HISTOIRE : LE PARC DE LA MARINE ET L’ARSENAL DE DUNKERQUE SOUS LOUIS XIV
En
1690 le port de Dunkerque, est peut-être le plus remarquable de tous
les ports de France par les prodigieux ouvrages qu'on y a faits, par les
écluses, par la ville et la citadelle revêtues de briques jusqu'au haut
du parapet, par des tours sur un banc de sable pour la défense de la
rade, enfin tant par les fortifications de la place que pour le port
d’énormément dépenses furent faites.
Lorsque Louis XIV rachète Dunkerque aux Anglais en 1662, c'est pour en faire un port de guerre.
La mise à niveau des défenses de Dunkerque constitue la priorité dès son acquisition.
Personnellement soucieux des travaux de Dunkerque, Louis XIV s'y rendra cinq fois entre 1662 et 1680. Il ne mettra jamais les pieds dans un autre port de guerre. Un des handicaps majeurs du port est sa situation.
La rade est barrée à 800 mètres de la côte par le banc Schurken, qui découvre à basse mer. L'accès à la haute mer se fait par un mauvais chenal, qui contourne le banc par l'Est. Dunkerque est essentiellement tributaire de la marée, situation inacceptable pour un port de guerre. La création d'un chenal donnant l'accès permanent à la mer à travers le banc est donc un préalable à tout aménagement portuaire.
Il faudra attendre 1700 pour qu'elles soient réalisées jusque sur le banc, en remplacement des jetées de fascines...
Mais le chenal est complètement bordé de fascines dès 1670, ce qui permet au port de s'épanouir.
Dès 1669, une première impulsion est donnée à l'aménagement d'un parc de Marine. L'agrandissement de l'arsenal est enclos dans les fortifications de la place et les vaisseaux y pourront demeurer en grande sécurité.
Il est projeté de creuser un bassin à flot pour les vaisseaux et d'aménager son arsenal en abord.
Les premiers travaux de l'arsenal et du chenal se déroulent en même temps que les grands travaux de fortification de Dunkerque
Enfin doté d'un chenal permanent, Dunkerque peut prétendre à la modernisation et au développement de son arsenal. Les bâtiments d’alors ne sont plus que des bicoques malcommodes et vieillissantes. Pour le stationnement des vaisseaux, Vauban propose d'aménager le bassin de l'écluse bleue et de créer un arsenal tout autour.
D'après ses plans, on creusa entre la ville et la Citadelle, un bassin assez large pour contenir à flot trente grands vaisseaux de guerre.
Lorsque Louis XIV rachète Dunkerque aux Anglais en 1662, c'est pour en faire un port de guerre.
La mise à niveau des défenses de Dunkerque constitue la priorité dès son acquisition.
Personnellement soucieux des travaux de Dunkerque, Louis XIV s'y rendra cinq fois entre 1662 et 1680. Il ne mettra jamais les pieds dans un autre port de guerre. Un des handicaps majeurs du port est sa situation.
La rade est barrée à 800 mètres de la côte par le banc Schurken, qui découvre à basse mer. L'accès à la haute mer se fait par un mauvais chenal, qui contourne le banc par l'Est. Dunkerque est essentiellement tributaire de la marée, situation inacceptable pour un port de guerre. La création d'un chenal donnant l'accès permanent à la mer à travers le banc est donc un préalable à tout aménagement portuaire.
L'objectif est de pouvoir tenir à Dunkerque une force navale de 10 à 12 vaisseaux.
Pour créer un chenal à travers le banc, large de plus de 500 mètres, il est prévu d'édifier deux jetées de fascines, longues de 2 km depuis la sortie du port jusque sur le banc. Une fois les jetées faites, on creusera dans le banc un sillon selon l'axe du chenal. L'enlèvement du sable se fera ensuite en provoquant des chasses d'eau dans le chenal, au moyen des canaux qui débouchent dans le port.
Dunkerque se trouve en effet au confluent de quatre canaux qui drainent la plaine de Flandre. Des écluses permettent d'en maîtriser le niveau à tout instant. En lâchant les écluses à basse mer, l'eau des canaux pourra s'engouffrer dans le chenal et emporter le sable meuble du banc.
Vauban, qui a été sollicité par Colbert dès 1675, est sur les lieux durant l'été 1677 pour lancer les préparatifs. Il réclame des millions de fascines et une quantité impressionnante de matériaux pour réaliser le travail en un temps le plus court possible
Fin mai 1678, deux barques longues peuvent emprunter le nouveau chenal dont la largeur et la profondeur vont en augmentant au cours de l'été. Fin juillet, le chenal offre 13,5 pieds de profondeur à vive eau, soit 4,4m. Par la suite, les travaux consistent à élever les jetées de fascines à leur complète hauteur. Plus tard, ces fragiles jetées seront remplacées par des coffres de charpente remplis de pierres.
Pour créer un chenal à travers le banc, large de plus de 500 mètres, il est prévu d'édifier deux jetées de fascines, longues de 2 km depuis la sortie du port jusque sur le banc. Une fois les jetées faites, on creusera dans le banc un sillon selon l'axe du chenal. L'enlèvement du sable se fera ensuite en provoquant des chasses d'eau dans le chenal, au moyen des canaux qui débouchent dans le port.
Dunkerque se trouve en effet au confluent de quatre canaux qui drainent la plaine de Flandre. Des écluses permettent d'en maîtriser le niveau à tout instant. En lâchant les écluses à basse mer, l'eau des canaux pourra s'engouffrer dans le chenal et emporter le sable meuble du banc.
Vauban, qui a été sollicité par Colbert dès 1675, est sur les lieux durant l'été 1677 pour lancer les préparatifs. Il réclame des millions de fascines et une quantité impressionnante de matériaux pour réaliser le travail en un temps le plus court possible
Fin mai 1678, deux barques longues peuvent emprunter le nouveau chenal dont la largeur et la profondeur vont en augmentant au cours de l'été. Fin juillet, le chenal offre 13,5 pieds de profondeur à vive eau, soit 4,4m. Par la suite, les travaux consistent à élever les jetées de fascines à leur complète hauteur. Plus tard, ces fragiles jetées seront remplacées par des coffres de charpente remplis de pierres.
Il faudra attendre 1700 pour qu'elles soient réalisées jusque sur le banc, en remplacement des jetées de fascines...
Mais le chenal est complètement bordé de fascines dès 1670, ce qui permet au port de s'épanouir.
Dès 1669, une première impulsion est donnée à l'aménagement d'un parc de Marine. L'agrandissement de l'arsenal est enclos dans les fortifications de la place et les vaisseaux y pourront demeurer en grande sécurité.
Il est projeté de creuser un bassin à flot pour les vaisseaux et d'aménager son arsenal en abord.
Les premiers travaux de l'arsenal et du chenal se déroulent en même temps que les grands travaux de fortification de Dunkerque
Enfin doté d'un chenal permanent, Dunkerque peut prétendre à la modernisation et au développement de son arsenal. Les bâtiments d’alors ne sont plus que des bicoques malcommodes et vieillissantes. Pour le stationnement des vaisseaux, Vauban propose d'aménager le bassin de l'écluse bleue et de créer un arsenal tout autour.
D'après ses plans, on creusa entre la ville et la Citadelle, un bassin assez large pour contenir à flot trente grands vaisseaux de guerre.
On fît élever sur les deux côtés de ce bassin, des corderies assez considérables pour y faire des câbles des plus grandes dimensions ; entre ces deux immenses bâtiments et à l'une des extrémités du bassin, on construisit, un grand magasin d'armes.
Un terrain très spacieux, qui existait près de ces établissements, fut choisi pour y placer les chantiers de construction et les bois destinés à y être employés ; on y établit des magasins pour les vivres et pour tout ce qui est nécessaire à l'armement des vaisseaux.
Enfin, on construisit dans cette enceinte, plusieurs maisons convenablement distribuées pour servir de logements et de bureaux aux officiers militaires et civils, ainsi qu'aux principaux employés de l'administration de la Marine.
Par ces sages et importantes dispositions, Louis XIV prévenait tout sujet d'inquiétude ;
il réservait librement et exclusivement le port au service du commerce ; il lui réservait ses chantiers, ses magasins, ses officiers de port, ses bureaux de courtage et de pilotage ; il lui laissait, en un mot, la jouissance libre et séparée de toutes ses institutions ».
Du côté de la ville, l'arsenal était borné à l'Est par la Panne, suite du canal de Furnes. Dans le Sud, il avait comme limite l'hôtel de l'Intendance, la chapelle et les bâtiments qui y faisaient suite. Puis venait un mur continu qui, après la coupure de l'Ecluse de Bergues, suivait la direction de la rue du Magasin-Général pour passer, dans l'ouest, derrière la corderie et arriver, du côté Nord, jusqu'à l'écluse du Bassin du Roi.
Un autre mur à direction assez mouvementée partait du niveau de l'arrière port, formait clôture séparative des chantiers du commerce, et remontait vers la Panne, devenue la rue Neuve (rue du président Wilson).
Un pont en bois qui aboutissait sur le terre-plein proche de l'écluse du Bassin du Roi (Bassin de la Marine) mettait en communication les deux parties de l'arsenal. Il devait être remplacé ultérieurement par un pont plus solide, à double voie, qui ne fut pas construit en raison de l'état fâcheux des finances.
Le Parc proprement dit occupait, y compris les logements, ateliers et cales, une superficie de 5 hectares 57 ares ;
Le côté du bassin avec les constructions et les terrains de l'arrière-port comprenait 1 hectare 88 ares.
Le bassin avec ses terre-pleins et les bâtiments contigus avait Une superficie de 5 hectares 96 ares et l'arrière-port s'étendait sur une surface de 2 hectares 89 ares;
Tout l'arsenal occupait donc 16 hectares 30 ares.
Deux larges portes placées de chaque côté de la grande écluse donnaient accès à l'enclos du Bassin Royal.
Du côté de la ville, la clôture du parc n'avait que deux ouvertures.
La porte du chantier était au bas de la rue de Bergues (actuellement rue de l’amiral Ronar’ch), non loin de la porte de Bergues. Cette porte qui avait été construite en 1404 et était comprise dans l'ancien rempart des Espagnols. C’est en 1782 que fut entamée sa démolition ; elle dura deux ans, tant la maçonnerie était considérable et solide.
La porte principal souvent restaurée, sans perdre ses lignes architecturales originaires, fut construite en 1686 et le nom de Porte de Berry lui fut donné pour rappeler le nom du petit-fils de Louis XIV et troisième fils du Grand Dauphin, né la même année.
Cette grande porte était surmontée d'un fronton où sont groupés deux ancres couchées, des canons et des boulets. Au centre se trouve un écusson en bois de chêne qui était surmonté de la couronne royale et avait, en son milieu, les trois fleurs de lys.
La rue qui va de la place Jean-Bart au Parc de la Marine, prit le nom de rue de Berry ; en 1792, c'était la rue des Droits de l'Homme; sous la Restauration elle redevint la rue de Berry ; en 1830, elle reçut le nom de rue de la Marine.
Lorsqu'on entrait dans le Parc, après avoir franchi la porte de Berry, on trouvait cinq grandes maisons destinées au logement des commissaires et officiers de l'arsenal.
Tournant à gauche pour se rendre à l'Hôtel de l'Intendance, on rencontrait une caserne assez grande construite Je long de la Panne. On y logeait les troupes dites à la demi-solde, ainsi nommées parce qu'elles n'avaient qu'une demi-solde lorsqu'elles n'étaient point en mer. C'étaient des compagnies composées de gens de métier; on n'y recevait aucun soldat qui ne sût une profession utile à la Marine. Ces troupes qui avaient été organisées en remplacement des régiments constitués en 1669 par Colbert et que Louvois ne consentit pas à laisser à la Marine, furent également cassées sous le ministère de Pontchartrain. On créa à leur place "des compagnies ordinaires de la marine à la solde entière.
Les troupes de la marine (bombardiers, canonniers, etc.), qui ne pouvaient être placées dans le parc, occupaient en ville l'établissement militaire dit des Casernes de la Marine. Du côté de la mer une batterie était consacrée à l'exercice du canon pour la marine.
Dans le Parc, après avoir dépassé la caserne et laissé sur sa droite un dernier corps de bâtiment servant au logement du personnel de la Marine, on longeait le mur du jardin de l'Intendant pour arriver en tournant à gauche dans la cour de l'hôtel de l'Intendance.
La grande porte n'a été ouverte que vers 1753, lorsque le canal des Moëres fut comblé dans cette partie de la ville.
A la suite de l'Hôtel de l'Intendant se trouvait la Chapelle de l'Arsenal, avec une petite sacristie. On y accédait par trois marches du côté du Parc.
En bordure du Parc, à la suite de la chapelle, il y avait encore une série de magasins et de logements.
De l'autre côté de la rue on trouvait un groupe de magasins et de boutiques (les ateliers portaient alors cette dénomination).
A proximité des cales, on rencontrait les grandes et petites forges avec des magasins qui leur servaient d'annexes. Dans le centre du Parc, des hangars et boutiques étaient affectés au service des constructions navales.
Sur la rive de l'arrière-port, six cales avaient été aménagées pour la construction des bâtiments. Il y en avait trois petites et trois grandes. Ces dernières, qui reposaient sur une solide charpente, étaient pourvues des appareils nécessaires pour tirer à terre les navires ayant besoin de radoub. Un grand hangar placé entre les grandes cales les plus dans le Sud servait d'abri et d'atelier aux charpentiers, perceurs, calfats, etc.
Venait ensuite la Boulangerie, avec ses fours, ateliers et magasins.
Enfin non loin de la porte secondaire de l'arsenal on rencontrait une forme de radoub construite sur les plans de Vauban qui semble s'être inspiré du modèle alors adopté pour les formes anglaises. La forme de Dunkerque était contemporaine des formes des plus grandes dimensions des arsenaux de Rochefort et de Brest. Malgré des efforts infructueux faits à Toulon en 1679, notre grand arsenal de la Méditerranée ne devait avoir qu'un siècle plus tard, à la fin de 1779, un grand bassin de radoub.
La forme du Parc avait été creusée, après épuisement d'une fosse destinée à la conservation des mâts qui existait antérieurement à cet endroit.
Dans le Nord du Bassin, l'arsenal avait deux entrées, l'une à droite, l'autre à gauche de la grande écluse du Bassin.
« Une des beautés du port de Dunkerque était le Bassin, capable de contenir une escadre de quarante vaisseaux toujours à flot même à la basse mer, à cause de l'écluse qui était à son entrée, dont la largeur, de quarante-deux pieds, la rend propre au passage des vaisseaux du premier rang. Cette écluse, dont M. de Vauban donna le projet, et qui fut achevée en 1686, était une des plus belles de son temps.
Le Bassin qui avait été construit aux lieux et place de l'ancien Bassin dit de l'Ecluse bleue avait 300 mètres de long sur 100 de large. Il était bordé sur tout son pourtour de quais en pierre. Tous les matériaux entrant dans sa construction, confiée aux mêmes entrepreneurs que ceux de l'écluse, étaient tirés des carrières de Landrethun et d'Ambleleuse dans le Boulonnais.
Dans le fond du Bassin, côté sud, on avait ménagé un plan incliné pour faciliter le débarquement des mâts 1 à emmagasiner dans le hangar qui leur était destine. Toutes les briques entrant dans la maçonnerie des travaux étaient des briques cuites, moulées avec de la terre des environs de Dunkerque.
Lorsqu'on avait franchi la porte ouest du Bassin, dépassé le poste de garde et celui des hommes chargés de manœuvrer le pont tournant de la grande écluse, on rencontrait à gauche la Cayenne ou Coquerie, local dans lequel on préparait la nourriture des équipages des bâtiments en armement, avec défense, « à peine de la vie », de faire du feu dans l'arsenal, en dehors des locaux désignés par le capitaine de port.
A la suite et toujours le long du mur d'enceinte, était l'atelier dans lequel le munitionnaire faisait tuer et saler les cochons et les bœufs pour la ration de campagne des équipages.
Venait ensuite, à proximité de la Corderie, la « goudronerie » ou magasin renfermant le goudron.
Devant ces différents bâtiments, le quai, très large à cet endroit, était occupé par le parc aux ancres et un dépôt de boulets.
Dans l'angle nord et ouest du Bassin, on avait disposé un solide appontement destiné à recevoir la machine à mater.
Tout le quai ouest du Bassin était bordé par la Corderie, vaste bâtiment d'une longueur de plus de 300 m qui n'avait qu'un rez-de-chaussée avec un étage mansardé. A ses deux extrémités nord et sud, il se trouvait deux pavillons dont la toiture était légèrement plus élevée.
Cet établissement, construit d'après les plans de Vauban, pouvait rivaliser avec la corderie de Rochefort et celle de Toulon, commencée en 1668 ne fut terminée qu'en 1778.
Comme son père (Colbert), Seignelay attachait une grande importance au travail de la corderie dans les arsenaux. On y fabriquait « deux sortes de cordages, dont l'un, fait de cœur de chanvre, sert pour les manœuvres des vaisseaux, et l'autre, fait de l'étoupe, sert à faire des câbles d'amarrage, des palans et autres chose.
L'étage mansardé de la corderie de Dunkerque servait de magasin.
Sur le quai sud du Bassin et sur l'alignement du Magasin-Général, on rencontrait, du côté Ouest, un grand bâtiment qui faisait retour vers le sud et qui servait de magasin pour les cordages et les voiles.
Plus loin, au centre du quai sud et à côté du Magasin-Général, on avait installé, en face d'un plan incliné facilitant les manœuvres, une « Halle aux mats ».
Le « Magasin-Général » complétait la série des bâtiments élevés sur ce quai. Ce bel établissement, construit en briques, sauf la corniche qui était en pierre, était d'une architecture sobre, d'une noble simplicité. Il avait une longueur totale de 56 m et une largeur de 13,5 m. Il était composé d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un grenier. En sous-sol, se trouvaient des caves.
Le magasin-général, construit sur les plans de Vauban, fut complètement restauré en 1750-1751, puis, une dernière fois, en 1842.
On pénétrait dans l'établissement par deux grandes portes se faisant face, l'une au sud et l'autre-au nord. Une grande baie au-dessus de la porte permettait l'introduction facile de colis lourds.
Les caves, établies sous une portion du bâtiment seulement, dans sa partie ouest, étaient voûtées et divisaient l'immeuble en deux parties dans le sens longitudinal;
elles étaient en communication entre elles par trois baies. On y accédait de l'intérieur par un petit escalier en bois. Du côté sud, le service était assuré par un escalier en briques de 1 m. 80 de largeur.
Ces belles caves, qui étaient à l'abri des projectiles de l'ennemi, furent utilisées dans différentes circonstances.
Au rez-de-chaussée, deux grandes portes intérieures permettaient de pénétrer dans une grande pièce divisée en deux parties dans le sens de la longueur, par une série d'arcades à plein cintre sur piliers en maçonnerie et sur lesquelles portait le poutrage du 1er étage.
Cette salle était éclairée par douze fenêtres. Elle contenait des tribunes en bois de chêne d'un travail soigné, placées le long des murs de façade et sous les arcades centrales. La disposition de cette salle permettait d'y déposer un grand approvisionnement de matériel, dont le classement était facile et la délivrance rapide.
(Le rez-de-chaussée fut coup en 1860 par un passage établi, lors de la pose de la voie ferrée, spécialement destinée au transport des charbons de là Marine.)
On y rencontrait le fer d'ouvrages (gros, rond, carré, plat, en cercle, feuillard, en verge), le fer blanc (double et simple), le fer noir, les clous de toute sorte, le cuivre (en rosette, en brique, en plateau, vieux, en feuille, mitraille jaune, mitraille rouge), l'étain, le plomb en saumon et en table, etc.
On y voyait aussi des ouvrages de serrurerie, de fer pour les agrès, les ustensiles du pilote, du maître de manœuvre, du charpentier et calfat, les ustensiles pour le canon, les poulies, les fanaux, lanternes, etc. Tous les objets fabriqués dans les ateliers et non encore livrés au service de la flotte.
Sur les tribunes, on classait les toiles et une partie des voiles de rechange.
La partie Est du rez-de-chaussée contenait plusieurs bureaux qui prenaient accès sur un vestibule, d'où partait un grand escalier en chêne (plancher et rampe) d'aspect monumental, menant à l'étage supérieur.
On arrivait sur un très grand palier qui précédait la salle d'armes. Cette pièce, éclairée par douze fenêtres, était séparée du vestibule par une grille en bois formée de faisceaux de lances.
La salle d'armes mesurait 36 m de longueur sur 11,50 m de largeur ; elle était divisée longitudinalement en deux parties par une série de poteaux avec bracons cintrés supportant les poteaux du grenier.
Sur ces poteaux étaient fixés les râteliers d'armes. On y voyait le double des armes nécessaires à l'armement de tous les vaisseaux de l’arsenal.
Le maître-armurier, de l’arsenal, était chargé de l'entretien et du groupement de toutes les armes. A côté des canons de mousquet, de fusil et de mousqueton, se trouvaient les mousquets, les mousquetons, les fusils, les pistolets, les pertuisanes, les hallebardes, les coutelas, les haches d'armes, les piques, les demi-piques, les épées, puis les bandoulières, les bourses de bandoulière, les baudriers, etc.
Le plafond était garni, dans chaque intervalle entre les poteaux, de très larges couronnes en bois de chêne sculpté et doré portant au centre la tête du Roi-Soleil.
À gauche du grand palier ou vestibule de la salle d'armes (côté est), deux pièces étaient utilisées comme « ateliers et boutiques, pour les ouvriers qui servaient à rétablir les armes et les entretenir en bon état.
On arrivait au second étage par la deuxième révolution du grand escalier. Cette partie du Magasin-Général ne formait qu'une très grande pièce ayant 2,35m de hauteur. Cette pièce servait au maître-voilier pour la coupe et l'assemblage des voiles. Le maître-charpentier pouvait également l'utiliser pour le tracé des pièces délicates, de construction.
Les combles du Magasin-Général n'était pas utilisable ; on n'y accédait que par une échelle, pour les réparations de toiture à exécuter.
Dans le Bassin, côté sud, et en face du Magasin-général, était le poste d'amarrage des galères de la station de Dunkerque.
Tout le quai Est du Bassin était bordé par les « Magasins particuliers des vaisseaux du Roy ». Ils occupaient un édifice faisant pendant à la Corderie, mais ayant moins de longueur. Aux deux extrémités étaient placés deux pavillons un peu plus élevés que la portion centrale du bâtiment. Il n'avait qu'un rez-de-chaussée avec un étage mansardé.
De nombreuses portes donnant sur le quai du Bassin et sur le quai de l'Arrière-port, facilitaient l'entrée et la sortie du matériel. Des bornes d'amarrage, sur le quai du Bassin, permettaient de maintenir solidement les bâtiments en armement et en désarmement.
Près du Magasin-Général, un mur réunissait ce dernier aux Magasins particuliers, afin de clôturer complètement cette partie de l'Arsenal. Une grande porte avait été ménagée pour permettre la circulation, lorsque le service l'exigeait.
Dans l'intérieur des magasins particuliers, des séparations étaient faites pour grouper, d'une manière complète, tout le matériel de chaque bâtiment désarmé comptant au port. Lors du réarmement, on avait donc facilité pour reprendre très rapidement, sans écritures et courses inutiles, l'inventaire de chaque vaisseau.
Derrière les Magasins particuliers on avait établi un quai en charpente qui, à la hauteur du Magasin Général, était coupé par une petite cale de construction pour les galères et les barques longues.
Sur le vaste terrain qui existait derrière le magasin général, entre ce bâtiment et le mur de clôture de l'arsenal, on avait réuni les ateliers de tonnellerie, de poulierie, de peinture, etc, et des hangars poulie bois, les mâts de petite dimension, etc.
Au fond de l'Arrière-port, dans un endroit isolé, non loin de l'écluse projetée pour faire écouler à la mer les eaux du canal de Bourbourg, se trouvait la « Poudrière de la Marine ». Le magasin aux artifices était non loin de là, sur un terre-plein isolé, entre les écluses de Bergues et des Moëres, toutes deux au fond du havre.
En 1690, il y avait à Dunkerque une petite escadre de vaisseaux de guerre et un corps d'officiers de marine commandé par un chef d'escadre ou un capitaine de vaisseau d'un mérite distingué. Ce poste fut confié à Jean Bart qui eut ainsi, soit à terre, soit à la mer, la correspondance directe avec la Cour.
A Dunkerque, il était assisté de deux commissaires ordinaires affectés aux détails du port, à l'inspection sur la construction des vaisseaux, les radoubs et carènes ; puis, venait le capitaine de port, qui avait des attributions fort étendues et était assisté d'un lieutenant de port. Un contrôleur avait inspection sur tout le service. Venaient ensuite le garde-magasin et plusieurs Ecrivains du Roi, employés aux constructions, aux radoubs, à la corderie.
Un maître d'équipage, ayant inspection sur les maîtres entretenus, avait un service très important. On rencontrait ensuite les maîtres entretenus, ainsi que le pilote royal et les pilotes entretenus. Le Parc avait deux maîtres-charpentiers entretenus, assistés de contremaîtres et de charpentiers également entretenus. L'arsenal avait encore un maître-mateur et un maître canonnier, des maîtres calfateur, forgeron, fondeur de canons, armurier, tonnelier, lanternier et chaudronnier, cordier et voilier.