Résistant Dunkerquois l'abbé Lemaire
l’Abbé Charles Lemaire.
Vicaire à Malo en 1940, l’Abbé Lemaire, né à Grand Fort Philippe dans une famille de pécheurs, organise en fin juin 1940, par canots, barques de pêche et avions de tourisme, une chaîne de passages vers l’Angleterre. En 1941, l’Abbé Bonpain le contacte au sujet de ces passages et lance avec lui le Courrier-France Libre et retour.
Mais dès l'automne 1940, l’Abbé Lemaire avait formé un groupe de résistance avec Henri Gugelot, retraité SNCF et Marcel Petit, photographe. Parce que prêtre, il avait refusé de prendre la tête de l’équipe mais il en était l’animateur et l’un des membres les plus actifs. Les toutes premières photos du Général de Gaulle, distribuées sous le manteau en novembre 1940, ont été développées dans le labo de Petit, 12 boulevard de Lille à Malo. Le groupe comporte également le radio Pierre Legrand, qui possède un poste émetteur, Marcelle Cousien, agent de renseignement, Patrice Selingue, Pierre Malraux, neveu de l’ancien ministre, etc.
En juillet 1941, les Allemands raflèrent tout le monde. Madame Gugelot eut le temps d'avertir l'Abbé Bonpain, ce qui prouve que les équipes parallèles se connaissaient.
L’Abbé Lemaire fut sauvé par le Docteur Villette, chirurgien, qui l’opéra en urgence des conduits nasaux et lui transforma le visage. Nommé ensuite vicaire à Loon-Plage, il remit sur pied un réseau de renseignements.
En 1942 l'abbé Lemaire rejoint le réseau "Alliance à la demande de l'abbé Bonpain.
Aumônier du Corps franc de fusiliers marins durant la « poche de Dunkerque » (1944-1945), il mourut après la guerre, curé de Craywick.
Ses coéquipiers furent condamnés le 17 septembre 1941 : 10 ans de prison pour Selingue et Malraux ; travaux forcés à perpétuité pour Marcelle Cousien ; Henri Gugelot et Marcel Petit, condamnés à mort, furent transférés comme otages à Bruxelles et à Rheinbach. Ils rentrèrent à Loos pour être exécutés, le 30 avril 1942, « en représailles d’un crime commis rue de Béthune à Lille ». Au lendemain de la libération, on découvrit leurs dépouilles dans un charnier à Marquette, en bordure du champ d’aviation.
On a là un exemple de résistance efficace, mais menée avec une discrétion et une humilité telles qu'elle peut être, 80 ans plus tard, tout à fait occultée. La Rue des Fusillés à Malo est un hommage à ces oubliés, qu’elle célèbre dans l’anonymat.
Le statut de prêtre diocésain poussait à cet anonymat. Tout comme les moines font vœu d'obéissance au Père Abbé, le clergé séculier est aux ordres de l’évêque du lieu. A Lille, comme dans la plupart des diocèses à cette époque, un prêtre n’a pas à faire de “politique”. En ce temps d’occupation et de régime vichyssois, il doit, quelle que soit son opinion, garder un silence respectueux et « s’abstenir de toute action qui mettrait en danger le statut de l’ordre établi. »
Mais à défaut de résistance directe, bien des prêtres, conseillers spirituels ou aumôniers d’équipes de réflexion, agissent par personnes interposées. Il est facile par exemple aux aumôniers d’Action Catholique de décliner la devise : « Voir, Juger, Agir », dans le sens de la résistance.
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