HISTOIRE " Oeuvre de Saint Pol sur mer la Goutte de Lait"
de la Goutte de Lait
Sources journaux locaux de l’époque.
A cette époque Il meurt annuellement, en France, cent cinquante mille enfants âgés de moins d'un an.
Ces bébés succombent en majorité, suites de maladies du tube digestif et de diarrhées infectieuses résultant des fautes commises dans l'alimentation des nouveau-nés.
Ceci revient à dire que la plupart des mères donnent à leurs enfants des soins plus empressés qu'éclairés.
Il y a donc nécessité impérieuse de donner aux mères l'éducation qui leur manque, comme de fournir à celles qui sont dans le besoin les moyens d'élever les frêles êtres qui leur sont nés dans de bonnes conditions d'alimentation et d'hygiéne.
L’Œuvre Saint -Poloise de la Goutte de Lait, fondée en 1902 grâce aux libéralités de M. Georges Vancauwenberghe, maire de Saint-Pol, et de plusieurs autres personnes charitables,
la Goutte de Lait de Saint-Pol donne quelques mois après ses soins à 150 nourrissons et obtient des résultats dont le président Loubet qui la visita en juillet 1903 se montra émerveillé.
La consultation des bébés est faite chaque dimanche par M. le professeur Ausset, de la Faculté de médecine de Lille, qui s'est voué à l'œuvre avec un entier désintéressement.
Elle a lieu dans une maison de la rue principale de St-Pol, dont le rez-de-chaussée est divisé en trois pièces : une salle d'attente où les mères démaillotent les bébés ; une salle de consultation où les enfants sont pesés et visités par le professeur ; enfin, un office où se fait la pasteurisation du lait et la distribution des biberons.
Cet office est une des originalités de la Goutte de Lait de Saint-Pol. Le lait de vache y est pasteurisé d'après le procédé de M.Coutant. Après l'avoir mis dans les biberons, à la dose prescrite, on le porte à une certaine température dans des récipients chauffés par la vapeur d'eau, puis on le refroidit brusquement.
On obtient ainsi un double résultat : destruction des microbes contenus dans le lait et conservation des ferments qui facilitent la digestion du lait.
On a reconnu en effet que les autres procédés de stérilisation du lait détruisaient à la fois ferments et microbes, ce qui présente le gros inconvénient de rendre le lait indigeste pour l'enfant.
Les enfants sont admis à l'Œuvre trois semaines après leur naissance. Il est absolument interdit aux mères de sortir avant la quatrième semaine qui suit leurs couches, et à plus forte raison de venir à la Goutte de Lait, où on ne les recevrait du reste pas.
On établit au nom de chaque enfant une fiche sur laquelle le professeur Ausset note tous les renseignements dont il a besoin : âge et situation des parents, profession, ressources, santé, nombre d'enfants, mode d'allaitement, décès survenus, leurs causes.
Il examine la mère et l'enfant, consigne sur la fiche ses observations et fait ses prescriptions : allaitement au sein le plus longtemps possible ; en cas d'insuffisance du lait maternel, adjonction de quelques biberons d'un lait spécial préparé et distribué gratuitement par la Goutte de Lait ; repos complet de la mère pendant les quatre semaines qui suivent la délivrance.
Cette dernière condition est la plus difficile à réaliser. Beaucoup de femmes sont occupées dans les usines et il n'est pas commode de les retenir quand la nécessité les pousse à reprendre le travail.
On y arrive cependant par la persuasion et aussi grâce à des secours qui viennent compenser dans une certaine mesure le salaire perdu.
A côté de la Goutte de Lait fonctionne une Société de Charité maternelle qui remet gracieusement une layette à chaque enfant, une couverture de laine et d'autres objets à l'usage des nouveau-nés. Les dames patronnesses de cette société sont, grâce à leurs, libéralités, de précieuses auxiliaires pour le docteur Ausset. Autre personne qu’il vaut citer : Mme Plessier, sage-femme de St-Pol, qui aide les mères de ses conseils expérimentés et veille à l'exécution des prescriptions ordonnées par le docteur.
Voici donc l'enfant inscrit à la Goutte de Lait de St-Pol.
Chaque dimanche matin, il est amené au docteur par la mère, qui raconte comment la semaine s'est passée.
Le docteur questionne, se rend compte de la propreté de la tête et du corps, prend la fiche et compare les poids d'une semaine à l'autre.
S’Il y a augmentation : tout va bien.
S’Il y a diminution, que s'est-il passé? L'enfant a eu la diarrhée, ou il a rejeté sa nourriture, ou il a refusé la nourriture.
Le praticien fait ses prescriptions, renouvelle ses recommandations, félicite ou gourmande.
Les 110 à 120 litres de lait distribués journellement à l'Œuvre saint-poloise de la Goutte de Lait sont traités d'après le procédé décrit si dessus.
Les enfants supportent facilement ce lait et il peut remplacer dans une certaine mesure le lait maternel.
L'alimentation et les soins donnés à Saint-Pol produisent déjà leurs effets. La mortalité infantile a diminué dans des proportions inespérées. En 9 mois trois décès seulement sont survenus ; et ces trois décès représentaient la mortalité mensuelle avant le fonctionnement de l'Œuvre.
Les mères, éclairées sur leur rôle, encouragées par les secours, stimulées par les félicitations et les conseils donnés toujours sous une forme familière qui leur plaît, élèvent mieux leurs enfants.
Il n'en est guère de rebelles.
On distribue aux assistés de l'œuvre, sous forme de paniers contenant de petites bouteilles, la dose prescrite par le médecin. La mère a reçu, avec une tétine adaptable aux bouteilles et un appareil à réchauffer, toutes sortes d'indications pratiques. Enfin, toutes les fois qu'elle peut nourrir, au moins partiellement, un secours en pain vient l'encourager.
Et chaque dimanche, cent cinquante enfants sont apportés ici par leur mère ou un parent, puis déshabillés, pesés, examinés « cent cinquante enfants de moins de quinze mois » .
Autre œuvre de Georges Vancauwenberghe