" LE CARILLON DU BEFFROI"

 On appelle carillon un jeu de clavier analogue à celui d'un orgue ou d'un piano, et dont chaque note communique par des fils de fer à des marteaux qui viennent ensuite frapper des cloches correspondantes. Il est facile de se figurer ce clavier, composé d'autant de petits bâtons placés horizontalement qu'il y a de notes; à l'extrémité de chacun de ces bâtons est attaché un fort fil de fer, qui, en se prolongeant, fait lever un marteau reposant sur une cloche. La plus grande partie des bâtons est à la hauteur des poignets qui les frappent, appuyant dessus fermés et tournés le pouce en l'air, le petit doigt en bas. Un autre clavier inférieur, moins nombreux, est pour les cloches de son plus grave; c'est le pied de l'artiste qui le met en mouvement, car l'artiste doit être assis de telle sorte que son siège soit médial entre les deux claviers.

Les cloches sont disposées en octaves et forment des gammes graves ou aiguës, ayant chacune son octave complète en notes naturelles, en dièses et en bémols. L'air connu sous le nom de carillon de Dunkerque, et sans lequel naguère aucun bal n'eût été complet, demandait, pour être joué, des timbres d'un volume inégal.

La supériorité du carillon dépend de la qualité et de la pureté du métal des cloches, de l'habileté de l'artiste qui dispose le cylindre et enfin du talent de celui qui touche le clavier.

 Le carillon de Dunkerque a révélé à bien des gens l'existence de la patrie de Jean Bart.

Certains historiens pensent que le premier jeu de cloches pourrait bien être contemporain du carillon de Bruges dont on retrouve trace à partir de 1298.

En 1476, il y avait à Dunkerque un carillonneur si renommé que de tous les points du pays d'Artois et des Flandres on accourait l'entendre.

L'ancien carillon de Dunkerque se composait de vingt-neuf cloches, disposées à six étages différents, dans cet ordre : à l'étage le plus élevé, huit cloches de petit volume; au-dessous, six cloches de volume un peu plus fort ; au-dessous encore, cinq cloches d'un volume encore plus fort; puis quatre cloches d'un volume encore croissant, puis d'autres, puis enfin les trois dernières d'un volume plus fort que toutes les autres.

De ces vingt-neuf cloches, six ont été brisées et fondues sous la révolution ; les vingt-trois autres ont été fondues également dans la suite par ordre de la municipalité. Les vingt-neuf cloches modernes par lesquelles on remplaça les anciennes étaient d'un métal de qualité très-inférieure; aussi le carillon ne tarda-t-il pas à être abandonné.

Les Dunkerquois déploraient que le beffroi eût cessé de chanter. Aussi, lorsqu’entre 1824 et 1826 de nouvelles cloches vinrent occuper le quatrième étage de la tour, on en profita pour remettre le carillon en état de fonctionner. Les cloches de l’ancien carillon pourtant excellentes, furent refondues et on en adjoignit de nouvelles.

Malheureusement ces cloches furent de mauvaise qualité sonore et le mécanisme fut trop fragile. Des cloches durent être refondues mais ne donnèrent pas de meilleur résultat. Aussi en 1845, à la suite des fêtes inaugurales de la statue de Jean Bart où le carillon ne répondit pas à sa réputation, il cessa de chanter.

En 1851 Gaspard Malo,  soucieux  de rendre à sa ville natale ce curieux spécimen d'un art primitif, l'a fait réparer et rétablir à ses frais, et cette bizarre harmonie a repris possession de l'antique beffroi, dit Tour de l'église, qui fait face à l'église Saint-Éloi.

Trois ans après, le 26 septembre 1853, le nouveau carillon résonna pour la première fois à l’occasion de la visite de l’Empereur Napoléon III à Dunkerque.

D’autres restaurations suivent jusqu’en 1940 où le carillon de Gaspard Malo disparaît dans l’immense brasier qui consume le beffroi. 

Mais en 1962, un nouveau carillon de 48 cloches, celui que nous pouvons écouter aujourd’hui, est installé dans le beffroi restauré.

Le baptême des cloches a eu lieu le 6 mai 1962, et l’inauguration le 26 août de cette même année 1962.

 Actuellement Le carillon du beffroi de Dunkerque, est constitué de 48 cloches, pour un poids total de 16 tonnes environ. La plus grosse cloche pèse 5 tonnes, la plus petite 12 kg. Une vingtaine de carillons en France ont un nombre de cloches voisin mais seulement une dizaine ont un poids équivalent. 

 

Sources:

- Alphonse badin 1888 (Jean Bart)

- Carillon de Flandre.


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