Sylvie Saint-Clair Comédienne 1913/1996
Extrait du blog de Declerck Artistes oubliés
Nelly Chauveau est née à Dunkerque le 14 avril 1913 rue de la Marine où son père a
transféré le magasin de cycles (il est agent de la marque Alcyon) qu'il
avait fondé 18 rue Saint Jean trois ans plus tôt.
Sa famille est présente à Dunkerque depuis la fin du siècle précédent.
Son grand-père, cantinier au 1er régiment d'artillerie, meurt à
Dunkerque en 1895. Un oncle de son père était musicien à Dunkerque vers
1888, année de son mariage avec une Dunkerquoise.
Enfant, elle subit l'évacuation en 1917 qu'elle évoque dans un
interview, puis la famille revient à Dunkerque ; sa sœur, Jacqueline, y
est née en 1924. On sait que Nelly fait ses études au collège Lamartine,
qu'elle est particulièrement douée pour le dessin, elle s'est inscrite à
l'école des Beaux-Arts de la ville, et le théâtre. La famille déménage à
Paris à la fin des années vingt. Nelly découvre la vie parisienne, les
cabarets, les boîtes de nuit, le théâtre, elle continue ses études
artistiques et devient dessinatrice, c'est la profession qu'elle déclare
lors du remariage de sa mère en 1934, ses parents ont divorcé en 1931.
Son père se remarie à Paris en 1936, il décède quelques mois plus tard.
Les deux sœurs sont adoptées par le mari de leur mère, Emile
Montel-Saint-Paul en 1939.
Mais avant ces évènements familiaux Nelly a trouvé sa vocation. Elle a
réussi à pénétrer les réseaux du théâtre parisien. Un responsable du
théâtre de La Madeleine lui propose d'intégrer la troupe qui se produit à
bord du paquebot Normandie. Elle embarque au Hâvre le 8 mai 1936 avec
une vingtaine de comédiens professionnels renommés, tel Marcel Dalio
(qui vient de jouer dans le film Pépé le Moko) et Robert Trébor, le directeur du Théâtre Michel et ami de Sacha Guitry.
La ville l'émerveille, elle est fascinée et refuse de retourner en
France, malgré l'absence de visa d'immigration, inconsciente des
risques. Ses amis du Normandie auraient demandé au consul de France de
veiller sur elle. Elle trouve un engagement de trois semaines à l'Hôtel
St Régis, au cabaret La Maisonnette Russe, elle y est tellement
appréciée qu'elle y reste trois mois et y retourne à bord du Champlain
en septembre 1936, avec un visa cette fois.
En juin 1938 elle est au Canada, elle a obtenu un engagement au Cabaret Chez Maurice, un grand cabaret de Montréal situé dans la rue Sainte Catherine, elle est au même programme que Tristan Bernard. Une solide réputation l'a précédée, elle a été entendue au St Régis par un responsable de la programmation du cabaret montréalais qui l'a engagée sur le champ, son programme se divise en deux parties, elle interprète une série de chansons françaises puis une autre de chansons anglaises. Un critique nous dit qu'elle excelle dans la chanson parisienne et qu'elle obtient un franc succès avec Je voudrais en apprendre davantage, de l'opérette Normandie.
En juin 1938 elle est au Canada, elle a obtenu un engagement au Cabaret Chez Maurice, un grand cabaret de Montréal situé dans la rue Sainte Catherine, elle est au même programme que Tristan Bernard. Une solide réputation l'a précédée, elle a été entendue au St Régis par un responsable de la programmation du cabaret montréalais qui l'a engagée sur le champ, son programme se divise en deux parties, elle interprète une série de chansons françaises puis une autre de chansons anglaises. Un critique nous dit qu'elle excelle dans la chanson parisienne et qu'elle obtient un franc succès avec Je voudrais en apprendre davantage, de l'opérette Normandie.
En décembre 1938 elle est à Philadelphie au Cabaret Embassy.
En 1939 elle se produit au Brevort Super Club de New York puis obtient un engagement en novembre 1941 au cabaret Rainbow Grill, annexe du Rainbow Room, salle de bal située au 65e étage du Building Rockefeler.
En 1943 elle chante au cabaret Paris Qui Chante
à New York. C'est à cette époque qu'elle rencontre le pilote de la RAF
Bevis D. Davies qui devient son époux. En 1944 elle embarque pour
Liverpool à bord de l'Axel Johnson et s'engage à Londres dans l'ENSA
(Entertainments National Service Association), une association qui
organise des spectacles et des concerts pour les troupes anglaises.
Londres
Dès juin 1945 elle se produit sur les ondes de la BBC, dans une production de l'ENSA. Ensuite elle est régulièrement invitée dans Variety Band Box, une émission destinée aux militaires.
U. S. A. / Paris / Londres / U. S. A.
En 1948, elle enregistre deux chansons (La Polka des Fatigués et la Java des Matous) de Michel Emer, avec qui elle se produit sur la Riviera française au cours de l'été. L'épisode DuMont durera jusqu'en mars 1949, elle quitte la chaîne pour des raisons financières et retourne sur la scène, en avril elle se produit à Montréal. Retour au Québec avec Michel Emer qui lui a composé des chansons nouvelles, le 1er avril elle fait ses débuts au cabaret Le Café de l'Est où elle chante durant plusieurs semaines, accompagnée par l'orchestre d'Eddy Sanborn. La presse la présente comme "la première chanteuse française à faire de la télévision en Angleterre et à avoir une émission régulière sur un réseau de télévision américain". Michel Emer doit préparer une revue pour Broadway, Kiki, l'automne prochain, dont le rôle principal est tenu par Sylvie. Elle participe à une émission de la radio Poste CKAK, Les Etoiles de France, animée par Guy Mauffette. Fin mai elle est invitée à chanter pour le mariage de Rita Hayworth et Aly Aga Khan à Vallauris. Début juin elle est encore en France, signale le journal de Montréal Le Canada, en juillet elle est à Londres, au Suzy Solidor's Club et se produit à la BBC dans Cafe Continental. En Août on la signale sur la Riviera et en octobre elle participe à l'émission radiophonique de Gisèle Boyer Pile ou Face, avec Ned Rival. On la voit dans un extrait de cette émission, avec Gisèle, Ned et Michel Emer, dans le film de Pierre Gautherin, Au fil des ondes, qui sort dans les salles en 1951 pour aider à la reconstruction du village d'Epron dans le Calvados.
Alexandra Herald and Central Otago Gazette 1946
En février 1946 c'est la sortie du film Caravan d'Arthur Crabtree, elle y tient un petit rôle aux côtés des stars du film, la servante outragée qui jure en français ! La même année elle enregistre quelques disques 78 tours pour DECCA à Londres : Ah le petit vin blanc / Take it away ; Coax me a lttle bit / C'est pas tous les jours dimanche ; No can do / I'm so all alone.
Toujours à Londres elle participe au débuts de la BBC Television dans le studio de l'Alexandra Palace.
première française qui chante à la télé ? France Soir 30/6/1946 (Gallica) |
Après un bref retour en France, en mai 1947, pour des prestations dans une revue au Théâtre des Célestin à
Lyon. New York l'appelle de nouveau, elle embarque à bord du Queen
Elisabeth à Southampton le 27 août 1947. En novembre elle est engagée
par la société DuMont, fabricant et producteur de télévision, pour
animer sa propre émission, Café de Paris, sur la chaîne WABD. Son
style original qui tranche avec la concurrence, ne semble pas du goût
des critiques qui n'apprécient pas sa désinvolture, sa spontanéité et
son humour. Néanmoins elle est The New Look in Television.
En 1948, elle enregistre deux chansons (La Polka des Fatigués et la Java des Matous) de Michel Emer, avec qui elle se produit sur la Riviera française au cours de l'été. L'épisode DuMont durera jusqu'en mars 1949, elle quitte la chaîne pour des raisons financières et retourne sur la scène, en avril elle se produit à Montréal. Retour au Québec avec Michel Emer qui lui a composé des chansons nouvelles, le 1er avril elle fait ses débuts au cabaret Le Café de l'Est où elle chante durant plusieurs semaines, accompagnée par l'orchestre d'Eddy Sanborn. La presse la présente comme "la première chanteuse française à faire de la télévision en Angleterre et à avoir une émission régulière sur un réseau de télévision américain". Michel Emer doit préparer une revue pour Broadway, Kiki, l'automne prochain, dont le rôle principal est tenu par Sylvie. Elle participe à une émission de la radio Poste CKAK, Les Etoiles de France, animée par Guy Mauffette. Fin mai elle est invitée à chanter pour le mariage de Rita Hayworth et Aly Aga Khan à Vallauris. Début juin elle est encore en France, signale le journal de Montréal Le Canada, en juillet elle est à Londres, au Suzy Solidor's Club et se produit à la BBC dans Cafe Continental. En Août on la signale sur la Riviera et en octobre elle participe à l'émission radiophonique de Gisèle Boyer Pile ou Face, avec Ned Rival. On la voit dans un extrait de cette émission, avec Gisèle, Ned et Michel Emer, dans le film de Pierre Gautherin, Au fil des ondes, qui sort dans les salles en 1951 pour aider à la reconstruction du village d'Epron dans le Calvados.
En 1949, elle retrouve Gisèle et Ned à
la Nuit de la Jeunesse à Aurillac dont il reste plusieurs
photos, comme celle-ci, où elle tient, amicalement (?) la main de Ned
Rival (1924-1995), elle est en compagnie de Gisèle Boyer (1922-2010),
Armand Mestral, Ginette Garcin, Jean Marco et Jean Dumas.
Sylvie Saint-Clair à gauche |
En novembre 1949, elle est interrogée comme témoin dans l'affaire de la
rue Jean-Mermoz, le meurtre de son ami, et soupirant, Edward de Muralt,
un Australien qui est tué par trois militaires. Elle a profité de sa
présence en France pour trouver quelques contrats dont le Boccacio,
boulevard des Capucines, à Paris. Puis elle retourne à Londres pour se
produire dans la revue Latin Quarter jouée au théâtre du London Casino avec les Compagnons de la Chanson, alors au début de leur carrière.
collection personnelle
1950-1951 elle est à Londres, régulièrement invitée par la BBC
Television. Septembre 1951, l'agence, Sidney-Ascher Associates, achète
une double page dans la revue professionnelle Variety : un CV distribué à
des milliers d'exemplaires dans tous les Etats-Unis ! Les effets sur sa
carrière ne tardent pas. Les contrats se succèdent à Chicago, Dallas,
New-York, Los Angeles, San Francisco, etc. En 1952 elle est à Los
Angeles, à Hollywood
précisément, où elle vit une relation, qualifiée de "romance torride"
par la presse, avec l'écrivain français Pierre La Mure, auteur du roman Moulin Rouge dont s'inspire le film qui obtient 2 oscars en 1953.
bbnbn Durant ces années 1950, elle se produit dans les clubs, accompagnée par d'excellents artistes par exemple en février et mars 1956 à l'hôtel Knickerbocker d'Hollywood avec le Joyce Collins Trio. Puis à San Francisco en 1959 au Gotham Gay 90's. Dans ces années là, elle compose plusieurs chansons mentionnées dans le Catalogue des Copyrights. Un contrat aurait même été signé avec Verve Records, pour le label Roulette.
bbnbn Durant ces années 1950, elle se produit dans les clubs, accompagnée par d'excellents artistes par exemple en février et mars 1956 à l'hôtel Knickerbocker d'Hollywood avec le Joyce Collins Trio. Puis à San Francisco en 1959 au Gotham Gay 90's. Dans ces années là, elle compose plusieurs chansons mentionnées dans le Catalogue des Copyrights. Un contrat aurait même été signé avec Verve Records, pour le label Roulette.
En 1955 sa mère décède à Nice et
son père adoptif en 1957, elle hérite des terrains agricoles situés à
Courtisols dans la Marne.
En 1958 elle participe à un disque de musiques
et chansons 1900 : La Moutache à Papa.
En mars 1959 elle est invitée au jeu télévisé de Groucho Marx, You bet your life. Fin 1959 elle participe au USO Tour (United Service Organizations).
Ensuite elle revient en France et joue le rôle de Caroline Reine de Naples, au théâtre de l'Ambigu, dans Madame Sans Gène,
avec Jeanne Sourza dans le rôle titre. Pour développer sa carrière de
comédienne elle sollicite divers auteurs, dont Jean Cocteau ; sa lettre
est conservée à la Bibliothèque Historique de la ville de Paris,
accompagnée d'une photo, avec au verso un CV résumé.
En 1961 sort un court métrage du cinéaste Arcady, l'Ondomane. Elle
y est la partenaire du réalisateur. Ce film obtient un prix au festival
de Tours en 1962. Cette année là elle enregistre aux Etats Unis un
disque 33 tours de Fables de La Fontaine en anglais et en français, dont elle a fait les traductions et la musique interprétée par deux musiciens réputés, Robert "Bob" Dorough et Al Schackman, on peut l'écouter ici. Elle anime ensuite une émission régulière destinée aux enfants sur WBAI à New York, ainsi que son émission Sylvie by Night diffusée à Philadelphie.
D'avril à juillet 1966, retour à Londres, à la BBC Home Service pour Sylvie by Day.
En 1967 elle réside toujours à Londres, c'est à cette époque qu'elle
commence à vendre les terrains de Courtisols hérités de son père
adoptif. La même année elle fait la traduction de la pièce de Jean
Cocteau, Le Bel Indifférent, le tapuscrit est conservé dans le fonds Jean Cocteau de la Bibliothèque Historique de la ville de Paris.
Ensuite, d'après le témoignage de Bob Dorough, elle aurait eu une
liaison amoureuse avec un saxophoniste de jazz, qu'elle a aidé,
vainement, à surmonter sa dépendance à la drogue. Puis elle aurait vécu
quelques années avec le producteur Harley Usill, fondateur du label Argo
Records, ils venaient régulièrement rendre visite au couple Dorough à
Poconos (Pennsylvanie), on est dans les années 1970/1980, elle est alors
domiciliée avec sa sœur à Los Angeles. Harley décède à Londres en 1991
et Sylvie à New York en 1996.
Christian Declerck
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