HISTOIRE DE L'EGLISE SAINT ELOI

 

L’EGLISE SAINT ELOI

D'après des récits traditionnels qui ne sont pas démentis : au VIIe siècle St-Eloi vint visiter Dunkerque, ou plutôt la bourgade qui se trouvait disséminée  sur une partie du territoire de la ville actuelle.
A cette époque dans cette bourgade était un temple élevé à Woden ou Odin. 
Caduc et mal bâti, ce monument fut, sur le conseil du saint missionnaire, consacré au vrai Dieu, sous l'invocation de St-Pierre, le patron des pêcheurs. Cette transformation, conforme aux intentions du Souverain Pontife, convenait à une peuplade dont le seul revenu était la pêche. 
C'est le premier édifice religieux dont les annales de Dunkerque fassent mention. 
Pleins de reconnaissance pour St-Eloi, leur père spirituel, les habitants érigèrent bientôt, en son honneur, une petite chapelle qu'il ne faut pas confondre avec le temple païen cité ci-dessus.
Cette dernière était située vers le point où se coupe aujourd'hui le prolongement de la rue Dupouy et  la rue Nationale.
Mais outre la chapelle St-Pierre et la chapelle Saint-Eloi, il y en avait une à St-Gilles; autour de cette dernière se groupa St-Gillisdorp.
 Ainsi, trois chapelles et deux bourgs voisins, voilà ce qui se trouvait à cette époque primitive sur le territoire de Dunkerque. 
Exposés aux attaques des barbares qui, à tant de reprises, se sont précipités sur la contrée, les hameaux et les édifices religieux furent plus d'une fois ruinés, rétablis, renversés de nouveau. La chapelle St-Gilles et le groupe qui l'entourait, plus voisine du rivage, fut entourée de murs au Xe siècle et prit alors le nom de Dunkerque. 
Placée extra-muros, la chapelle Saint-Eloi resta seule exposée aux déprédations des étrangers et des partisans. Plus d'une fois les habitants du bourg durent se réfugier derrière les remparts voisins et ne revenir qu'après que le péril avait disparu. 
Par suite de ces vicissitudes, l'édifice, plusieurs fois incendié, pillé, détruit avait enfin pris une physionomie qui n'avait plus rien de l'apparence primitive. Il en fut de même pour le hameau qui diminua peu à peu et devint un simple faubourg de la ville. 
Il resta autour de l'antique sanctuaire un certain nombre de maisons. Dans les moments de calme on y revenait encore, et au XVIIe siècle il s'y trouvait encore une trentaine de  maisons. 
  On a rarement fait mention de l’église Saint Gilles, dont l'existence ne peut cependant être l'objet d'un doute sérieux. 
La première église de Saint-Eloi intra-muros ne remonte pas au delà du XVème  siècle. Or, de Baudouin III en 963, à Philippe-le-Bon en 1440, il s'est écoulé près de cinq cents ans, et les habitants ne sont pas restés cinq siècles sans un édifice pour y remplir les devoirs du culte.  
Du Xe siècle au XVe il y avait donc à Dunkerque : 
Extra-muros, la chapelle Saint-Eloi  
intra-muros, l'église de saint  Gilles
 Au XVe siècle, l'église intra-muros était devenue insuffisante ; on songea à en bâtir une nouvelle plus spacieuse. 
L'emplacement de cette seconde église était celui où se trouve aujourd'hui l’église St-Eloi; mais le plan et le style de l'édifice n'avaient aucun rapport avec ce que nous avons aujourd'hui.
 Initialement on avait  élevé une grande tour pour servir de fanal et de signal de reconnaissance aux vaisseaux et en même temps pour être le clocher de l'église qui en était cependant assez distante.
en 1440 on résolut d'y adjoindre des nefs; trois années suffirent pour réaliser cette grande entreprise.
 Pour  cette construction on employa les matériaux de l'autre église intra-muros et du château de Robert qui, étaient à l'état de ruines. 
 En 1558, la ville, ayant été prise par les Français, fut livrée au pillage. L'église ne fut pas épargnée; l'incendie en détruisit même une partie.
Grace à la mise en place de l’usage du filet-saint les pêcheurs contribuèrent à la restauration de l’église.
Les personnalités de la ville contribuèrent également au financement de la restauration.
Le temple fut reconstruit sur un nouveau plan et d'après des dimensions différentes. 
La croix grecque remplaça la croix latine, le style ogival tertiaire donna à la construction une physionomie toute différente. Une abside polygonale relia les deux nefs latérales communiquant par des arcades reposant sur des piliers formés d'un faisceau de nervures prismatiques se prolongeant jusqu'aux voûtes, où elles sont réunies par des clefs en forme de pendentifs. Des fenêtres ogivales traversées de meneaux, partie flamboyants, partie renaissance, y donnèrent entrée à la lumière. 
La magnifique église de Brou, dans l’Ain, nous montre dans toute sa splendeur et son admirable richesse ce que comporte le style de cette nouvelle construction. 
La partie de l'église (de 1440) la plus voisine de la tour ne fut pas restaurée, soit que l'on en remît l'achèvement à un autre temps, soit qu'on eût déjà l'intention de l'abandonner. Un mur élevé dans l'intérieur partagea en deux la longueur de la nef principale. La partie qui comprenait le chœur fut seule achevée. Par la suite, le mur de séparation devint une façade ; un passage fut établi au-devant et finit par devenir une rue. 
A peine échappée à ce grand péril, l'église eut à en redouter de nouveaux. 
Les réformés s'étant rendus maîtres de la ville, ils s'emparèrent de l'église, la pillèrent et la profanèrent en l'accommodant à leur culte. 
Après ces tristes années, la province rentra sous la domination du roi d'Espagne. 
le magnifique autel en marbre et albâtre qui figura au chœur jusque vers la fin du XVIIIe siècle date de cette époque.
L’église saint-Eloi, rendue au culte, fut consacrée de nouveau par l'évêque d'Ypres ;
Divers travaux eurent lieu ensuite et à diverses reprises.
En 1599  on supprima le portail au nord; 
 En 1601 et 1602, on le rétablit. L'on restaura alors les colonnes de l'est et du nord. 
En 1617, quatre nouvelles fenêtres furent ajoutées au chœur.
 En 1618 fut construite une nouvelle aile. 
Après la guerre et l'hérésie, ce fut le tour de la négligence. 
En 1667 Des ouvriers plombiers, en réparant la toiture, y mirent le feu. La chapelle St-Pierre en souffrit considérablement. Il y avait à l'extérieur de la chapelle et contre le mur, un hangar ou magasin où se trouvait un baril de poudre; une explosion terrible fit périr plusieurs personnes ; les vitraux de trois fenêtres furent brisés; les meneaux durent être remplacés. Cependant trente années s'écoulèrent avant qu'on songeât à y porter un remède sérieux. Pendant ce temps, les eaux fluviales s'infiltrèrent.

En 1683  il fallut renouveler les ancres et faire d'autres réparations coûteuses, lorsqu'un nouvel incendie se déclara dans l'église même, dans la chapelle du Saint-Sacrement; tout y fut détruit: les métaux précieux qui composaient les divers ornements de l'autel furent fondus; plusieurs personnes dévouées y furent plus ou moins blessées. 
 C’est en 1693 que fut construite la citerne Saint Eloi alimentée par les eaux de pluie récupérée sur la toiture de l’église.
En 1723,   on promulgua la défense d'accoler à l'église aucune construction particulière, et l'on songea à abattre plusieurs de celles qui avaient été tolérées jusque-là. 
En 1731 les combles de la partie abandonnée de l'ancienne église (celle qui était contiguë à la tour) furent enlevés. Le mur de façade fut formellement constitué. Toutefois, ce ne fut que cinquante ans plus tard (en 1781) que l'on érigea le fronton grec, qui est une imitation du Temple de Venus à Rome.

Dès 1777 on parlait d'élever une façade monumentale. On avait d'abord proposé une souscription pour en couvrir les frais; on crut préférable de recourir à une loterie, et l'on s'en occupa quelque temps, jusqu'en 1785, qu'on y renonça définitivement. 
En 1782, on s'était arrêté au plan.

L'architecte Louis supprima tous les murs qui séparaient les chapelles. Il recula les parois au niveau extérieur des contreforts, dans la vue d'augmenter la contenance du vaisseau ; il fit disparaître l'autel principal, enleva les balustrades de marbre du chœur, etc. Tout cela fut trouvé bon, tout cela fut autorisé, et on consomma tous ces remaniements qui achevèrent de défigurer l'édifice et ne lui laissèrent presque plus rien de sa physionomie primitive. 
 On forma par là un  seul vaisseau espacé librement dans sa totalité. 
En ce qui concerne  l'extérieur, le  portique monumental envisagé fut différé et ne reçut  jamais son exécution ; nous voulons parler de l'alignement des façades voisines, de leur élévation uniforme, de l'ornementation du fronton triangulaire, de la place publique projetée et qui devait se réunir au marché au Poisson. 
C'est à l'époque de cette adjonction que disparut le clocheton de 1610 ; cette flèche, placée au-dessus du transept, dominait l'église et produisait un effet agréable. C'est alors aussi qu'une large voie devant l'église fut livrée au public, au lieu du simple passage qui avait subsisté jusque-là. 
Par suite, les chapelles de l'abside reçurent des boiseries sans caractère, sans relation avec l'édifice; des fenêtres furent bouchées en partie ou en totalité par des transparents. 
Vinrent ensuite les jours de la terreur. Les jacobins s'emparèrent de l'église et la dépouillèrent. Une montagne y fut élevée ;  puis un atelier fut installé dans l’église. 


En 1884 Devant les dangers qu’il représentait le péristyle fut démoli en remarquera sur la photo ci-dessus l’auvent réalisé pour protéger les fidèles de la chutes des pierres.
En 1889 Une nouvelle façade fut réalisée en remplacement.
Elle est de style gothique
 
Le portail d'entrée, en pierres blanches, est surmonté de 3 statues : -St Eloi, -St Jean Baptiste -et St Martin, au-dessus Une très belle rosace surélevée de 2 tourelles, sur le couronnement, on trouve 13 campaniles avec des chevrons. 
 1915 Les bombardements allemands détruisent la partie sud de l’église l’abside est fortement endommagée.
1917 C’est la nef nord qui détruire par les bombardements.
  En 1919 la reconstruction de l’Eglise fut entreprise sous la direction et le contrôle des architectes du ministère des Beaux-arts.
Un conflit entre ces architectes et les dommages de guerre interrompit la réfection durant 2 ans.
Ce n’est qu’en   1930 que l’Eglise ouvrit de nouveau ses portes. Une imposante cérémonie présidée par le Cardinal Evêque Liénard a lieu en Septembre 1930.
1939 début du conflit avec l’Allemagne.  
 
Dès le 10 mai 1940 Dunkerque   subit de nombreux bombardements  
Le 27 mai des bombes incendiaires enflamment toute la toiture de l’Eglise. L'incendie durera 2 jours tout le centre de Dunkerque sera détruit.  
En 1945 On entreprend une réparation sommaire pour permettre  aux offices de reprendre. 
C’est Le ministère des beaux-arts qui se chargea de la remise en état de l’édifice. 
Cette entreprise dura plusieurs dizaines d’années et fut réellement terminée en 1985.


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