L'ancien Beffroi de BERGUES


L’ANCIEN BEFFROI DE BERGUES

L'origine du beffroi de Bergues n'est pas connue. Il paraît même qu'il n'existe aucune tradition locale qui puisse guider dans la recherche des renseignements. On se borne à attribuer sa construction aux Espagnols ; or, il est à croire que les Espagnols ont élevé peu d'édifices dans celte contrée. Au reste, comme le pays n'a été occupé par eux qu'après l'avènement de Charles V au trône d'Espagne, en 1516, il s'en suivrait que le beffroi qui nous occupe ne pourrait raisonnablement être reporté à une époque antérieure au milieu du XVIe siècle A défaut, d'indications précises, nous chercherons, dans l'examen des différentes parties de la construction, les moyens de suppléer, jusqu'à un certain point, à l'absence de toute donnée positive.
Occupons-nous d'abord de la description.
A l'extrémité de la place de l'Hôtel-de-Ville s'élève une tour carrée de 7,50 m sur chacune de ses faces et orientée au sud, au nord, à l’est et à l’ouest. La porte qui donne accès à l’intérieur étant placée au sud, c'est peut-être là qu'il conviendrait de voir la façade principale ; mais le côté est, beaucoup moins engagé dans les constructions particulières et faisant face à l'Hôtel de Ville, présente une façade plus élancée et ornée d'une manière plus symétrique.

A 23 mètres du sol s'élancent, aux quatre angles de la tour, de jolies tourelles octogones, placées en encorbellement et ornées, comme la tour elle-même, de compartiments ou panneaux trilobés. A l'angle nord-ouest se trouve la cage de l'escalier qui va se confondre avec la tourelle placée de ce côté. Chaque tourelle est couverte d'un petit dôme en ardoises, répétant la forme octogonale de la construction, et couronnée d'une gracieuse campanille. Entre les tourelles sont placés les quatre cadrans d'une forte horloge, appuyés sur des consoles en bois sculptées. La partie supérieure de ces cadrans sert de parapet à la plateforme ou galerie au centre de laquelle est placée la chambre des cloches. Cette partie de l'édifice est octogone, couverte d'un dôme à lucarne et d'une campanille semblable à celle des tourelles. La hauteur totale du monument, y compris le lion doré qui sert de girouette, est de 54 mètres.
Tout l'édifice est construit en briques et en bois. La pierre de taille en a été complètement exclue. Les nervures des panneaux sont formées de petites briques arrondies, moulées à cet effet. Deux cordons de feuilles frisées qui ornent les tourelles paraissent les seules parties en pierre ; car nous ne pouvons croire qu'ainsi engagées dans la maçonnerie, elles soient en bois comme les têtes bizarres que l'on remarque aux angles de la corniche de ces tourelles. Les fondations de l'édifice reposent sur les bords d'un canal souterrain qui fait partie du système de défense de la place.
La charpente intérieure mérite une mention particulière.
Cette charpente avait été originairement conçue de manière à relier les quatre faces de la tour sans les charger.
C'est ce que prouvent suffisamment les montants verticaux, dont la faiblesse d'équarrissage annonce qu'ils n'ont eu d'autre destination que de prévenir l'écartement et de servir plutôt de tirants que de points d'appui. Les parties inférieures de la tour, bâties avec solidité et appuyées sur des murs épais et une forte voûte en ogive, devaient seules supporter la charge des parties supérieures. Des réparations exécutées postérieurement, et sans se conformer à la pensée du premier architecte, ont fatigué les murs et exposé l'édifice à une ruine imminente.
Aujourd'hui le mur de face sud tend à se détacher de la face est, soit par suite de ces travaux maladroits, soit par l'effet d'un ancien tassement qui a fait incliner tout l'édifice de ce côté. 11 était pourtant facile de suivre le système adopté dès le principe, car il se trouve parfaitement résumé dans les dispositions de la chambre des cloches où la charpente joue le rôle principal. Là, toutes les forces sont concentrées autour d'un poinçon très solide qui sert d'axe général à la construction et en forme le point le plus important. Ces observations devront guider dans la recherche des moyens les plus propres à consolider cet édifice dont l'état actuel inspire des craintes fondées aux amis des études archéologiques.
Pour rendre notre description complète, nous dirons que la chambre des cloches renferme :
1° Une grosse cloche dite le Tocsin, et pesant 6.783 kilog.
2° Une cloche dite cle retraite, et pesant, 3.200 kilog.
3° Deux autres cloches, pesant chacune 750 kilog.
4° Enfin 29 cloches et clochettes de différentes grosseurs, servant au carillon.
Deux de ces cloches, celles du tocsin et celle de retraite, portent une inscription en langue flamande.
L’une des inscriptions de la cloche de retraite indique que cette cloche a été fondue en 1782, avec le métal d'une cloche qui comptait 222 ans d'existence, laquelle succédait à une autre cloche qui avait 177 ans ; ce qui reporterait, pour la première époque, à l'année 1560, et, pour la seconde, à 1383. Devons-nous en conclure que l'édifice existait déjà sur la fin du XIVe siècle, ou convient-il mieux d'admettre que la grand'mère de la cloche du ban, pour me servir des termes de l'inscription, a dû exister ailleurs que dans la tour actuelle ? Je vais dire pour quelles raisons j'inclinerais vers cette dernière opinion.
Sanderus, dans sa Flandria illustrata, fixe précisément cette année 1383 le siège et la prise de Bergues par les Français, événement qui fut suivi du pillage et de l'incendie.
Suivant l'historien belge, la ville fut livrée à une telle dévastation que trois édifices sacrés échappèrent seuls à la colère des vainqueurs.
S'il existait un beffroi à cette époque, il a dû partager le sort des autres édifices de la ville que l'incendie a détruits. Mais, sans nous arrêter à cette considération, cherchons dans les détails de la construction des témoignages plus sûrs de son origine.
Nous remarquerons d'abord que c'est seulement à la fin du XV° siècle et au commencement du XVIe que l'on imagina de cacher la nudité des murailles au moyen de panneaux superposés dessinant plusieurs rangées de petites arcades trilobées. L'absence de contreforts, les tourelles à pans coupés, les toitures en ardoises et en plomb, la forme des campanilles, rappellent bien les constructions du XVIème siècle. Enfin, les feuilles frisées, disposées en bouquets dans les cordons des tourelles, le caractère des tètes sculptées à l'extrémité des poutrelles qui supportent leurs toitures, sont autant de détails qui révèlent l'ornementation de l'architecture de la troisième époque.
Nous dirons donc que le monument ne peut appartenir à une époque antérieure au commencement du XVIème siècle. Ainsi, ce serait avec quelque fondement que l'opinion locale ferait remonter son origine aux temps de l'occupation espagnole.

Le beffroi de Bergues est d'une construction simple, gracieuse, et d'un effet pittoresque. Placé à peu près au centre de la cité sur laquelle il semble veiller et en face d'un joli Hôtel de Ville dans le style de la Renaissance, il s'élance, avec une sorte de majesté, d'un massif de maisons particulières qui sont venues se grouper autour de lui, et dont les formes proprettes et les teintes claires font mieux ressortir encore les Ions chauds et sombres de ses vieilles murailles. De quelque côté que l'on arrive à Bergues, sa campanille, ses cadrans dorés frappent les yeux du voyageur ; et les habitants vous diront qu'il est peu d'amateurs et, d'artistes qui aient traversé la ville sans emporter au moins un croquis de leur vieux concitoyen.
9La conservation de cet édifice intéresse vivement l'histoire de l'art dans le nord de la France. Nous devons donc nous féliciter, nous qui avons pour mission d'en réunir les éléments épars, de la décision de M, le Ministre de l'Intérieur qui le classe parmi les monuments historiques. Désormais, nous n'aurons plus à redouter sa destruction ; les fonds de l'Etat, à la répartition desquels il est maintenant appelé à prendre part, viendront successivement fermer les lézardes profondes que le temps a creusées sur ses flancs affaiblis
Par M. DE CONTENCIN Président de la Commission historique du département du Nord en 1908.

 SON REMPLACEMENT

     Après sa destruction complète par dynamitage en 1944  son déclassement en  1954 des « monuments historiques » a permis sa reconstruction, mais sur les bases  d’un budget limité.

Il est plus petit de quelques mètres, mais s’il  respecte vaguement la silhouette d’origine on ne retrouve pas   son caractère gothique extrêmement affirmé.

Il se démarque complètement de ce qui existait antérieurement.  















 


 

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