LA PECHE A PIED: LA PECHEUSE DE CREVETTES.

 

La pêche à pied
L’épouse du pêcheur communément appelée : matelote   pratique la pêche à pied.  
Celle-ci est à tour de rôle :

 Pêcheuse de crevettes

Lorsque l'époque des plus grandes gelées est passée, bien avant que le soleil ait chauffé l'air et l'eau, vers la fin de Février ou au commencement de Mars, la plage   commence à s'animer à marée basse par le passage   de femmes qui vont pêcher des crevettes.

 L'indispensable mouchoir de laine sur la tête, un vêtement imperméable, un ciré, la couvrant jusqu'au bas des hanches, une de grosse toile grise, des bas de laine dont l'extrémité inférieure coupée laisse le pied nu : voilà le vêtement qu'on voit. En dessous du ciré, une courte chemise de laine, un corsage chaud et, sur la poitrine, en dessous du ciré également, un paquet renfermant un morceau de pain sec : voilà le vêtement de dessous.

Sur le dos une grande manne en osier retenue par deux cordes   et dans cette manne un panier dont le fonds est formé de gros osiers assez espacés.

Placé en travers de la manne ou porté sur l'épaule on voit l'instrument de travail : c'est un grand filet dont la forme est celle du sommet d'une pyramide triangulaire coupée. Ce filet se rattache à deux pièces de bois, l'une transversale tenant un des côtés du filet ouvert s'appelle l'estier, l'autre, plantée perpendiculairement au milieu de la première, s'appuyant par l'autre extrémité sur une pièce de bois creusée en son milieu, permettant de pousser le filet sans abîmer la poitrine, s'appelle le bâton. Vers le milieu du bâton se fixent les deux côtés libres du triangle formé par l'ouverture du filet. La pièce de bois qui protège la poitrine et dans laquelle s'engage le bâton s'appelle meulette.

Le poids du filet et des bâtons varie suivant la taille de l'instrument. Il est en moyenne de dix kilos. La manne et le petit panier pèsent environ deux kilos.

La pêcheuse de crevettes commence son métier à tout âge. Il en est qui débutent à quinze ans, lorsque la taille est suffisamment élevée pour suivre le groupe des femmes dans l'eau. D'autres débutent à vingt-cinq et trente ans. La   pêcheuse de crevettes ne cesse son métier que lorsque les infirmités ou une trop nombreuse famille la retient à la maison. 

La pêche aux crevettes n'est guère réellement fructueuse que jusque fin Juillet. A partir de cette époque les crevettes deviennent rares et le peu de bénéfice à retirer de cette pénible profession, entraîne beaucoup de femmes à aller travailler aux champs.

  Pour pêcher les crevettes il faut choisir le moment propice où la marée va cesser de descendre, et sortir de l'eau lorsqu'elle commence à monter. En général les pêcheuses de crevettes restent une heure à une heure et demie dans l'eau. Pour arriver à l'endroit favorable, elles parcourent équipées et chargées comme nous l'avons vu, un trajet de trois kilomètres environ tant à l'aller qu'au retour.

 La pêcheuse s'habille, mange à son appétit et met dans son vêtement un gros morceau de pain sec. Elle part, chargée de ses agrès qui représentent un poids moyen de douze kilos. Après avoir fait trois kilomètres d'un pas rapide, précipité, elle arrive au bord de l'eau. Elle monte alors son filet, c'est-à-dire fixe son bâton au milieu de l'estier, l'engage dans la meulette et entre dans l'eau, pour y rester plongée jusqu'à la taille et parfois jusqu'aux aisselles, pendant une heure et demie. Durant tout ce temps, elle pousse son filet contre le courant. La marche, déjà rendue pénible par le poids de l'eau, rend plus pénible encore l'effort fait pour pousser le filet. Toutes les cinq à six minutes, la pêcheuse relève son filet, en vide le contenu dans le panier à fonds de gros osiers qui laissera retomber à la mer les plus petites crevettes. Puis, rejetant dans la manne le contenu du panier, elle l'y remet et recommence à pousser son filet.  

 

 Le rôle du vêtement imperméable est, étant donné en général que les pêcheuses n'entrent dans l'eau que jusqu'à la taille, de protéger le buste contre les vagues qui viendraient mouiller les vêtements chauds .

Mais la mer monte, il est temps de partir. La pêcheuse sort de l'eau, démonte son filet, et reprenant sa charge de douze kilos augmentée du poids de l'eau retenue par le filet, par les vêtements, par la manne, du poids du produit de la pêche, elle va refaire les trois kilomètres pour rentrer chez elle. Et au retour, si la bise du nord était froide à l'aller, elle mordra bien plus âprement encore ces membres trempés par l'eau de mer. Ici encore le remède est à côté du mal. En faisant évaporer l'eau rapidement, le vent fait déposer à la surface de la peau une mince couche de sel qui, en la sinapisant, permet à la peau de garder une certaine chaleur par la suractivité de la circulation du sang.

En rentrant chez elle, la pêcheuse se déshabille rapidement, met du linge sec, fait sécher ses vêtements de travail et alors, si elle le peut, si elle n'est pas retenue par une famille nombreuse ou des occupations domestiques, «elle fait cuire ses crevettes et va de maison en maison les vendre au détail. Sinon elle les porte vivantes à la revendeuse qui les lui achète

Si les marées sont propices, elle recommence ce dur métier la nuit suivante.

Et ce métier, si pénible au début, lorsque la fraîcheur de l'air le dispute à la froidure de l'eau, ne subira pas d'autre interruption que le mauvais état de la mer. Seule la tempête arrête ces femmes.  

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