la vie éphémère du SAINT PAUL

 

Navire hôpital le Saint Paul est le dernier voilier non motorisé d'assistance aux pêches en Islande. C'était un navire de grande marche sous toutes allures, capable de bien tenir le plus près pour louvoyer utilement, si les circonstances l'exigeaient.
Il était gréé en trois-mâts-goélette de façon à rendre la manœuvre facile, et la surface de sa voilure, assez considérable, était de 612 mètres carrés. Il avait 37 mètres de long, 8 mètres de large, 3 mètres de tirant d'eau. Ses formes étaient élégantes, ses lignes fines.
Il comptait 20 hommes d'équipage, un médecin et un aumônier.
On l'avait spécialement aménagé en vue de l'usage auquel on le destinait : Salle de consultation, pharmacie, infirmerie meublée de lits en fer, chapelle, salle de repos et de réunion, avec cloisons démontables facilitant un nettoyage hygiénique et claires-voies nombreuses distribuant en abondance la lumière; tout avait été établi pour faire de ce navire un modèle du genre.
 

Construit par les chantiers Gautier à Saint-Malo, il fut armé pour la premier fois en 1897 par la Société des Œuvres de mer.
il échoua sur la côte de Reykjavik dés sa première saison, le 2 mai 1897.
Le navire Téléphone, de Dunkerque, a passé près de l'endroit où le Saint-Paul est échoué, et l'a vu à la côte; il était démâté.
Déséchoué le 17 mai, grâce à l’aide du croiseur français La Manche.
La voie d’eau ayant pu être aveuglée provisoirement, il fut ramené en France et réparé.
Sa campagne de 1898 fut féconde en résultats.
La campagne de 1899 devait avoir une autre issue.
Le Saint-Paul, réarmé et réapprovisionné avec soin, quitta Saint-Servan le 3 mars.

Il était commandé par le capitaine Lacroix qui avait dirigé si heureusement la campagne de 1898. Il portait, en outre, l'aumônier, le P. Bonaventure, le second, M. Collin, le médecin-major de deuxième classe, M. Lucas, et 16 hommes d'équipage.
Il fit d'abord relâche au Havre où une imposante cérémonie fut organisée à son bord par le Comité local des « œuvres de mer» ; il toucha ensuite à Dunkerque afin d'y prendre lettres et commissions pour les pêcheurs partis auparavant, et ouvrit enfin toutes grandes ses voiles pour se diriger vers l'Islande. Il alla atterrir sur la côte sud-est, à environ dix milles d'Hormig, le 2 avril au matin. Dès le lendemain, le P. Bonaventure et le Dr Lucas visitèrent le Sirius de Calais et l'Islandaise de Dunkerque, et virent sur ces navires deux malades, dont l'un souffrait d'un phlegmon à l'avant-bras, et l'autre d'une angine.
La mission du Saint-Paul était commencée.
Il approchait du point où se trouvaient groupées toutes les goélettes ; il comptait dans la journée du 4 avril en visiter un grand nombre.
Dans la nuit du 3 au 4, le capitaine Lacroix navigua pour s'éloigner de la côte. A deux heures du matin le point indiqua une position plus au sud que le cap Portland; la sonde accusait 100 mètres.
Tout est bien. Le capitaine donne l'ordre de prendre route à l'ouest pour arriver au jour parmi les pêcheurs. Le navire prend cette direction ; il file sur les eaux grises voilées d'ombres. Tout d'un coup, il talonne rudement par deux fois. L'alarme est grande, parmi ces braves matelots, l'alarme mais non la panique. Sous les ordres de leur chef ils se multiplient en efforts pour dégager leur cher bâtiment, mais en vain ! Les lames qui le prennent par l'arrière le poussent peu à peu plus avant.
Le point sans doute a été mal estimé ; une erreur est facile dans ces parages où l'aiguille aimantée a des déviations extraordinaires et inattendues causées par le voisinage de roches magnétiques, et où, au surplus, la direction et la force des courants sont peu connues. Beaucoup de navires ont dû leur perte aux mêmes causes. Près du Saint-Paul on distingue dans les demi-ténèbres, sous les vagues blanchissantes, des épaves de vapeurs anglais victimes d'une aventure analogue.


Il est quatre heures du matin. C'est à peine si la brume nocturne s'éclaircit à l'approche vague de l'aube. La mer déferle sur le pont ; il est temps que ces braves gens, dont la situation devient critique, pourvoient à leur sauvetage. Ironie de la destinée humaine ! Ce sont ces sauveteurs qui ont besoin à présent d'être secourus !
Un matelot, nommé Henri, se dévoue. Malgré l'état dangereux de la mer, et le froid, plus périlleux encore, le froid extrême, car l'hiver dure encore à cette époque en Islande, il se jette à l'eau pour porter une corde à terre.
Au prix d'efforts surhumains il atteint le rivage, il réussit à établir un va-et-vient. C'est le long de cette corde, suspendus à la force des poignets, plongeant souvent jusqu'aux épaules dans l'eau glacée, que les naufragés gagnent la terre, une plage déserte où, par un froid intense, ils attendent, grelottants sous leurs vêtements trempés, les secours qui, heureusement, leur arrivent. Ils ont abordé non loin du village de Robaye ; on les y recueille, on les réconforte. Mais ils n'ont qu'une pensée : leur Saint-Paul.
Aussitôt séchés, ils retournent sur le lieu de la catastrophe. Quelle déception !
Remettre le bâtiment à flot semble impossible tant la mer l'a poussé avant dans les sables. Il faut se contenter de procéder au sauvetage de l'armement, puis abandonner le navire aux prochaines marées qui le démembreront.
Ensuite, la petite troupe des naufragés se met en route pour Reikiavick. Les autorités islandaises, très empressées, ont réquisitionné une centaine de chevaux et dix guides, et la triste caravane du Saint-Paul se met en marche à travers l'Islande. Elle a 400 kilomètres à faire dans ce pays difficile et sous un ciel ingrat. Pendant huit jours elle marche par des sentiers abrupts, sur la neige, à travers les glaciers, sous des tourmentes continuelles. De temps en temps, la nuit, on s'arrête, dans les fermes éparses sur la route.
Partout, d'ailleurs, l'accueil est cordial.
Enfin, le 16 avril, les naufragés, victimes de leur dévouement, arrivaient tous à Reikiavick. Ils n'étaient pas en trop mauvaise santé. Le consul français, M. Limsen, pourvut à leurs besoins, et, quelques jours après, un paquebot les ramena en France.

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