L'Evasion de JEAN BART juin 1689

Durant la bataille du 22 mai 1689 Jean-Bart et le comte de Forbin se battirent comme deux lions en fureur, pour donner aux vaisseaux marchands le temps de s'échapper.
Mais la plus grande partie de l'équipage des deux frégates françaises périt ; les deux capitaines furent blessés ; leurs vaisseaux rasés de l'avant à l'arrière : ils se rendirent, ne pouvant plus se défendre. La victoire coûta cher aux Anglais : ils y perdirent le capitaine et une quantité prodigieuse de matelots et d'officiers.
Le contre-maître prit le commandement des deux vaisseaux; conduisit Jean-Bart et le comte de Forbin à Plymouth, avec leurs frégates et traitant les prisonniers fort durement.
Il était fâché de voir que leur courage et leur opiniâtreté lui avaient coûté très cher, et facilité aux bâtiments marchands le moyen de s'enfuir à La Rochelle. On dépouilla le comte de Forbin, et on laissa Jean-Bart avec ses habits, parce qu'il parlait anglais.
Le gouverneur de Plymouth donna d'abord des marques de considération à ces deux officiers, les fit manger avec lui, les traita même magnifiquement : mais il ne fit pas rendre les habits au comte de Forbin. Le repas étant achevé, il les fit conduire dans une petite auberge, où on les enferma dans une chambre dont les fenêtres étaient grillées avec en outre des gardes à la porte.
Une pareille situation ne pouvait manquer d'impatienter deux officiers tels que Jean-Bart et Forbin : ils s'occupaient sans cesse à chercher les moyens de sortir de captivité.
Un cousin de Jean Bart, nommé Gaspard Bart, qui commandait un bâtiment de commerce hollandais, fut tellement désemparé par un coup de vent dans la Manche, qu'il fut obligé de relâcher à Plymouth. Là, apprenant que Jean Bart était prisonnier, il demanda et obtint facilement la permission de le visiter; après trois entrevues de Gaspard Bart, un plan d'évasion était arrêté.
Forbin et Jean-Bart lui communiquèrent le projet qu'ils avaient formé de s'évader; il leur apporta une lime pour limer une des grilles de leur fenêtre.
Ils mirent dans leur complot le chirurgien qui pansait leurs blessures : il était Français, et désirait beaucoup s'en retourner en France. Deux mousses chargés d'avoir soin d'eux, furent gagnés par la promesse de quelques argents; les servirent avec zèle.
Au bout de onze jours, les mousses dirent aux prisonniers qu'ils pouvaient partir; qu'ayant trouvé un batelier ivre, étendu dans son canot, ils l'avaient transporté dans un autre, et conduit le sien dans un endroit écarté du port ; qu'ils pourraient s'y embarquer pendant la nuit, sans être aperçus.
Gaspard apporta du pain, de la bière, du fromage , une boussole, un compas et une carte marine dans le canot que les mousses avaient, mis à l'écart et de tenir tout prêt pour minuit, Les deux prisonniers se hâtèrent de limer la grille d'une de leurs fenêtres, et sitôt que Gaspard eut jeté une pierre par cette fenêtre, comme ils en étaient convenus, ils attachèrent leurs draps aux débris de la grille, descendirent, se rendirent promptement au canot, avec le chirurgien et les deux mousses. Le comte de Forbin, qui n'était pas encore guéri de ses blessures, se chargea du gouvernail.
Jean-Bart prit le grand aviron, un des mousses prit le petit. En traversant la rade ils rencontrèrent plusieurs vaisseaux anglais qui croisaient. On cria : Où va le canot? Jean Bart, qui, , savait l'anglais répondit : Pêcheur.
Un brouillard fort épais, qui s'était élevé pendant la nuit, favorisa leur fuite. Ils mirent deux jours et demi à traverser la Manche. Jean Bart était jeune et vigoureux ; il rama pendant tout ce temps avec un courage qui étonna le comte de Forbin; il ne discontinuait que pour manger; ce qu'il faisait même avec beaucoup de précipitation.
Ils arrivèrent enfin sur les côtes de Bretagne après une traversée de soixante-quatre heures, abordèrent près d'un village nommé Erquy, à six lieues de Saint-Malo.
Ils y trouvèrent une brigade de six hommes, charges d'arrêter les religionnaires qui passaient en Angleterre. Un de ces soldats reconnut le comte de Forbin ; alla à lui, le salua ; lui dit que le bruit s'était répandu qu'ils étaient morts, Jean-Bart et lui. Ils allèrent à Saint-Malo; trouvèrent plusieurs marchands qui leur donnèrent de l'argent.
Le comte de Forbin se rendit à la cour : Jean-Bart, qui n'y avait aucun appui, ne voulut pas y aller, il craignait qu'on ne leur reprochât de s'être mal défendus; mais la renommée les avait devancés.
Ceux qui formaient l'équipage des vaisseaux marchands, avaient fait connaître la valeur de Forbin et de Jean, Bart et assurés que c'était à elle seule qu'ils étaient redevables de leur conversation.
Que ces deux braves officiers s'étaient sacrifiés pour les sauver.
Le comte de Forbin, instruit des sentiments du roi à leur égard, alla chez M. de Seignelay, ministre de la marine. Ce seigneur le reçut avec beaucoup d'accueil, le présenta au roi, qui lui témoigna une haute estime, lui demanda les détails de son aventure et lui donna quatre cents écus de gratification. Le comte de Forbin assure qu'il dit au roi que Jean-Bart avait partagé les dangers avec lui et que sa valeur était digne des attentions et des bontés de sa majesté.
Le monarque sut bon gré au comte de Forbin de rendre justice à Jean-Bart ; il dit à M. de Louvois, qui était alors auprès de lui : Le comte de Forbin fait une action qui n’a guère d'exemple à ma cour.
Il le fit capitaine de vaisseau : donna le même grade à Jean-Bart et lui envoya la même gratification.

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