LES ANCIENS HOPITAUX DE DUNKERQUE: SAINT JEAN et SAINT JULIEN /1794

 

LES HOPITAUX  SAINT JEAN ET SAINT JULIEN 
La première trace d'un établissement hospitalier à Dunkerque se trouve dans le testament de la comtesse Marguerite de Constantinople.
Cette libérale princesse, qui se montra généreuse envers la plupart des maisons religieuses ou hospitalières de son pays de Flandre, mourut à Gand, le 10 février 1279
Cette largesse regardait sans doute une maison hospitalière, la seule qui existât alors à Dunkerque et avait été construire vers l'extrémité de la rue des Pierres, non loin de l'endroit où la Panne débouchait dans le port.(rue Faulconnier actuelle).
La maison qui avait été l'objet de la sollicitude de la comtesse disparut probablement lors des troubles qui régnèrent dans le pays pendant la longue rivalité du roi Philippe-le-Bel et du comte Gui de Dampierre.
Mais bientôt se fondèrent à Dunkerque deux maisons hospitalières : l'Hôpital St-Jean et l'Hôpital S'-Julien, tous deux desservis par les frères de la Charité.

HOPITAL SAINT JEAN
Saint Jean était probablement le plus ancien. Son nom du moins tendrait à l'indiquer, car dans les autres villes, les premiers hôpitaux fondés furent tous dédiés à Saint Jean-Baptiste.
Cet hôpital se trouvait situé au voisinage de l'église paroissiale (emplacement de Saint-Eloi tout contre les remparts de la ville. C'était un asile de vieilles femmes. Ce n'étaient pas à proprement parler des religieuses mais elles avaient une situation assez analogue à celle des frères de la Charité.
Quand elles se lièrent par des vœux, elles durent quitter l'hôpital qui fut exclusivement géré par des laïcs. Peut de choses sont connues sur cet hôpital, sinon qu'il possédait une chapelle. Il est probable que c'était la partie la plus importante de l'établissement ; peut-être même constituait-elle l'hôpital à elle seule.
En 1388, les hôpitaux bénéficient d'un nouveau legs, Dans son testament rédigé le 13 octobre en son château de la Motte-au-Bois, Yolande de Flandre, dame de Dunkerque,
En tous cas, l'hôpital S'-Jean n'eut qu'une existence éphémère. Vers 1430, lors des luttes intestines qui désolèrent le pays, il fut pillé et brûlé dans un siège, en même temps que l'église paroissiale à laquelle il était contigu.
Vers 1450 on reconstruisit l'église S'-Eloi, plus grande et plus belle, et l'on empiéta sur le terrain de l'hôpital. Ce dernier ne fut pas reconstruit ; ses biens et revenus passèrent par la suite à l'hôpital S'-Julien.

HOPITAL SAINT JULIEN
Par ordonnance de David de Bourgogne, évêque de Thérouanne, en date du 20 février 1432, l'hôpital Saint-Jean et celui des vieillards infirmes, établis à Dunkerque, avaient été supprimés et remplacés par un nouvel établissement qui prit le nom d'Hôpital Saint-Julien. 

Longtemps desservi par les Pénitentes et situé rue Saint-Julien (actuellement rue Faulconnier), cet hôpital disparaît à son tour en 1690 pour faire place au nouvel établissement, construit rue des Vieux-Quartiers, et qui prend le nom de Nouvel Hôpital

Le Magistrat appelle alors à la direction de cette maison hospitalière les administrateurs d'un bureau de secours aux indigents fondé à Dunkerque depuis plusieurs siècles et dénommé « Table des pauvres. » Une ordonnance du 18 décembre 1691 réglemente d'une façon minutieuse l'organisation du nouvel établissement. 

 Les administrations de la table des pauvres et de l'hôpital restent confondues pendant plusieurs années, puis sont séparées et se trouveront à nouveau réunies par lettres patentes en 1737, date à laquelle le nouvel hôpital Saint-Julien prend le nom d'Hôpital général de la Charité.

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Dès 1432 l'hôpital St-Julien, jouissant  de tous les revenus de l'ancien hôpital S'-Jean, put se réorganiser sur des bases nouvelles.
Le soin des malades était confié aux quatre sœurs -grises de St François venues de l'hôpital du Haut-Pont (Saint-Omer) qui élisaient leur supérieure, et étaient placées sous la haute autorité du curé de la Paroisse.
Durant la guerre civile L'hôpital S'-Julien, détruit en partie, continua à fonctionner tant bien que mal, car le Magistrat fut obligé de se plaindre de ses administrateurs et il leur substitue des religieuses.
L'hôpital S'-Julien devient ainsi le seul établissement dans lequel devront être reçus et soignés les malades, les pauvres infirmes et incurables de la ville.
En Mai 1558 survint pour Dunkerque un nouveau désastre.
Le 2 juillet, le maréchal de Thermes prend la ville d'assaut, et ses soldats l'occupent pendant huit jours. Il y fait mettre le feu par plusieurs endroits à la fois. Une grande partie de l'Hôpital fut réduite en cendres.
Le comte d'Egmont ayant repris possession de la ville après la victoire de Gravelines, accorda à l'échevinage toutes les libéralités possibles pour faciliter sa reconstruction.
En décembre !561, une maladie, qualifiée alors de peste, désola la ville. Les sœurs de l'hôpital durent non seulement soigner les malades de leur établissement, mais aller relever les cadavres dans les rues et celliers de la ville.
Le calme étant revenu, l'établissement subit de nouvelles transformations.
En février 1562, elles eurent encore à exercer ce ministère d'abnégation et de dévouement.
En 1617 les sœurs réédifièrent la partie la plus importante de leur couvent et de leur église,

La partie principale de l'établissement était l'église. Il est infiniment probable qu'à l'exemple de tous les hôpitaux de celle époque, l'hôpital était l'église même.
Plus tard la chapelle fut conservée comme bâtiment principal. Les salles de malades communiquaient avec elle de façon à ce que tous pussent, de la place qu'ils occupaient, assister aux offices religieux.
En 1665, les sœurs, qui étaient devenues de plus en plus nombreuses, et avaient transformé l'hôpital en un véritable couvent, adressent au Magistrat une pétition pour se faire cloîtrer.
Désormais les religieuses prirent le nom de Pénitentes ; quatre sœurs (une religieuse de chœur et trois converses) devaient continuer à s'occuper de l'hôpital, mais les sœurs s'en désintéressent presque complètement. 
La rue St Julien perd  elle-même peu à peu son nom (S'-Juliaen Straet) et devient dans le langage populaire « La rue des Pénitentes ».
En 1670 la clôture du couvent demandée fut établie. Depuis qu'une autre congrégation franciscaine, les Capucins, eût fondé une maison en notre ville, les religieuses du tiers-ordre n'eurent plus l'occasion de faire preuve de leur zèle traditionnel envers les pestiférés, lorsque la grande peste de 1666 fit périr trois mille personnes appartenant tant à la population civile, qu'à la garnison.
En 1690 Les administrateurs de la Table des Pauvres s'émurent d'une pareille situation. Ils s'étaient trouvés dans l'obligation de loger les malades dans des maisons particulières louées dans ce but à l'extrémité de la rue des Vieux-Quartiers, bâties sur l'emplacement des anciennes casernes espagnoles démolies. Comme ils avaient toute la charge des pauvres, ils réclamèrent les revenus des biens que les religieuses percevaient non plus pour les indigents, mais au profil de leur communauté. Les religieuses ont perdu la qualité de religieuses hospitalières en devenant des dames cloîtrées.
Dès 1689, on songea à bâtir un Hôpital Général, où seraient concentrés tous les services d'assistance.
En 1690, le Magistrat en décida la construction.
En 1691, le 18 décembre, les bailli, bourgmestre et échevins de la ville, à l'intervention du pasteur Gervais Desyignes, firent un règlement pour la direction et l'administration de l'ancienne Table ou Maison des pauvres incorporée au nouvel hôpital Saint-Julien,
A cette époque, il y avait déjà tension complète des rapports entre les religieuses et le Magistrat qui avait repris pour le nouvel hôpital projeté le vocable de Saint-Julien. Ce ne fut toutefois qu'en 1694, qu'on acheta quatre vieilles maisons dans la rue des Vieux-Quartiers.
La création du second hôpital (rues des vieux quartiers) et le procès qui avait surgi depuis quelques années n'avait pas mis un terme aux relations entre les Récollectines et le Magistrat. Les religieuses demeurèrent même chargées des soins purement hospitaliers dans la maison nouvelle. .
En 1697, les Récollectines desservaient encore l'hôpital de la ville ; elles étaient alors au nombre de trente trois.
Tout en continuant à plaider contre les Pénitentes, le Magistrat ne se refusait pas de les aider de ses subventions pour les constructions qu'elles élevaient dans leur couvent.
En même temps il poursuivait ses acquisitions pour l'agrandissement du nouvel hôpital. En 1712 et 1720, des propriétés furent achetées dans ce but.
C'est ainsi qu'en 1719, notamment la supérieure avait passé bail pour une parcelle de terre située à Rosendael.
Mais Dunkerque traverse à ce moment une des crises les plus pénibles de son histoire
Les Directeurs de l'hôpital St-Julien nouvellement créé rue des Vieux-Quartiers, à bout, de ressources et chargés de tous les pauvres, obtiennent du Magistrat l'autorisation de recevoir des malades payants à l'exclusion des Pénitentes.
En 1720 Dans leur requête pour obtenir cette permissions Cornil Saus et Armand Mesnel avaient fait valoir que leur nouvel hôpital était bien construit, tandis qu'au contraire « l'hôpital dirigé par les dites religieuses consistait dans une chambre où à peine on peut loger dix malades, qui ressemble plutôt à une prison qu'à un lieu où les malades espèrent de réparer leur santé
En 1721,1e procès engagé se trouve suspendu.
Dans le nouvel hôpital fondé par la Table des Pauvres, le Magistrat conserva les Religieuses Pénitentes. C'est dire qu'il n'existait aucune animosité contre elles, et que le procès était purement d'ordre administratif.
En 1722, malgré l'établissement du nouvel hôpital Saint-Julien, le Magistrat entretenait encore chez les Récollectines quelques insensés âgés et des personnes malades dénuées de tout secours ;
Le Magistrat, qui avait constaté l'insuffisance de plus en plus grande des services hospitaliers, nomma, le 12 novembre 1733, une commission qui devait, conjointement avec les administrateurs de la Table des pauvres, établir un projet d'hôpital général, suivant les intentions de l'intendant, M. de la Grandville.
Le 30 avril 1736, la Ville prêta 50000 livres pour la reconstruction de l'hôpital, qui fut réédifié sur le terrain où il avait été élevé moins de cinquante ans auparavant. On y ajouta une aile de bâtiments qui l'agrandit beaucoup. 

 On n'avait d'ailleurs pas attendu l'aide du Magistrat pour se mettre à l'œuvre, car une partie des murs étaient déjà construits lorsque le prêt fut réalisé le 20 avril 1734. 

Le 21 janvier 1737, en vertu des lettres patentes délivrées en mars 1736 pour l'établissement de l'hôpital général de la Charité, ci-devant Saint-Julien, et de la Table des pauvres, le Magistrat procéda à la nomination des directeurs qui devaient être au nombre de douze, y compris le curé, administrateur de droit.
Les premiers directeurs que le Magistrat investit de l'administration de l'Hôpital-Général furent Cornil Saus, le célèbre corsaire, Jean Drieux, Claude Bettefort, Nicolas Balthazar, Louis Chomel, Maurice Gamba, Chrétien Schoutheer, Pierre Desgardin, Henri Joustel, Henri Royer, Pierre Vanhée et l'abbé Gramon, curé. 

 A la mort de Cornil Saus, il fut remplacé, le 28 janvier 1738, par un autre personnage qui avait un peu marqué dans notre histoire locale lors de la guerre de la succession d'Espagne et qui, à la paix, avait été prendre le commandement d'un des navires que la Compagnie des Indes, fondée à Ostende par l'empereur Charles VI, avait dirigés sur la Chine, Jacques Larmes.
C'était un nouveau coup porté aux Pénitentes. Ces religieuses conservèrent néanmoins leur hôpital particulier.
En 1751, le procès fut repris devant le Conseil d'Etat. Il dura quatre ans.
Enfin la sentence est rendue le 8 décembre 1755. L'arrêt du Conseil royal comprend huit articles : les sœurs doivent restituer le bien des Pauvres qu'elles détenaient indûment elles conservent leur couvent St-Julien avec la faculté d'y recevoir des pensionnaires et de soigner des malades et marins étrangers que ne reçoit pas l'Hôpital Général.
Dès le 2 avril 1756, il fut décidé que les administrateurs de l'Hôpital-général auraient le droit de faire la quête à l'église les quatre jours nataux et auraient le troisième rang après le maître de la Table des pauvres.
En 1789, les biens du Clergé furent mis à la disposition de la Nation. tous les services hospitaliers n'en avaient pas moins été désorganisés, et malgré les lois
Le 29 septembre 1792, les sieurs Munster et Lefebvre,  chirurgiens, demandent à la Municipalité qu'on leur laisse la jouissance de la partie de l'édifice abandonné par les Pénitentes qui se trouve à l'usage d'hôpital. Le Conseil Général de la Commune considère que la requête des citoyens Munster et Lefebvre « doit être accueillie promptement avec d'autant plus de raison que la Commune a le plus grand intérêt à la conservation d'un établissement qui intéresse aussi essentiellement l'humanité, et transmet la demande au Directoire du District de Bergues qui l’accepte.
 En 1794, les biens des Institutions charitables furent déclarés biens domaniaux et durent être vendus au profil de la Nation.
Les vieux bâtiments du couvent des Pénitentes perdirent définitivement leur affectation à l'usage d'hôpital.

Le Conseil municipal en fit définitivement l'acquisition en 1860.

 LES SOURCES UTILISEES PAR DUNKERQUE ET SA REGION "dans l'ancien temps


 

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