Dunkerque Louise LAVOYE 1823/1897 Soprano
Mademoiselle Jeanne - Benoîte - Louise LAVOYE naquit à Dunkerque le 23 juin 1823 dans une maison de la rue de l'Eglise, portant le numéro 4.
Son père Benoît, originaire de Besançon, était musicien gagiste au 4me régiment de la garde royale ; sa mère Anne-Marie-Liberté Courtaut, appartenait à une vieille famille dunkerquoise. Habilement guidée par son père, musicien de talent, ses heureuses dispositions prirent un rapide essor.
A peine âgée de onze ans, elle remporte à l'Académie royale de musique de Lille le premier prix de piano pour l'exécution d'un concerto de Hummel avec accompagnement d'orchestre.
Pour fêter cet éclatant succès, la Société des Concerts et des Bals de Dunkerque organisa un grand concert dans lequel la jeune virtuose s'est fait entendre à plusieurs reprises.
En 1835, la débutante affronte de nouvelles épreuves à l'Académie royale de musique de Lille. Les examinateurs, séduits par la délicieuse pureté de sa voix, lui décernent à l'unanimité le premier prix dans la classe de vocalisation.
L'année suivante, Louise Lavoye, poursuivant le cours de ses succès, mérita de nouveaux éloges du public en remportant le prix d'honneur pour l'exécution sur le piano et le premier accessit de chant.
Son père, attaché comme musicien à la légion de la garde nationale de Dunkerque, était un sage éducateur, dont la méthode favorisait les progrès de sa fille.
Les époux Lavoye avaient trois enfants :
1° Un fils, professeur de violon ;
2° Louise, la gloire de la famille ;
3° Marie, qui possédait comme sa soeur, d'heureuses dispositions pour le grand art musical. Sans atteindre la grande réputation de son aînée, sa destinée fut brillante.
Nous allons suivre Louise Lavoye dans les diverses étapes qui la conduisirent à la célébrité.
Malgré son extrême jeunesse, elle fut admise en 1836 au Conservatoire royal de musique de Paris dans la classe de Mme Damoreau.
En janvier 1838, elle prend part au concours du Conservatoire pour la classe d'harmonie, où elle y obtient la place d'honneur sur trente-six concurrents. Au mois d'août de l'année suivante, elle remporte un deuxième prix de chant au Conservatoire de Paris.
Louise Lavoye n'était pas encore arrivée au terme de sa croissance. Sa voix fatiguée par l'abus des exercices réclamait un calme réparateur. C'est au sein de sa famille qu'elle vint chercher le repos prescrit par le médecin du Conservatoire.
Au mois d'août 1839, vivement sollicitée par ses compatriotes de se faire entendre dans un concert, elle accéda au désir exprimé et déploya devant une salle comble l'élégante souplesse d'une voix charmeuse. L'assistance enthousiasmée, la couvrit d'applaudissements
Un second concert eut lieu le 23 octobre 1839. La jeune cantatrice, excitée par les marques de sympathie prodiguées par ses concitoyens, dépensa toutes les ressources dont la nature l'avait comblée.
Au mois d'août 1840, les membres du Conservatoire royal de musique de Paris, rendant justice aux laborieuses études de la vaillante artiste, lui décernèrent à l'unanimité le premier prix de chant.
Ce triomphe, fut chaleureusement fêté dans sa ville natale où elle aimait venir goûter le charme de la vie familiale
Touchée des flatteuses attentions dont elle était l'objet, noire diva par un sentiment de délicatesse et de reconnaissance a tenu à se faire entendre dans sa ville natale avant de déférer aux nombreuses demandes qui lui avaient été adressées des villes voisines.
Pour perfectionner sa diction, elle entra le 6 octobre 1841 dans la classe de déclamation de M. Morin. Le dernier concours auquel elle devait prendre part en 1842 fut signalé par une nouvelle victoire. Après avoir passé sept années au Conservatoire de Paris, ses consciencieuses études furent récompensées par un premier prix d'opéra-comique.
Cette avalanche de succès et d'honneurs qui dépassait les rêves les plus ambitieux ne put altérer la ravisssante simplicité de notre jeune compatriote.
En 1843, Louise Lavoye, libérée des absorbantes classes d'études et encouragée par des sommités de l'art musical alla frapper à la porte de l'Opéra Comique où on s'empressa de l'accueillir.
Artiste accomplie, elle débuta à la salle Favart dans l'opéra-comique l'Ambassadrice, d'Auber.
Un journal de l'époque, donne sur elle cette appréciation :
« Le chant de Louise Lavoye est perlé, d'un goût exquis et plein de charmes ; elle ajoute à ces avantages une autre qualité non moins précieuse, celle d'une excellente prononciation.
« Dans l'opéra-comique elle s'est montrée comédienne intelligente et cantatrice tout à fait distinguée ; elle phrase et vocalise à ravir.
« C'est jusqu'ici le seul talent sérieux que l'Opéra Comique possède en fait de femmes. Les autres promettent ; Louise Lavoye tient au delà de ce qu'elle avait promis. »
Au mois de mars 1844, Auber, le second producteur de musique pimpante, a composé pour son interprète préférée un petit opéra-comique en deux actes, la, Sirène, qui eut un énorme succès. Plusieurs membres de la famille royale et de hauts personnages assistaient à la première représentation. Lorsque le rideau fut baissé, le Ministre des Beaux-arts est allé complimenter dans sa loge la jeune cantatrice, âgée de vingt et un ans.
La presse parisienne chantait les louanges de la séduisante virtuose; aucune note discordante ne détonnait dans le concert d'éloges. Les rédacteurs galants lui offraient, en style fleuri, une gerbe de compliments.
A la fin du printemps de 1849,. le directeur de l'établissement des bains de mer pria Louise Lavoye de participer à un concert donné pour l'ouverture de la saison. La bienveillante artiste accepta, offrant gratuitement son concours.
Louise Lavoye fut pendant plusieurs années la cantatrice préférée des habitués de l'Opéra-Comique
Arrivée au terme de son engagement, elle prit son vol vers l'étranger, pour y cueillir de nouveaux lauriers. La maturité de son talent lui permettait d'aborder les premières scènes cle l'Europe. C'est au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, que commença la série de ses triomphes.
En quittant la Belgique, elle se rendit à Lyon où pendant plusieurs mois elle fut l'idole des mélomames lyonnais. (elle fit également partie des théatre de Marseille, bordeaux, Rouen)
Le prestige, émanant de sa personne, se traduisait par de chaleureuses manifestations. Au théâtre, à la chute du rideau, les rappels et les bravos étaient accompagnés de brassées de fleurs. Un hommage non moins appréciable lui était réservé. Le général Gémeau et de nombreux habitués du théâtre se cotisèrent pour lui offrir un diadème d'or.
Paris, dans une soirée où Louise Lavoye avait dépensé toute la richesse de son admirable talent.
Le public électrisé, jetait sur la scène tous les objets qui lui tombaient sous la main; c'était une pluie de menus bijoux.
Sa distinction, sa réserve, la pureté de ses mœurs imposaient le respect et lui ouvraient les portes des salons les plus sévères. Sa générosité, que ne rebutait pas l'ingratitude, s'étendait à tous les artistes tombés dans la détresse et son concours était toujours au service des œuvres charitables.
Des dessinateurs de talent reproduisirent ses traits. La bibliothèque nationale de Paris, section des estampes, possède dans ses cartons six portraits d'elle différents, la plupart en costume d'actrice. (voir ci-après).
Rentrée dans la vie privée, comblée d'honneurs et de gloire, notre vaillante compatriote se retira à Paris où résidait sa famille et mourut à un âge avancé, laissant le souvenir d'un grand talent et d'une existence sans tache.
Par son merveilleux talent, elle appartient au groupe des célébrités dunkerquoises.
D’après Henri Lemattre
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