DUNKERQUE Le port franchisé " LE CORPS DES BELANDRIERS.

 LE CORPS DES BELANDRIERS DE DUNKERQUE

D’après  MAES & GRANGER, Députés du Corps des Bélandriers de Dunkerque 1791.

Une autre institution, en quelque sorte accessoire à celle du pilotage, était celle des  Bélandriers. 

 Le Temps a couvert de l'épaisseur de son voile, l'époque où les Bélandriers de Dunkerque commencèrent à exister pour la première fois en Corps de Communauté, et à se trouver gouvernés par des Statuts et Règlements.
D'anciens Règlements datent de l'année 1538.
L’Histoire fait remonter leur origine au temps où commencèrent à marquer la Navigation et le Commerce de Dunkerque.
Le Corps des Bélandriers Dunkerque est donc de la plus haute antiquité.
Il fut accordé aux Bélandriers de transporter seuls, et jusqu'au lieu de leur destination, les marchandises arrivant au Port par la mer et naviguant par les Canaux.
Il a joui paisiblement de ce Droit pendant nombre de siècles.
Mais en 1775 le Gouvernement ayant ordonné la construction d'un Canal de jonction de la Rivière de la Lys à celle de l'Aa, introduit et prononcé la liberté de la Navigation, il résulta de là que le droit des Bélandriers fut mis à mal.
Cet état de calamité dura plus de six années.
Le 23 juin 1781, le gouvernement rétablit les Bélandriers dans le Droit dont ils avaient toujours joui avant cette dernière époque, et fixa à sept livres le fret de chaque tonneau de plus de 2000 pesant qui serait transporté de Dunkerque à Lille.
La restitution de ce Droit néanmoins ne fut point aussi gratuite qu'on pourrait le croire d'abord, puisque d'une part, le Gouvernement obligea , par son arrêt, les Bélandriers au service du Port et de la Rade; 

 Que, d'autre part, il leur imposa pour condition , et avant même de jouir du Droit dans lequel il les rétablissait, d'avoir en bon état le nombre de soixante Bélandres pour le service du Public et de la Marine , et d'en représenter dans deux ans le nombre de cent-vingt.
Ces conditions toutes onéreuses qu'elles soient, ne furent cependant pas les seules qui furent imposées aux Bélandriers.

  Il leur fut imposé en outre, de se conformer à des Statuts qui, par événement, les obligent à tenir toujours dans le Port, huit Bélandres d'attente, garnies de leurs agrès et ustensiles; Et en outre, à marcher tous, en cas de nécessité.
Les Bélandriers , ont, en conséquence de ce dernier arrêt, joui de nouveau et paisiblement de leur Droit, pendant près de dix années.
Fonctions des Bélandriers.
Ces fonctions se divisent ; Elles s'appliquent alternativement et suivant les cas, au service du Port et de la Rade, à celui du Commerce et de la Navigation, à celui de la Marine armée ou opérations militaires du Gouvernement.
A ce dernier égard, l’Abrégé que les Bélandriers ont fait imprimer, de quelques-uns des services par eux rendus depuis 1095 jusqu'en 1781, justifient quels sont accidentellement, leur destination, leurs connaissances, leur dévouement, leurs succès et leur utilité.
le nombre des Bélandres employées à Dunkerque, était supérieur à celui de 120.
leur capacité était telle , que chacun pouvait contenir plus de 200 Hommes; Quelles étaient en outre construites de manière que, ne tirant que deux à trois pieds d'eau , elles pouvaient échouer partout; Qu'au besoin, sans bruit , sans appareil, sans apprêt et en moins de 24 heures, elles pouvaient transporter, débarquer à sec et sur le terrain même de l'ennemi , des Troupes, un train d'Artillerie, et un attirail de Guerre, propre à former et à soutenir une Armée de 25000 Hommes.
 Leur faible tirant d'eau, leur permettant de longer la côte tout près de terre,(d'où leurs noms issus du flamand bel: proximité et land: terre)
Que toutes ces Bélandres enfin, étaient une ressource pour le besoin, un corps de Marine et d'Armée de réserve , qui ne coûtait rien à l'Etat.  

Relativement au Commerce et à la Navigation, les fonctions des Bélandriers de Dunkerque sont :
1°. de s’employer au sauvetage des Navires et cargaisons naufragés.
2°. De renflouer et remettre à flot, ceux de ces Navires qu'on peut espérer relever
3° De faire les chargements et déchargements des Navires tirant trop d'eau pour entrer dans le Port ; forcés dès là de demeurer en Rade.
4°, Et enfin, de faire l'écurement du Port, d'empêcher qu'il ne s'obstrue et ne devienne innavigable.
Les Bélandres seules peuvent y être employées, parce qu'elles seules ont la triple propriété de voguer légèrement, d'être d'une capacité suffisante et de pouvoir tenir contre la violence de la Mer.
Ces Destinations encore, ne peuvent convenir qu'aux Bélandriers, parce qu'eux seuls aussi, ont plus familièrement la connaissance des écueils du Port et de la Rade; Parce qu'eux seuls en outre, possèdent cet art ignoré de presque tous les autres marins, et qui consiste de leur part, à bien manœuvrer les Bélandres.  

Malgré ce mémoire, adressé à l'assemblée nationale (dont sont extraits ces quelques §) c'était   à la Franchise (créée en 1170) qu'étaient dus les moyens par lesquels ce corps des Bélandriers était soutenu, mais comme le pilotage ,  Il a cessé avec elle le 11 nivôse an 3 (31 décembre 1794) abolie par l'impolitique et fatal décret de la Convention.  La Franchise de Dunkerque fut considérée, par les novateurs, comme une atteinte à l'égalité ;

Napoléon allait la rétablir, lorsque les désastres de 1815, vinrent arrêter les grands projets de complète restauration qu'avait conçus l'Empereur.

Le dernier doyen en charge, Jacques Pieters, rend définitivement ses comptes aux maire et officiers municipaux de la ville de Dunkerque, le 15 frimaire an III.  (5 décembre 1794)