Évacuation des Habitants en 1944.

 

Évacuation des Habitants de « Dunkerque et sa région » en 1944.
A l'aube de 1944 la création d'un « second front » et l'éventualité d'un débarquement allié sur nos côtes passèrent au premier rang des probabilités. Les autorités allemandes se rendirent compte qu'il devenait urgent d'évacuer de la région de Dunkerque la plus grand nombre possible de « bouches inutiles» qu'en cas d'interruption des communications il serait difficile de ravitailler. Une évacuation massive aurait de plus pour résultat de débarrasser Dunkerque des éléments hostiles qui ne cessaient de croître en force et en audace.
Dès janvier, M. Caries, préfet régional, fut informé qu’une évacuation obligatoire de la population de certaines communes de l'arrondissement de Dunkerque et de la côte du Pas-de-Calais avait été décidée.
Les inutiles, les enfants et adolescents jusqu'à 21 ans, les femmes et les vieillards devaient être envoyés dans l'Aube ou la Côte-d'Or. La mesure envisagée portait, sur environ 40.000 personnes. Seules les administrations municipales et départementales, les services des eaux, du gaz, de l'électricité, de la police, des pompiers et de la défense passive, les médecins, les cultivateurs et les industriels travaillant pour l'Allemagne pouvaient demeurer sur place.
Le 10 février, des instructions précises parvinrent à la sous-préfecture. L'évacuation devait naturellement commencer par Dunkerque. Elle se poursuivrait dans les communes moyennes pour se terminer dans les villages.
L'ordre de départ devait être exécuté dans les quarante-huit heures. Le voyage aurait lieu par voie ferrée pour les « départements de correspondance » et par autobus pour les enfants envoyés dans l'Avesnois. Chaque évacué ne pouvait emporter que 50 kilogrammes de bagages. Bien que les administrations eussent freiné, autant qu'elles le pouvaient, l'application de ces mesures, il fallut se décider, le 17 février, au cours d'une conférence tenue à la Mairie de Dunkerque, à déclarer que « la Préfecture, la Presse, la Chambre de commerce, l'Enregistrement, les banques, les Contributions, le Tribunal, la prison, les collèges, les hospices, les officiers ministériels et hommes de loi » seraient tenus de quitter la cité. Les Allemands ordonnèrent la fermeture de la plupart des commerces, sauf de quatre restaurants et de deux cafés, qui leur étaient probablement particulièrement chers, et qu'ils désignèrent nommément. Ils voulaient bien, enfin, consentir au repli de l'ensemble des administrations à Hazebrouck. Il était évident qu'il ne s'y trouvait plus de locaux suffisants pour loger tout ce monde.
Dès lors chacun des services incriminés, sans tenir compte de l'avis en question, chercha un lieu de repli dans le plus aimable désordre.
Le Tribunal et la Chambre de commerce s'installèrent à Bergues.
L'Enregistrement gagna Wormhout tout comme le Tribunal civil, qui s'y trouva à peu près au centre de sa circonscription. Il tint dorénavant ses audiences dans la salle à manger d'une belle demeure : « Le Château Blanc ». Le vendredi l'on y amenait les détenus de la prison d'Hazebrouck. La plupart des banques se réfugièrent également à Wormhoudt tandis que, les 15 et 16 mars, les services des Douanes gagnaient Bailleul ou Lille. Du 16 février au 3 mars, les vieillards et malades de l'hôpital de Dunkerque étaient répartis à Bailleul, Armentières, Roubaix, Tourcoing et Cambrai où s'installèrent les services administratifs. L'hôpital, par la suite, ouvrit à Socx une annexe d'urgence. 
Un premier déplacement de population s’effectue de la mi-février à la fin mars 1944. Ceux qui sont désormais contraints d’affronter la difficile condition de réfugiés ont le choix entre quitter leur domicile :
- par leurs propres moyens pour aller s’établir en Flandre intérieure où les possibilités de logement commencent à se restreindre,
- emprunter les trains spéciaux affrétés par l’administration française pour rejoindre les départements d’accueil, principalement l’Aube et la Côte d’Or, entassés commune par commune dans des trains bondés.
Une partie de cette diaspora retrouve aussi diverses colonies déjà constituées, notamment à Lille, à Lambersart ou encore dans l’Avesnois.
Après cette épisode il reste encore 25000 dunkerquois dans la poche.
les équipes communales de La Croix-Rouge française de Dunkerque, se dévouent sans compter durant un mois, des réfugiés, craignant des mitraillages sur les routes, limitèrent leurs déplacements et se fixèrent temporairement, en lisière de la zone inondée, dans les communes proches de Téteghem, Uxem et Coudekerque, Ghyvelde, Hondscoote .
D’autres rejoignent le territoire libre par le pont du grand millebrugghe en grand nombre.
À la fin de septembre 1944, près de 18 000 civils demeurent encore dans le périmètre de la poche.
Début octobre, grâce à une démarche de la CRF (croix rouge française) les allemands et les troupes alliés acceptèrent une trêve de 2 jours et les autres évacués, c'est-à-dire tout le bon petit peuple dunkerquois, à pied en vélo en chariot hippomobile sortaient de la poche. Les vieillards et les invalides à bord de camion et d’ambulance.
C'était pitié de les voir partir avec leurs quelques kilogrammes de bagages.
L’itinéraire est bien déterminé. Porte de Petite-Synthe, route nationale 40, jusqu’à l’église saint Nicolas regroupement à l’école Pasteur puis un barrage qui filtre les sorties.
Ensuite direction Armbouts-Cappel à pieds aux travers des champs jusqu’au pont du Grand-Millebrugghe seul point de passage de la ligne de démarcation.
Un détachement de 200 camions fut envoyé pour assurer le transport des évacués à partir d'Esquelbecq et de Pitgam. Toutes les autos de la défense passive furent également envoyées sur place avec des équipes de jeunes volontaires pour recueillir les blessés, les malades et les vieillards.
En gare d'Esquelbecq trois trains spéciaux assurèrent le départ des Dunkerquois vers Bailleul-Cassel-Lille. Dans Esquelbecq, le service des réfugiés, sous l'autorité du chanoine Couvreur et d'un grand nombre de personnalités, avait organisé un centre de premier secours.
Enfin de Paris le S.I.P.E.G. avait envoyé son grand train de secours immédiat, celui que l'on voyait apparaître dans les villes quelques heures à peine après un bombardement.
Le préfet du Nord, Roger, vint sur place et jusqu'à l'extrémité de la ligne de passage pour s'assurer de l'exécution des mesures prévues.
Au point de franchissement de « la ligne » l'on pouvait voir des groupes d'officiers anglais et allemands bavardant et fumant « paisiblement » sur la route tout en surveillant l'évacuation.
Celle-ci avait commencé le mercredi à l'aube. Le soir vers 16 heures, environ 4.000 évacués, principalement de Rosendaël, Coudekerque, et Saint-Pol, avaient été dénombrés dans la cour de la
Photo fournie par Thierry Vandenbussche
Distillerie Duriez au Grand-Millebrugghe. 
"Distillerie déjà célébre  pour l'action de son dirigeant Jean-Bernard Duriez alors maire de Steene qui en 1940 à l'approche des troupes Allemandes avait ouvert les vannes de ses alcools pour inonder ses terres et y aurait mis le feu".
 Au passage, les Allemands vérifiaient les convois. Comme ils prévoyaient, déjà, un siège de longue durée, ils empêchèrent les cultivateurs d'emmener leurs bestiaux.
Devant l'interminable file qui se pressait sur la route, il fallut prolonger la trêve et la porter à 60 heures. Elle ne prit fin, de ce fait, que le jeudi soir à 22 heures. Après les gens valides, les vieillards venaient et les malades, transportés dans des autobus avec l'aide des pompiers et de la Croix Rouge. Vingt camions avaient pu pénétrer dans Dunkerque pour emmener les plus grands invalides. D'autres centres d'accueil avaient été improvisés, notamment au « Pont-à-Curé ». Les services hospitaliers partirent dans les derniers. Ils ne furent guère contrôlés.
les Allemands continuèrent à tolérer la sortie des civils au Grand-Millebrugghe jusqu'au 9 octobre. Il fallait traverser à pied la ferme de M. Wemaere à Armbouts-Cappel. Son champ de betteraves restera célèbre car plus d'un Dunkerquois y entendit siffler les balles. Finalement, les Allemands posèrent des mines et visèrent sérieusement ceux qui tentaient de le franchir. Toute fuite de Dunkerque fut dès lors quasi impossible. 

Le défense passive la croix rouge et les armées alliés concoururent au transport et à l’accueil de près de 17000 personnes dont environ 500 malades et invalides.
 Ceux qui n’ont pas pu évacuer ou qui travaillent pour l’occupant sont placés dans des camps d’internement : Aux petites sœurs des pauvres à Rosendaël, rue Maurice Vincent à Malo, rue Victor Hugo et rue Ferrer à Saint Pol et dans trois rues à Coudekerque : Marceau, de la Paix, Gustave Delory.
Ils sont tenus d’y rentrer tous les soir pour être contrôlés.
Les Allemands n'agirent ainsi que par crainte d'un soulèvement de la population restante.
La vie pour les Dunkerquois, évacués ou demeurés sur place, continuait néanmoins son cours. Ceux qui se trouvaient, désormais, loin de leur ville s'étonnaient d'un calme qu'ils goûtaient pour la première fois depuis de longs mois.
La population des villages se trouvaient considérablement augmentée. Certains réfugiés étaient hébérgés par des parents. D’autre trouvèrent à se loger en même temps qu’à s’employer chez les agriculteurs des négociants et des artisans ruraux.
L’administration procéda à des réquisitions afin que personne ne resta sans abri.
Ce n’est qu’en début 1946 que les réfugiés les plus éloignés purent de nouveau revoir Dunkerque et sa région.

Extraits de l’occupation Allemande par M L MOREEL Avocats à Dunkerque.1955

VIDEOS:


 


 

Commentaires

Unknown a dit…
Document très instructif
Très bien image
On a l'impression de connaître notre histoire mais à la lecture de celui ci
On continue d apprendre et ce dès décennies plus tard
UN GRAND MERCI À VOUS

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