Dunkerque Organisation des FFI 1944
Les effectifs alliés sont étirés sur l’ensemble d’un front long de cinquante kilomètres. La poche de Dunkerque s’est stabilisée.
En octobre 1944 les derniers éléments de l’armée canadienne, qui viennent tout juste de faire tomber Calais, pressé d’atteindre au plus vite les côtes belges et de dégager l’estuaire de l’Escaut, contourne Dunkerque, laissant devant le camp retranché la brigade tchécoslovaque. D’autres éléments militaires vont donc se déployer autour de la forteresse de Dunkerque en remplacement de la 2ème Division d’infanterie canadienne.
Le 22 septembre 1944, le commandant français Edouard Dewulf, entré dans la résistance en 1942 dans le secteur de Dunkerque, reçoit le commandement de toutes les forces FFI du front dunkerquois.
Le lendemain, le 23 septembre 1944, le chef d’escadron français Raoul Lehagre est nommé par le commandant la 1ère Région militaire, le général Deligne, commandant de la zone territoriale de Dunkerque avec pour mission la structuration des divers groupes des Forces Françaises de l’Intérieur.
Une tâche difficile l’attend, celle de transformer en troupes régulières des francs-tireurs issus de la clandestinité qui ont, certes, brillé par leur audace, leur combativité, leur mépris du danger et qui sont animés d’une foi et d’un idéal, mais ne sont absolument pas préparés à des opérations de campagne et encore moins à la servitude et à la discipline de troupes régulières.
Selon l’ordonnance du Gouvernement Provisoire de la République Française, en date du 9 juin 1944, soit à peine trois jours après le débarquement des Alliés en Normandie, les FFI font partie intégrante de l’armée française et bénéficient de tous les droits et avantages reconnus aux militaires par les lois en vigueur.
En ce mois de septembre, pratiquement 1 200 combattants volontaires, de toutes opinions et de formations militaires assez hétérogènes, se virent donc proposer un engagement « pour la durée du siège de Dunkerque plus trente jours », ce qui constituait une formule inédite.
De toute façon, seules comptaient pour eux la participation à la libération de Dunkerque et la possibilité de reprendre, aussitôt après celle-ci, leurs occupations antérieures.
Si la très grande majorité de ces volontaires accepta de souscrire à cet engagement, il est à noter que certains jeunes s’engagèrent pour une plus longue durée, tandis qu’une minorité préféra décliner la proposition et rejoindre leurs familles.
Les volontaires, qui reçoivent une carte d’identité militaire, sont alors répartis en deux unités:
- le bataillon « Dunkerque », dirigé par le commandant Bienassis, qui regroupe des hommes de la région de Lille auxquels est adjointe une compagnie FFI de Cassel,
- le bataillon « Jean Bart », constitué majoritairement d’éléments locaux évacués de Dunkerque et commandé par Edouard Dewulf qui a autorité sur tous les FFI.
Du point de vue du commandement, la situation était devenue plus claire puisque les FFI dépendaient, à présent, d’un état-major français, lui-même en liaison avec celui des Alliés. De plus, l’arrivée progressive de renforts allégea petit à petit l’effort demandé aux résistants locaux, et les effectifs, répartis plus judicieusement, formèrent une ligne cohérente derrière le front, ce qui était loin d’être le cas jusqu’à présent.
Au début de siège, les armes des FFI étaient pour le moins hétéroclites : ils avaient du matériel de combat rudimentaire qu’ils conservaient depuis 1940 ; et celui qu’ils avaient récupérées sur les Allemands ; à cela s’ajoutèrent, petit à petit, les armes gracieusement offertes par les Canadiens, les Anglais et les Tchèques.
Les troupes françaises de libération sont d’abord composées de résistants originaires de la « poche ». Placés sous le commandement d’Édouard Dewulf, alias le capitaine Bourgeois, chef de secteur des mouvements de résistance, ces hommes sont très mal équipés.
Ils portent parfois un simple brassard tricolore pour uniforme et s’arment en récupérant le matériel des soldats allemands lorsqu’ils sont faits prisonniers aux abords de la poche. Ces premiers combattants sont renforcés par des patriotes venus de tout le Nord - Pas-de-Calais alors libéré.
Le chef d’escadrons Lehagre nommé commandant de la zone territoriale de Dunkerque, installe ses quartiers à Wormhout et organise les FFI en deux bataillons : le bataillon « Jean-Bart », que dirige le commandant Dewulf, est composé de 380 résistants locaux et le bataillon « Dunkerque » qui rassemble des résistants venus de Lille ou de la région sous le commandement de Pierre Biennassis.
Les deux bataillons FFI réunissent bientôt 1 200 hommes. . le 1er novembre 1944, les formations FFI sont dissoutes et leurs combattants contractent un engagement dans les armées régulières pour la durée de la guerre. En janvier 1945, ils deviennent les bataillons du 51 e RI et fournissent l’infanterie nécessaire au dispositif allié.
Le bataillon Jean Bart devient :
IV/51e RI (ex-II/110e RI régiment de Dunkerque), Cdt Edouard Dewulf, Cdt François Obin
CC, Slt Bicaert
1e cie, Ltn Jean Vichery
2e cie, Ltn Lancel
3e cie, Cdt Michel Hochart, 22 ans
4e cie, Ltn Leschawe
5e cie, Cne Edouard Verkindere
Le front de Dunkerque connaît pendant des mois une guerre d’accrochages dans le froid et dans la boue, ponctuée de duels d’artillerie et de bombardements. Les conditions de vie sont difficiles aussi bien pour les assiégeants que pour les assiégés.
les civils souffrent de la faim et s’organisent pour obtenir des renseignements venus de l’extérieur.
L’amiral allemand commandant la Festung fait régner une discipline de fer parmi sa troupe et fait pendre les déserteurs. Les communications avec l’Allemagne sont maintenues grâce à la radio et des sous-marins de poche.
Au total, 120 Français et 170 Britanniques perdent la vie à l’occasion de ce siège.
Extraits:
Réseau canopé.
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