Evacuation par les troupes anglaises
D'Estrades à son retour de Londres le 11 novembre s'était installé à Gravelines où il devait conformément aux ordres qui lui avaient été donnés, rassembler les troupes destinées à former la garnison de Dunkerque.
Il devait se mettre en rapport avec Rutherford, gouverneur anglais pour régler tous les détails de l'évacuation. Ce dernier était encore à Londres le 27 octobre : Charles II lui avait ordonné de reprendre son poste et de faire revenir au plus vite en Angleterre deux régiments stationnés à Dunkerque « qui commençaient à faire du bruit sur ce Traité ».
Le duc d'York avait exprimé le désir de voir son régiment irlandais qui comptait mille hommes répartis en dix compagnies, passer au service du Roi de France. Louis XIV y consentit. Il ne s'agissait plus que d'embarquer quelques compagnies de la King's Guard, et les régiments de cavalerie.
Déjà des officiers ou fonctionnaires français viennent reconnaître la ville, visitent les ouvrages, et dressent l'inventaire des armes, munitions et outils qui se trouvent dans les arsenaux et magasins. Pour ne pas voir les travaux en cours, détériorés par les grandes marées, ils y mettent un certain nombre de maçons pour y travailler sans interruption.
Il fut impossible de prendre possession de Dunkerque, le 20 comme on l'avait espéré. Sur l'invitation de Rutherford, d'Estrades se rendit à Gravelines le 19 et il eut une conférence à Mardyck avec le gouverneur Anglais : Rutherford avait besoin de cent mille livres pour payer les décomptes des dernières troupes anglaises qui devaient quitter Dunkerque. Il attendait de Zélande des fonds qui n'arrivaient pas. Ses troupes menaçaient de se mutiner, aussi était-il tout aussi pressé de sortir de Dunkerque, que d'Estrades l'était d'y entrer.
Un arrangement fut conclu à Calais, et les cent mille livres furent expédiées à Dunkerque sous l'escorte de vingt mousquetaires conduits par M. de Maupertuis, qui y fut très bien reçu.
Le 26 Novembre d'Estrades quittait Calais avec toutes ses troupes et dix compagnes de Cavalerie, et cantonnait à Gravelines.
Enfin, le 28, le nouveau gouverneur de Dunkerque pouvait envoyer la dépêche suivante :
« J'escris à Mrs. Herinx et de la Boudre de délivrer l'argent, et que nous sommes mettres de Dunkerque. Touttes choses se sont bien passées et avec ordre, la joye est grande parmi ses publes d'estre au Roy... »
Il avait la satisfaction de reprendre possession de cette ville, qu'il s'était vu forcé d'abandonner dix ans auparavant.
Il n'était que temps : La Chambre des Communes avait envoyé au Gouverneur de Dunkerque, l'ordre de ne pas remettre la place aux mains des Français. Mais le courrier qui l'apportait, quelque diligence qu'il fit, arriva trop tard ; il rencontra en mer les navires qui transportaient les dernières troupes anglaises et rebroussa chemin. Dunkerque était désormais une ville française.
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