Histoire de St-Pol sur Mer  Le Sanatorium (1886/1910)

 

Sources journaux locaux de l’époque.
Les origines 
C’est en 1889 que la commune de Saint-Pol devient la ville de saint-Pol-sur-mer.
A l’époque à Saint Pol sur mer l'avenue de la Mer, spacieuse, régulière et empierrée, conduisait au Sanatorium.
  Ce large sillon, tracé à travers les dunes et les lagunes d'autrefois, était bordé, à la sortie de la ville, de maisons  basses  n'ayant, généralement, qu'un rez-de-chaussée ; à droite coulait un ruisseau,   coupé, par de petits ponts effrités, qui donnaient accès à des logis et à des jardinets clos de haies vives.
Bientôt le site changeait  d'aspect. Des prés verdoyants, de belles cultures, des polders fertilisés montraient les conquêtes faites par les hommes sur les dunes et la mer.
 Au pied d'une haute dune, se trouvait la ferme des Criques, avec ses pâturages et quelques arbres rabougris; 
Plus loin se profilaient, Dunkerque avec sa ceinture de remparts, la tour St-Eloi, une forêt de mâts et de vergues, le phare et les longues jetées qui s'avancent vers la mer. 
Entre les digues gazonnées du comte Jean et de La Morlière, qui offraient un abri contre les vents du nord et emmagasinaient la chaleur solaire, on voit émerger un groupe de bâtiments, aux toitures rouges. C'est le Sanatorium. 
 en 1884. M. Georges Vancauwenberghe, maire de St-Pol sur mer, dans le programme présenté à ses électeurs, les avait entretenus de la création d'un hôpital en cette localité.
Les premiers fonds furent versés par M. Alphonse Bray, le fondateur de l'église, de l'hospice maritime et du village de Bray-Dunes. 
Ces fonds permirent  d'acheter un magnifique terrain de 40.000 mètres carrés. 
 Bientôt M. Bray  remettait un second don, pour entreprendre les premiers travaux. « Je n'ai pas  l'intention, , de vous  doter d'un hôpital complet, mais je veux mettre les  premières pierres à votre œuvre, l'essentiel est de  débuter et d'autres suivront », disait le généreux bienfaiteur.
Le premier pavillon fut construit en 1886 et il prit bien évidemment le nom de «  Pavillon Alphonse Bray »
Pour assurer l'avenir   M. le Maire se mit d'accord avec le Conseil municipal pour faire, de l’hôpital de St-Pol sur mer  un centre, où seraient accueillis les malades de toutes les communes voisines syndiquées à cette intention: Cappelle, Grande-Synthe, Fort-Mardyck, Petite-Synthe et Mardyck. 
Mais en 1888, l'idée primitive d'élever l'Hôpital des communes de l'ouest de Dunkerque, fut abandonnée.
Henri Monod, directeur de l'assistance et de l'hygiène publique au ministère de l'Intérieur définit ainsi en 1888 le fléau (scrofule et rachitisme) qui touche la France de l'époque et particulièrement les grands centres industriels du département. 
Des maux qui préoccupent le conseil général du Nord.
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Un remède existait : l’air de la mer. Cette influence de l'air marin sur la scrofule a été scientifiquement démontrée au XIXe siècle, mais c'est plus tard que cette « puissance régénératrice » commence à être utilisée dans des établissements spéciaux.
Ce fut  sur les indications et les vœux des autorités supérieures, que fut décidée  la création d'un Sanatorium, où seraient reçus les enfants scrofuleux et rachitiques du département du Nord,
Tout semblait, sur ce littoral aux vastes horizons, favoriser un établissement de ce genre. Le grand air et ses bienfaisantes effluves, une atmosphère imprégnée d'odeurs marines ; du côté de la terre, le vert tapis des prés salins et des champs cultivés ; du côté de l'estran, l'immense étendue de la plage qui déroule, à marée basse, sur une largeur de plus de quinze cents mètres, une situation exceptionnellement heureuse à proximité de Dunkerque. 
Faut-il ajouter que le succès a répondu aux espérances. Et maintenant, si nous voulons tenir compte des merveilleux résultats déjà obtenus dans le traitement des enfants malades, du zèle d'une administration éclairée et du fonctionnement des divers  services respectifs, et aussi de la haute approbation de l'Etat.
Le Sanatorium de St-Pol, est reconnu d'utilité publique par décret du 27 Octobre 1898.  
Description du sanatorium
C’est le mode de construction par pavillons séparés qui fut adopté.
 Ce mode est excellent au point de vue hygiénique, puisqu'il permet d'affecter tel ou tel bâtiment au traitement d'un genre spécial de maladie ; 
De plus, il présente l'avantage de proportionner la dépense aux besoins du moment. Outre le pavillon Alphonse  Bray construit l’hiver  1886/1887, un pavillon en bois fut construit en 1891, et un autre en briques  en 1899 ainsi qu’un quatrième bâtiment réservés aux bébés. 
Les bâtiments composant Le sanatorium  mesurés  80 mètres de longueur et 9 mètres de largeur intérieure pour 7 mètres de hauteur utile.
Ces  constructions, bâties sur une ligne parallèle, sont d'une structure aussi élégante que simple. Sur la brique rouge courent quelques cordons et enjolivements en briques jaunes.
Pas d'étage, un rez-de-chaussée surélevé d’environ un mètre au-dessus du terrain naturel ; pas d'angles dans les salles, une toiture ogivale, de sorte que tous les gaz délétères doivent, par cette disposition naturelle du faîtage, monter et s'élever tout naturellement.
Tout le long des bâtiments, au sud, une véranda ou galerie couverte sert de promenoir. 
Les murs intérieurs sont dissimulés sous un revêtement en bois de sapin vernissé. 
Comme ventilation, de larges baies, à droite et à gauche des salles, permettent de renouveler, presque instantanément, l'air de chaque pièce, où tout se trouve aménagé pour que la guérison du malade s'opère dans le milieu le plus favorable.  
Un de ces pavillons sert d'infirmerie, les autres sont des dortoirs, l'un pour les garçons, l'autre pour les filles.
 Un quatrième pavillon comprenant quarante lits est affecté aux bébés de 2 à 4 ans qui constituent une section spéciale et abrita également «  l’œuvre de la goutte de lait ».
 Pour donner aux petits malades, qui séjournent en moyenne deux ans au sanatorium, les éléments de l'instruction  primaire, l'État a créé dans l'établissement deux écoles : l'une de garçons, l'autre de filles. 
Les cuisines, réfectoires et magasins constituent un pavillon spécial. 
Des services annexes comprennent : une boulangerie, une brasserie, une buanderie, une étuve à désinfection, un séchoir.
 Une petite ferme avec exploitation agricole a été annexée au sanatorium et fournit une partie des produits destinés à l'alimentation des malades. Autour des bâtiments se trouvent un jardin potager, une prairie et une basse-cour. 
L'établissement est éclairé à la lumière électrique et le téléphone assure la rapidité des services.
L'établissement produit son lait, son beurre, ses œufs, ses légumes. Il fait son pain et sa bière. Il est pourvu en abondance d'eau de source de Houlle, l'une des meilleures eaux potables de France. 
La commune de Saint-Pol-sur-Mer (Nord), où se trouve le Sanatorium, est desservie par la gare de Dunkerque,  avec laquelle elle est mise en relations par un tramway. 
 L'âge d'admission est fixé : pour les garçons, de 2 à 15 ans ; pour les filles, de 2 à 18 ans. 
Visite au Sanatorium de Monsieur le président de la république Emile LOUBET
Une première visite programmée le 26 mai 1902 au retour de son voyage en Russie lorsqu’il il avait été reçu à Dunkerque n’avait pas pu avoir lieu en raison de l’heure tardive.
 Le Président de la République avait cependant, prévoyant ce contretemps, eu la pensée de ne pas priver complètement Saint-Pol de la fête. 
Il paraît qu'en pleine mer, le Montcalm avait  envoyé une dépêche du président de la République annonçant le retard dans son arrivée,  priant les ministres de se rendre sans lui au Sanatorium dans la matinée.
Cette dépêche n'a pas été transmise complètement et n'a pas été comprise. D'ailleurs M. Waldeck-Rousseau le premier ministre était déjà en mer à ce moment. 
Monsieur Loubet a tenu à exprimer personnellement ses vifs regrets à M. Vancauwenberghe  de ce fâcheux contretemps. 
Une invitation spéciale fut adressée à M. Loubet pour qu'il veuille bien un jour prochain se rendre à St-Pol. 
Le 9 juillet 1903
Après une visite à Calais, à son retour d’Angleterre, le président  quittait la ville pour se rendre en visite au Sanatorium de Saint Pol sur mer.
A chaque ville traversée le train ralentissait.
A Gravelines, Bourbourg, Loon-Plage, les Conseils municipaux, les pompiers, les musiques sont rangés sur les quais ; on joue la Marseillaise et l'on crie : «Vive Loubet  Vive la République ! » 
Il est deux heures un quart quand le train arrive au point d'arrêt du Pont de Petite-Synthe. 
M. Vancauwenberghe accompagné des principaux personnages officiels   ainsi que du maire de Petite-Synthe et du Conseil municipal  reçoivent le Président. 
Une compagnie du 110e, avec le drapeau et la musique, rend les honneurs. 
M. Loubet remet les décorations militaires, puis le long cortège des voitures s'ébranle vers Saint - Pol  trois  kilomètres de route en plein soleil. 
 La musique de Petite-Synthe joue sur la place du village
 La foule est très compacte. 
 6 arcs de triomphe sous lesquels passa   le Président de la République, pour se rendre de Petite-Synthe au Sanatorium de Saint-Pol furent établis   : un à l’entrée de Petite-Synthe, un sur la route de Calais, un rue des Jardiniers, un au milieu de l'avenue de la Mer et deux au Sanatorium. 
Tout le long de la route on a planté des espars peints en bleu. 
L’Itinéraire fut le suivant :  pont à Curé, chemin des Jardiniers, rue de la République, avenue de la Mer, Sanatorium.
Les troupes de la garnison de Dunkerque forment la haie, avec les pompiers et les enfants des écoles. 
Il y aura cinq musiques : celle du 110e, celles de Saint-Pol, de Petite-Synthe, de Malo et de Rosendaël. 
A l’occasion de cette visite eut lieu le matin :
Une distribution supplémentaire aux indigents par les soins du Bureau de bienfaisance. 
Une distribution de gâteaux aux élèves des écoles primaires et maternelles. 
Deux magnifiques fausses portes seront élevées, l'une sur la route, l'autre à l'intérieur du sanatorium
 La décoration consistera surtout en tentures, trophées de drapeaux et écussons
 A son arrivée au Sanatorium,  
On lui présente les délégations du Conseil municipal et des sociétés, qui sont nombreuses. 
Malgré la fatigue qu'il doit éprouver, M. Loubet a pour toutes et pour tous un sourire, un mot aimable. 
Dans la grande cour du Sanatorium, l'excellente Grande-Harmonie de Roubaix joue la Marseillaise. 
La présentation faite, M. Loubet et les personnages officiels principaux commencent la visite de l'établissement. 
 Il pénètre  dans le premier pavillon, dit Pavillon de la Grande Infirmerie, le traversera dans toute sa longueur pour revenir ensuite, ayant ainsi passé des deux côtés de cette salle ; 
ll visite ensuite la pharmacie, se rend dans le pavillon  des filles valides, le traverse et se rend ensuite dans le pavillon des garçons valides, celui-là même sur lequel la plaque commémorative de la visite présidentiel est apposée. 
On lui montre alors la maquette du nouveau Sanatorium de Zuydcoote qui doit remplacer dans quelques années l'établissement de St-Pol, condamné à disparaître pour faire place aux nouveaux bassins du port de Dunkerque. 
« Dunkerque rachète en 1912 les terrains nécessaires pour construire des nouvelles darses ».
Le Président eut donc sous les yeux le présent et le futur, l'œuvre d'hier et l’œuvre de demain.
 Œuvre considérable puisque Zuydcoote pourra recevoir environ 1 200 enfants, alors que Saint-Pol ne peut guère donner asile à plus de 400 enfants.
 M. Loubet se rend au salon d'honneur.
Il visite ensuite l'« Œuvre de la Goutte de Lait Saint-Poloise», installée pour la circonstance dans un des pavillons de l'établissement. Il y rencontra les mères et les enfants qui participent aux bienfaits de cette œuvre philanthropique et humanitaire et assista à une distribution de lait pasteurisé. 
Puis une rapide visite aux « tout petits », puis à l'école, à la salle de gymnastique orthopédique et à la salle d'opération et enfin aux les services annexes. 
 Après la visite du président de la République, le Sanatorium resta ouvert au public jusqu’à 21 heures.
Place de la Mairie, grand concert fut donné par la Grande Harmonie de Roubaix ( 430 exécutants) 
Suivi d’un  brillant feu d'artifice. 
Les habitants furent invités à pavoiser leurs demeures.
Allocution du président de la République 
M. Loubet évoque tout d'abord les beaux succès obtenus au Sanatorium, et félicite très vivement M: Vancauwenberghe pour la beauté et la bonté de son œuvre. 
J'aurais voulu, lui dit-il, vous consacrer de plus longs instants ; j'aurais désiré venir ici avec ma femme, mes enfants et mes petits-enfants, longuement parcourir avec eux ces salles. 
C'eût été pour nous tous un précieux enseignement. S'ils n'ont pu m'accompagner, au moins dois-je vous assurer qu'ils sont de cœur et d'intention ici. 
M. Loubet remercie, au nom de la Patrie, M. Vancauwenberghe pour les résultats qu'il a obtenus dans sa lutte contre le plus redoutable fléau qui désole l'humanité : la tuberculose sous toutes ses formes. 
Vous avez donné, lui dit-il, un grand exemple de ce que peut la volonté persévérante lorsqu'elle ne recule devant rien, et vous avez montré que nulle tâche, nulle entreprise, si difficile soit-elle, n’est au-dessus de la volonté d'un homme résolu. 
 M. Loubet fait également les louanges de M. Vincent (président du conseil du Nord et membre très actif au sein du Sanotorium ) a qui, il délègue,  pour procéder en son nom, à la pose de la première pierre du nouveau Sanatorium de Zuydcoote le jour même.
La disparition du Sanatorium de Saint-Pol
Le sanatorium de Zuycoote sera inauguré 25 juillet 1910.
Le transfert est décidé et se fait le 18 juillet 1910 en train, utilisant pour cela les infrastructures ferroviaires du port.
En 1913 un terrain d’aviation est inauguré dans le voisinage immédiat des bâtiments de l’ancien  sanatorium de Saint Pol sur mer  puis, la Grande Guerre survient. Le sanatorium devient alors une caserne  pour les aviateurs ce terrain d’aviation est connu nationalement comme étant celui qu’où Guynemer effectua son dernier décollage.
 A l’abandon après 1919, l’établissement se dégrade et fut finalement abattu.

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