerre de 1914/1918 l’a transformé en pilote de guerre. En 1915 il décolla de Saint Pol/mer obligé cause panne de se poser en territoire occupé, il a été fait prisonnier avant d’avoir pu détruire son avion et son système de tir, qui va être étudié et perfectionné par Anthony Fokker. Roland Garros a réussi à s’évader trois ans après. Il est sorti du camp de Magdebourg par la grande porte, avec un faux uniforme allemand, salué par les sentinelles. Puis il est passé par la Hollande.
Très diminué Georges Clemenceau, veut en faire son conseiller spécial, mais Garros ne conçoit son engagement qu'en première ligne, il rejoindra l’escadrille de cygognes.
Tué le 5 Octobre 1918, lors d’un combat aérien dans les Ardennes, prés de Vouziers, la veille de son 30ème anniversaire et un mois avant la fin de la Guerre.
 
 
Sous-lieutenant Marcel Haegelen 
23 Victoires homologuées.
Le 8 février 1917, alors promu sergent, il est muté dans la chasse et après un mois de formation gagne la SPA 103 où arrivera un mois après lui l’as des as René Fonck et qui remportera vite ses premiers succès. 
Marcel Haegelen fait de même en obtenant ses deux premières victoires homologuées les 28 et 28 mai 1917, mais ce même 28 mai il est sérieusement sonné quand son SPAD s’écrase sur son terrain au retour de mission.
Il est quitte pour quatre mois de convalescence et revient au front en septembre quand la SPA 103 se bat dans les Flandres. Peut-être diminué par son accident, il ne remporte aucun succès durant l’automne et l’hiver où il est promu au grade de sous-lieutenant avant d’être muté à la SPA 100, une nouvelle unité de chasse intégrée dans le GC 17 composante de la division aérienne du général Duval, qui va être de tous les combats contre l’aviation ennemie lors des offensives allemandes du printemps 1918.
Le tableau de chasse du sous-lieutenant Marcel Haegelen va dès lors s’envoler : un chasseur le 23 mars, puis deux Drachen les 6 et 7 juin. Le 10 juillet 1918, il en est à sa 10e victoire homologuée, qui lui vaut l’honneur de passer au communiqué aux armées. Il termine la guerre avec 23 victoires homologuées dont 12 ballons, étant muté la SPA 89 à quelques jours de l’armistice pour tenter de la dynamiser. 
 
 
Alfred Heurtaux 
21 Victoires homologués
La carrière militaire est une évidence pour Heurtaux. Le 6 décembre 1914, il rejoint son escadrille à Saint-Pol comme observateur mais son pilote est un spécialiste des atterrissages mouvementés.
Galvanisé par l’arrivée de Roland Garros sur le terrain, il demande à devenir pilote et rejoint finalement la N3 des Cigognes le 7 juin 1916 où il vole en compagnie de Guynemer et de René Dorme. Il prendra le commandement de l’escadrille le 9 novembre 1916.
Titulaire de 21 victoires le 6 mai 1917, il est blessé assez gravement pour être mis au repos et ne peut retrouver ses frères d’armes et les SPAD de la SPA3 qu’au mois d’août à Saint-Pol.

 
 Marcel Heurtaux et René Fonck lors de la cérémonie de remise de décoration à Saint Pol sur Mer le 30 novembre 1917.
Son duo avec Fonck fonctionne à merveille. Précis et méticuleux, il termine la guerre avec 21 victoires
Citation à l'ordre de l'armée en date du 22 octobre 1917

"Officier d'élite. D'abord cavalier d'une éclatante bravoure, est devenu un pilote de chasse d'une habileté et d'un sang-froid incomparables se battant depuis trois ans avec la même joie et le même culte du devoir. Garde au milieu des plus périlleuses attaques, le calme le plus étonnant et d'une audace splendide et donne un magnifique exemple de dévouement à la patrie. Blessé, le 5 mai 1917, en attaquant seul neuf avions de chasse ennemis, a été à nouveau gravement atteint, le 3 septembre 1917, au cours d'un dur combat. A abattu vingt et un appareils allemands. Quinze fois cité à l'ordre. Chevalier de la Légion d'Honneur pour faits de guerre." 
 
René Dorme 
23 victoires homologués
Il intégra le 27 mai 1916 l'escadrille. Celle-ci, prestigieuse formation alors commandée par le capitaine Antonin Brocard, allait devenir à la fin octobre 1916, l'une des escadrilles dites « des Cigognes » prenant ainsi part au Groupe de Combat 12 en compagnie des escadrilles 26, 73 et 103.
S'illustrant en combat aérien, René Dorme que ses camarades d'escadrille appelaient affectueusement « le Père » ne fût pas long à se faire remarquer. En effet, bien que fraîchement arrivé, il ne déclare pas moins de 8 victoires pour le seul mois de juillet 1916 dont un doublé le 27. Cependant seules 2 victoires seront officialisées. Il faut dire que la procédure d'homologation française des victoires mise en place par Brocard est très contraignante, requérant par exemple trois témoins directs indépendants, ce qui pour les pilotes est souvent impossible à satisfaire, surtout en sachant que les combats ont le plus souvent lieu au-delà des lignes ennemies et que par conséquent les témoins ne sont pas légion.
Sa carrière de pilote de chasse sera à l'image de ce mois de juillet, jalonnée d'actes héroïques, sur lesquels faute d'avoir été officialisés, l'histoire fait silence. Selon les souvenirs de son mécanicien et les notes figurant dans son carnet de vol, il ne s’attribuait pas moins de 94 victoires aériennes. D'après la compilation des victoires françaises il lui en sera crédité 23.
Ses faits d'armes lui valurent la médaille militaire épinglée des mains du président de la République. Chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre avec dix-sept palmes.
Il disparut dans la soirée du 25 mai 1917

 Bien d’autres aviateurs  furent aux commandes des avions « SPAD » de la SPA3, de la SPA26 et SPA103, les trois plus glorieuses escadrilles de la première  guerre mondiale.








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