LE KRUYSBELLAERT

 

Je me souviens que dans les années 50, chaque année une procession conduisait du baraquement (qui  tenait lieu d'Église saint Nicolas) au calvaire du Kruysbellart.
Le puits derrière le calvaire était encore dans l'état décrit à la fin de cet article.  
L’église saint Nicolas possédait à cette époque un fragment de la sainte croix.
Il existe deux  légendes sur l’origine   de ce lieu.
1ère Légende
Dès le XIIe siècle, on vénérait à Petite Synthe une relique de la vraie croix rapportée de Jérusalem lors des croisades, et enchâssée dans une croix portant des clochettes. 
Le grelot faisait partie en Orient des ornements du culte, aussi peut-on admettre qu'une croix de ce type ait pu être importée, en France par un croisé. 
La croix de Petite-Synthe devait être de petite taille comme celles qui existent dans les églises  et, vraisemblablement, devait porter un Christ. 
D'après la Tradition, lors de la crise iconoclaste au XVIéme siècle (les guerres de religions) , la relique qui y était enchâssée fut enterrée près de la fontaine. C’est à cette même période que la chapelle fut détruite. 
 La  croix s'appelait  dans la région double-croix.
 Sans doute la relique enchâssée dans la croix à clochettes se trouvait-elle au centre d'un petit reliquaire en forme de croix pattée que le premier curé de la localité adopta comme armoiries pour sa paroisse. 
2ème Légende
 le mot « Kruys » désigne la croix  
 le mot « bellaert » prêtant , à deux sens. Le second est bélier et  Kruys bellaert » deviendrait  la croix du bélier 
Une  croyance, populaire  affirmait qu'en grattant du pied le sol, Un bélier avait mis à découvert une Relique de la vraie Croix, cachée là au temps des guerres successives qui désolèrent la Flandre convoitée par mainte nation. 
Dans les faits  il existe une relique de la vraie Croix à Petit -Synthe. 

Les armoiries de Petite-Synthe (croix et grelots)
DEVOTION
Quelque soit la  version, le fait certain c'est que le « Kruys bellaert » fut jusqu'à la Révolution un de ces endroits où les foules croyantes aimaient venir prier devant la Relique de la vraie Croix et puiser ensuite à la source l'eau qui guérit. 
Toujours est-il que les Jésuites, installés à Dunkerque dès le XVIIe siècle, ont relaté dans leurs comptes-rendus successifs que le nombre des confessions et des communions atteignait des proportions énormes. 
En 1633 on évaluait à plusieurs milliers le nombre des pèlerins qui venaient au Kruys Bellaert durant la neuvaine.
 La Chapelle qui existait alors  était beaucoup trop petite   durant les offices solennels de la neuvaine. Quant à l'hôtellerie qui s'élevait sur l'emplacement de la ferme voisine, on s'y trouvait tellement à l'étroit qu'il avait fallu établir des tentes autour pour abriter les voyageurs. 
C'est alors que le puits fut restauré, car la maçonnerie s'effritait. Au surplus personne n'aurait pu dire son âge.  
Aucun visiteur ne manquait d'aller boire à cette source, après avoir versé, au préalable une prière au pied de la Croix. Pour employer une expression comprise dans tous le pays, on vient ici   « servir contre les fièvres et les maladies des yeux ». 
Et les rites qu'observaient, des gens de tout âge et de toute condition, des milliers et des milliers de Flamands les avaient pieusement accomplis avant eux. Tout le monde sait que cette région, longtemps couverte de marécages, dégagea des odeurs pestilentielles engendrant des maladies pernicieuses ; tellement que, durant plusieurs siècles, la fièvre demeura à l'état endémique Le «Kruysbellaert» devint alors comme une sauvegarde assurée contre le terrible mal que ne parvenait pas toujours à vaincre la science des médecins. 
La Révolution interrompit la glorieuse tradition là comme ailleurs ; elle ne réussit pas cependant à supprimer les visites des particuliers. 
La croix était démolie, mais le puits demeurait inviolé. 
En 1897 le curé de la paroisse M. Damman, à l'issue d'une mission prêchée par les Pères de la Compagnie de Jésus, il révéla son intention de restaurer l'antique Calvaire, et avec lui le Pèlerinage. 
Tous les paroissiens prêtèrent leur concours à l'œuvre de reconstruction matérielle voulant contribuer au rétablissement des cérémonies d'antan.    
Chaque année se célèbre la « Neuvaine du Kruys bellaert » qui coïncide avec la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix. Le Dimanche qui précède le 14 Septembre, date de cette fête, a lieu une Procession du Très Saint Sacrement à laquelle une magnifique croix rouge, contenant la Relique, et portée par quatre jeunes gens, donne son cachet spécial; elle attire même plus de monde que la procession de la Fête-Dieu, cependant très suivie habituellement. On va jusqu'au Kruys bellaert où s'élève la chapelle édifiée en 1920  
 Ainsi s'ouvrent les réjouissances familiales et communales de la ducasse à laquelle cette procession rend son véritable caractère. Nul doute, en effet, que la neuvaine fixa jadis,, d'elle-même,  la date de la kermesse qui maintenant, comme autrefois, groupe amis et parents autour  d’un repas.

Description du lieu à sa réhabilitation
Une haute et large grille à deux battants marquait l'entrée de la ferme, sur le terrain de laquelle s'élève le Calvaire. Cette entrée, des pèlerins nombreux la franchissaient tous les jours avec la permission tacite des propriétaires. D'instinct ils gagnaient aussitôt un minuscule jardinet enveloppé de mystère et d'ombre qui se trouve à droite. Le loqueteau d'une petite porte soulevé, ils se trouvaient en face d'un puits rectangulaire protégé par des murs d'épais blocs de pierre. Pour atteindre l'eau qui ne tarit jamais, il fallait  descendre six ou sept marches parfois huit, selon la saison.
 


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