L'ARSENAL SOUS LOUIS XIV: LE PARC DE LA MARINE ET L'ARRIERE PORT.
Du côté de la ville, l'arsenal était borné à l'Est par la Panne(l'écluse Kesteloot), suite du canal de Furnes. Dans le Sud, il avait comme limite l'hôtel de l'Intendance (R), la chapelle et les bâtiments qui y faisaient suite. Puis venait un mur continu qui, après la coupure de l’Écluse de Bergues (P), suivait la direction de la rue du Magasin-Général pour passer, dans l'ouest, derrière la corderie et arriver, du côté Nord, jusqu'à l'écluse du Bassin du Roi (A).
Un autre mur à direction assez mouvementée partait du niveau de l'arrière port, formait clôture séparative des chantiers du commerce, et remontait vers la Panne, devenue la rue Neuve (rue du président Wilson).
Un pont en bois (I) qui aboutissait sur le terre-plein proche de l'écluse du Bassin du Roi (Bassin de la Marine) mettait en communication les deux parties de l'arsenal. Il devait être remplacé ultérieurement par un pont plus solide, à double voie, qui ne fut pas construit en raison de l'état fâcheux des finances.
Le Parc proprement dit occupait, y compris les logements, ateliers et cales, une superficie de 5 hectares 57 ares ;
Le côté du bassin avec les constructions et les terrains de l'arrière-port comprenait 1 hectare 88 ares.
Le bassin avec ses terre-pleins et les bâtiments contigus avait Une superficie de 5 hectares 96 ares et l'arrière-port s'étendait sur une surface de 2 hectares 89 ares;
Tout l'arsenal occupait donc 16 hectares 30 ares.
Du côté de la ville, la clôture du parc n'avait que deux ouvertures.
La porte du chantier (2) était au bas de la rue de Bergues (actuellement rue de l’amiral Ronar’ch), non loin de la porte de Bergues. Cette porte qui avait été construite en 1404 et était comprise dans l'ancien rempart des Espagnols. C’est en 1782 que fut entamée sa démolition ; elle dura deux ans, tant la maçonnerie était considérable et solide.
La porte principal souvent restaurée, sans perdre ses lignes architecturales originaires, fut construite en 1686 et le nom de Porte de Berry lui fut donné pour rappeler le nom du petit-fils de Louis XIV et troisième fils du Grand Dauphin, né la même année.
Cette grande porte était surmontée d'un fronton où sont groupés deux ancres couchées, des canons et des boulets. Au centre se trouve un écusson en bois de chêne qui était surmonté de la couronne royale et avait, en son milieu, les trois fleurs de lys.
La rue qui va de la place Jean-Bart au Parc de la Marine, prit le nom de rue de Berry ; en 1792, c'était la rue des Droits de l'Homme; sous la Restauration elle redevint la rue de Berry ; en 1830, elle reçut le nom de rue de la Marine. Lorsqu'on entrait dans le Parc, après avoir franchi la porte de Berry, on trouvait cinq grandes maisons destinées au logement des commissaires et officiers de l'arsenal.
Tournant à gauche pour se rendre à l'Hôtel de l'Intendance (R), on rencontrait une caserne assez grande construite le long de la Panne'Y). On y logeait les troupes dites à la demi-solde, ainsi nommées parce qu'elles n'avaient qu'une demi-solde lorsqu'elles n'étaient point en mer. C'étaient des compagnies composées de gens de métier; on n'y recevait aucun soldat qui ne sût une profession utile à la Marine. Ces troupes qui avaient été organisées en remplacement des régiments constitués en 1669 par Colbert et que Louvois ne consentit pas à laisser à la Marine, furent également cassées sous le ministère de Pontchartrain. On créa à leur place "des compagnies ordinaires de la marine à la solde entière".
Les troupes de la marine (bombardiers, canonniers, etc.), qui ne pouvaient être placées dans le parc, occupaient en ville l'établissement militaire dit des Casernes de la Marine. Du côté de la mer une batterie était consacrée à l'exercice du canon pour la marine.
Dans le Parc, après avoir dépassé la caserne et laissé sur sa droite un dernier corps de bâtiment servant au logement du personnel de la Marine, on longeait le mur du jardin de l'Intendant pour arriver en tournant à gauche dans la cour de l'hôtel de l'Intendance.
La grande porte n'a été ouverte que vers 1753, lorsque le canal des Moëres fut comblé dans cette partie de la ville.
A la suite de l'Hôtel de l'Intendant se trouvait la Chapelle de l'Arsenal, avec une petite sacristie. On y accédait par trois marches du côté du Parc.
En bordure du Parc, à la suite de la chapelle, il y avait encore une série de magasins et de logements.
De l'autre côté de la rue on trouvait un groupe de magasins et de boutiques (les ateliers portaient alors cette dénomination).
A proximité des cales, on rencontrait les grandes et petites forges avec des magasins qui leur servaient d'annexes. Dans le centre du Parc, des hangars et boutiques étaient affectés au service des constructions navales.
Sur la rive de l'arrière-port, six cales avaient été aménagées pour la construction des bâtiments. Il y en avait trois petites et trois grandes. Ces dernières, qui reposaient sur une solide charpente, étaient pourvues des appareils nécessaires pour tirer à terre les navires ayant besoin de radoub. Un grand hangar placé entre les grandes cales les plus dans le Sud servait d'abri et d'atelier aux charpentiers, perceurs, calfats, etc.
Venait ensuite la Boulangerie, avec ses fours, ateliers et magasins.
Enfin non loin de la porte secondaire de l'arsenal on rencontrait une forme de radoub construite sur les plans de Vauban qui semble s'être inspiré du modèle alors adopté pour les formes anglaises. La forme de Dunkerque était contemporaine des formes des plus grandes dimensions des arsenaux de Rochefort et de Brest. Malgré des efforts infructueux faits à Toulon en 1679, notre grand arsenal de la Méditerranée ne devait avoir qu'un siècle plus tard, à la fin de 1779, un grand bassin de radoub.
La forme du Parc avait été creusée, après épuisement d'une fosse destinée à la conservation des mâts qui existait antérieurement à cet endroit.
Dans le Nord du Bassin, l'arsenal avait deux entrées, l'une à droite, l'autre à gauche de la grande écluse du Bassin.
Dans le fond du Bassin, côté sud, on avait ménagé un plan incliné pour faciliter le débarquement des mâts à emmagasiner dans le hangar qui leur était destine. Toutes les briques entrant dans la maçonnerie des travaux étaient des briques cuites, moulées avec de la terre des environs de Dunkerque.
Près du Magasin-Général, un mur réunissait ce dernier aux Magasins particuliers, afin de clôturer complètement cette partie de l'Arsenal. Une grande porte avait été ménagée pour permettre la circulation, lorsque le service l'exigeait.
Dans l'intérieur des magasins particuliers, des séparations étaient faites pour grouper, d'une manière complète, tout le matériel de chaque bâtiment désarmé comptant au port. Lors du réarmement, on avait donc facilité pour reprendre très rapidement, sans écritures et courses inutiles, l'inventaire de chaque vaisseau.
Derrière les Magasins particuliers on avait établi un quai en charpente qui, à la hauteur du Magasin Général, était coupé par une petite cale de construction pour les galères et les barques longues.
Sur le vaste terrain qui existait derrière le magasin général, entre ce bâtiment et le mur de clôture de l'arsenal, on avait réuni les ateliers de tonnellerie, de poulierie, de peinture, etc, et des hangars poulie bois, les mâts de petite dimension, etc.
Au fond de l'Arrière-port, dans un endroit isolé, non loin de l'écluse projetée pour faire écouler à la mer les eaux du canal de Bourbourg, se trouvait la « Poudrière de la Marine »(8). Le magasin aux artifices (7) était non loin de là, sur un terre-plein isolé, entre les écluses de Bergues et des Moëres, toutes deux au fond du havre.
En 1690, il y avait à Dunkerque une petite escadre de vaisseaux de guerre et un corps d'officiers de marine commandé par un chef d'escadre ou un capitaine de vaisseau d'un mérite distingué. Ce poste fut confié à Jean Bart qui eut ainsi, soit à terre, soit à la mer, la correspondance directe avec la Cour.
A Dunkerque, il était assisté de deux commissaires ordinaires affectés aux détails du port, à l'inspection sur la construction des vaisseaux, les radoubs et carènes ; puis, venait le capitaine de port, qui avait des attributions fort étendues et était assisté d'un lieutenant de port. Un contrôleur avait inspection sur tout le service. Venaient ensuite le garde-magasin et plusieurs écrivains du Roi, employés aux constructions, aux radoubs, à la corderie.
Un maître d'équipage, ayant inspection sur les maîtres entretenus, avait un service très important. On rencontrait ensuite les maîtres entretenus, ainsi que le pilote royal et les pilotes entretenus. Le Parc avait deux maîtres-charpentiers entretenus, assistés de contremaîtres et de charpentiers également entretenus. L'arsenal avait encore un maître-mateur et un maître canonnier, des maîtres calfateur, forgeron, fondeur de canons, armurier, tonnelier, lanternier et chaudronnier, cordier et voilier.
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