3 HEROS DUNKERQUOIS
Dans son ouvrage « Récits Maritimes » Mme de Gaulle (1806/1886) nous raconte le tragique sauvetage du navire les trois sœurs qui coûta la vie à trois HEROS : Mathieu Bommelaer (65ans), Charles-Louis Celle (41ans) et Gaspard Neuts (64 ans), le 27 janvier 1857.
Pour l'honneur de l'humanité, pour la gloire de la France et de ses populations maritimes.
Ils ont courage, abnégation, générosité circulent dans leurs veines.
Au péril de leur vie à toute heure, il court au devant des dangers pour remplir leur mission de sauveteur.
Ce métier, qu'ils ont choisi, ils l’aiment, parce que dans ce métier, le strict devoir commence là où, pour le reste des hommes, le devoir se transformerait en héroïsme.
BOMMELAER (Mathieu-Bonaventure), est né à Dunkerque le 14 Juillet 1791 ;
Admit comme aspirant le 6 Mai 1813,
Nommé pilote le 18 Mai 1822,
il fut élevé au grade de chef en mer le ler Août 1830.
Bommelaer était le plus ancien des pilotes dunkerquois.
Voici quelques uns e ses principaux actes de sauvetage.
Le 1er Septembre 1833 deux brigs, un anglais et un français, se trouvaient en rade, à rentrée du port.
L'orage soufflait avec une violence extraordinaire; aucune expression ne pourrait rendre l'image du péril qui s’offrait aux regards sous mille formes menaçantes. Les équipages des brigs multipliaient les signes de détresse ; mais ils ne conservaient plus aucune espérance do salut.
Bommelaer n'écoute alors que son courage et sa philanthropie. Il se met à la tête de quelques généreux citoyens, et, bravant la tourmente, il court opérer ce sauvetage. Les matelots et les passagers de ces deux navires furent sauvés par lui, par son ardente Initiative.
Le 26 Octobre 1834, un bâtiment russe, le Navârino, courait également un péril extrême à l'entrée des estacades, L'équipage de ce navire étranger était composé de 14 hommes, Bommelaer s'embarqua dans une frêle chaloupe ; puis, au risque d'être englouti sans cesse, il fit trois fois le trajet du navire russe a la corvette des pilotes. Grâce à ces dangereux voyages et sans se préoccuper de la tempête qui huilait autour de lui, il sauva tous les marins. Les témoins oculaires de cet acte de bravoure ne manquèrent pas de le populariser. L'admiration publique égalait la reconnaissance des matelots arrachés au péril.
Bientôt le gouvernement connut la part si brillante que Bommelaer avait prise h ce sauvetage. Une récompense lui fut décernée.
Suivant décision du 27 Novembre 1834, notre pilote reçut une médaille en or pour l'affaire du Navarino. Ce beau trait lui valut un peu plus tard la croix de la Légion d'Honneur.
Dès lors, en effet, la décision ministérielle que lui déféra la médaille, le porta sur le tableau des marins ayant droit à la décoration.
Le 30 Mai 1837, Bommelaer fut nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.
Cette marque de distinction est surtout glorieusement conquise par les marins et les militaires ; ils doivent la gagner en mettant leur vie pour enjeu.
Lorsque le chef des pilotes reçut la croix d'honneur, que lui adressait la munificence du gouvernement, une lettre de M. le Ministre de la marine y était jointe. Nous en extrayons le passage suivant; "Bommelaer, j'ai rendu compte au roi des actes nombreux par lesquels vous avez signalé votre humanité et votre courage pour sauver des personnes exposées à périr " dans les flots. "Voulant récompenser une conduite aussi méritoire, et vous donner une haute marque de sa satisfaction, Sa Majesté vous a nommé chevalier de la Légion d'Honneur. "
L’échouement du sloop la Félicité sur les côtes de Dunkerque Il arriva que sept hommes prirent part ait sauvetage de ce navire, dans les circonstances les plus pénibles et des plus difficiles. Parmi ces Dunkerquois figurait le pilote Bommelaer, qui se porta, l'un des premiers, au-devant du sinistre.
NEUTS (Gaspard Philippe) est né à Dunkerque le 22 juillet 1792.
En 1822, Gaspard Neuts avait sauvé neuf personnes de la même famille montant un bateau de pêche anglais.
le 4 février 1825, après le sauvetage de l'équipage entier du Thomas-Eléonore, il en revint blessé et tellement exténué qu'on dut le hisser évanoui, sur cette même estacade d'où on l'avait vu partir pour la plus belle des morts.
En 1846, il sauva de la famine l'équipage de la Léontine, qui avait perdu sa route, et l'on ajoutait qu'afin de conserver l'honneur complet de ce sauvetage nouveau pour lui, Neuts se refusa constamment à ne recevoir aucune indemnité.
En 1851 il mit en bon abri, malgré les brouillards, les courants et la tempête. Le feu, les écueils, les estacades, les dunes, les flots disparaissaient enveloppés par une brume opaque; seul, Gaspard Neuts ne désespéra point du navire égaré dans le plus périlleux des labyrinthes; il triompha.
On citait, en outre, les hommes qu'au péril de la vie il avait sauvés en se jetant à la nage. On faisait remarquer, enfin, qu'il avait eu l'honneur d'être choisi, entre tous, comme patron du canot de sauvetage de la Société Humaine de Dunkerque.
CELLE (Charles-Louis) né à Dunkerque le 27 novembre 1815.
Il ne pouvait égaler en renom les vieux lamaneurs dont il partagea la mort glorieuse.
Aspirant pilote, n'ayant jamais exercé les fonctions de patron, il n'avait pris part qu'en sous ordres à des sauvetages dont d'autres eurent le principal honneur. Il jouissait de l'estime de ses chefs et de ses compagnons; dix ans d'honorables services le prouve trop éloquemment, de la noble race des sauveteurs.
Son nom est inscrit à côté de ceux de Bommelaer et de Neuts sur l'estacade de Dunkerque.
Alors que toute la population suivait le convoi de ces trois marins, si nul ne parvint à compter les équipages et les navires sauvés par leurs valeureux efforts, on put encore bien moins dire le nombre des mères qui, grâce à eux, n'avaient point eu la douleur de pleurer leurs fils. Le lendemain, dix jeunes matelots se présentèrent pour être inscrits comme apprentis pilotes. Ainsi se recrute l'armée des Sauveteurs.
Extrait du tableau DE LA MER PAR G. DE LA LANDELLE. LA VIE NAVALE, 1862
Commentaires