DUNKERQUE le port franchisé : LE PILOTAGE VERITABLE INSTITUTION.

LE PILOTAGE A DUNKERQUE 

(au temps de la franchise).

Parmi les avantages que l'État et le commerce en général retiraient de la Franchise de Dunkerque(1170/1794), il faut compter encore une institution qui lui devait son existence , et qui, chaque jour, rendait les plus importants services à la marine marchande et à la marine militaire.

 Dans tous les ports il existe des pilotes qui servent de guide aux vaisseaux qui approchent de la côte ou vont leur porter les secours que leur état et les dangers de la mer peuvent exiger; partout l'existence de ces pilotes est regardée comme un bienfait.

Les négociants de Dunkerque, guidés par l'intérêt puissant qu'ils avaient à garantir, de tous dangers, leurs vaisseaux et ceux des nations qui venaient trafiquer dans leur port, n'avaient pas cru devoir se borner à encourager le pilotage , ils en avaient fait une institution , unique en Europe, et qui était l'objet de la reconnaissance des navigateurs.

Le pilotage, d'après un règlement fait par l'amirauté, formait une corporation composée d'un nombre déterminé de sujets les plus expérimentés dans la connaissance des bancs et des écueils dont les côtes de la Manche, le Pas-de-Calais, les rades de la Flandre et les mers du nord, sont remplies.

La corporation était divisée en deux brigades, dont l'une faisait  le service à terre, l'autre à la mer, et qui se relevaient tous les quinze jours.

Deux corvettes, solidement construites et bien entretenues, étaient employées exclusivement à ce service.

Une des deux corvettes était constamment en rade, dans toutes les saisons et par toutes sortes de temps ; elle était munie d'ancres , de câbles, de cordages de toutes dimensions, et de toute espèce de pièces de rechange.

A chaque marée, cette corvette se dirigeait de la rade au vent du port, afin d'offrir des pilotes aux capitaines des navires qu'elle apercevait.

Elle procurait des secours à ceux qui se trouvaient en danger dans les bancs et les écueils; elle les prenait à la remorque et les amenait à bon mouillage , ou les faisait entrer dans le port.

On conçoit quels devaient être les périls d'un service de cette nature, et trop souvent les braves qui s'y dévouaient périssaient victimes de leur courage et de leur humanité. Des pensions, dans ce cas, étaient assignées à leurs veuves, sur la caisse du pilotage.

La corvette de service fournissait encore aux navires de passage qui ne connaissaient pas les mers du nord ou les côtes de France ou d'Angleterre, des pilotes pour les diriger dans ces parages et les conduire même jusqu'à leur destination dans le fond de la Baltique ; elle leur procurait d'ailleurs tous les secours, en approvisionnements , dont ils avaient besoin.

Tous les objets dont la corvette était fournie à cet effet, étaient soigneusement et fréquemment visités; tout ce qui se détériorait était remplacé.

La corvette du pilotage faisait au surplus le service de chaloupe de santé, et se conformait aux mesures de prudence et de sûreté prescrites par une ordonnance de l'amirauté.

Enfin le pilotage de Dunkerque était encore éminemment utile aux vaisseaux de l'Etat, lorsqu'ils se rendaient dans les mers du Nord, soit en escadres , soit isolément , pour aller charger des mâtures, des bois de construction, des chanvres ou d'autres objets nécessaires au service des grands ports militaires.  

Cet utile établissement avait été créé et était entretenu au moyen d'une légère rétribution que payaient les navigateurs en raison de la capacité de leurs navires; et la grande quantité de bâtiments que la Franchise attirait à Dunkerque, rendait cette légère rétribution suffisante. C'était donc encore à la Franchise qu'étaient dus les bienfaits du pilotage ; mais la Franchise a été supprimée , le port est devenu désert, et cette institution utile dans la paix comme dans la guerre, utile aux vaisseaux de l'Etat comme à ceux du commerce ; cette institution admirée, bénie par tous les peuples a cessé d'exister.

(POUR VOIR LES SOURCES UTILISEES PAR DUNKERQUE ET SA REGION "dans l'ancien temps")