LES MULTIPLES VISITES DE NAPOLEON A DUNKERQUE
LES VISITES DE NAPOLÉON BONAPARTE A DUNKERQUE
Bonaparte arriva à Dunkerque, pour la première fois, le 12 février 1798, en compagnie du général Lannes. Aussitôt il visita le port, les fortifications et la rade, afin de pourvoir à la défense de la place.
Il y revint quelques jours plus tard ( le 13 mars 1798)pour inspecter la côte et la rade. Le futur empereur semblait seconder le grand mouvement populaire qui, à Dunkerque particulièrement, entraînait à opérer une descente en Angleterre;
Le 11 mars 1798, les troupes destinées à l'invasion de l'Angleterre commencèrent à arriver à Dunkerque. Les premières furent une compagnie de pontonniers, d'environ cinquante hommes, venant de Maëstricht avec trente à quarante pontons qui avaient servi au passage du Rhin et qui devaient être utilisés clans la nouvelle expédition. On avait préparé des logements pour trois ou quatre mille hommes attendus à bref délai.
Le 2 juillet 1803
Lorsque Mme Bonaparte et, deux jours après, le premier consul vinrent à Dunkerque, la population leur fit une réception brillante.
A l'aurore de sa brillante carrière, le futur empereur ne possédait que de modestes ressources qui le forçaient à restreindre les limites de sa générosité. Il offrit au maire Eremery, qui lui avait présenté les clefs de la ville, une écharpe d'honneur, et son épouse Joséphine remit, à un corsaire en partance, un pavillon d'abordage.
Le premier consul fut donc accueilli avec joie. Une garde d'honneur fut organisée pour le recevoir, et Emmery, alors maire de la ville, plus tard membre, puis vice-président du Corps législatif, pût lui dire avec une juste fierté en lui présentant les clés de la ville :
« Je vous les offre avec orgueil, car ces clés, je les ai refusées, étant maire de Dunkerque, en 1793, au duc d’York quand, avec quarante mille hommes, il vint nous assiéger. »
Le lendemain, Bonaparte visita le port et parcourut la rade en canot; le soir, la ville lui offrit un bal et un concert dans la salle du théâtre. Le 5 juillet, il fit manœuvrer sur l'estran la garnison de Dunkerque, composée alors de la célèbre 46° demi-brigade, qui avait compté dans ses rangs La Tour d'Auvergne, le premier grenadier de France. Pendant ces manœuvres, le premier consul eut la satisfaction de voir filer le long des dunes et entrer dans le port un corsaire dunkerquois qui ramenait des côtes d'Écosse une prise chargée de mâtures.
Le voyage de Bonaparte eut pour Dunkerque les plus heureuses conséquences. Le premier consul accorda 120000 frs de supplément pour les travaux du port, fit rouvrir le collège et prit un arrêté qui
transférait la sous-préfecture de Bergues à Dunkerque, où le tribunal de première instance ne tarda pas à être également installé.
Le 7 août 1804,
l'Empereur venant de Calais, arriva à Dunkerque avec une suite nombreuse. Il voulait s'assurer de la manière dont on exécutait ses ordres pour mener à bien son expédition contre la Grande-Bretagne.
A ce moment, la jetée de l'est avait été refaite et exhaussée, les quais étaient remis en état presque partout, le chenal était en partie déblayé, et l'Empereur fut à même de se rendre compte de l'importance que le port pouvait prendre. Napoléon visita, en détail, le Parc, ses ateliers et les bâtiments alors sur les chantiers. Ayant tenu à passer l'inspection de chacun des bateaux de la flottille mouillés devant le port, il put s'éclairer sur les avantages de la rade.
Si, au milieu de ses préoccupations de guerre Napoléon n'eût pas le temps de songer à l'avenir commercial que sa situation assurait à notre port, il donna, cependant, des preuves certaines de l'intérêt qu'il portait à la ville. (voir Dunkerque sous le 1er Empire)
L'Empereur, qui avait établi son quartier-général à la campagne de Guizelin-Théry, au hameau de Dornegat, partait, le 11, pour Ostende et, le 15, il était à Boulogne, pour y présider la grande fête de la Légion d'Honneur, pendant laquelle il décora Emmery, alors maire de Dunkerque.
Le 20 aout 1804
L’Empereur était de nouveau à Dunkerque où il poursuivait l'inspection de la côte ; il faisait manœuvrer devant lui les troupes du camp de Rosendael, placées sous le commandement du général Durutte et faisant partie de l'aile droite du corps expéditionnaire que Davoust commandait en chef.
Le tableau offert à la ville, qui ressemblait à celui-ci
et qui trôna à l’hôtel de ville, fut brulé sur ordre du préfet le 6 Juin 1817.
Napoléon était sensible aux témoignages d'affection des Dunkerquois, à qui il envoya un magnifique tableau où il était représenté auprès d'une table qui portait des manuscrits, sur lesquels on lisait : Plantation des dunes, Relèvement de la chaussée de l'Est. Au camp de Boulogne , où il se rendit après sa visite à Dunkerque , afin de présider à cette grande fête de la Légion-d'Honneur qu'il avait instituée pour récompenser les services civils et militaires.
Le 21 mai 1810, (d’après Henri Durin)
l'Empereur, sa nouvelle épouse, Marie-Louise, de leur suite, le roi et la reine de Westphalie, le prince Beauharnais , les ducs de Bassano, d'Istrie, le prince de Wagram et de Neufchatel, l'évêque Belmas , le général Vandamme , le Préfet, le Grand-Chambellan…. arrivent d’Ostende par le chemin du canal de Furnes.
Cette nouvelle ayant été aussitôt répandue en ville, la population presque entière s'est portée sur la route.
A dix heures du matin, MM. le Préfet et le Sous-préfet, avec la garde d'honneur et de la gendarmerie, sont partis de la ville pour se rendre à la limite du département et de l'arrondissement, pour recevoir et complimenter nos augustes souverains.
Le Maire accompagné de ses adjoints, du Conseil municipal, d'un détachement de la garde nationale, et précédés d'un corps de musique, se rendit au même instant dans une tente spacieuse et élégamment ornée, établie à côté de l'arc de triomphe au pont tournant.
La garnison bordait la haie, depuis la porte des canaux jusqu'au palais impérial.
Aussitôt qu'on aperçut leur voiture, des salves d'artillerie et le son des cloches à toute volée signalèrent leur arrivée.
Parvenus en face de la tente, les augustes souverains firent arrêter leur voiture ; aussitôt les habitants et les étrangers, que la circonstance avait réunis en foule sur ce point, firent retentir l'air des cris mille fois répétés de Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'on put contenir les expressions de la joie publique, pour donner au Maire la facilité de faire la présentation des clefs de la ville.
L'Empereur a répondu en ces termes :
Monsieur le Maire, je vous rends ces clefs, elles ne peuvent être mieux qu'entre les mains de l'autorité municipale
Ensuite, un groupe de poissardes, costumées suivant l'ancien usage, s'est approché de la voiture et l'une d'elles a présenté à l'Impératrice une adresse de félicitations et un poisson d'argent renfermé dans un filet en or.. Sa Majesté a recueilli cet hommage avec bonté.
Le Maire monta ensuite à cheval, se plaça à la portière de droite de la voiture de Leurs Majestés et le cortège s'achemina vers la ville, précédé par la garde d'honneur à cheval ; les lanciers polonais, les chasseurs et grenadiers à cheval suivaient la voiture dans laquelle étaient l'Empereur et l'Impératrice ; puis les autres voitures, dans lesquelles se trouvaient le Roi et la Reine de Weslphalie, le prince de Neufchâtel et autres grands dignitaires. Le 24e régiment de chasseurs à cheval fermait la marche.
Partout, sur leur passage, les augustes souverains ont recueilli les témoignages de l'amour et de l'attachement dés Dunkerquois.
Nos augustes souverains ont fait leur entrée en ville par la porte des Canaux et se sont rendus au palais impérial, en passant par la belle porte triomphale posée à l'extrémité de la rue Royale, la place Napoléon, la rue et la place Impériale, les rues de l'Eglise, du Moulin et de la Sous-préfecture.
Toutes les rues et places du passage étaient sablées et décorées avec goût et élégance ; des couronnes et guirlandes de fleurs, des pavillons, des draperies et verdures leur donnaient l'aspect d'un berceau varié de mille couleurs ; des inscriptions allégoriques placées sur les principaux édifices rappelaient le but de la fête.
Peu de temps après leur arrivée au palais impérial, Leurs Majestés sont sorties en calèche, suivies de plusieurs grands personnages, pour aller visiter les établissements maritimes ; elles se sont ensuite embarquées dans un canot décoré et ont été visiter la nouvelle estacade. Un autre canot portait les grands dignitaires de la suite. Leurs Majestés étant descendues à terre sur l'estran, sont remontées en calèche et ont visité les travaux de la Cunette et les nouvelles écluses.
Le Maire, ayant été invité à dîner par l'Empereur, se rendit à sept heures au palais impérial. Sa Majesté lui fit le plus grand accueil, et pendant le repas Elle eut la bonté de s'entretenir avec lui de tout ce qui pouvait intéresser la ville et contribuer à sa prospérité. l'Empereur a témoigné au Maire sa satisfaction de là manière dont il avait été reçu à Dunkerque et de l'attachement que lui témoignaient les habitants. Leurs Majestés se sont rendues, à dix heures, à la salle de spectacle pour assister à la fête qu'Elles avaient bien voulu agréer.
Aussitôt que Leurs Majestés sont descendues de voiture, les plus vives acclamations se sont manifestées et les ont accompagnées jusqu'au moment où, parvenues dans le salon qui précédait leur trône, un groupe de vingt demoiselles, choisies parmi les familles les plus notables de la ville, s'est approché ; deux d'entre elles (Mlles de Colnet et de Guizelin) ont complimenté Sa Majesté l'Impératrice : la première a déposé à ses pieds une corbeille de fleurs, et la seconde a offert, au nom du commerce, une petite frégate faite dans la dernière perfection. Sa Majesté a daigné agréer cet hommage avec une bonté toute particulière et elle a fait remettre à chacune des demoiselles de Colnet, Deschodt l'ainée et Descbodt cadette une petite montre à collier en or, comme un témoignage de sa satisfaction.
Le soir, divers bals particuliers ont été ouverts au public. Le Maire avait fait disposer, sur la place Impériale, une estrade et un orchestre, et pendant le divertissement il y a fait distribuer des boissons et des pains fourrés de viande.
L'illumination des édifices et maisons de la ville était générale et brillante. Un grand nombre d'inscriptions rappelaient là circonstance d'une aussi heureuse époque pour cette ville. Les divertissements et la promenade se sont prolongés presque toute la nuit ; de l'ordre, une police active, tout ajoutait à l'éclat de la fête.
Le 22 mai, à neuf heures du matin, le Maire se rendit au lever de l'Empereur. Sa Majesté, satisfaite de ses services, lui fit remettre une tabatière en or avec son chiffre en brillants.
Sa Majesté signala sa bienfaisance et sa générosité envers les pauvres, en donnant 8.000 francs aux hospices et en accordant une gratification de 4.000 fr. aux marins qui ont conduit les canots avec lesquels Leurs Majestés ont été voir la nouvelle estacade à l'extrémité du chenal.
A onze heures et demie, Leurs Majestés partirent pour Lille et le cortège se mit en route dans l'ordre suivi pour l'arrivée.
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