LES CORSAIRES "Enfants de Dunkerque" MATHIEU DEWULF
LE CAPITAINE CORSAIRE MATHIEU DEWULF
Mathieu Dewulf
est né à Dunkerque le 26 Décembre 1670, du mariage d'Alexandre Dewulf et de
Marie Schams.
Il épousa le
19/06/1692 Marie Catherine Devriendt
Ils eurent :
Jean, Marie-Catherine, Jeanne-Cornélie, Barde.
Le capitaine Dewulf avait
acquis une certaine célébrité ; il marchait noblement sur les pas de Jean Bart,
son compatriote et ami, et Dunkerque pouvait s'en glorifier.
Mathieu Dewulf était
la terreur des ennemis. Jamais il ne rentrait à Dunkerque qu'après de glorieux
exploits, amenant fréquemment au port de riches prises enlevées aux Anglais ou
aux Hollandais. En cent occasions il avait donné des marques éclatantes de sa valeur. Le danger lui
était inconnu.
Il attaquait les
ennemis sans s'occuper des forces supérieures qu'il avait devant lui; et par un
rare bonheur, il sortait toujours vainqueur des combats. Enfin son heureuse
étoile lui réservait encore l'honneur de se signaler par la victoire dans un
éclatant fait d'armes plus glorieux que tous ceux qu'il avait accomplis.
Le 20 Octobre 1707;
Mathieu Dewulf commande le corsaire le Barentin, de 26 à 28 canons et de 170
hommes d'équipage.
Il aperçoit pendant la
nuit une frégate ; il la chasse et l'atteint. Il s'en approche même assez pour
demander le nom du vaisseau. Le capitaine zélandais, (car il avait à faire à un
navire de Flessingue,) lui dit d'un ton
ferme : « Et vous, d'où venez-vous? Dewulf répond : « de Dunkerque ».
Au jour il l'aborde et
la lutte s'engage. Les deux équipages s'attaquent et se défendent avec une
égale ardeur; ils s'entregorgent pendant deux heures. Enfin les Dunkerquois
font un dernier et sublime effort, et la victoire leur reste. Mathieu Dewulf
conduit la frégate à Dunkerque.
La ville fut aussitôt
pleine de ce grand événement, et chacun vint féliciter le héros de cette
mémorable journée.
Assurément la rue des
Vieux Quartiers était bien bruyante au moment où la foule joyeuse accourait
pour recevoir l'intrépide marin, qui y habitait.
Cette action parut si
belle que l'on en fit un rapport à Louis XIV, et que le grand roi envoya au capitaine
Mathieu Dewulf une épée comme témoignage
de sa haute satisfaction.
Dès ce jour, le nom du
vaillant capitaine devint plus populaire que jamais.
Les Flamands
appelèrent Dewulfstraete la rue qu'il
habitait.
Les Français la nommèrent rue du Loup, et cela
n'était pas sans raison on surnommait le capitaine Dewulf le loup de la mer, parce que Wulf en flamand veut dire loup ».
En 1708
durant la guerre contre l’Angleterre il fait partie de l’escadre de Forbin,
avec d’autres illustres corsaires « enfants de Dunkerque » qui empêcha
le ravitaillement des troupes anglaises au sol.
On ne connait que peu de particularités de la vie privée du
capitaine Dewulf.
Voici cependant un
fait qui lui est personnel.
Le 27 Septembre 1700,
se trouvait à Dunkerque un voyageur du commerce. Ce jour-là il adressait à son
correspondant une missive assez étendue qui contenait les lignes suivantes : « J'ai revu hier M. Marcadé, qui doit vous
avoir écrit au sujet de l'affaire des marcs de banque. Il remplit ici, depuis
l'année dernière, les fonctions de bourgmaître. Il m'a invité ces jours
derniers à passer la soirée chez lui, et j'ai eu l'occasion d'y voir quelques
personnes que je connaissais de réputation ; d'abord M. Jean Bart, ce marin
célèbre que Louis XIV a ennobli, et qui le méritait bien, puisque ses actions
d'éclat en font le plus grand homme de France. Il est fort simple dans ses
mœurs, et, à le voir dans le monde, on ne croirait pas que c'est l'homme qui
s'est rendu la terreur de l'Angleterre et de la Hollande. Il parle peu et s'exprime
difficilement eu français. Néanmoins, il a une certaine énergie de langage qui
plaît et quelquefois étonne. Il a causé quelque temps avec un capitaine de
corsaire du nom de Dewulf, qu'on dit aussi très brave, et que ses nombreuses
prises ont enrichi. Leur conversation a roulé sur les probabilités d'une
rupture avec l'Angleterre, et tous deux paraissaient plus la désirer que la
craindre. Le capitaine Dewulf voyait la
meilleure société de Dunkerque. On le rencontrait tantôt chez le bourgmaître ou
chez le grand bailli M. Pierre Faulconnier, tantôt chez d'autres notabilités,
où il se faisait aussi aimable qu'il était « loup » en d'autres circonstances.
Eu 1711, le capitaine Mathieu Dewulf, commandant le
Saint-Mathieu, frégate de 200 tonneaux, 250 hommes et 28 canons, eut à lutter
contre un garde-côte anglais. Dans la bataille, il eut 4 tués et 22 blessés ; pendant ce combat, le vaisseau ennemi a eu environ 70 hommes tués ou blessés ». Mais une
pareille hécatombe était exceptionnelle.
Le capitaine jouissait
de l'estime publique. Il accrut même sa réputation en faisant loyalement du
commerce : il acquit une belle fortune, et ce ne fut certes pas sans mal, car
il eut à soutenir plusieurs procès devant l'amirauté de Dunkerque relativement
aux parts de prises concernant son navire le Barentin.