La légende de Saint Martin à Dunkerque


 

 St-Martin, qui fut  évêque de Tours, naquit en 316 en Pannonie, aujourd'hui Basse-Hongrie. Il servait dans la milice, métier qui n'était pas tout-à-fait dans ses goûts;  un trait de sa vie connu plus généralement est celui-ci: comme.il revenait en France, n'ayant pour tout costume que celui de l'état qu'il quittait, son habit militaire consistant en une simple casaque blanche et son épée, il rencontra près d'Amiens un pauvre à peine vêtu et gelant de froid, car il paraît qu'en cette année 331 l'hiver en France fut des plus rudes; n'ayant donc rien à donner à ce misérable, St-Martin n'hésita pas, il tira son épée, coupa sa casaque en deux, en donna une part au voyageur et se couvrit comme il put du morceau resté.  .  
Vers 386, St-Martin, parcourant les Gaules, arrive un soir à Dunkerque ou plutôt au lieu qui fut plus tard Dunkerque. Il voyageait à petites journées, monté sur un âne, à cause des anciennes blessures qu'il avait reçues étant soldat.  il lui était bien permis, ce me semble, de voyager à âne lui qui se livrait à de longs voyages. St-Martin, est-il ajouté, s'arrêta à une petite chapelle située près des Dunes et laissa son âne à la porte.  
St-Martin donc s'arrêta dans quelque chapelle ou maison. Pendant qu'il y faisait ses prières, l'animal, affriandé par les chardons qui croissaient en abondance dans les Dunes, finit par s'égarer. St-Martin ne le retrouvant plus et désolé de son absence, pria les pêcheurs de l'aider dans ses recherches. Ces braves gens s'empressent alors et se mettent en campagne, malgré la nuit, les uns avec des torches de résine, les autres avec leurs falots de pêche, soufflant à qui mieux mieux dans des cornets, et imitant ainsi le braiement de l'âne. Le gourmand animal fut enfin retrouvé et ramené au milieu du bourg, escorté par une bande d'enfants qui remplissaient joyeusement leurs poches des crottes que le baudet laissait tomber tout le long de sa route, car St-Martin, par connaissance, avait transformé le résultat de la digestion de son âne, en croquignoles de pain d'épices appelées  croquandoules, que le docile animal leur lâchait avec profusion. 
En mémoire de ce miraculeux événement, les habitants des Dunes simulèrent chaque année, à la St-Martin, une promenade aux flambeaux, répétée je ne sais pourquoi le lendemain, à la suite de laquelle on distribuait aux enfants  gâteaux et croquandoules. Et voila pourquoi, fidèles à la tradition, les enfants de Dunkerque, après nous avoir éblouis avec leurs mille lanternes, et assourdis du son de leurs trompes, ne laissent pas passer l'heure de rentrer au logis et chantent, dans le naïf langage de leurs ancêtres : St-Martin! boule, boule, boule, Ch….nous des croquandoules. 
La légende est curieuse, et la tradition de l'âne égaré, puis retrouvé semble bien particulière à Dunkerque. Mais par contre, la fête des lanternes célébrée le 11 Novembre, ou même la confection des pâtisseries locales réservées à ce jour, se retrouvent en maints autres endroits : en Norvège,  à Dusseldorff   à Bonn et en certaines localités de la Suisse. Tout comme les feux de joie, allumés chaque année vers la même époque en maints autres endroits de France et d'Europe, les promenades aux lanternes du 11 Novembre, évoquent, pour nous les anciens rites par lesquels les peuples païens célébraient périodiquement le solstice d'hiver.
 Lorsque par la suite, la religion chrétienne fut devenue l'unique religion du pays, certaines coutumes, certaines solennités religieuses du paganisme se perpétuèrent en dépit, des efforts de l'église, et celle-ci tournant fort habilement la difficulté et, usant de saine politique, attribua aux anciens symboles une signification nouvelle. 
El les lanternes de la fête du solstice, étant devenues, un beau jour, l'emblème de la lumière évangélique, apportée dans le Nord par l'Eglise, des fêtes de la Saint Martin comme de maintes autres «paganeries» innocentes en elles-mêmes, et que l'église, désespérant de les déraciner a conservées en les christianisant.  A Dunkerque, pourvu durant  très longtemps d'une seule paroisse, ce fut seulement au début du XIXe que la Chapelle de la Basse Ville fut placée sous le patronage de Saint Martin.

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