LES EFFIGIES DE JEAN BART
Les Effigies de Jean Bart
Jusqu’en 1802 seule la pierre tumulaire portant l'épitaphe de Jean-Bart placée dans l’église Saint-Eloi était le
monument érigé pour le héros de la ville.
Cette pierre, autrefois placée au pied du
maître-autel, a ensuite été restaurée et adossée verticalement sur la muraille latérale de l'église, à gauche de la
chapelle de la Vierge et près de la
sacristie.
« Cy gist messire Jean Bart en son
vivant chef d'escadre des armées
navalles du roy chevalier de l'ordre
militaire de Saint-Louis natif de
cette ville de Dunkerque décédé
le 27e d'avril 1702 dans la 52e année
vivant chef d'escadre des armées
navalles du roy chevalier de l'ordre
militaire de Saint-Louis natif de
cette ville de Dunkerque décédé
le 27e d'avril 1702 dans la 52e année
de son âge dont il en a employé
vingt-cinq au service de Sa Majesté »
vingt-cinq au service de Sa Majesté »
De l'autre
côté de cette chapelle se trouvait l'épitaphe de François
Cornil, le fils aîné de Jean
Bart, et de dame Viguereux, son épouse,
faisant pendant à l'épitaphe de son père.
En 1802, sur la demande expresse de plusieurs notables citoyens de la
ville de Dunkerque un arrêté
ministériel, en date du 13 décembre 1802, commandait au statuaire Lemot
un buste en marbre de Jean
Bart, destiné à orner la galerie des Consuls.
L'année
suivante, un arrêté du premier consul, daté du 14 octobre 1803, ordonnait qu'un
second buste en marbre de Jean
Bart soit exécuté par Lemot, pour être placé dans la grande salle de l'Hôtel-de-Ville de Dunkerque. Ce
deuxième buste fut envoyé à Dunkerque
et placé dans la salle à laquelle il était destiné.
Enfin,
le 15 août 1806, la ville inaugurait pompeusement sur la place Dauphine, qui prit le nom de place Jean Bart, un buste colossal de notre héros.
Voici
la description de ce dernier buste
que fait en 1807 l'avocat
Poirier (principal instigateur du
projet).
En voyant cette tète pleine de feu
et d'action on croit voir la statue entière de ce
héros, représenté sur son bord dans le moment où il
livre aux ennemis de la France un de ces combats terribles où son intrépide audace fixait
toujours la victoire; il est décoré de la chaîne
d'or en sautoir, au bas de laquelle se trouve la
médaille que Louis XIV décerna à la valeur et au courage de
ce célèbre marin.
Le vent
paraît agiter avec force ses cheveux Et sa cravate. Cette tête fière et
impassible au mouvement violent qui l'environne semble un chêne majestueux dont
la cime, battue par l'orage, défie la tempête. Ce bel effet ajoute encore au
grand caractère de la figure et à son expression ;
on trouve dans ses traits cet inflexible courage, ce sang-froid da?is les plus
grands dangers, ce coup-d'œil prompt et sûr qui distinguaient cet homme
extraordinaire.
Lemot exécuta
les trois bustes d'après un portrait authentique de Jean
Bart qui lui avait été adressé en 1801 par la mairie de Dunkerque, et qui se trouvait à l’époque dans l'une des salles de la
mairie, en même temps qu'un autre portrait représentant François-Cornil Bart, en grand costume de vice-amiral.
Les historiens et les journaux du temps s'accordèrent à reconnaître que le statuaire avait su reproduire avec exactitude les
traits du héros.
Un
touchant et patriotique épisode signala l'inauguration du buste
colossal de Jean Bart sur la place Dauphine.
Deux
notables Dunkerquois, les sieurs Declerck père et fils, non contents d'avoir
fait présent à la ville du cippe en granit sur lequel devait être posé le buste, avaient donné en outre une somme de douze cents francs, afin de permettre
à de pauvres marins, natifs de
Dunkerque, d'assister à la cérémonie avec l'ancien
costume des marins de Jean Bart, de sorte qu'en voyant le buste débarrassé de ses voiles et entouré de ces marins ainsi costumés, on put un instant se faire illusion
et voir revivre le hardi
vainqueur des Anglais et des Hollandais au milieu de
son équipage.
Le petit
monument fut peu après orné d'une fort belle grille en fer, et la nouvelle
place Jean Bart, plantée de beaux
arbres, devint l'une plus agréables promenades de la
ville.
En
1842 La ville ayant résolu d'élever à son héros une statue en pied, on fit
disparaître le buste de la place Jean Bart, que l'espièglerie irrespectueuse des enfants
dunkerquois avait grotesquement défiguré , et on le relégua
dans une salle écartée de l'Hôtel-de-Ville, où il
attendit encore une destination plus
digne de lui et du glorieux marin qu'il représente
I En outre, la belle grille en fer disparut et servit plus tard à entourer un
arbre de la liberté sur la place dite d'Orléans.
Les beaux arbres enfin qui réjouissaient les yeux des habitants du quartier
furent arrachés pour céder la place au théâtre que l'on construisit vers 1845
ou 1846.
Trente-neuf ans après l'inauguration du buste dont nous parlons, le dimanche
7 septembre 1845, la ville de Dunkerque inaugurait
une statue en pied de Jean Bart
Sur
la grande place, la place Royale, qui de ce jour
quitta son nom pour prendre celui de place Jean Bart qu'elle conserve encore aujourd'hui. Cette
statue était l'œuvre de David d'Angers et les frais
de son exécution avaient été couverts par une
souscription national.
Pour
ajouter à la pompe de cette solennité 2, à laquelle furent conviées les principales villes
voisines, on choisit le 7 septembre, jour
anniversaire du glorieux fait d'armes qui valut au vaillant marin, encore
presque inconnu, une chaîne et une médaille d'or.
Voici
la description de cette statue, que l’on trouve
dans un journal de septembre 1845
« Le statuaire a représenté Jean Bart au plus
fort du combat, à l'instant de l'abordage, l'épée
ennemi; il avance sans peur, la poitrine offerte à tous les coups; et,
dédaignant le danger, il tourne la tête du côté des
siens pour les animer du geste et du regard. C'est une noble image, digne de celui qu'elle représente, digne aussi de la cité patriotique, qui l'avait commandée au ciseau de l'artiste. La vie entière de Jean
Bart, tout son courage, tous ses hauts faits sont réunis en quelque
sorte dans cette attitude héroïque de la statue, et
le bronze, animé par l'inspiration du talent, parle
aux cœurs en même temps qu'aux yeux. »
1903 Exhaussement du piédestal.
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