LA PECHE A PIED LA PECHEUSE A LA COTE
L’épouse du pêcheur communément appelée : matelote pratique la pêche à pied.
Il ne s'agit plus de femmes jeunes qui vont demander à la mer le pain des enfants : il s'agit surtout de femmes âgées qui vont à la place de maris infirmes pêcher à la côte.
Le littoral de nos plages était partagé par les soins de l'administration de la marine en une série de places de pêches où de vieux marins peuvent tendre des filets pour pêcher à la côte. Ces filets sont orientés pour prendre dans le filet verticalement tendu entre eux le poisson attardé dans les bâches. Entré librement à marée haute, le poisson est emprisonné lorsque l'eau baisse et ne peut sortir que par un courant que barre le filet. Fréquemment ce sont des femmes qui seules ou accompagnant un mari qui ne peut plus suffire au travail, vont tendre ces filets, réparer les dégâts que la mer y a fait et recueillir la maigre récolte que produit cette pêche.
Chaudement vêtue, sur le corps, mais les pieds le plus souvent nus dans de vieux souliers, à travers les bâches, Elle a sous le bras ce pâlot, cette bêche à petit fer carré, à poignée bien formée avec laquelle elle fit ses campagnes de vérotière. Sur le dos, cette manne qu'elle porte est celle dans laquelle elle mettait ses crevettes. Aujourd'hui, elle y met ses filets de rechange, ses cordes, et tout à l'heure elle y mettra les poissons. Ce n'est pas tout rose qu'aller la nuit, tôt ou tard visiter ses filets à marée basse. Il est quelquefois bien dur à relever et à refixer ce bâton que la mer a démoli, et le sable mouillé est bien lourd à cet âge. Mais la matelote est attirée vers la mer comme le papillon vers la lanterne qui brille dans la nuit, et les quelques sous que lui rapportera sa pêche lui permettront un peu de bien-être, à moins que la récolte ne soit si maigre qu'elle ne puisse être vendue. Alors, ce sera un bon repas que ce poisson vivant bouilli avec des pommes de terre dans de l'eau bien salée. Et cette femme pour laquelle l'heure du repos semble avoir sonné fait encore avec un âpre plaisir, un métier qui effraierait bien des jeunes. Si les enfants mariés, dispersés, ne sont plus là pour bénéficier de sa petite pêche, ce sera un petit malade, ou quelques petits enfants qui en auront une douceur ou un bon repas.
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