FETES ET COUTUMES " La Ducasse dans l'ancien temps"
La Ducasse dans l'ancien temps.
La ducasse est une fête mobile entre le 20 et le 27 Juin et, par tradition, elle doit durer trois jours consécutifs avec un «raccroc» d'un jour le dimanche suivant.
Au seul mot de Ducasse les devantures de boutique se font belles, des enseignes nouvelles vont les surmonter. Les ouvrages inachevés sont repris, les trottoirs en défaut se restaurent, le pavé se régularise, puis les boutiques se parent de marchandises de toutes sortes : de nouveaux, d'attrayants produits arrêtent partout les passants, les passantes plutôt, et chacune en secret fait déjà son choix.
Plus le jour approche plus l'activité redouble : la Grand-Place donne un de ses côtés pour y voir construire des baraques, un champ de foire, où des marchands de tous pays, de Paris même, vont venir étaler, prôner, chanter leurs marchandises : bijouterie vraie et fausse, porcelaines, cristaux, horlogerie, livres, musique, jouets d'enfant, sucreries enfin et le produit obligé, le classique pain d'épices, sans lequel point de foire.
D'un autre côté, la place dite Marché-aux-Pommes va recevoir de ces constructions qui toujours ont le don d'attirer et de plaire. De grands théâtres en demi plein air, aux places à quinze, à dix et quatre sous vont représenter toutes sortes d'œuvres, et en dehors une parade plus ou moins plaisante, mais toujours trouvée telle, va exciter les rires frénétiques d'une multitude que pluie ou soleil ne saurait effrayer.
Sur la place Orléans, quatre, cinq, six jeux de bagues s'établissent avec chevaux et fauteuils, où non-seulement les filles et les moutards, mais de graves personnages aussi vont se faire tourner. Orgues de Barbarie, chanteurs ambulants, tout arrive, tout affine,
tout s'apprête, tout est prêt pour le grand jour ou la grande semaine. Dunkerque ouvre ses portes aux lillois, Casselois, Calaisiens, qu'elle ne fermera plus de la semaine.
Le drapeau national flotte sur la tour.
Le mot Ducasse, qui devrait s’écrire Ducace, n'est autre que le mot Dédicace, contracté ou corrompu.
Ainsi la Ducasse ou Kermesse, ce qui est ici la même chose, c'est la fête patronale de Dunkerque, le mot Ducasse signifiant dédicace; et si cette fête paraît avoir, à cause de sa date, quelque rapport avec la St-Jean, c'est uniquement à cause du 25 Juin, autre fête de St-Eloi, et parce qu'une fête en hiver n'en eût pas été une.
Cet entrain, cet enthousiasme, cette frénésie transportent ceux qui y prennent.
Les toilettes: que de jolies étoffes, de magnifiques soieries, d'élégants bonnets, de luxueux rubans, de chapeaux ravissants! Chaussures, gants, ombrelles, pendants d'oreille, rien n'y manque. C'est que pendant la quinzaine qui précède, ou la huitaine seulement, car tous attendent ici au dernier moment, des milliers de commandes sont venues trouver nos artistes ès-modes de tous rangs et de tous quartiers ; mais vous distinguerez toujours les étoffes sorties des magasins de Mme Félix et de Mme Jacques; les chapeaux confectionnés chez Mme Udron, la modiste par excellence; les bonnets de Mme Boudry; les robes de Mme Pruvost, les chaussures de Tartara; et pourtant le reste n'est point indigne. Partout des rubans de couleurs voyantes, ponceaux, cerises, bleus ou verts : la Dunkerquoise préfère ces couleurs.
La danse ! Voilà l'unique pensée, l'unique but de tous ces apprêts, le bonheur vrai de cette moitié de semaine, car la Ducasse se célèbre, également brillante, du Dimanche au Jeudi inclus, quatre grands jours et autant de nuits, augmentés du Dimanche suivant ou Octave, appelé Dimanche de raccroc.
les gâteaux obligés du moment, les Cook botteram sans lesquels clocherait la grande fête ;
Les Dunkerquois jouissaient :
d'abord de la joie intra-muros qu'apportent les Cassandres, les paillasses, les géants ou les nains, les autruches, reptiles et autres animaux plus ou moins curieux ;
De gros bons rires de la parade, en passant sur les fauteuils ou chevaux de bois des jeux
de blagues en buvant surtout, par-ci par-là, un petit verre de cognac ou de genièvre,
de bière brune ou blanche;