l'ouragan de Zuydcoote le 1 janvier 1777
l'ouragan de Zuydcoote le 1 janvier 1777.
D’après Raymond de Bertrand
D’après Raymond de Bertrand
Une violente tempête éclata sur tout le littoral de la mer et causa de grands ravages, à des distances même très éloignées de la côte.
Le vent fut tellement violent qu'il déracina une grande quantité d'arbres et renversa plusieurs moulins à Hondschoote; mais où il opéra surtout de cruelles dévastations, ce fut à Zuydcoote,
Le vent fut d'une telle impétuosité qu'il souleva le sable des dunes et couvrit une partie du bourg de Zuydcoote. Une pluie abondante ajouta encore à l'horreur de cette nuit.
Les personnes les plus voisines du rivage donnèrent l'alarme et vinrent se réfugier au centre de la seigneurie, en annonçant que leurs maisons étaient sapées dans leurs fondements par les vagues qui se frayaient un passage à travers les dunes; elles ajoutaient que des enfants et des veillards n'avaient pu fuir et qu'ils allaient infailliblement périr si l'on ne leur portait secours.
Bientôt tous les habitants, à moitié vêtus, sortirent dans un épouvantable désordre de leurs demeures, au milieu de la plus profonde obscurité. On voyait bien, de loin en loin, la lumière incertaine d'une lampe, mais elle ne tardait pas à s'éteindre, sous le souffle du vent qui pénétrait dans les maisons. Les malheureux, frappés de terreur, crurent toucher à la fin du monde, si souvent annoncée; ils couraient comme des insensés, en jetant des cris de détresse, se cherchant et s'appelant les uns les autres. Déjà, les traces des rues, des chenins, des sentiers disparaissaient sous le sable et les débris de meubles et de construction.
L'ouragan allait toujours grandissant, et le roulement sourd des vagues se mêlait au mugissement de la tempête, aux pleurs et aux cris des malheureux, aux craquements des maisons, qui s'affaissaient sous le poids des sables, des débris de coquillages et des rafales du vent. L'eau tombait du ciel par torrents; la mer s'avançait, lançant au loin l'écume de ses eaux et forçait la population à reculer devant les flots mugissants. C'était un spectacle horrible.
Des scènes plus déchirantes les unes que les autres se succédaient sans cesse ; des mères fuyaient tenant sur les bras leurs enfants, roulés dans des couvertures ; des hommes portaient sur le dos plusieurs enfants à la fois ; d'autres sauvaient ce qu'ils avaient pu saisir de leur mobilier.
Nulle part il n'existait de sécurité. D'un instant à l'autre on s'attendait à voir la tour s'écrouler ; déjà les vitraux, les ardoises, des portions de maçonnerie de l'église avaient volé en éclats; déjà plusieurs fois le moulin avait menacé de s'abimer et d'écraser dans sa chute les habitants accourus sur ce point rapproché du canal.
Plusieurs personnes se distinguèrent par leur intrépidité au milieu de cet affreux désastre, et parmi elles on signala le pasteur et son vicaire, qui semblèrent se multiplier. Ils se transportaient partout où l'on demandait des secours ; ils aidaient les uns et consolaient les autres.
Au jour l'on se reconnut et l'on s'arma de courage : Le village était recouvert de sable
la tempête était apaisée ! On eût alors le spectacle de scènes plus affligeantes encore. Il manquait plusieurs individus ; en toute hâte on accourut vers les décombres des maisons et l'on fut assez heureux de les découvrir et de les sauver, non sans de longs efforts. On n'entendait que sanglots, hurlements et paroles de désespoir.
On apercevait çà et là des groupes de peuple trempés par la pluie, grelotant de froid et jetant des yeux remplis de larmes sur les endroits où devaient se trouver leurs habitations détruites ou couvertes par les dunes. »
« La vue n'embrassait que des ruines. »
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