Pierre-Edouard Plucket, 1759/1845

Abrégé d'après  l'édition de 1843.

 Termes de marine usuels à  l'époque corsaire.

Pierre-Edouard Plucket,
Il est né le 11 octobre 1759 à Dunkerque
Il est décédé le 4 septembre 1845 à Dunkerque

Dès 1778, Plucket fait ses premières armes dans la course sur le premier corsaire sorti de Dunkerque. Simple matelot alors, il partagea la mauvaise fortune de ses camarades, qui furent pris avec leur navire par une frégate anglaise, et jetés dans les prisons britanniques.

  Le jeune matelot essaya de s'évader, fut repris, et les mauvais traitements que lui valut sa tentative lui inspirèrent contre les Anglais une haine éternelle . Il mit à profit sa captivité pour s'apprendre à lui-même ce qu'un bon marin doit savoir, il l'apprit  ensuite à ses compagnons, prisonniers comme lui. Echangé quelque temps après, Plucket devint capitaine au long cours.

 En mars 1792 Plucket sur le sans-colutte avait, en effet, contraint deux bâtiments hollandais et six anglais à se rendre à lui, dans le cours de cette première expédition ; il n'avait pas pu en prendre davantage, faute de monde.
En effet, Plucket, obligé de faire des équipages à ses prises, n'avait plus avec lui que dix de ses compagnons, et les prisonniers qu'il avait à son bord étaient au nombre de 73 : une révolte de leur part était donc facile, surtout quand une partie de ce faible équipage, grimpée dans les mâts, était occupée à la manœuvre. Pour prévenir toute tentative d'insurrection, le commandant du Sans-Culotte  fit charger à mitraille deux caronades, les pointa sur l'écoutille, et se tint auprès, mèche allumée, pendant trois jours, et trois nuits. Les Anglais ne bougèrent pas. 

Brest, on arma en course un brick de l’état, le Patriote de Brest, de 18 canons et de 140 hommes d'équipage; le commandement en fut confié, au brave Dunkerquois, et son lieutenant, Tayer, le remplaça momentanément sur le Sans-Culotte. Les deux navires appareillèrent de conserve,
« Plucket croisa seul dans le canal Saint-Georges et sur la côte d'Irlande pour y épier le passage des navires venant de l'Ouest, et qui viennent ordinairement y atterrir. 

 Le 15 mai 1793, il eut un combat d'une heure et dix minutes contre une corvette anglaise de 26 canons de neuf. L'ennemi, voyant que Plucket allait tenter l'abordage, prit la fuite. Neuf jours après il engagea pendant la nuit un combat très vif, avec un vaisseau de la Compagnie des Indes, de 20 caronades de vingt-quatre. Les deux navires étant bord à bord se livraient un combat terrible; mais Plucket, s'apercevant que le feu de l'ennemi commençait à diminuer, ordonna l'abordage, quoi qu'ayant reçu quatre blessures. Son grappin de devant manque; celui de l'arrière tient bon; l'anglais alors brasse plein, entraîne le Patriote par la poupe, ce qui oblige Plucket de couper l'aussière qui tenait le grappin de l'arrière, et avant que le Patriote eût rétabli ses bras et ses manœuvres, qui avaient été presque entièrement brisés et coupés, il perdit de vue le vaisseau anglais et il donna chasse au hasard jusqu'à la pointe du jour; seulement alors, il l'aperçut à la distance de deux lieues environ. Il l'eût atteint, si une frégate anglaise qu'il découvrit sous le vent ne l'eût arrêté dans l'exécution de ce projet. 

 Le 1er juin faillit devenir désastreux pour Plucket; car, après avoir visité plusieurs bâtiments et amariné sa neuvième prise anglaise, au moment où il en aurait pris infailliblement un plus grand nombre, une voie d'eau se déclara à bord du Patriote. Les pompes ne pouvant suffire, son  état-major et son équipage voulurent jeter le navire à la côte près du cap Claire. Déjà, un prisonnier irlandais était à la barre ; Plucket, dans une telle circonstance où l'énergie morale doit impérieusement atteindre sa plus haute période, pour faire respecter son autorité s'écria: «- Je brûlerai la cervelle au premier qui « n'obéira pas à mon commandement. » Il ordonne alors de jeter 14 canons à la mer, et n'en conserve que deux. Il fait couler deux hunes sous la quille, les serre avec des grelins passés dans les sabords de l'avant et de l'arrière ,et fait route vers Brest. 

 Le 6 juin, à la pointe du jour, il prend chasse d'un trois-mâts qui le gagnait. « Dans une telle extrémité, Plucket ne conçoit d'autre moyen que d'en imposer à l'ennemi; au soleil levant, il fait placer ses deux pièces aux sabords de retraite, fait tirer un coup de canon à boulet pour assurer son pavillon et sa flamme qu'il ordonne de hisser. Ces mesures mirent en évidence l'incroyable pusillanimité de l'ennemi ; car, au lieu de couper la terre au Patriote qu'il voyait n'être qu'un brick, il se place sous le vent sans montrer son pavillon. Les habits rouges des troupes que Plucket avait aperçues à bord de ce navire le convainquirent qu'il était anglais. Il fait alors placer ses deux pièces sous le vent, garnit ses sabords avec des barils de galère, ordonne de tirer un second coup de canon à boulet, auquel l'ennemi répond enfin de même en faisant hisser pavillon et nantie anglais,. amarre ses basses voiles, met ses bonnettes dans le bastingage et fait bosser ses écoutes:. Plucket, s'apercevant que l'intention des Anglais est d'engager le combat, prépare ses bonnettes pour hisser et se dispose, aussitôt que son ennemi virerait de bord, à, imiter sa manœuvre. Tout a lieu comme il l'avait prévu; il met toutes voiles, dehors et gagne l'anglais d'une lieue au moins. Celui-ci, cependant, se rapproche   au lieu de serrer le corsaire au feu il perd son temps a manœuvrer pour lui envoyer de temps  en temps toute sa volée ; 
« C'est de cette manière que Plucket parvint; à se défendre, pendant trois heures, avec ses deux pièces de retraite, contre une corvette de 28 canons de neuf ; il gagna l'île de Bas, où il débarqua 98 prisonniers qui furent dirigés sur Morlaix, et partit ensuite, escorté par deux corvettes de l'État, protégeant des bâtiments marchands avec lesquels il entrait à Brest. La population de cette ville, en voyant le Patriote, entièrement désemparé, et son intrépide capitaine que l'on transportait à cause des blessures qu'il avait reçues, fit retentir les airs de cris d'enthousiasme ; l'exaltation fut à son comble. Dès ce jour, la population bretonne décerna à Plucket le surnom glorieux de second Jean Bart de Dunkerque, titre que confirma l'ordre de condamner le trophée de son illustration, le Patriote de Brest!  Plucket, guéri de ses blessures, partit en poste pour Nantes avec son capitaine de volontaires, au moment où toute la Vendée était en insurrection.  Ils arrivèrent à Nantes, où on leur cria miracle d'avoir traversé ainsi sains et saufs le sol où le massacre et l'assassinat répandaient de toutes parts la plus profonde terreur. » La réputation de Plucket, comme brave et comme marin, était dès lors parfaitement établie; ses exploits le plaçaient en première ligne parmi les corsaires de son époque, que la Convention appelait dès le commencement de la guerre à l'espérance de commander les navires de l'Etat. 

 Jean Bon-Saint-André fait venir Plucket à Brest, et lui offre le grade de capitaine de vaisseau et le commandement d'une frégate! Aussi modeste qu'intrépide, Plucket refuse cette brillante proposition, n'accepte que le grade de lieutenant de vaisseau, et s'embarque en cette qualité sur le Tigre d'abord, et ensuite sur l'Alexandre, tous deux de 74 canons. Il fit ainsi, sous les contre-amiraux Vanstabel et Nielly, plusieurs campagnes dont le résultat fut un nombre considérable de prises d'une valeur de plusieurs millions.
 En vendémiaire an IV, Plucket devait regretter de ne pas avoir accepté les épaulettes de capitaine de vaisseau, lorsque le membre du comité de salut public les lui avait proposées au nom de la Convention nationale. Il était, en effet, demeuré simple lieutenant, et le 13 mai, il prit en cette qualité le commandement d'une corvette de 12 canons et 150 hommes d'équipage, la Jalouse. Le 28, la Jalouse était à Flëssingue, précédée ou suivie de sept navires ennemis qui avaient été obligés de se rendre à elle, et Plucket y faisait débarquer 52 prisonniers, appartenant à ces navires. Comme on le voit, notre brave Dunkerquois n'avait point la main trop malheureuse, et très certainement il eût fait fortune en peu de temps, si par malheur pour lui le gouvernement directorial, toujours avide et besogneux d'argent, n'avait conservé dans ses coffres le produit de tant de prises.
La fortune échappait ainsi à Plucket; mais il se contentait de la gloire. Il eut celle de contribuer puissamment à la liberté de la navigation de l'Escaut, que le commerce regarda à cette époque comme un si grand bienfait, comme une si éclatante victoire. Mais pour poser un précédent de cette nature, la Jalouse, chargée de l'escorte des bâtiments danois qui faisaient une tentative à laquelle le gouvernement hollandais avait déclaré qu'il s'opposerait, fut obligée d'aller s'embosser courageusement, bord contre bord, en face du stationnaire et des forts bataves : toute la nuit, la petite corvette demeura, canons chargés, mèche allumée, sous la menace de 20 grosses pièces d'artillerie du Walkeren. Le lendemain, les Danois étaient hors de vue, se dirigeant sur Anvers; la Jalouse, contre laquelle la corvette batave s'était bornée à des préparatifs de lutte, remit à la voile, regagna les navires qu'elle convoyait, et alla de nouveau s'embosser sous les batteries hollandaises, devant le fort de Batse, pour protéger le passage de son convoi. Le fort imita la prudence du stationnaire, et des ce moment la navigation de l'Escaut fut ouverte au commerce, grâce à l'audacieuse démonstration de Plucket.
Revenue sur ses pas, la Jalouse, au moment de sortir de Flessingue, fut bloquée   par une frégate et un brick anglais. Les ennemis, en voyant Plucket jeter l'ancre, s'apprêtent à conquérir une proie qui leur semblait assurée, et se bornent à observer pendant la nuit les feux de la corvette française. Ces feux brillaient encore au moment où les premières lueurs du crépuscule permirent aux Anglais, qui s'approchaient de plus en plus, de distinguer les objets; mais, au lieu de la Jalouse, il n'y avait plus qu'un baril de sable amarré par un grappin, et au-dessus le ce baril un fanal planté sur une perche à la hauteur de la poupe de la corvette : celle-ci, après avoir par cet ingénieux stratagème amusé, l'attention des ennemis, avait appareillé sans bruit et traversé inaperçue leurs escadres, qui essayèrent vainement de la rejoindre.
Plucket ne tarda pas à donner de ses nouvelles aux Anglais. Un fort baleinier de 8 canons et de 42 hommes d'équipage se trouva sur son passage le 7 germinal; quelques instants après, les couleurs républicaines avaient remplacé le pavillon britannique. Trois jours plus tard, on voyait deux navires anglais s'échouer sous le fort de Berwick pour éviter la poursuite d'un autre bâtiment, et ce bâtiment était la Jalouse. Les embarcations de la corvette sont mises à la mer; les Anglais comprennent que l'intention de nos marins est de brûler les navires qui ont cru se soustraire à leur poursuite ; le fort se met à canonner à la fois la Jalouse et ses embarcations et il en sort une troupe de 100 hommes pour s'opposer à la tentative des Français. Mais Plucket fait diriger sur ces soldats un feu si terrible que, pour éviter ses boulets, ils rentrent confusément dans le fort, d'où ils peuvent assister à toutes les phases de l'incendie que nos marins vont triomphalement allumer. Le bruit du combat, la lueur des flammes, avaient attiré sur la plage une quantité considérable d'habitants, dont tous les gestes traduisaient l'exaspération. L'équipage de la Jalouse contempla un instant ce spectacle; mais Plucket l'arracha bientôt à cette distraction. Une voile venait d'apparaître dans la direction du nord, et il voulut se donner la satisfaction de narguer encore une fois dans cette journée les orgueilleux insulaires. La Jalouse arrive rapidement dans les eaux du navire signalé, lui fait amener pavillon, le conduit près du fort, et le livre aussi aux flammés au milieu des imprécations des Anglais.
Le 12, Plucket faisait une nouvelle prise.
Le 13, une voile suspecte se montrait à l'horizon, et Plucket prenait chasse devant une frégate de 38 canons de douze et de dix-huit. Vers neuf heures et demie du soir, cette frégate, qui était la Tysiphone, ouvrait sur la Jalouse le feu de ses canons de chasse, et manœuvrait de façon à lui envoyer toute sa bordée. La corvette, de son côté, ripostait vigoureusement avec ses pièces de retraite. Les deux navires passèrent ainsi toute la nuit faisant pleuvoir l'un sur l'autre leurs terribles projectiles et fuyant l'un devant l'autre.
Après onze heures de combat, la frégate et la corvette se trouvaient à portée de fusil, et le sifflement des balles se mêlait à celui des boulets. La Jalouse, malgré la faiblesse numérique de son artillerie, avait fait un feu si continu, que, vers onze heures un quart du matin, le maître d'armes se présenta tout effaré devant le capitaine:
— Capitaine, lui dit-il, c'est à peine s'il nous reste des munitions, et nos sentinelles ne peuvent plus contenir les 60 prisonniers que nous avons à bord.
— Dis aux prisonniers que si un seul d'entre eux bouge, je les jette tous à la mer. Quant aux munitions, combien de coups avons-nous encore à tirer? 

 Ces gredins-là nous ont mangé tous nos boulets, toutes nos grappes de raisin, toute notre mitraille : il nous reste encore huit boulets ramés, puis plus rien après. 

Fais charger les pièces et ajuster avec attention. Timonnier, ajoute-t-il à l'aide du porte-voix, laisse arriver sous le bossoir de babord de l'anglais. Les pièces sont elles braquées, reprit-il après une minute de silencieuse anxiété?
— Oui.  

— Feu! »
Et, comme l'avait voulu Plucket, les pièces avaient été bien pointées ; car, lorsque le nuage de fumée produit par leur explosion simultanée se fut évanoui, la frégate apparut dans un état de délabrement déplorable : après avoir reçu cette dernière volée, son bout hors de foc, cinq haubans de son mât de misaine étaient brisés; elle était désemparée de toutes ses voiles de devant et hors d'état de continuer à poursuivre la Jalouse. Malgré la triste situation dans laquelle elle se trouvait elle-même, ayant sa mâture et ses vergues percées, ses voiles eu lambeaux, son gréement coupé, cinq de ses pièces démontées, l'héroïque Jalouse, si glorieusement commandée et sauvée par Plucket, put alors échapper à son adversaire, atterrit en Norvège, y débarqua ses prisonniers, et s'occupa de réparer ses avaries.
Plucket reçut, peu de temps après, une de ces lettres de félicitations, adressées par le ministre de la marine Truguet au nom du Directoire, qui étaient pour ceux de nos marins qui savaient les mériter de véritables lettres de noblesse. De son côté, la Tysiphone entra dans un port d’Écosse, démâtée de son mât de misaine, et son commandant chercha à excuser sa défaite en prétendant que son adversaire avait 28 canons; mais les prisonniers anglais de la Jalouse ayant fait connaître la vérité, ce commandant, appelé Wallis, dut comparaître devant un conseil de guerre qui le cassa de son grade.
Le 19 floréal, la corvette, bien réparée, ayant renouvelé ses munitions, complété son équipage décimé, gagna de nouveau le large, et se dirigea sur Flessingue. Chemin faisant, elle captura deux anglais. 

 Le 23, elle donna chasse à un navire marchand, dont une brume épaisse vint protéger la fuite; Plucket continua cependant cette chasse pour ainsi dire à tâtons : quand le brouillard se dissipa, la Jalouse avait en face d'elle une forte frégate anglaise, à la poursuite de laquelle elle essaya en vain de se dérober. Au point du jour, cette frégate se trouvait bord à bord contre la Jalouse, et le feu commençait des deux côtés avec acharnement. Il durait depuis près de deux heures, et avait considérablement endommagé les agrès des deux navires, lorsqu'un boulet partagea le mât de misaine de la corvette. Plucket alors manœuvra pour tenter la dernière ressource qui lui restât, ressource qui a tant de fois réussi à nos marins, l'abordage ! Mais un écart fit manquer cette manœuvre, et une dernière bordée de la Vestale, c'était le nom de la frégate anglaise,  acheva de désemparer la Jalouse, et la mit hors d'état de gouverner. Continuer la lutte, c'eût été plus que de la témérité, c'eût été vouer de gaîté de cœur à la mort les braves défenseurs de la corvette qui n'avaient point succombé pendant le combat : le pavillon, si glorieusement porté jusqu'alors par la Jalouse, dut s'abaisser devant le yacht britannique ! moment où Plucket, prisonnier, mit le pied sur le le pont de l'ennemi, le capitaine de la frégate du roi Georges la Vestale, lui dit :  Vous êtes le bourreau de votre équipage, d'avoir  tenu si longtemps contre un navire de ma force. Je comptais, lui répondit Pluckett en lui remettant son épée, faire, avec vous comme avec la Tysiphone, et même mieux ; car, au moment où la mer m'a fait manquer l'abordage, vos hommes de gaillard d'arrière étaient déjà débusqués, et deux hommes de mon équipage étaient  restés blessés à bord de votre frégate.
- Vous êtes digne de porter votre épée, reprit le commandant de la frégate en la lui rendant avec gracieuseté, car vous savez la défendre. » 

 Plucket, d'abord prisonnier sur parole, ne tarda pas à être jeté dans une prison où 17 factionnaires placés de tous côtés rendaient les évasions bien difficiles. Mais, jaloux avant tout de sa liberté, il ne chercha plus qu'à la recouvrer, et, servi par le hasard, qui lui permit de s'emparer de l'affublement prétentieux d'un médecin britannique, et d'un de ces instruments qui aident à faciliter les digestions laborieuses, et dont le nom seul effarouche la pruderie anglaise, il sortit gravement de l'infirmerie : à l'aide; de ce singulier passe-port, il parvint à l'extérieur de la prison sans que sa démarche eût éveillé le moindre soupçon. Peu de temps après il réussissait, après avoir couru mille dangers, à gagner Amsterdam, puis la France, où un conseil de guerre l'acquitta honorablement. Plucket recommença alors la carrière de corsaire : un armateur calaisien lui confia le commandement du Résolu, qui n'avait reçu de lettre de marque qu'à la condition d'avoir pour capitaine un officier de la marine nationale, et de transporter des troupes en Irlande. Le Résolu obtint la permission de faire la course pendant trois mois : sorti du port le 17 ventôse, il ne tarda pas à faire quatre prises. 

 Le Résolu en remorquait deux vers le port d'armement, lorsqu'un cutter anglais se dirigea sur lui à force de voiles : Plucket le laissa s'approcher, avec l'intention bien arrêtée de l'aborder et de s'en rendre maître ; mais, au moment où il allait exécuter cette dernière manœuvre, il se trouva placé entre ce cutter et une frégate ennemie qui venait lui porter aide. Il fut donc obligé d'abandonner ses deux prises, et ce n'est qu'à la faveur de la nuit qu'il put se soustraire à la chasse acharnée que lui appuyait la frégate. Cependant, de nouveaux dangers l'attendaient : il tomba un jour, aux environs des bancs d'Elvoèt-Sluys, au milieu de deux vaisseaux et deux frégates ennemis. « La situation était critique,  car il se trouvait entre deux feux; il ventait grand frais de la partie nord-ouest. N'ayant point de pilote à bord, il s'enquit auprès de ses prisonniers si aucun d'eux ne connaissait la passe : un capitaine anglais lui répondit qu'il avait fait la navigation de Rotterdam, mais qu'il ne voulait point, par ses indications, trahir son pays. «Eh bien! s'écria l'intrépide Plucket dans son pittoresque langage, plutôt que de me rendre aux navires qui me cernent, la girouette passera sous la quille,  et si tu n'as pas de péché qui te pèse sur la conscience,  nous nous rencontrerons en paradis. » «Il cloue alors sa carte sur le capot de chambre, il donne dans la passe, reçoit un coup de mer qui couvre le bâtiment et le menace de submersion : « Lof! lof! s'écrie alors l'Anglais épouvanté, nous allons perdre la  vie;  et, saisissant la barre, il pilote le navire pour l'entrer à Elvoet-Sluys.  Plucket fit réparer son navire à Dordrecht, d'où il reprit la mer, et rentra à Calais, après avoir capturée pendant 78 jours de mer, dix-neuf navires anglais 20 canons, fait 186 prisonniers, chassé deux navires à la côté, et visité trente-trois neutres. » Après cette heureuse croisière, Plucket retourna sur un navire de la République et fut lieutenant de la frégate la Poursuivante, commandée par Castaignier, dont il eut plus tard lui-même le commandement provisoire qu'il résigna en l'an X, entre les mains de Lhermitte. A cette époque, la paix maritime était conclue : les justes et légitimes réclamations élevées par Plucket pour ses parts de prises, et même pour un navire lui appartenant que le Directoire avait mis en réquisition, étaient demeurées sans résultats. Plucket, dégoûté, abandonna à quarante et quelques années., une carrière dans laquelle il s'était rendu si célèbre, et ce marin, dans lequel Jean Bon-Saint-André avait deviné un futur amiral, rentra à jamais dans la vie civile.  

 Après trente-deux ans Absence, Pluckett, doyen d'âge des officiers de la marine française, est revenu, depuis 1834, habiter sa ville natale, où il jouit de la vénération générale. Il a reçu la croix de la Légion d'Honneur le 22 septembre 1840; l'amiral Roussin était ministre de la marine ayant répondu favorablement à une demande concernant Plucket, termine sa lettre en ces termes « Je désire que le respectable vétéran, le  brave capitaine Plucket  voit dans cette décision une « marque d'estime et de la sympathie du département de la marine pour sa valeureuse carrière. » 

Voir: LES ILLUSTRES CORSAIRES " Enfants de Dunkerque " L’EPOQUE DES LOUPS DE MER

 

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