LES CORSAIRES " ENFANTS DE DUNKERQUE " BLANCKEMAN Etienne Jean 1772/1882
BLANCKEMAN Etienne Jean 1772/1882
Né le 23 décembre 1772 à Dunkerque
Décédé le 4 décembre 1822
Il épousa Rosalie Petronille Henriette Loriole
Il navigua au commerce jusqu'en 1792, époque à laquelle il entra au service de l'Etat. Présent comme simple matelot å la prise d'Ostende et à l'ouverture de l'Escaut qui signalèrent cette campagne maritime, il s'y fit remarquer par sa bravoure et son intelligence.
L'année suivante, il fut nommé lieutenant dans la 3éme brigade des canonniers marins, formée le 1er septembre 1793, au siège de Dunkerque, pour le service des forts Risban et Revers. Ces redoutes étaient alors très mal fortifiées ; mais à l'exemple de Bayard, il sut prouver à l'ennemi, par une altitude énergique, par les actions les plus hardies et les mieux combinées, qu'il n'y a point de place faible là où il y a des gens de cœur pour les défendre.
Du 17 octobre de la même année au 19 avril 1795, enseigne de vaisseau sur la corvette de l'Etat le Pandour, il aida à capturer et à brûler dans les mers du Nord 70 navires anglais et à combattre une frégate de cette nation.
Appelé par son habileté et son courage au commandement du corsaire lougre le Lynx , armė au port de Dunkerque, il attaqua et dispersa plusieurs convois malgré les forces qui les escortaient, il prit en deux sorties 14 bâtiments anglais, la plupart à l'abordage, 54 pièces de canon de 12 et de 18, mit en fuite, après un combat opiniâtre où il se montra manœuvrier du premier ordre et où il fut grièvement blessé, 2 cutters anglais dont chacun d'eux lui était supérieur en force et en artillerie. Au moment de terminer cette brillante croisière il fut capturé après une longue résistance par la corvette anglaise Storck. Conduit d'abord au château d'Edimbourg, il fut de cette prison transféré à celle de Londres, d'où il parvint à s'évader malgré la surveillance sévère qu'on exerçait à son égard.
Blanckeman commanda successivement jusqu'en 1804 les corsaires
- le Hasard,
- l'Anacréon,
- le Chasseur,
- la Bellonne
- le contre-amiral Magon,
avec lesquels et jusques sur les côtes d'Angleterre et d'Ecosse, malgré le feu des batteries qui les hérissaient, il fit 83 prises montées par 710 hommes, dont plusieurs navires étaient armés de 14 canons de 12 et chargés de riches cargaisons; dans ce nombre ne sont pas compris les navires qu'il fit couler et brûler en haute mer pour les empêcher de retomber au pouvoir de l'ennemi.
Depuis longtemps il était considéré comme le fléau et la terreur du commerce anglais. Le retentissement de ses exploits avait fixé l'attention du gouvernement français qui le chargea du soin de conduire en Irlande, avec le corsaire l'Anacréon, qui était alors sous son commandement, des munitions de guerre et des troupes sous les ordres des généraux Napper-Tandy et Rey, et de protéger leur débarquement. Il remplit cette mission avec distinction ; mais les événements ayant fait manquer l'expédition d'Irlande et rendant le réembarquement des troupes indispensable, il le fit sans perdre un seul homme. Dans sa traversée de retour il attaqua un convoi de quatre navires anglais, enleva, après deux heures de combat, le bâtiment convoyeur armé de douze pièces de 9 et de deux de 18, ainsi qu'un des quatre navires qu'il avait amarinés; alla relâcher avec ces prises en Norvège, où il débarqua le général Napper-Tandy avec son état-major.
L'empereur le fit membre de la Légion-d'Honneur le 6 octobre 1804, sur la demande et le rapport du contre-amiral Magon.
Les Anglais, désespérés des pertes incessantes que leur faisait éprouver le capitaine Blanckeman, et voulant y mettre un terme, augmentèrent le nombre de leurs croiseurs et mirent sa tête à prix ; une récompense de deux mille guinées fut promise par le gouvernement de la Grande-Bretagne à celui qui prendrait l'homme intrépide qui désolait et ruinait son commerce.
Le 16 novembre 1804, le corsaire le Contre-amiral Magon, qu'il montait alors, après avoir essuyé la chasse de quatre bâtiments de guerre anglais, eut les deux mâts de hune cassés, le pont, étant alors embarrassé par la mature et le gréement, ne put lui permettre aucune défense; il fut pris et conduit prisonnier à Yarmouth, d'où il fut transféré trois ou quatre jours après à Chatam.
Cette circonstance, où le courage dut céder à la force numérique, ne fit qu'ajouter à la réputation que le capitaine Blanckeman avait acquise.
La Gazette de Londres publia, le 23 novembre 1804, une lettre de Yarmouth qui annonçait en ces termes la capture de cet intrépide marin : « Enfin le fameux Blanckeman de Dunkerque, le corsaire le plus redoutable et le plus adroit dont on ait entendu parler, » vient d'être pris ; la récompense de deux mille livres sterlings, promise par le gouvernement à celui qui purgerait la mer et délivrerait notre commerce de cet audacieux ennemi, a été gagnée » par le sloup de guerre le Croiseur, capitaine Hancock. Le corsaire de Blanckeman est presque neuf et porte 17 canons et 86 » hommes d'équipage. »
Blanckeman resta jusqu'à l'époque de la Restauration à bord du ponton qui lui servait de prison ; là, ses impitoyables geôliers ne le perdaient pas un seul instant de vue, et, telle était la crainte qu'inspirait la pensée de son évasion, qu'ils s'assuraient de sa présence même pendant la nuit, en lui faisant répondre à l'appel auquel ils l'avaient obligé.
Ramené en 1814 en triomphe à Dunkerque par plusieurs de ses compatriotes qui allèrent le chercher en Angleterre, il ne jouit pas longtemps du bonheur d'être rendu à la liberté.
Après huit années de souffrance, il succomba le 4 décembre 1822, âgé de 50 ans, à la maladie dont il avait puisé le germe pendant sa longue et dure captivité, emportant dans la tombe les regrets de sa famille et de ses nombreux amis avec l'estime et l'admiration de ses compatriotes et concitoyens.
Extrait de: LES ILLUSTRES CORSAIRES "ENFANTS DE DUNKERQUE" L'EPOQUE DES LOUPS DE MER
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