LES CORSAIRES ENFANTS DE DUNKERQUE "JEAN BAPTISTE CHARLES ROYER"
Jean-Baptiste-Charles
Royer
Il est né le 22 juillet 1746, à Dunkerque.
De Jean Royer 1720/ né à Vaucoulleurs et d’Anne Van Haverbeke née à Dunkerque
Il épousa Claire Félicité Broucke (1757/ ) à Dunkerque le 9 avril 1777.
Il eurent :
- Jean Baptiste 1778/1780
- Louis Jean 1779/
Il décéda en mer le 2 mai 1780.
De Jean Royer 1720/ né à Vaucoulleurs et d’Anne Van Haverbeke née à Dunkerque
Il épousa Claire Félicité Broucke (1757/ ) à Dunkerque le 9 avril 1777.
Il eurent :
- Jean Baptiste 1778/1780
- Louis Jean 1779/
Il décéda en mer le 2 mai 1780.
Il avait pris la mer pour la première fois le 21 novembre 1764, en qualité de mousse sur le « St-Antoine », qui faisait le voyage du Cap Français. (Aujourd’hui Haïti).
Successivement novice, matelot, second-maître, pilote, il demanda, en mai 1772, l'exemption d'une campagne et de seize jours qui lui manquaient sur une autre, pour pouvoir se faire recevoir capitaine de navire.
Le 24/7/1778, l'amiral signe la première commission en guerre délivrée pour le port de Dunkerque : elle est au nom de Royer qui la reçoit le 27, la fait immédiatement enregistrer au greffe de l'Amirauté.
Le même jour J-B-C Royer sortit du port, et quitta la rade le lendemain, pour accomplir sa première croisière en course.
Il débuta en prenant deux charbonniers anglais, la Peggy et le Jean-et-Guillaume, qui se rendaient à Tervueren et à Amsterdam.
Le 8/8/1778 il prit un brigantin, également chargé de charbon, la Providence, en route pour Flessingue. Il accompagna ses trois prises au port d'Ostende.
Un armateur de Dunkerque Louis Marchand, lui donna d’autres moyens moyens eu armant pour lui le cotre « le Commandant ».
Ce bâtiment jaugeant 100 tonneaux, reçut 12 canons, 12 pierriers, et fut équipé de 73 hommes d’équipage.
Le 4/1/1779 il quitte Dunkerque.
Le13/1/1779 il prend un dogre, « l'Échappé », allant de Dunbar à Londres avec une cargaison de homards vivants.
La nuit du 18 au 19, près de la tête de Flamborough, il découvre une flotte de 50 navires marchands, et se prépare à en aborder un, lorsque son beaupré casse, si bien qu'au jour c'est lui qui se trouve poursuivi par neuf navires de 10, 8 et 6 canons de 9 ; après 4 heures de canonnade, chacun se retire de son côté.
Le 20, à une lieue et demie du fort de Welleby, il tâche de couper l'arrière-garde d'une autre flotte marchande de 40 voiles, faisant route au Nord ; un corsaire anglais le chasse ; il force de voiles pour s'éloigner, quand survient un calme subit. L'Anglais profite d'un petit frais pour le joindre, et bien que son ennemi porte 22 canons de 9, Royer cargue sa grand-voile et se prépare au combat.
La lutte dure de 9 heures du matin à 5 heures du soir ; les deux adversaires s'envoient leurs bordées à portée de pistolet, et s'endommagent sérieusement. « Le Commandant » compte 6 blessés, dont 3 dangereusement. Une saute de vent et l'approche de la nuit lui permettent de mettre toutes voiles/dehors, et de s'échapper.
Le 24/1/1779, il rançonne un pêcheur, la Sally, d'où, conformément aux ordres du roi, il enlève les armes et munitions, soit 2 pierriers, une caisse de gargousses et de grappes de raisin.
A ses côtés est le Calonne, la frégate commandée par Godde ; les deux capitaines conviennent de croiser de compagnie; ils restent à terre en attendant un vent propice.
Godde et Royer peuvent enfin prendre le large le. 23 février.
Le 27/2/1779, Royer envoie L,-N. Kampinck, un de ses lieutenants, amariner un brigantin de Middelbourg, « le Goût »,
Le 28/2/1779 les deux capitaines prennent encore un sloop, le Packet-de-Middelhourg
En rade, Godde et Royer, trouvent Trosse, commandant « le Frelon », et J.-F. Le Clerc, commandant « la Fleur-de-Mer ». Tous quatre font un accord pour croiser en société, conviennent de leurs signaux, et mettent à la voile. L'équipage de Royer se monte à ce moment à 68 hommes.
Le 3/3/1779 ils ont connaissance d'une caïche, non loin de Westcappel, Son adversaire est redoutable : c'est l'Alouette, de Folkestone, porteur d'une commission en guerre contre les Américains, jaugeant 180 tonneaux, armé de 16 canons de 4 en batterie et de 6 pierriers M ; il est équipé de 42 hommes. II venait de Flessingue avec une cargaison de genièvre et de thé. Le combat dure cinq heures. L'ennemi, se décide à amener. La prise est conduite à Dunkerque
La bravoure de Royer commençait à le désigner à l'attention, et la récompense ne se fit pas attendre.
Le 27/3/1779, le ministre Sartine écrivit au Commissaire de la Marine à Dunkerque : « Sur le compte que j'ai rendu au Roi, Monsieur, de la bravoure du sieur Royer, capitaine du corsaire le Commandant-de-Dunkerque, Sa Majesté lui a fait don d'une épée que je vous ferai passer incessamment et que vous lui remettrez. Comme il paroit par des nouvelles d'Angleterre que le sieur Trosse, commandant « le Frelon », à qui le Roi a accordé une pareille épée, a été tué dans le combat qu'il a soutenu, vous pourriez donner l'épée qui lui est destinée au sieur Royer, et vous garderez celle que je vous ferai passer pour la remettre à la famille du sieur Trosse, ou pour me la renvoyer si elle ne la réclame pas ».
Louis Marchand avait racheté le Commandant pour un nouvel armement. Il le munit de 18 canons de 4 et de 6, de 87 hommes d'équipage, et le confia une seconde fois à Royer.
Royer reprit pour second Antoine Verecke;
Royer quitte la rade le 15 juillet, en compagnie de Cornil Bart, commandant « le Necker », et de Morel, commandant la Dunkerquoise.
Le 17/7/1779, par le travers de Yarmouth, il aperçoit sept voiles et fait le signal convenu à Bart et à Morel, qui cependant continuent leur route au Nord. Resté seul, il fond sur la petite flotte, engage un combat qui dure quatre heures, et, après amarine cinq de ses adversaires.
Il peut poursuivre le sixième, armé de 6 à 8 canons, et qui s'est vigoureusement défendu, non plus que le septième, qui s'est réfugié trop près de terre. Tous ces navires sont des charbonniers ; Royer les conduit à Dunkerque où il entre le 20 juillet ;
Le 3/8/1779 Royer quitte sa relâche, en compagnie de Villeneuve, commandant le « Chaulieu », de Lefebvre, commandant « la Comtesse d'Artois », et de Blanckeman, commandant « la Comtesse-de-Provence ». Le 4 et le 5, l'escadrille s'empare, après combat, de neuf charbonniers, sur le chemin du retour, une frégate, un brigantin et deux caïches ennemis les forcent à lâcher prise ;
Villeneuve et Royer reviennent à Dunkerque le 10.
Le 24/8/1779 J-B-C Royer quitte Dunkerque pour une course de trois mois
Le 6/11/1779, Royer il est de retour. Cette course de trois mois a produisait un beau bénéfice.
Mais avant toutes choses, elle révélait un marin de la meilleure race, un de ces hommes d'une intrépidité à toute épreuve, d'une énergie indomptable, d'un admirable sang-froid et d'une habileté consommée comme l'histoire de Dunkerque en citait déjà beaucoup.
Entré dans la mer d'Irlande par le canal de Bristol, Royer en était sorti par le Nord, après avoir audacieusement cueilli au fur et à mesure les navires à l'ancre dans les baies de la côte, tenant la population en respect, et n'hésitant jamais à combattre, même .contre plus fort que lui.
Le roi le récompensa cette fois en lui octroyant un brevet de lieutenant de frégate en pied.
Le 5/4/1780, une animation inaccoutumée régnait à Dunkerque. Pour la première fois depuis les hostilités, on ressuscitait la tradition de la grande guerre de course: un armement de corsaires de fort tonnage, et en escadre, allait prendre la mer
En fait, l'expédition avait été suggérée par un mémoire de l'intendant de Calonne ; elle devait croiser dans les environs du Sundau débouché de la Baltique.
Au début du mois de janvier 1780, Royer était allé à Paris demander l'autorisation de commander le Tartare, un corsaire de 20 canons. Le capitaine que l'intendant de Calonne avait demandé à la Chambre de Commerce de lui désigner, au début des hostilités, s'était désigné de lui-même par ses actions d'éclat.
Il parut digne de recommencer la tactique des grands corsaires, la guerre de course par escadres, continuée sans interruption depuis Pannetié jusqu'en 1713, par Jean Bart, Forbin, le chevalier de Sl-Pol, Tourouvre, de Pointis et Cornil Saus, puis par Thurot pendant la Guerre de Sept Ans. Le gouvernement, depuis que la guerre d'Amérique était déclarée, n'avait pas armé d'escadre corsaire à Dunkerque, bien qu'il en eût le désir, parce que l'homme qui devait la commander lui faisait défaut : il s'y décida lorsque Royer se fut révélé.
C'est ainsi que Royer qui avait commencé modestement sa carrière sur un petit cotre au début de la guerre, se trouva dix-huit mois plus tard commander en chef trois frégates, le « Rohan-Soubise » et « le Robecq », armées à Dunkerque, « le Calonne », armée au Havre, et pour leur servir de découvertes, deux caïches, « l'Alexandrine », armée à Dunkerque, et le « Jackall », armé à Calais.
Il commandait en personne, avec Castagnier pour second, « le Rohan-Soubise » de 400 tonneaux, l'équipage s'élevait à 203 hommes, y compris un détachement du régiment de Rouergue.
« Le Robecq » commandé par François Ducoroy, était de même force, et avait un équipage, de 198 hommes, comprenait un détachement de 41 hommes du régiment de Chartres.
« Le Calonne », de 400 tonneaux, avait un équipage de 200 hommes.
« L'Alexandrine », capitaine François Hauchecorne, jaugeait 80 tonneaux et avait 75 hommes d'équipage.
« le Jackall », armé à Calais, et son capitaine, Thomas-Pierre Fourmentel.
A peine l'escadre a-t-elle mis à la voile, que Royer distingue deux frégates anglaises de 22 à 24 canons, et trois caïches, l'une de 14, les deux autres de 20 canons, qui font voile sur lui. Sans hésiter, il se parer au combat.
Quand il est à portée de canon il hisse son pavillon et lâche sa bordée sur le commandant ennemi. Mais tandis que le Robecq, l'Alexandrine et le Jackall se hâtent pour venir à son aide, il voit avec étonnement le Calonne virer de bord et arriver vent arrière.
La canonnade continue sans interruption jusqu'à ce que l'ennemi gagne le large. Le Rohan-Soubise ne peut le poursuivre, Il continue sa route sur Dunkerque, et mouille à la rade à quatre heures.
Son pilote déposa qu'il avait « admiré la bravoure du capitaine Royer qui, s'étant déterminé à attendre les Anglais, se trouvait exposé à essuyer seul, et le premier, le premier feu des deux frégates ».
Le Calonne rallia Dunkerque le surlendemain.
Le Rohan-Soubise réparé on se remet en mer le 25 avril.
Ce même jour, le gros temps et la brume séparent de l'escadre le Jackall et l'Alexandrine.
Le 27/4/1780 les frégates découvrent une flotte de 15 voiles convoyées par une frégate de guerre, le Jason. Royer et Ducoroy poursuivent les plus gros navires du convoi ; le premier seul parvient à amariner un brigantin
Le 30/4/1780 les corsaires sont à sept lieues environ de la pointe de Flamborough. Ils aperçoivent le long de terre une flotte de dix bâtiments marchands; et au large quatre voiles qui portent sur eux, et commencent à leur tirer des coups de canon. Elles sont de force supérieure. Royer fait mettre sur le même bord qu'elles, et prend chasse. A midi Après plusieurs heures le feu devient très vif de part et d'autre. Après plusieurs volées, l'assaillant du Robecq abandonne la lutte ; ceux du Calonne en font autant. La plus forte des frégates anglaises, de beaucoup supérieure au Rohan-Soubise, reste seule aux prises avec lui, et le combat avec acharnement pendant deux heures et demie à une demi portée de pistolet.
A six heures du soir, le Rohan-Soubise a vingt-six hommes hors de combat, dont cinq tués. Royer a reçu une terrible blessure, un coup de pierrier au haut de la cuisse.
Par suite de la blessure de Royer, Castagnier le remplace dans le commandement du Rohan-Soubise ;
Le 5/5/1780 on procéda aux funérailles de Royer Thiéry, curé de Saint-Eloi, chanta pour le repos de son âme le service solennel de la cloche «Jésus ». On l'inhuma ensuite au cimetière Saint-Eloi, et ce fut le vicaire Simon Doens, le même qui l'avait baptisé trente-quatre ans plus tôt, qui récita sur sa tombe les dernières prières.
Faulconnier composa son épitaphe:
Sous ce marbre immobile est le brave Royer ; il a reçu la mort des mains de la Victoire : Aujourd'hui le cyprès croît auprès du laurier. Et ne fait qu'ajouter au progrès de sa gloire. Il est, et pour jamais, dans le sein du repos ; Mais s'il vécut assez pour maîtriser l'envie, Et mériter la palme et le prix des héros, II a vécu trop peu pour servir sa patrie».
Le13/1/1779 il prend un dogre, « l'Échappé », allant de Dunbar à Londres avec une cargaison de homards vivants.
La nuit du 18 au 19, près de la tête de Flamborough, il découvre une flotte de 50 navires marchands, et se prépare à en aborder un, lorsque son beaupré casse, si bien qu'au jour c'est lui qui se trouve poursuivi par neuf navires de 10, 8 et 6 canons de 9 ; après 4 heures de canonnade, chacun se retire de son côté.
Le 20, à une lieue et demie du fort de Welleby, il tâche de couper l'arrière-garde d'une autre flotte marchande de 40 voiles, faisant route au Nord ; un corsaire anglais le chasse ; il force de voiles pour s'éloigner, quand survient un calme subit. L'Anglais profite d'un petit frais pour le joindre, et bien que son ennemi porte 22 canons de 9, Royer cargue sa grand-voile et se prépare au combat.
La lutte dure de 9 heures du matin à 5 heures du soir ; les deux adversaires s'envoient leurs bordées à portée de pistolet, et s'endommagent sérieusement. « Le Commandant » compte 6 blessés, dont 3 dangereusement. Une saute de vent et l'approche de la nuit lui permettent de mettre toutes voiles/dehors, et de s'échapper.
Le 24/1/1779, il rançonne un pêcheur, la Sally, d'où, conformément aux ordres du roi, il enlève les armes et munitions, soit 2 pierriers, une caisse de gargousses et de grappes de raisin.
A ses côtés est le Calonne, la frégate commandée par Godde ; les deux capitaines conviennent de croiser de compagnie; ils restent à terre en attendant un vent propice.
Godde et Royer peuvent enfin prendre le large le. 23 février.
Le 27/2/1779, Royer envoie L,-N. Kampinck, un de ses lieutenants, amariner un brigantin de Middelbourg, « le Goût »,
Le 28/2/1779 les deux capitaines prennent encore un sloop, le Packet-de-Middelhourg
En rade, Godde et Royer, trouvent Trosse, commandant « le Frelon », et J.-F. Le Clerc, commandant « la Fleur-de-Mer ». Tous quatre font un accord pour croiser en société, conviennent de leurs signaux, et mettent à la voile. L'équipage de Royer se monte à ce moment à 68 hommes.
Le 3/3/1779 ils ont connaissance d'une caïche, non loin de Westcappel, Son adversaire est redoutable : c'est l'Alouette, de Folkestone, porteur d'une commission en guerre contre les Américains, jaugeant 180 tonneaux, armé de 16 canons de 4 en batterie et de 6 pierriers M ; il est équipé de 42 hommes. II venait de Flessingue avec une cargaison de genièvre et de thé. Le combat dure cinq heures. L'ennemi, se décide à amener. La prise est conduite à Dunkerque
La bravoure de Royer commençait à le désigner à l'attention, et la récompense ne se fit pas attendre.
Le 27/3/1779, le ministre Sartine écrivit au Commissaire de la Marine à Dunkerque : « Sur le compte que j'ai rendu au Roi, Monsieur, de la bravoure du sieur Royer, capitaine du corsaire le Commandant-de-Dunkerque, Sa Majesté lui a fait don d'une épée que je vous ferai passer incessamment et que vous lui remettrez. Comme il paroit par des nouvelles d'Angleterre que le sieur Trosse, commandant « le Frelon », à qui le Roi a accordé une pareille épée, a été tué dans le combat qu'il a soutenu, vous pourriez donner l'épée qui lui est destinée au sieur Royer, et vous garderez celle que je vous ferai passer pour la remettre à la famille du sieur Trosse, ou pour me la renvoyer si elle ne la réclame pas ».
Louis Marchand avait racheté le Commandant pour un nouvel armement. Il le munit de 18 canons de 4 et de 6, de 87 hommes d'équipage, et le confia une seconde fois à Royer.
Royer reprit pour second Antoine Verecke;
Royer quitte la rade le 15 juillet, en compagnie de Cornil Bart, commandant « le Necker », et de Morel, commandant la Dunkerquoise.
Le 17/7/1779, par le travers de Yarmouth, il aperçoit sept voiles et fait le signal convenu à Bart et à Morel, qui cependant continuent leur route au Nord. Resté seul, il fond sur la petite flotte, engage un combat qui dure quatre heures, et, après amarine cinq de ses adversaires.
Il peut poursuivre le sixième, armé de 6 à 8 canons, et qui s'est vigoureusement défendu, non plus que le septième, qui s'est réfugié trop près de terre. Tous ces navires sont des charbonniers ; Royer les conduit à Dunkerque où il entre le 20 juillet ;
Le 3/8/1779 Royer quitte sa relâche, en compagnie de Villeneuve, commandant le « Chaulieu », de Lefebvre, commandant « la Comtesse d'Artois », et de Blanckeman, commandant « la Comtesse-de-Provence ». Le 4 et le 5, l'escadrille s'empare, après combat, de neuf charbonniers, sur le chemin du retour, une frégate, un brigantin et deux caïches ennemis les forcent à lâcher prise ;
Villeneuve et Royer reviennent à Dunkerque le 10.
Le 24/8/1779 J-B-C Royer quitte Dunkerque pour une course de trois mois
Le 6/11/1779, Royer il est de retour. Cette course de trois mois a produisait un beau bénéfice.
Mais avant toutes choses, elle révélait un marin de la meilleure race, un de ces hommes d'une intrépidité à toute épreuve, d'une énergie indomptable, d'un admirable sang-froid et d'une habileté consommée comme l'histoire de Dunkerque en citait déjà beaucoup.
Entré dans la mer d'Irlande par le canal de Bristol, Royer en était sorti par le Nord, après avoir audacieusement cueilli au fur et à mesure les navires à l'ancre dans les baies de la côte, tenant la population en respect, et n'hésitant jamais à combattre, même .contre plus fort que lui.
Le roi le récompensa cette fois en lui octroyant un brevet de lieutenant de frégate en pied.
Le 5/4/1780, une animation inaccoutumée régnait à Dunkerque. Pour la première fois depuis les hostilités, on ressuscitait la tradition de la grande guerre de course: un armement de corsaires de fort tonnage, et en escadre, allait prendre la mer
En fait, l'expédition avait été suggérée par un mémoire de l'intendant de Calonne ; elle devait croiser dans les environs du Sundau débouché de la Baltique.
Au début du mois de janvier 1780, Royer était allé à Paris demander l'autorisation de commander le Tartare, un corsaire de 20 canons. Le capitaine que l'intendant de Calonne avait demandé à la Chambre de Commerce de lui désigner, au début des hostilités, s'était désigné de lui-même par ses actions d'éclat.
Il parut digne de recommencer la tactique des grands corsaires, la guerre de course par escadres, continuée sans interruption depuis Pannetié jusqu'en 1713, par Jean Bart, Forbin, le chevalier de Sl-Pol, Tourouvre, de Pointis et Cornil Saus, puis par Thurot pendant la Guerre de Sept Ans. Le gouvernement, depuis que la guerre d'Amérique était déclarée, n'avait pas armé d'escadre corsaire à Dunkerque, bien qu'il en eût le désir, parce que l'homme qui devait la commander lui faisait défaut : il s'y décida lorsque Royer se fut révélé.
C'est ainsi que Royer qui avait commencé modestement sa carrière sur un petit cotre au début de la guerre, se trouva dix-huit mois plus tard commander en chef trois frégates, le « Rohan-Soubise » et « le Robecq », armées à Dunkerque, « le Calonne », armée au Havre, et pour leur servir de découvertes, deux caïches, « l'Alexandrine », armée à Dunkerque, et le « Jackall », armé à Calais.
Il commandait en personne, avec Castagnier pour second, « le Rohan-Soubise » de 400 tonneaux, l'équipage s'élevait à 203 hommes, y compris un détachement du régiment de Rouergue.
« Le Robecq » commandé par François Ducoroy, était de même force, et avait un équipage, de 198 hommes, comprenait un détachement de 41 hommes du régiment de Chartres.
« Le Calonne », de 400 tonneaux, avait un équipage de 200 hommes.
« L'Alexandrine », capitaine François Hauchecorne, jaugeait 80 tonneaux et avait 75 hommes d'équipage.
« le Jackall », armé à Calais, et son capitaine, Thomas-Pierre Fourmentel.
A peine l'escadre a-t-elle mis à la voile, que Royer distingue deux frégates anglaises de 22 à 24 canons, et trois caïches, l'une de 14, les deux autres de 20 canons, qui font voile sur lui. Sans hésiter, il se parer au combat.
Quand il est à portée de canon il hisse son pavillon et lâche sa bordée sur le commandant ennemi. Mais tandis que le Robecq, l'Alexandrine et le Jackall se hâtent pour venir à son aide, il voit avec étonnement le Calonne virer de bord et arriver vent arrière.
La canonnade continue sans interruption jusqu'à ce que l'ennemi gagne le large. Le Rohan-Soubise ne peut le poursuivre, Il continue sa route sur Dunkerque, et mouille à la rade à quatre heures.
Son pilote déposa qu'il avait « admiré la bravoure du capitaine Royer qui, s'étant déterminé à attendre les Anglais, se trouvait exposé à essuyer seul, et le premier, le premier feu des deux frégates ».
Le Calonne rallia Dunkerque le surlendemain.
Le Rohan-Soubise réparé on se remet en mer le 25 avril.
Ce même jour, le gros temps et la brume séparent de l'escadre le Jackall et l'Alexandrine.
Le 27/4/1780 les frégates découvrent une flotte de 15 voiles convoyées par une frégate de guerre, le Jason. Royer et Ducoroy poursuivent les plus gros navires du convoi ; le premier seul parvient à amariner un brigantin
Le 30/4/1780 les corsaires sont à sept lieues environ de la pointe de Flamborough. Ils aperçoivent le long de terre une flotte de dix bâtiments marchands; et au large quatre voiles qui portent sur eux, et commencent à leur tirer des coups de canon. Elles sont de force supérieure. Royer fait mettre sur le même bord qu'elles, et prend chasse. A midi Après plusieurs heures le feu devient très vif de part et d'autre. Après plusieurs volées, l'assaillant du Robecq abandonne la lutte ; ceux du Calonne en font autant. La plus forte des frégates anglaises, de beaucoup supérieure au Rohan-Soubise, reste seule aux prises avec lui, et le combat avec acharnement pendant deux heures et demie à une demi portée de pistolet.
A six heures du soir, le Rohan-Soubise a vingt-six hommes hors de combat, dont cinq tués. Royer a reçu une terrible blessure, un coup de pierrier au haut de la cuisse.
Par suite de la blessure de Royer, Castagnier le remplace dans le commandement du Rohan-Soubise ;
Le 5/5/1780 on procéda aux funérailles de Royer Thiéry, curé de Saint-Eloi, chanta pour le repos de son âme le service solennel de la cloche «Jésus ». On l'inhuma ensuite au cimetière Saint-Eloi, et ce fut le vicaire Simon Doens, le même qui l'avait baptisé trente-quatre ans plus tôt, qui récita sur sa tombe les dernières prières.
Faulconnier composa son épitaphe:
Sous ce marbre immobile est le brave Royer ; il a reçu la mort des mains de la Victoire : Aujourd'hui le cyprès croît auprès du laurier. Et ne fait qu'ajouter au progrès de sa gloire. Il est, et pour jamais, dans le sein du repos ; Mais s'il vécut assez pour maîtriser l'envie, Et mériter la palme et le prix des héros, II a vécu trop peu pour servir sa patrie».
La ville de Dunkerque
a honoré sa mémoire en donnant son- nom à une rue.
Commentaires