LES PECHEURS D'ISLANDE " Un siècle de drames de la mer.
Un siècle de drames humains.
Les grands quotidiens ont durant le XIXème siécle rapportés les drames qu’ont connus les marins pécheurs du littoral dunkerquois.
1829
Naufrage de la Jeune-Françoise de Dunkerque sur les côtes d’Islande.
1836
Dans l'année 1836 Dunkerque a perdu, par suite de divers naufrages, notamment à la pêche d'Islande 157 marins; ainsi un nombre égal de familles de la région ont perdu à Dunkerque, le père, l'époux, le fils qui étaient leur appui. Jamais tant de malheurs ne frappèrent une ville.
1839
La campagne de 1839, pour la pêche de la morue sur les côtes d'Islande, a été plus désastreuse encore que celle de 1837.
Aujourd'hui que tous les navires armés dans notre port pour cette pêche, tant à Islande qu'au Dogre-Blanc, sont rentrés, sauf ceux dont la perte est certaine, et ceux sur lesquels on n'a aucune nouvelle assez positive, nous pouvons établir les situations de nos pertes apparentes. « 88 navires ont été armés en 1839, à Dunkerque, pour la pêche de la morue sur les côtes d'Islande; 70 seulement de ces navires sont jusqu'ici rentrés. Sur les 18 non encore revenus, 5 ont fait naufrage à Islande; leurs équipages, en partie sauvés, ont été ramenés en France par divers bâtiments. Les 13 autres navires manquants n'ont été aperçus par aucun pêcheur depuis les coups de vent qui ont eu lieu en mars et en avril, et l'on est induit à penser qu'ils sont entièrement perdus.
Les équipages de ces navires présumés perdus se composaient de 135 marins de Dunkerque, 30 marins étrangers au quartier, auxquels il convient d'ajouter 18 marins du port de Dunkerque, noyés à bord d'autres navires; total : 185 hommes perdus en 1839 sur les côtes d'Islande.
Les navires dont le naufrage est certain sont ceux ci-après :
le Bien-aimé, capitaine Robyn, armateur M. Durin;
le Jean-Bart, capitaine Turck, armateur M. C. Vancauwenberghe;
le Jean-Baptiste, capitaine Steven, armateur M. Jacquier;
la Bonne-Mère, capitaine Maessen, armateur M. Collet-Taverne;
la Marie-Pauline, capitaine Claevssen, armateur M. Delahaye. Les bâtiments sur lesquels on n'a aucun renseignement, et qu'on présume perdus, sont ci-dessous dénommés, savoir :
L'Activité, capitaine Evrard, armateurs MM. Collet et Compagnie;
le Castor, capitaine Fréderyck, armateur M. Durin;
la Persévérance, capitaine Vandaele, armateur M. Delrue;
la Néva, capitaine Lannoye, armateur M. C. Vancauwenberghe;
la Jeune Marie, capitaine Barbion, armateur M. Boys-Pieters;
la Constance, capitaine Nissen, armateur M. de Saint-Hilaire;
le Point-du-Jour, capitaine Turck,armateur M. Govard;
l'Union, capitaine CoIlas, armateur M" veuve L. Philippe;
les Deux-Frères, capitaine Versaele, armateurs MM. J. L. Cunin et fils;
l'Aimable-Célestin, capitaine Verlynde, armateur M Dodanthun;
le Vigilant, capitaine Langhetée, armateur M. P. Debaecque;
la Rosalie, capitaine Salembier, armateur M. Vancauwenberghe;
l'Affable-Elisabeth, capitaine Vanbambeke, armateur M. Beck.
II y a certes lieu de gémir sur des pertes aussi nombreuses et aussi répétées, surtout si l'on considère que l'empressement mis par les armateurs à expédier leurs navires de pêche, peut être la cause véritable de tant de malheurs. Nous sommes informés que l'administration municipale, celle de la marine, sa chambre du commerce et beaucoup d'armateurs même, se sont concertés pour qu'à l'avenir aucun départ n'ait lieu avant le 25 mars. »
Deux capitaines et un second qui ont pêché en Islande avant 1840 date à laquelle le départ a été fixé au 1er avril et qui se trouvaient sur la côte lors de la catastrophe de 1839 dans laquelle 185 marins se sont-noyés et sur 88 navires18, se sont perdus et peuvent témoigner.
Ces rares témoins ont pu donner des détails précis sur ce malheur qui selon eux a eu lieu non pas dans la mer du nord mais bien sur la cote Islandaise ou ils ont eu à éprouver une série de coups de vents qui a duré 28 jours pour l’un, 23 jours pour le second et du 11 mars au 6 avril pour le troisième et qui ne leur a permis
que de mettre pendant quelques heures, seulement, une ou deux voiles de capes pour se relever.
La flottille; de pêche arrivait aux îles de Westmann lorsqu'elle fut prise par cette tempête variant du sud-est, au sud-ouest. La plupart des navires avaient des avaries ; ceux qui se trouvaient le plus au large purent doubler le cap Rleikianas, mais,, un certain nombre ne se releva probablement pas de la côte peut-être même que d'autres périrent coulés en pleine mer. Ces habitués de l'Islande, depuis près de trente ans, prétendent que si l'on veut faire partir les navires de France avant le 1er avril, le plus grand nombre des marins refuseront de s'engager, et que par suite cette mesure ruinera la pêche.
Interrogés sur les résultats qu'ils obtenaient dans cette première saison, ils ont dit que l'on prenait effectivement beaucoup, de poisson lorsqu'on pouvait pêcher, mais que généralement la mer était si mauvaise qu'on passait la plus grande partie du temps à capeyer, et que d’ailleurs la pêche était alors bonne dans tous les mois de l'année.
Extrait d'un rapport du capitaine Pierre-François Amelin, lequel commandait en 1839 à Islande le navire la Jeanne d’Arc, du port de Boulogne, un passage qui démontre formellement que la plupart des sinistres éprouvés furent dus à l'ignorance des capitaines.
Une partie des navires arrivèrent à Islande le 12 mars. Le temps était beau et se maintint jusqu'au l8. Dans la nuit du l8 au 19, les bâtiments qui se trouvaient sur les lieux de pêche furent contraints de mettre à la cape. Le vent étant de la partie du S. E. et allant l'E, un certain nombre de navires mirent en cape bâbord amures et prirent ainsi la mer debout au fur et à mesure que le vent allait l'E; d'autres, au contraire, mirent en cape tribord amures et prirent la mer par travers, ce qui occasionna les pertes et les avaries.
Afin de remédier à un abus qui avait entraîné déjà de si tristes conséquences, et sans déroger en aucune manière aux prescriptions de la loi de 1832, dont il convenait au contraire de corroborer l'action, le ministre avait, par arrêté du 6 janvier 1840, résolu :
l° Que les capitaines de navires expédiés à la pêche de la morue en Islande, autres que les maîtres au cabotage, seraient soumis désormais à un examen devant une commission locale chargée de s'assurer, séance tenante :
- Que le candidat n'est point tout à fait illettré.
- Qu'il sait observer la latitude par la hauteur méridienne du soleil, qu'il est en état de faire un point et de déterminer sa position sur la carte.
2° Que dans le cas où l'examen n'aurait point un résultat satisfaisant, le candidat ne serait pas admis à prendre le commandement d'un navire de pêche.
3° Que la commission instituée pour cet objet devrait se composer, dans chacun des ports de Dunkerque et de Boulogne, du commissaire de l'inscription maritime et de deux capitaines au long cours pris parmi ceux de ces navigateurs présents au quartier et désignés par cet administrateur.
1869
Le coup de vent qui souffle depuis quelques jours a cruellement sévi sur nos côtes. Le nombre des navires et bateaux dont la perte a été signalée au département de la marine s'élève à treize, dont huit français et cinq anglais.
le 1 avril 1869 La goélette la Ravissante à échoué près de Portland
le 7 avril 1869 la Léonie à fait naufrage prés de Portland, l’équipage a pu être sauvé.
La goélette Sophie armateur M.Beck partie pour la pêche en Islande est considérée comme perdue corps et biens. (Voir 1886)
1871
1871 Aucun disparu n’est à déplorer sur les 5 navires naufragés.
1880
Dunkerque, 6 septembre. Le sloop Turenne, faisant la pêche de la morue en Islande, a fait naufrage au moment où il parfait de la station de pêche pour rentrer à Dunkerque. , L’équipage a été sauvé. Le navire anglais Victoria, arrivant de Yarmouth, a fait naufrage au large de Dunkerque, par suite d’une violente, bourrasque, L’équipage a été sauvé par un bateau de Gravelines.
Lille, 6 septembre. Le Progrès du Nord donne des détails émouvants sur le sauvetage des naufragés de la goélette anglaise Victoria. Avant-hier, le patron de la barque de pêche Marie-Valentine, de Gravelines, rencontrait à quelques milles au nord-ouest de Dunkerque un petit canot dans lequel se trouvaient blottis trois matelots un novice de dix-sept ans, que ses camarades n’avaient point recueilli dans l’embarcation, suivait à la nage: Le malheureux enfant était épuisé il saisit avec les dents la corde de la bouée de sauvetage qui lui avait été lancée, mais dut lâcher l’amarre, s’étant brisé une dent. Enfin, l’équipage de la Marie-Valentine recueillit les naufragés qui, après avoir reçu les soins que nécessitait leur état, furent rapatriés par le consul d’Angleterre.
1886
20/03/1886
Dunkerque. Une violente tempête sévit ce soir sur nos côtes.
Un bateau a fait naufrage devant le port, et deux hommes de l'équipage ont été noyés.
Dunkerque le 11 aout, La goélette Sophie armateur M. Beck partie pour la pêche d’Islande en 1869 et n’étant jamais revenue, a été, à l’époque, considérée comme perdue corps et biens. Parmi les hommes qui la montaient, se trouvaient trois marins Galand père et fils et Thuilliez, lesquels assure-t-on ont été recueillis sur les côtes du Groenland, ainsi que leurs camardes. Ils seraient paraît-il en route pour Dunkerque.
On se figure aisément l’émoi qu’une pareille nouvelle a jeté parmi nos pêcheurs.
En effet, plusieurs des femmes de ces marins, se considérant comme veuves, ont convolé en secondes noces.
On suppose que la Sophie, après une tempête aurait échoué sur les côtes du Groenland.
Les naturels du pays auraient capturé nos marins, qui seraient restés leurs prisonniers pendant dix-sept ans.
1888
Cette campagne d'Islande de 1888 a été marquée par des désastres sans précédent.
Le seul port de Dunkerque a perdu 165 marins, (dont 34 Fort-Mardyckois) qui ont laissé 101 veuves, 231 orphelins et 70 ascendants, treize bateaux ne sont jamais rentrés à Dunkerque.
9/5/1888
La goélette française Martha de Dunkerque, capitaine Popieul, qui était partie de Dunkerque le 1er mars pour l'Islande, vient d'être amenée à Thurco, sur les côtes d'Ecosse, avec de sérieuses avaries.
Durant une affreuse tempête quatre hommes de l'équipage ont été enlevés par la mer.
02/06/1888
Ainsi parle le capitaine Turbot, commandant l’Active :
Je suis parti de Dunkerque le 6 mars à huit heures du matin, avec la goélette Active montée par dix hommes d'équipage, jaugeant 137 tonneaux. A mon arrivée sur les lieux de pêche le 13 mars, il faisait une forte brise de vent d'Est. Je fis route pour le golfe d'Hécla dans lequel je me trouvais le 14 du même mois, avec beau temps. J'ai continué ma pêche jusqu'au 26 avril sans événements remarquables. A cette date, le vent soufflait avec une grande violence et par suite je prenais des ris et je mis en cape. Presque aussitôt le vent tournait en tempête avec neige, la mer était affreuse et le temps très sombre. Je mis en cape sec bâbord amures et à dix heures du matin je reçus un coup de mer qui enleva tout ce qui était sur le pont.
Je fus obligé de saborder le navire pour le soulager, mais à peine était-il sorti de sa situation qu'un second coup de mer vint s'abattre sur le pont, renversant entièrement la goélette.
A ce moment fut enlevé le premier lieutenant du bord, Vendart, sans que personne n’en eût connaissance.
La forte lame que le navire venait de recevoir avait cassé le bout-dehors et les deux mâtures. Tout était suspendu le long du bord : vergue de hune, vergue de misaine, bout-dehors, cornes, gui de grand-voile et les deux mâtures. Je fus obligé de faire couper ces apparaux pour redresser le navire, qui était constamment couvert par la mer.
Aussitôt paré, je fis mettre une partie de l'équipage aux pompes; la chambre de derrière et le poste d'équipage étaient remplis d'eau. C'est alors que je m'aperçus que le navire coulait bas d'eau. Les hommes sont restés aux pompes continuellement pour maintenir le navire.
Le lendemain, 29 avril, vers midi, le temps était un peu éclairci et il régnait un calme relatif. Je vis au loin plusieurs navires et aussitôt des signaux de détresse furent faits à l'aide d'un pavillon amarré sur un aviron.
Un navire aperçut notre bâtiment en danger et fit voile sur nous. C'était la goélette Virginie, capitaine Hars, qui offrit ses services. Une embarcation mise à la mer sauva l'équipage et une partie des effets.
Il y avait encore apparence de mauvais temps accompagnée de neige et la mer était très grosse.
La Virginie nous prit à la remorque et conserva le navire pendant trente heures ; mais le gros temps survint de nouveau et la Virginie, forcée de mettre en cape sec, fut obligée de lâcher la remorque. Quelques instants plus tard, l'Active disparut à tout jamais entraînant sa pêche composée comme suit : 212 tonnes morue, 18 tonnes d'huile, 14 de rogues et 312 de langues.
L'équipage fut débarqué à Reykjavik, le 4 mai.
Le capitaine Turbot déclare que le commandant de la goélette Virginie a fait preuve dans ce sauvetage d'un sang-froid et d'une présence d'esprit au-dessus de tout éloge.
17 /07/1888
Récit d’un capitaine pécheur en Islande
Mais voici venir la tempête ! Le ciel s'obscurcit dans le Sud-Ouest, le vent commence à souffler avec violence du Sud-Est. Successivement il faut prendre tous les ris. La neige et le poudrin ne tardent pas à tomber et à obscurcir la lumière du jour. Une lame furieuse se lève du Sud et Sud-Ouest. A chaque coup de tangage, le navire s'abîme dans les flots. Il faudrait tenir la cape, mais on n'est éloigné de la terre que de deux à trois milles, et le vent porte dessus. Risque à sombrer, on doit forcer de voiles et gagner le large. Le vent tourne peu à peu par le Sud et le Sud-Ouest, et quelquefois tombe tout à fait. Ce répit ne sera pas de longue durée. C'est le mieux qu'éprouve le malade qui va mourir. Le baromètre continue à baisser; le navire qui n'est plus soutenu par le vent, s'abîme de plus en plus; les lames tombent pesamment sur le pont qu'elles ébranlent. Toutes les issues, communiquant avec l'intérieur, sont hermétiquement closes. Le capitaine, attend la saute qui amènera la tempête; il ne l'attend pas longtemps.
« Le vent revient au Sud-Est avec furie, haie l'Est et l'Est-Nord-Est. L'ouragan atteint son paroxysme. Il faut alors tenir la cape, ou plutôt abandonner le navire à la grâce de Dieu. Il est entre deux lames de directions opposées, roulant l'une sur l'autre avec une violence inouïe. La température s'abaisse à 9 ou 10 degrés au dessous de zéro. Les embruns congelés enveloppent le bateau et en forment un bloc de glace. Les marins silencieux se tiennent sur le pont, comme des statues glacées. Ils connaissent la grandeur du péril qui les menace et se tiennent à leur poste, prêts à la première alerte. Et spontanément ils entonnent, à travers la furie de l’ouragan, un Ave maria Stella, et ce chant est plus sublime encore que le spectacle des éléments déchaînés. Les moins croyants en ont le cœur étreint d'une indéfinissable émotion. « Mais un cri retentit « gare la lame!» Et aussitôt une terrible avalanche de mer s'écrase sur le pont, un sinistre craquement se fait entendre et le navire, un instant disparu sous la tourmente, reparaît à demi-brisé. Les marins s'appellent, se comptent... Il en manque quatre... il en manque six... ! Les voilà à quelques mètres du navire, vous tendant des bras suppliants. Et il est impossible de leur porter secours!... Le navire est désemparé de ses voiles, sans embarcations. J'ai eu, moi qui écris ces lignes, six matelots enlevés dans un coup de mer et je les ai vus mourir à quelques mètres de moi. Jamais ce spectacle horrible ne s'effacera de ma mémoire !
Un capitaine pêcheur d’Islande
24/5/1888
On annonce que quatre goélettes des ports de Dunkerque et de Gravelines auraient péri corps et biens sur les côtes d'Islande. Chaque goélette était montée par 18 hommes, soit 72 hommes qui, joints aux 30 dont la disparition est officiellement connue déjà, portent à 102 le nombre des victimes de la pèche en Islande.
Quatre vingts naufragés, rapatriés par le vapeur de Leith en Ecosse, arriveront samedi soir et donneront des détails exacts sur cette terrible catastrophe.
31/5/1888
Le steamer anglais Anglia, est arrivé à Dunkerque, ayant à son bord 70 passagers, comprenant 58 marins naufragés en Islande, et 10 hommes du trois-mâts français Breiz Izet de la maison A.-D. Bordes, qui vient d'être vendu en Angleterre, et deux marins du steamer de l'Etat Château-Renault, en congé de convalescence.
Voici comment se composaient les 59 naufragés d'Islande ;
5 marins de la goélette Schoter-Hoff, qui a enduré en Islande la tempête d'avril et qui a eu 11 hommes d'enlevés par la mer et 2 blessés ; ces deux derniers sont à l'hôpital de Reckjawick.
16 marins de la goélette Louise-Marie, perdue en Islande; 2 hommes de l'équipage, les sieurs Leynaert et Chinon sont péris noyés. 10 marins de la goélette Active, également perdue un homme, le sieur Armand Vindard, a été noyé; le reste de l'équipage se trouve à bord de la goélette Schotter-Hoff, qui retourne à Dunkerque..
2 marins de la goélette Charmante, qui a Sombré en Islande; le reste de l'équipage est également à bord du Schotter-Hotf.
18 marins de la goélette Jeune-Berthe, qui a fait naufrage le 17 avril, et 7 marins du lougre Agneau-de-dieu qui a été condamné en Islande; un homme de l'équipage, le sieur Lellew, de Calais, a été noyé.
L'équipage au complet de la Marie-Valentine, perdue en Islande, se trouve à bord de la goélette Mardyckoise, qui a eu neuf hommes enlevés par la mer.
Le nombre des victimes s'élève maintenant à trente, qui laissent vingt veuves et quarante orphelins.
1888/05/06 le cri du peuple
On nous écrit de Dunkerque que la triste série des sinistres en Islande commence à être connue. On avait, connaissance hier de la perte de quatre navires de Dunkerque, la Jeune-Berthe, l’Active, la Charmante et la Louise-Marie.
Aujourd'hui, la population est mise en émoi par les terribles sinistres suivants, produits par la tempête qui a sévi en Islande, du 10 au 16 et du 20 au 28 avril.
La Goélette Schotter-hoff, capitaine Evrard,
11 hommes de noyés, navire gravement endommagé.
Goélette Mardyckoise, capitaine Admont neuf hommes enlevés par la mer, sérieuses avaries à sa coque,
Lougre Agneau de Dieu, capitaine Deconinck, navire condamné, un homme du bord noyé. |
Goélette Marie-Valentine, capitaine Halma, sombré en mer le 13 mars, après avoir abordé une épave entre les iles Féroé et l’Islande. Les 18 hommes formant l'équipage, sauvés par la goélette Fiancée ont débarqués à Reckjavick.
Les navires Leane, Mouette, Lèonie, Emma, belle-Hélène Leona ont été vus le 12 mai par le transport L’Indre sans d'importantes avaries et avec équipages complets.
On dit également qu'au 30 avril quarante navires se trouvaient en relâche dans la baie de Reckjavick avec des victimes et des avaries et que les hommes restants refusaient de continuer une si désastreuse campagne,
L'équipage de la goélette Active, compose de dix-huit hommes, a été sauvé et débarqué à Reckjavick par la goélette France, capitaine Agneray.
C'est durant la tempête du 27 avril que ces navires se sont mis à la côte et que beaucoup d'autres bateaux ont éprouvé des avaries plus ou moins importantes.
La flottille de Dunkerque n'avait pas subi autant de dégâts depuis la désastreuse campagne de 1839, durant laquelle un cyclone causa la perte de dix-sept navires corps et biens faisant près de trois cents veuves,
2/06/1888
De Gravelines, Fort-Mardyck, Ghyvelde, la Panne, elles étaient toutes venues, les pauvres ! A Dunkerque, elles étaient venues pour savoir si le lendemain elles ne devraient pas pleurer des êtres chers. Les survivants d'Islande allaient arriver.
Puis, malgré toutes les douleurs de l'angoisse, se posait encore forcément dans leur esprit le redoutable problème de l'existence. La famille du marin est nombreuse, et ce sont les jeunes qui pourvoient à son sort. Et tous les jeunes étaient là-bas.
Dès onze heures du soir, une foule, compacte de parents, de curieux et d'amis se pressait près du bassin du commerce; attendant avec une impatience difficile à décrire le steamer qui devait arracher aux uns des larmes, aux autres des cris de joie.
Une heure sonne. Dans là nuit deux points crèvent le noir. Un vert, un rouge. C'est le vapeur qui entre dans le chenal.
Le moment est solennel. Jusque-là toute cette foule angoissée avait été silencieuse. Mais les sentiments, trop longtemps contenus, éclatent avec force. Ce ne sont que pleurs. On s'entasse autour du quai. Les larmes gonflent toutes les paupières. L'espoir et la mort planent sur toutes les affections. En vain des amis s'efforcent de consoler les femmes qui, dans quelques secondes, apprendront si les flots ont pris leurs maris, leurs fils, leurs frères, ou si, au contraire, ils embrasseront les êtres qui leur sont chers.
L'Anglia est là. A portée de voix Le paquebot va aborder. On s'interpelle. A travers les sanglots on entend des cris de joie. A l'appel de voix aimées, d'autres n'ont pas répondus, tandis que d'autres trouvaient un écho. Des scènes déchirement se produisent.
Au milieu d'un brouhaha de pleurs et de cris de joie des lambeaux de phrases percent : Jacques est sauvé... Pierre se trouve à bord... et mon fils... il est perdu... des nouvelles du frère... disparu.. n'a pu être retrouvé... arrivera prochainement par la Mardyckoise.
Et malgré tous les efforts de l'équipage qui essaie de conserver ses passagers jusqu'au quai de débarquement, tout le monde, au risque de se tuer, saute sur l’écluse. Les scènes recommencent, on s'embrasse, on pleure, on se renseigné; sur le sort de tel ou tel autre navire, mais le moment est mal choisi.
Quelques minutes plus tard, la foule est dispersée, tout le monde a pris le chemin du foyer.
On entend encore, au loin le pas lourd du pêcheur, l'écho répète les sanglots étouffés des malheureuses épouses qui avaient conservé quelque espoir jusqu'au dernier moment; maintenant elles viennent d’acquérir la certitude du malheur qu’une lettre avait annoncé, elles s’éloignent et les sanglots secouent les malheureuses qui maintenant ne peuvent plus même douter de la catastrophe qui les frappe. Elles s'en vont, sachant que désormais le deuil a pénétré dans la maison.
Maintenant, pour elles et pour de malheureux vieillards, tout espoir est envolé. Ces pauvres savent que là-bas, au fond des mers éclairées par le soleil de minuit, reposent des êtres aimés. Là, au pied des fiords, au milieu des hydraires phosphorescents et des cidaris aux longues baguettes des centaines de créatures humaines, victimes du travail, gisent perpétuellement ballottées par les flots.
9/6/1888
La goélette la Mardyckoise, impatiemment attendue d'Islande, est arrivée à Dunkerque, notre port, a la marée d’hier matin. Il est inutile d'entrer dans des détails circonstanciés sur le pénible accident survenu à bord de ce navire pendant le désastreux coup de vent du 28 avril C'est à la suite d'un terrible coup de mer embarqué à l’arrière du bâtiment que les neuf hommes de l’équipage ont été enlevés; un seul marin a été revu après la catastrophe mais ll a été impossible de lui porter secours; une forte lame est venu couvrir et quelques instants plus tard il avait disparu.
La Mardyckoise portait 27 marins dont neuf faisant partie de son équipage et les dix-huit naufragés de la goélette Marie-Valentine ; le capitaine Halna de ce dernier navire a pris le commandement de la Mardyckoise qui, comme on sait, avait perdu son capitaine.
Parti de Reykjavik le 18 mai, le navire a. passé le petit entonnoir le 26 ou le 27 mai, avec beau temps, petit vent d'ouest. Depuis son arrivée on s'occupe activement du déchargement des 218 tonnes morues qu'il apporte. Le navire n'a en somme que fort peu souffert, les réparations à effectuer ne sont, pas bien importantes et la Mardyckoise pourra vraisemblablement repartir pour l'Islande samedi prochain, après avoir embarqué pour compléter l'équipage, une partie des marins de la goélette naufragée Jeune-Berthe, ayant appartenu au même armateur, M. Macré.
Attente !
La goélette Schotter-Hof a dû quitter Reykjavik le 20 mai ; on peut donc l'attendre à chaque marée. Elle aura à son bord vingt-un marins comprenant cinq hommes de l'équipage de l'Active et les seize marins de la goélette Charmante. Le capitaine Vanpouille de ce dernier navire a prisse commandement du Scholter-Hof dont les sept survivants sont arrivés à Dunkerque par la voie de Leith depuis plusieurs jours.
Les bateaux naufragés
Voici les noms des navires qui se trouvaient dans la baie de Reykjavick le 18 mai: L’Alerte, la Favorite, la Marie-Louise, la Victoire.
Le dundee Blanche (de Gravelines) est arrivé le 17 mai.
Tous les chanteaux se trouvant sur le pont de la Mardyckoise et réunissant plus de 60 tonnes morues ont été enlevées au moment de l'accident. Ce navire se trouvait en ce moment à environ 15 milles dans le sud de Reef-d'Hecla, surnommé par nos marins « soulier » ; ayant perdu sa grand' voile, il fuyait devant le temps à sec de toile; les malheureux disparues de disposaient à enverguer la grand voile de rechange pour reprendre la cape.
03/06/1888
L’aviso de l'Etat l'Indre a été expédié de Reykjavik dans les premiers jours de mai, pour la côte Sud, afin d'y recueillir deux équipages qui ont perdu leur navire. On ignore s'il s'agit de bâtiments appartenant à la flottille de Dunkerque ou à celle de Paimpol.
A bord de la goélette Concorde, qui a. malheureusement perdu son capitaine, le nommé Vangendt, a été nommé d'office pour le remplacer, le commandant de la station.
La goélette Ravissante capitaine Fiolet a été rencontrée dans les premiers jours de mai, ayant perdu son canot et sa grand-voile; tout allait bien à bord.
1889
Dunkerque, 10 février.
Un navire du Havre, allant de Dunkerque au Croisic avec un chargement de sel, a fait côte à l'est de la plage.
L'équipage était composé de quatre hommes; l'un d'eux a pu gagner la terre à la nage.
Le canot de sauvetage étant sorti sans succès, le pilote Weus et le matelot Jacob se sont jetés à la nage pour se porter au secours des naufragés. Ils ont réussi à sauver le mousse et un matelot.
Le capitaine s'est noyé en essayant de se sauver à la nage. Il laisse une veuve et cinq enfants. Le navire est complètement perdu.
Dunkerque, 10 février,
La tempête qui vient de traverser l'Europe et qui depuis deux jours sévissait avec une fureur inouïe sur la mer du Nord, s'est à peu près complètement calmée ce matin.
Les navires vont pouvoir enfin prendre la mer.
Depuis deux jours, en effet, le mouvement maritime était devenu absolument nul.
1890
26/9/1890
C'est hier, mercredi. à 9 heures, qu’a été célébré dans l'église paroissiale de Fort-Mardyck, le service funèbre pour le repos des marins formant l'équipage de la goélette Virginie (disparue depuis le 18 mars). Capitaine Eugène Hars, armateur M. Ricquer.
On sait que la goélette Virginie, partie de Dunkerque pour l’Islande le 10 mars dernier est considérée comme perdue corps et biens par suite du défaut de nouvelles.
Tous les pêcheurs d'Islande s'étaient donné rendez-vous à l'église de Fort-Mardyck, qui était trop petite pour contenir le nombre des assistants. Nos braves marins ont tenu à donner cette marque de sympathie aux familles si cruellement éprouvées. Un monument sera élevé à la mémoire des dix-huit victimes de ce naufrage.
1891
29 sinistres enregistrés en grandes pêches nationales sur l’année
17/10/1891
La tempête qui a passé l'autre nuit sur l’Angleterre est effrayante. Voici les dépêches complémentaires que nous recevons :
Dunkerque, 15 octobre Sur toute la côte la tempête a été formidable.
Quatre pêcheurs de fort-Mardyck s'étant aventurés au large dans une embarcation, allaient périr, quand ils furent sauvés par la corvette-pilote n° 3.
1892
La statistique de 1892 en relève 32navires, dont 21 pour Terre-Neuve, et 11 pour l'Islande.
Sur ces 11 navires 9 se sont perdus corps et biens représentant 166 victimes
Dunkerque y compte 3 goélettes : Léona, Reine, et Emme. Comprenant chacune 18 hommes.
A bord du Léona 9 Fort-Mardyckois.
Pour cette même année il faut ajouter les 5 décès qui ont marqué le naufrage de la Perle, de Dunkerque (pêche d'Islande), en vue des côtes d'Ecosse, le 24 février.
Les pêcheurs d'Islande, généralement épargnés depuis la funeste campagne de 1888, ont subi cette fois la plus rude épreuve. C'est à une tempête qui s'est déchaînée sur les côtes de l'île, vers le mois d'avril, qu'est due la perte de tant de malheureux marins.
le 11/3/1892
Le capitaine et 2 matelots du trois-mâts Achille, de Dunkerque, avaient été sauvés suite à un abordage avec un vapeur anglais. Leurs 5 compagnons étaient disparus sans qu'on pût leur porter secours.
le 8/12/1892
Le canot à voiles Deux-Jumelles, de Fort-Mardyck à chaviré en face de Dunkerque. Les cinq hommes d’équipage se sont noyés. Ils laissent de nombreux orphelins.
1893
Dunkerque compte 38 navires naufrages.
1894
En 1894, c'est au croiseur le Nielly qu'a incombé le soin d'exercer la surveillance de la pêche dans les mers d'Islande.
Parti de l'île d'Aix le 14 avril, ce croiseur après avoir relâché successivement à Queenstown et à Kingstown (Dublin), a appareillé le 30 avril pour l'Islande. Le 7 mai, il mouillait en rade de Reykiavik, où se trouvaient environ 14 goélettes et dundees français. Pendant son premier séjour dans la capitale de l'Islande, qui a duré deux semaines, le Nielly a visité 72 bâtiments de pêche et il leur a accordé toute l'assistance dont ils avaient besoin, principalement en réparations peu importantes et en soins médicaux. Il a quitté Reykiavik le 21 mai et a mouillé à Faskrudfiord, sur la côte est de l'Islande, le 7 juin, après avoir séjourné cinq jours à Patrixfiord, sept jours à Dyrefiord et fait le tour de l'île par le nord. Parti de Faskrudfiord le 14 juin après avoir visité 21 bâtiments appartenant tous au port de Dunkerque, le Nielly a séjourné à Seydisfiord du 14 au 20 juin, puis est revenu à Reykiavik le 22 juin. Il n'y est resté que le temps nécessaire pour se ravitailler en vivres et en combustible, avant d'entreprendre une seconde tournée. Son ravitaillement terminé, le croiseur est parti de Reykiavik le 26 juin, a mouillé le 28 à Dyrefiord et en est reparti le 2 juillet pour une croisière, pendant laquelle il a séjourné à Patrixfiord dit 4 au 9 juillet. De ce dernier point, il s'est rendu à Reykiavik où il est arrivé le 10 et qu'il a quitté définitivement le 20 juillet.
Pendant son séjour de quatre-vingts jours en Islande, le Nielly a visité, tant en rade qu'à la mer, 109 bâtiments, c'est-à-dire plus de la moitié de notre flottille de pêche, et a donné à nos pêcheurs l'assistance la plus large.
On n'a pas eu de sinistres à déplorer cette année en Islande.
1894
Pour les Pêcheurs d'Islande l’affaire du commandant Santelli, condamné à un mois de prison pour avoir coupé en deux une goélette de pêche et avoir continué sa route sans porter secours aux naufragés, met dans un jour singulier la situation de ces malheureux pêcheurs d'Islande et de Terre-Neuve dont on a dit qu'ils avaient deux sortes d'ennemis plus à craindre que la mer : leurs armateurs et les commandants de paquebots.
1895
19/5/1895
Les naufragés de la goélette Jeanne sont arrivés à Dunkerque, jeudi après-midi, venant d'Islande via Liverpool et Calais. Ces malheureux ont raconté que le 18 avril, surpris par une tourmente de neige, ils ont été jetés à la côte à Boock-Eclat. Trois hommes se sont noyés. Ces infortunés sont :
Théophile-Louis-Joseph Gellé. 25 ans;
Octave-Joseph Gellé, 25 ans, et qui étaient cousins.
La troisième victime est le mousse Grisolot, 16 ans.
Tous trois habitaient Fort Mardyck.
18/8/1895
DUNKERQUE Un affreux accident s'est produit à quelques encablures du port de Dunkerque. -Un ancien capitaine d'un islandais, Adolphe Benard, de Fort-Mardyck, péchait la crevette en compagnie de son fils, Adolphe. Les deux hommes étaient montés sur un petit sloop leur appartenant, le René.
Le filet avait été levé plusieurs fois, et avec succès. Tout à coup, un cri horrible retentit. En jetant la traille, le jeune Benard avait glissé sur le banc, avec ses lourdes bottes, et, entraîné par l'énorme engin de pêche, venait de tomber, à l'eau.
Le malheureux père se pencha rapidement, abandonnant le gouvernail, et parvint à saisir son fils par les cheveux; mais le bateau, qui n'était plus gouverné, donnait de violentes secousses, et, un moment après, à bout de forces, le capitaine Benard dut lâcher prise.
Fou de douleur, et après une heure de vaines et angoissantes recherches, l'infortuné père fit route sur le port, qu'il atteignit peu après.
Le cadavre du jeune Benard vient d'être retrouvé sur la plage de Saint Pol.
17/10/1895
Vente de navire :
La goélette Notre dame de lourdes qui a été vendue à Boulogne pour le Capitaine EVRARD de Fort-Mardyck fera la prochaine campagne d’Islande.
1896
11 juillet 1896 Un terrible accident dû à l'imprudence de la victime a jeté hier la consternation sur la plage de Fort-Mardyck.
Un jeune garçon de douze ans, le nommé Adolphe Carru, après avoir dîné, a eu la mauvaise inspiration de prendre un bain de mer.
Le petit imprudent était à peine entré dans l'eau qu'il fut frappé d'une congestion et disparut.
D'autres enfants qui se baignaient dans les environs donnèrent l'alarme et plusieurs personnes se mirent à la recherche d'Adolphe Carru,
La mère de ce dernier en apprenant, ce qui venait de se passer n'hésita pas à se jeter à la mer et ce fut elle qui découvrit-le corps de son malheureux fils.
Malgré les soins qui lui furent prodigués, on ne put ramener Adolphe Carru à la vie.
Le 8 septembre 96
Naufrage au port de Dunkerque,
Un sloop dunkerquois, le Duc-de-Chartres, après avoir effectué la pénible campagne de pèche en Islande, a fait naufrage en arrivant au port.
Ce navire, qui avait quitté les lieux de pêche, il y a une dizaine de jours, avec 280 tonnes de morues, arrivait dimanche soir en rade de Dunkerque, de consert avec plusieurs navires également d'Islande.
Il manœuvrait pour entrer au port, lorsqu'il vint malheureusement s'engager sur le breackbank situé près de la bouée no 13. Le navire talonna avec une grande violence et ne tarda pas à se défoncer.
Le remorqueur le Dunkerque se porta à son secours, mais il ne put s'approcher, craignant de s'échouer à son tour. Le canot lamaneur no 11, établit, à l'aide de câbles, un va-et-vient entre le Duc-de-Chartres et le Dunkerquois et sauva de cette façon les dix-sept hommes qui formaient l'équipage.
Il était temps, car peu après le Duc-de-Chartres s'enfonça dans les flots.
Le capitaine Legrand, qui commandait ce navire, est fou de douleur.
Il est âgé de quarante ans et compte vingt et une campagnes en Islande.
Le Duc-de-Chartres avait été construit en 1884, à Boulogne ; il appartenait à la maison Goetghebeur-Pariot.
1897
Dunkerque, 6 septembre.
Le sloop Turenne faisant la pêche de la morue en Islande, a fait naufrage au moment où il partait de la station de pêche pour rentrer à Dunkerque, L'équipage a été sauvé.
Le navire anglais Victoria, arrivant de Yarmouth, a fait naufrage au large de Dunkerque par suite d'une violente bourrasque. L'équipage a été sauvé par un bateau de Gravelines.
15/9/1897
Une dépêche de Dunkerque nous apprenant, ces jours derniers, la nouvelle du retour des derniers bateaux partis en Islande à la pèche à la morue. Six naufrages, dont deux corps et biens, trente hommes disparus, voilà le bilan douloureux da la saison de pêche cette année. On était parti quatre vingt dix huit navires, on revient quatre vingt-douze seulement.
7/11/1897
Un sloop de pêche dunkerquois, la Promise, a fait naufrage au large de Mardyck, a la suite, croit-on, d'un abordage avec un vapeur.
Trois hommes montaient le bateau dunkerquois : le patron Charles Pollefoort, le matelot François Maertel, et un mousse breton dont le nom est inconnu. Ce dernier avait été trouvé mourant de faim sur les quais par Poliefoort, qui l'avait embarqué à la place de son mousse.
Les cadavres du patron et du mousse ont été trouvés sur la plage de Mardyck. Plusieurs bateaux de pêche ont rencontré, par le travers de Mardyck, la Promise à moitié submergée. Le cadavre de Maertel se trouvait sur le pont, enroulé dans des voiles. On est parti à la recherche de ce bateau.
1898
13/3/1898
Le sloop Providence qui avait quitté le port il y a quelques jours pour se rendre sur les lieux de pêche vient de se perdre sur les bancs d’Yarmouth l’équipage est sauvé.
13/04/1898
Le vapeur anglais Rouan a débarqué 12 hommes de l'équipage de la goélette Maurice, naufragée à Islande.
10/05/1898
Dunkerque. On annonce la nouvelle du naufrage, en Islande, de la goélette dunkerquoise Isabelle.
13/5/1898
La goélette Marie, capitaine Carru, armateur M. Defeyser, a été abandonnée coulant en Islande. C'est le quatrième navire de la flottille dunkerquoise perdu cette année sur les lieux de pêche.
Les naufragés de ces navires sont arrivés à Leith, avec ceux du sloop calaisien Richelieu. Ils sont attendus à Dunkerque aujourd'hui.
15/12/1898 le lougre Victoire avec 6 hommes d’équipage est perdu corps et biens par grosse mer aux environs d’Etaples
1899
Le Saint Paul était un navire de grande marche sous toutes allures, capable de bien tenir le plus près pour louvoyer utilement, si les circonstances l'exigeaient.
Il était gréé en trois-mâts-goélette de façon à rendre la manœuvre facile, et la surface de sa voilure, assez considérable, était de 612 mètres carrés. Il avait 37 mètres de long, 8 mètres de large, 3 mètres de tirant d'eau. Ses formes étaient élégantes, ses lignes fines. Il comptait 20 hommes d'équipage, un médecin et un aumônier.
On l'avait spécialement aménagé en vue de l'usage auquel on le destinait : Salle de consultation, pharmacie, infirmerie meublée de lits en fer, chapelle, salle de repos et de réunion, avec cloisons démontables facilitant un nettoyage hygiénique et claires-voies nombreuses distribuant en abondance la lumière; tout avait été établi pour faire de ce navire un modèle du genre.
Sa campagne de 1898 fut féconde en résultats.
La campagne de 1899 devait avoir une autre issue.
Le Saint-Paul, réarmé et réapprovisionné avec soin, quitta Saint-Servan le 3 mars. Il était commandé par le capitaine Lacroix qui avait dirigé si heureusement la campagne de 1898. Il portait, en outre, l'aumônier, le P. Bonaventure, le second, M. Collin, le médecin-major de deuxième classe, M. Lucas, et 16 hommes d'équipage.
Il fit d'abord relâche au Havre où une imposante cérémonie fut organisée à son bord par le Comité local des « œuvres de mer» ; il toucha ensuite à Dunkerque afin d'y prendre lettres et commissions pour les pêcheurs partis auparavant, et ouvrit enfin toutes grandes ses voiles pour se diriger vers l'Islande. Il alla atterrir sur la côte sud-est, à environ dix milles d'Hormig, le 2 avril au matin. Dès le lendemain, le P. Bonaventure et le Dr Lucas visitèrent le Sirius de Calais et l'Islandaise de Dunkerque, et virent sur ces navires deux malades, dont l'un souffrait d'un phlegmon à l'avant-bras, et l'autre d'une angine.
La mission du Saint-Paul était commencée.
Il approchait du point où se trouvaient groupées toutes les goélettes ; il comptait dans la journée du 4 avril en visiter un grand nombre.
Dans la nuit du 3 au 4, le capitaine Lacroix navigua pour s'éloigner de la côte. A deux heures du matin le point indiqua une position plus au sud que le cap Portland; la sonde accusait 100 mètres.
Tout est bien. Le capitaine donne l'ordre de prendre route à l'ouest pour arriver au jour parmi les pêcheurs. Le navire prend cette direction ; il file sur les eaux grises voilées d'ombres. Tout d'un coup, il talonne rudement par deux fois. L'alarme est grande, parmi ces braves matelots, l'alarme mais non la panique. Sous les ordres de leur chef ils se multiplient en efforts pour dégager leur cher bâtiment, mais en vain ! Les lames qui le prennent par l'arrière le poussent peu à peu plus avant.
Le point sans doute a été mal estimé ; une erreur est facile dans ces parages où l'aiguille aimantée a des déviations extraordinaires et inattendues causées par le voisinage de roches magnétiques, et où, au surplus, la direction et la force des courants sont peu connues. Beaucoup de navires ont dû leur perte aux mêmes causes. Près du Saint-Paul on distingue dans les demi-ténèbres, sous les vagues blanchissantes, des épaves de vapeurs anglais victimes d'une aventure analogue.
Il est quatre heures du matin. C'est à peine si la brume nocturne s'éclaircit à l'approche vague de l'aube. La mer déferle sur le pont ; il est temps que ces braves gens, dont la situation devient critique, pourvoient à leur sauvetage. Ironie de la destinée humaine ! Ce sont ces sauveteurs qui ont besoin à présent d'être secourus !
Un matelot, nommé Henri, se dévoue. Malgré l'état dangereux de la mer, et le froid, plus périlleux encore, le froid extrême, car l'hiver dure encore à cette époque en Islande, il se jette à l'eau pour porter une corde à terre.
Au prix d'efforts surhumains il atteint le rivage, il réussit à établir un va-et-vient. C'est le long de cette corde, suspendus à la force des poignets, plongeant souvent jusqu'aux épaules dans l'eau glacée, que les naufragés gagnent la terre, une plage déserte où, par un froid intense, ils attendent, grelottants sous leurs vêtements trempés, les secours qui, heureusement, leur arrivent. Ils ont abordé non loin du village de Robaye ; on les y recueille, on les réconforte. Mais ils n'ont qu'une pensée : leur Saint-Paul.
Aussitôt séchés, ils retournent sur le lieu de la catastrophe. Quelle déception !
Remettre le bâtiment à flot semble impossible tant la mer l'a poussé avant dans les sables. Il faut se contenter de procéder au sauvetage de l'armement, puis abandonner le navire aux prochaines marées qui le démembreront.
Ensuite, la petite troupe des naufragés se met en route pour Reikiavick. Les autorités islandaises, très empressées, ont réquisitionné une centaine de chevaux et dix guides, et la triste caravane du Saint-Paul se met en marche à travers l'Islande. Elle a 400 kilomètres à faire dans ce pays difficile et sous un ciel ingrat. Pendant huit jours elle marche par des sentiers abrupts, sur la neige, à travers les glaciers, sous des tourmentes continuelles. De temps en temps, la nuit, on s'arrête, dans les fermes éparses sur la route.
Partout, d'ailleurs, l'accueil est cordial.
Enfin, le 16 avril, les naufragés, victimes de leur dévouement, arrivaient tous à Reikiavick. Ils n'étaient pas en trop mauvaise santé. Le consul français, M. Limsen, pourvut à leurs besoins, et, quelques jours après, un paquebot les ramena en France.
1901
26 avril 1901 Le courrier d'Islande arriva après-midi donne de mauvaises nouvelles des pêcheurs. Indépendamment du naufrage de la goélette Espérance, plusieurs navires sont entrés en relâche avec des avaries.
La goélette dunkerquoise Esperance no 16, capitaine Merlon, armateur Maillard, a fait naufrage en Islande. Trois hommes se sont noyés et quatorze naufragés ont été recueillis par une barque norvégienne et conduits à Torchaven puis à Leith.
Le bruit court que deux autres navires se seraient perdus à Islande. On parle d'une goélette dunkerquoise et d'une goélette gravelinoise.
6 avril 1901
La goélette Mardyckoise est perdue corps et biens avec à son bord 9 Fort-Mardyckois.
On vient de trouver sur la plage Est de Dunkerque, le cadavre d'un homme noyé : dans la poche intérieure de son vêtement était une somme de 1,100 francs ainsi qu'un fascicule au nom de Yves-Marie Collin, de Saint-Malo.
Cette découverte permet de fixer l'identité du navire qui sombra à l'ouest de notre port durant la nuit du 10 au 11 courant.
En effet, parmi les divers caboteurs attendus à Dunkerque, on trouve que l'un d'eux, la goëlette française Ambroise-Thomas avait précisément pour capitaine le sieur Collin ; de plus, le gréement de la goélette précitée concorde exactement avec tous les détails que nous avons pu obtenir sur l'épave signalée à l'ouest du port.
L’Ambroise-Thomas était parti le 27 novembre de Lisbonne pour Dunkerque avec un chargement de sel.
Un capitaine de Fort-Mardyck M Godin qui commandait en Islande la goelette Yvonne a été arrêté par la gendarmerie et conduit à la maison d’arrêt ; Il est inculpé d’avoir naufragé volontairement son navire sur les lieux de pêche. Plusieurs hommes de son équipage sont compris dans cette grave affaire de baraterie.
19/10/1901
Le capitaine barateur
De notre correspondant à Dunkerque L'émotion est toujours vive à Dunkerque, à la suite e de l'arrestation du capitaine Godin et de son lieutenant Micke, prévenus de baraterie après la naufrage de leur goélette Yvonne, en Islande.
On connait aujourd'hui le nom du marin qui accuse petite Souris et son lieutenant. C'est un nommé Guillain, tonnelier à bord de l'islandais Fileur, qui en voulait à Godin, depuis que ce dernier avait refusé de l'embarquer. Le brave capitaine en était à sa dernière campagne de pêche et devait désormais vivre à Fort-Mardyck, dans sa petite maison avec sa famille et grâce à de petites économies. Guillain s'était juré de lui faire arriver malheur au cours de la campagne. On voit qu'il n'a pas manqué son coup.
« II est certain raconte Guillain que l'Yvonne battue par le cyclone avait de graves avaries, mais elle était encore en état de navigabilité, et le capitaine, au lieu de la couler et d'y mettre le feu, aurait parfaitement pu la conduire à la côte, soit en demandant à être remorqué par un navire qui lui avait porté assistance, soit en se servant de ses propres moyens, son gouvernail étant en excellent état.
Et c'est sur celle déclaration que se base le parquet pour motiver mes poursuites. Mais le récit de Guillain est énergiquement démenti par tous les marins de l'Yvonne, notamment par le second lieutenant François Legrand.
Les vents, nous a-t il dit, étaient de N.-E d un bord à l'autre, et l'on ne pouvait attraper la terre.
Nous étions au S -0 des iles Westman. A chaque coup de tangage l'étrave arrachait et crevait le bordage de l'Yvonne.
Pendant 48 heures le beaupré resta suspendu le long du bord. Nous avons vu passer l'Euterpo qui était comme nous en danger et qui a failli nous aborder.
Plus tard, notre grand mât craqua Nous n'avions plus de canot et nous étions perdus. Nous nous préparions à mourir lorsque nous avons vu l'Espérance, la Favorite et le Fileur.
Micke, le second, a lui-même crié dans un porte-voix aux capitaines de la Favorite et du Fileur « Nous allons quitter le navire au premier beau temps. »
Le capitaine a pris l'avis de l’équipage; nous avons tous demandé à quitter l'Yvonne. Les frères Wils qui commandent les goélettes Favorite et Fileur sont venus à bord et ont aussi été d'avis qu'il fallait débarquer. Nous avons donc débarqué.
Avez vous vu le capitaine Godin et le second Micke mettre le feu au navire ;
Le capitaine, son beau frère le lieutenant Salmon et Micke sont restés les derniers à bord, mais je ne sais ce qu'ils ont fait. Godin a débarqué le dernier, comme c'est l'usage.
En résumé, votre opinion?
C'est que, si votre capitaine a fait disparaître l'épave de l'Yvonne, il a bien fait.
Les frères Jean Baptiste Wils, capitaine de la Favorite et Joseph Wils, capitaine du Fileur, deux habitants de Fort-Mardyck également ont écrit et attesté ce qui suit :
Sur les lieux de pêche, le sieur François Jean-Baptiste Godin. capitaine de l'Yvonne, nous a consulté le 10 avril a son bord, sur la question de l'abandon de mon navire. Nous avons reconnu que ce dernier n'était plus en état de navigabilité qu'il était urgent de l'abandonner sans plus tarder. En conséquence, nous avons recueilli chacun à notre bord la moitié de son équipage en foi de quoi nous avons délivré le prêtant certificat.
Voila donc un équipage qui demande à quitter un navire qui coule sous leurs pieds, deux capitaines qui, sur les lieux mêmes du sinistre, jugent que l'Yvonne n'est plus en état de navigabilité, que devient devant cela l'accusation ?
Vous auriez dû conduire votre navire la côte, dit-on au capitaine Godin
J’aurais voulu vous voir à ma place, pourrait répondre le malheureux capitaine de l'Yvonne.
Cherche à qui le crime profite dit un vieil axiome judiciaire.
Dans le cas présent, ce n'est certes pas au capitaine Godin.
Avait-il un intérêt pécuniaire à perdre ton navire ?
Bien loin de là, la perte de l’Yvonne lui a causé un grand préjudice. Le gain d'un capitaine Islandais est de 4 à 6 000 francs. C'est donc une perte sèche pour lui. L'Yvonne était un bon, beau et solide navire, un fin marcheur comme nous le disait Godin, lorsqu'en mai dernier nous l’avons interviewé à Fort Mardyck. à son retour d'Islande. Ce n'était donc pas non plus l'intérêt de l'abandonner sur les lieux de pêche. La haute honorabilité commerciale et la fortune de M. Vancauwenberghe sont d'ailleurs trop connues pour le supposer un seul instant.
Le capitaine Godin donc à notre avis eut le tort de ne pas dire carrément dans son rapport de mer qu'il avait fait disparaitre la coque mi-submergée de l'Yvonne, par prudence, par humanité.
Son rapport de mer que nous avons lu ce matin est à peu près ainsi conçu ;
Je suis parti de Dunkerque le navire était en bon état de navigabilité et avec les engins de pêche,
Parti avec vent de Sud, bonne traversée, Arrivé à Ostre-Orn le 13 mars, temps maniable jusqu'au 6 avril Ce jour-là, mis en cap sec (c'est-à-dire réduit à la moindre voilure) pas de cyclone, vent de l'Est, neige et mer affreuse.
Le gui de grand-voile cassa, le navire était submergé.
Envergué la voile de cap.
A trois heures de l'après-midi, le mât de beaupré tomba et détruisit la coque bâbord. Par le mauvais temps il fut impossible de couper les agrès de beaupré.
Un quart d'heure après le tonnelier était enlevé par un coup de mer qui balaya le pont, emporta le capot de la cambuse, les parcs à morues, etc. L'équipage se mit aux pompes, mais il fut impossible de les franchir, Le temps redevenu maniable, on appareilla avec la voile de cap, la trinquette, pour tâcher de gagner la terre.
A 9 heures du matin, un coup de tangage craqua le mat à 2 m. 50 du pont.
Le 10, le temps se mit au beau et il y avait dans la cale 1 m. 50 d'eau.
Je fis appel aux capitaines du Fileur et de Favorite pour expertiser le navire.
Ils nous ont dit qu'il était temps d'abandonner le navire et qu’il n’était plus en état d’atteindre un port ou la terre.
Je me suis décidé à abandonner l’Yvonne.
On le voit, pas un mot de l'épave. Et depuis qu'il est en prison, il aurait eu le tort, vraiment grave, avant d'être confronté avec Guillain, de jurer à trois reprises, sur la foi du serment, que son navire avait coulé normalement.
Quoi qu'il en soit, tous les marins lui donnent raison et sont très remontés contre Guillain. Abandonner l’Yvonne en l'état d'épave c'était commettre une mauvaise action. Ce navire qui renfermait dans ses flancs une centaine de tonnes aurait flotté entre deux eaux telle la goélette Espérance qui a été rencontrée par un vapeur suédois, un mois et demi après son abandon errant sur la cime des flots, danger permanent pour les navires qui fréquentent ces parages.
En coulant son navire à demi submergé dans un état absolu de navigabilité Godin a fait son devoir de marin. Nous tiendrions nos lecteurs au courant.
1902
Chanaral, trois-mâts de Dunkerque, 22 hommes d'équipage, allant sur de Nantes à Newcastle. A chaviré sous voiles au nord-ouest d'Ouessant dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1902 un seul survivant.
Marie-Juliette, goélette du port de Dunkerque,
18 hommes d'équipage, se rendant en Islande avec un chargement de sel. Perdue corps et biens
1 fort-mardyckois Joseph Famchon.
Charmeuse, de Dunkerque, 19 hommes d'équipage, chargée de sel. A coulé dans la nuit du 15 au 16 avril 1902, après avoir abordé la banquise, par temps voilé et neigeux, à 9 milles dans l'est de la pointe d'Ingolfs-Huk (mers d'Islande) 9 victimes.
Perle, de Dunkerque, montée par 18 hommes d'équipage. Perdue à la même date, dans les mêmes parages et conditions que la précédente 4 victimes.
Dépêche de Dunkerque, 22 mars.
La goélette Joyeuse, capitaine Léonard Zoonekindt, armateur Hecquet-Vanrapenbusch, â été coupée en deux sur les lieux de pêche à Islande par un vapeur inconnu. Les 20 hommes qui formaient l'équipage de ce navire ont été sauvés et sont actuellement à Aberdeen.
1904
La Jeanne Sloop de Dunkerque Abordé et coulé par un vapeur en rentrant dans le port
23/5/1905 le petit parisien
Un paquebot danois venu d'Islande a débarqué seize naufragés de la barque de pêche Pierre, de Boulogne, et dix-sept naufragés de la barque Espérance, de Dunkerque. Les deux naufrages se sont produits le 5 mai, durant une tempête, sur les côtes de l’ile Westmann. Les marins ont été envoyés à l'asile des marins à Leith. Ils s'embarqueront vendredi pour Dunkerque.
1905
31/5/1905
Rapatriement de naufragés. Le steamer anglais Amuld, arrive a Dunkerque, venant de Leith, avait a son bord les équipages des navires Saint-Pierre, de Boulogne, et Espérance de Dunkerque, naufragés en Islande.
DUNKERQUE, 3 septembre. En raison du manque de nouvelles, le sloop Surprise, parti le 4 mars pour l'Islande, est considéré perdu corps et biens.
1908
6/3/1908
On a reçu de mauvaises nouvelles d'un navire de la flottille d'Islande : L’Alerte, goélette de 114 tonnes montée par 18 hommes, armateur M. Dinoir, capitaine M. Lemitres, a été abordée en vue de Grimsby par un chalutier " Le Saphir ".
La goélette sombra, l'équipage put être sauvé à l'exception d'un matelot belge qui se noya.
L’Alerte avait quitté notre port le 3 mars..
1911
19/12/1911
La Ville-de-Carthage est perdue
0n ne conserve plus d’espoir. Ainsi, que l’intransigeant l’avait fait prévoir il y a quatre jours, il semble malheureusement certain que la Ville-de-Carthage a sombré en mer.
Une dépêche de Las Palmas annonce effet, qu’un bateau allemand, le Hélène-Meurall a recueilli dans le golfe de Biscaye cinq matelots appartenant à la Ville-de-Carthage. Ce vapeur appartenait, nous l’avons déjà dit, à la Compagnie du bateau à vapeur du Nord qui l'avait acheté aux Messageries Maritimes.
Vingt-cinq, hommes composaient son équipage.
Ce sont :
Désiré Barras, cinquante-cinq ans, capitaine, de Fort-Mardyck, Charles Vanhille, trente-trois ans, second, de Bray dunes, Alfred charlemein, vingt-sept ans, lieutenant, de Dunkerque Désiré Vaubesien, cinquante-neuf ans chef mécanicien, de Malo-les-Bains; Gustave Ta-bary, trente-six. ans, deuxième mécanicien, de Dunkerque ; Fernand Fasquel, trente-deux ans, chauffeur, de Dunkerque ; Louis Dammarez, vingt-trois ans, chauffeur, de Dunkerque ; jules Douce, vingt- cinq. ans, soutier, de Dunkerque Pierre Lhégarat, vingt-sept ans, marin, de Paimpol; Charles Wadoux, quarante, ans, soutier, de Gravelines; Joseph Cobec, vingt-six ans,-marin, de Tréguier ; Jules Hars, vingt quatre ans, marin de Fort-Mardyck ; André Boulogne, quarante-sept ans,- marin, de Fort-Mardyck; Pierre Bras vingt-sept ans de Fort-Mardyck, Georges Evrard trente-quatre ans, cuisinier, de Fort-Mardyck ; Xavier Baras, quatorze ans, mousse de Saint- Pol ; François Thilv, trente ans, marin, de Lannion, Auguste Vauhille, quarante-six ans, marin de Bray-dunes ; Pierre Fontaine, vingt-quatre ans, troisième mécanicien, .de Dunkerque ; Marcel Boone, vingt-quatre, ans, chauffeur, de Rosendael, ; Albert Wadoux, vingt-cinq ans,, chauffeur de .Gravelines François Vrolant, trente ans, chauffeur,- de Rosendael ; Julien -Manceau,- vingt-cinq ans, chauffeur, de Dunkerque ; Yves Petitbon, vingt-cinq.ans marin, de Tréguier ; Pierre Bodo; dix-sept ans, mousse, de Fort-Mardyck
1920
14 /7/1920 Journal de des débats politiques
Dunkerque,. le 13 juillet Des nouvelles d'Islande confirment le naufrage de la goélette dunkerquoise Marguerite, perdue dans la traversée à l'aller. Il y a vingt quatre victimes, dont 20 Fort-Mardyckois, qui laissent de nombreux orphelins.
17/07/1920 Le temps.
II se confirme que la goélette Marguerite, qui avait quitté Dunkerque en mars dernier pour se livrer a la pêche de la morue dans les mers d'Islande, a fait naufrage dans les parages des îles Orcades.
Les vingt et un hommes qui composaient l'équipage laissent dix-huit veuves et trente orphelins.
1921
6/7/1921
23 victimes. — 54 orphelins
La goélette Islandaise de Dunkerque armateur Georges Beck, capitaine Legrand, est considérée comme perdue corps et biens. Elle avait quitté Dunkerque avec la flottille pour aller faire la pêche à la morue, en Islande.
Un capitaine de Fort-Mardyck M. Pierre Bernard, dit Begueux perd ses trois fils et quatre de ces neveux dans ce sinistre.
La désolation est grande parmi notre laborieuse population maritime.
Le naufrage de la goélette « Islandaise », qui a causé la perte de 22 pêcheurs de Fort-Mardyck, survenant après celui de la « Marguerite, qui amena l'année dernière la disparition de 20 Fort-Mardyckois, a causé dans notre laborieuse population maritime une vive émotion.
On ignore comment et à quelle date a disparu le navire et son équipage.
Parti le premier de la flottille pour les liens de pêche, il signala sa présence sur les côtes islandaises par deux lignes au crayon que son capitaine lança à un chalutier de passage.
A-t-il péri, comme le disent les matelots de la « Masnon », au cours du cyclone qui ravagea l'Islande, du 12 au 14 mars ? A-t-il été envoyé par le fond par une mine en juin comme le bruit en court C'est ce qu'on ignore.
L'Islandaise était montée par 22 hommes, dont voici les noms:
Benoît Legrand, capitaine ; Joseph Bernard, second ; Henri Lageisie et Pierre Bernard, lieutenants ;
Henri Billet, Fernand Tomyn, Henri Tomyn, Gaspard Hars, Ernest Lemeitre, Marcel Lamy, Ernest Godin, Léon Bernard, Clovis Legrand Joseph Hars. Maurice Evrard, Charles Dewos, Pierre Malhieude, Aphonse Gens, matelots ;
Eugène Ledieu, saleur; Maurice Marelle, cuisinier ; René Bernard, matelot léger, et François Hars mousse.
1924
le 24/3/1924
Les familles éplorées de Fort-Mardyck ont vu se dissiper leur douleur à l'arrivée des quatorze rescapés du dundee Augusta qui sombra, le 7 mars, à 15 heures, devant les côtes d'Islande. Il est malheureusement une femme, au milieu de la joie quasi générale, qui pleure un disparu. un héros, car Adolphe Carru, qui repose aujourd'hui en terre d'Islande, se conduisit au moment du sauvetage comme un vrai descendant de Jean-Bart.
Lorsque l’Augusta coula devant Faskry Fjord, A. Carru fit remarquer que seul à bord, n'ayant pas laissé d'enfants au village, il se devait au sauvetage des autres et que par conséquent la pose du filin devant relier le navire à la terre lui incombait. On le dissuada Il répondit en se jetant à l'eau et en gageant vers la côte.
Hélas ! le malheur voulut que l'amarre s'engagea dans ses jambes et qu'il périt noyé. On ramena son corps à bord à l'aide du filin qui l'emprisonnait. C'est alors que, pour le salut des autres, le second, M. Lemaire, tenta l'opération une seconde fois. Elle réussit et les quatorze hommes furent sauvés.
Annales du Sauvetage maritime.
Prix Léopold'Davillier (500 francs) à Adolphe CARRU. Le 7 mars 1924, son navire s'étant échoué sur les côtes d'Islande, il s'est offert pour tenter d'établir un va-et-vient, en portant une amarre à terre et a péri victime de son dévouement. Ce prix sera remis à sa famille comme hommage posthume.
Dunkerque, 23 avril. - Le dundee « Notre-Dame de Lourdes de Grand Fort Philippe s'est jeté à la côte aux nés Shetland. Il se rendait en Islande pour pêcher la morue. L'équipage a pu être sauvé Il était commandé par le patron Lemattre, de Fort Mardyck dont les deux fils se trouvaient sur la goëlette « Augusta » naufragée en Islande le mois dernier.
1933
DUNKERQUE, 15 décembre. C'est un drame de la mer des plus angoissants que celui qui vient de se produire sur le littoral du nord entre Oye-Plage et Hemmes. On sait que le bateau feu Dyck s'est mis à la côte après avoir brisé ses amarres. Trois survivants sur sept hommes de l'équipage ont pu être arrachés à la mort et le sauvetage eut lieu jeudi après-midi dans des circonstances particulièrement émouvantes. Le canot de sauvetage de Calais, après avoir essayé en vain d'approcher de l'épave, avait dû battre en retraite. La marée descendante découvrit alors une partie du pont et on aperçut su sommet de la tour du phare trois visages collés contre les vitres de la cabine qui abrite la lanterne. Bientôt, l'un des survivants agita un morceau d'étoffe.
Sur la plage, un groupe de vieux marins suivaient les gestes et mouvements des naufragés. Une houle profonde s'était creusée autour du bâtiment où un courant se produisit, rendant impossible l'accès du navire échoué. Soudain, une vitre se brisa. Dans un effort désespéré, l'un des marins se dégagea de sa prison en utilisant cette ouverture et se livra à une acrobatie particulièrement dangereuse, car il se laissa glisser le long d'un câble d'acier couvert de glaçons et arriva jusque sur la bordure du bateau. A l'avant, se trouvait un filin qu'on avait lâché de la côte; le naufragé s'en empara et se ceintura avec ce lien. L'instant était pathétique au possible, et cependant que M. l'abbé Courquin, curé doyen, donnait une large bénédiction et une suprême absolution et que des femmes de marins priaient à haute voix, le premier rescapé se jeta à la mer. Il fut hissé vigoureusement sur la plage et conduit à la demeure des époux Rousseux située encore à un kilomètre de là où le docteur Blankaert, médecin de la commune, lui donna les soins nécessaires. Le malheureux marin avait deux doigts de la main droite sectionnés. Malgré cette mutilation, il venait d'accomplir un effort surhumain.
Les deux autres naufragés utilisèrent la même voie et furent hissés sur le sable que la température rigoureuse avait considérablement durci.
Les rescapés sont Alfred Vanhille, âgé de 46 ans, domicilié à Bray-Dunes Alfred Dubois, 29 ans, domicilié à Dunkerque, et André Genel, 32 ans, demeurant à Rosendael, près de Dunkerque. Un cadavre fut retrouvé sur la plage, celui du second-maître Huysmàn, domicilié à Coudekerque, qui faisait fonction de capitaine à bord du bateau-feu. Les autres victimes ont dû être enlevées par la mer, car l'exploration du Dyck, faite cet après-midi a 16 heures n'a fait découvrir aucun corps a bord du bâtiment. Les disparus sont Jérôme Dewaele de Bray-Dunes; Léopold Goetghebeur de Rosendael, et François Hars, de Fort-Mardyck.
L'émotion dans les régions dunkerquoise, calaisienne et gravelinoise est très grande.
17/12/1933 ouest éclair
Dunkerque, 16 décembre (de notre correspondant particulier). Le naufrage du bateau-feu Dyck, sur le littoral de Hemmes-Oye, près de Gravelines, a. comme nous l'écrivions hier, causé une très vive émotion parmi la population maritime des régions dunkerquoise et calaisienne.
Aucun cadavre n'avait été découvert à bord de l'épave, mais cet après-midi, la mer a rendu deux cadavres ceux du marin François Hars, de Fort-Mardyck, découvert à l'endroit où fut trouvé le corps du capitaine Huysman et celui du marin Léopold Goetghebeur, de Rosendael, rejeté par le flot Sangatte, près de Calais.
1935
15/3/1935
Le naufrage du Lieutenant Boyau sur les côtes d'Islande a fait quatre victimes
Il y a un mois, le 18 février, les petits voiliers composant la flottille gravelinoise prenaient la mer pour aller pêcher la morue sur les côtes d'Islande. Et voici déjà que d'affreuses nouvelles sont parvenues qui jettent toute la population maritime de nos côtes dans l'angoisse. Une dépêche, que nous avons reproduite hier, signale que le trois-mâts brick Lieutenant-Boyau, le plus beau bâtiment de la flottille, a touché un brisant, sur la côte sud-est de l'Islande et vingt-trois hommes de l'équipage seulement, semble-t-il, ont échappé à la mort.
Bien que fort imprécise, la dépêche ne laissait-elle pas, en effet, supposer que la mer avait fait six victimes sur les vingt-neuf gars embarqués sur le voilier ?
Assez tard dans la soirée, nous avons enfin reçu la laconique dépêche que nous publions ci-après :
Copenhague, 14 mars. Les-noms des quatre marins victimes de
l'échouement du Lieutenant Boyau sont les suivants : matelots
Marceau Gossaert. Julien Goubelle et Julien Zoonekindt, et le cuisinier
Henry Calmeel. Roger Lamotte