HISTOIRE DE ROSENDAEL " la cité Gabrielle" les maisons ouvrières.

 


En 1889, un Dunkerquois, aujourd'hui trop oublié, M. Gustave Féron (article dédié), après avoir souscrit deux cent mille francs pour la construction d'un nouvel Hospice celui de Rosendaël (n°25 sur croquis ci-dessus) voulut créer des maisons ouvrières (n°26). Son but était non seulement de rendre service à des compatriotes peu fortunés, mais de fonder une œuvre, entourée de toutes les garanties de science, de sagesse, d'expérience, qui puisse servir tout au moins de guide, si non de modèle, aux initiatives privées ou publiques, qui ne manqueraient pas de surgir ultérieurement. M. Féron voulait s'aventurer hardiment dans la voie du progrès, chercher ses inspirations à Paris, mettre Dunkerque au niveau des plus récentes recherches scientifiques.

 M. Féron choisit  quatre modèles de maisons celles qui  avaient obtenu la médaille d'or de la Section Française à l'Exposition Universelle de 1889.  

De retour à Dunkerque, M. Féron s'adressa à « l'Hôpital de Dunkerque » et lui fit la proposition suivante : « Vous avez à Rosendael un champ qui vous rapporte un loyer de 600 francs par an? Si vous y consentez, je bâtis à mes frais quatre groupes de doubles-maisons, à raison de 200 mètres carrés par maison simple. Le loyer des maisons sera cumulé pour en bâtir d'autres jusqu'à épuisement du terrain. A ce moment, vous deviendrez propriétaire d'une cinquantaine de maisons dont le loyer sera acquis en totalité à l'Hôpital» La proposition fut acceptée et l'inauguration solennelle des quatre premiers groupes eut lieu en 1892.  Leur réunion forme la « Cité Gabrielle », ainsi nommée en souvenir de Mademoiselle Gabrielle Féron, la fille défunte du donateur.

Le 19 juin 1893, M. Féron remit officiellement, à M. le Maire de Dunkerque, les huit nouvelles habitations. Après la réception des nombreux invités, il leur fit visiter les divers groupes de maisons qui offrent un coup d’œil charmant et dont les façades en briques ne manquent pas d'un cachet artistique. Cette visite terminée, l'assistance se rendit dans l'une des salles du nouvel hospice situé en face de la cité ouvrière.



L'œuvre de M. Féron a réussi en ce sens que son œuvre persiste et que six autres maisons se sont ajoutées aux huit maisons primitives.

 Voici un extrait des délibérations de la commission administrative du projet en date du 29 décembre 1890 :

« Ces maisons, contenant chacune quatre pièces au moins, deviendront, aussitôt terminées, la propriété de l'hospice.
Chacune d'elle aura un petit jardin, la contenance totale, y compris la superficie bâtie, sera d'environ 200 mètres carrés par maison ;
Les maisons seront louées a raison de quatre francs par semaine à des familles d'ouvriers choisies parmi les plus nombreuses et les plus recommandables par leur bonne conduite;
Les loyers seront encaissés par l'hospice et portés à un compte spécial, ouvert à cet effet. M. Féron estime que dans quinze ans environ, on sera en mesure avec l'encaisse des loyers, de construire un deuxième groupe, soit seize maisons. A la cinquième période de renouvellement, on arrivera, avec les revenus capitalisés, au chiffre de 236 maisons, puis à celui de 512 à la sixième période. L'administration hospitalière pourra s'arrêter plus tôt, si elle rencontre de graves inconvénients.
Il est entendu que, lorsque l'hospice aura décidé d'arrêter l'accroissement de ce mode d'exploitation, les revenus de toutes les maisons construites jusqu'alors, ainsi que les habitations elles-mêmes, resteront sa propriété pleine et entière.
En dehors des conditions de solvabilité, il faut également en réunir quelques autres pour habiter ces gentilles petites maisons. Mais elles n’ont rien de draconien. Au contraire, elles s'inspirent toutes de l’intérêt des locataires.
Ainsi les locataires ne doivent pas avoir d’animaux, tels que chiens et chats; il est fait une exception pour les lapins et la volaille, mais à la condition que ces animaux soient enfermés dans des cages proprement faites, et que ces cages ne soient pas placées dans ni contre la maison. C’est là une précaution toute paternelle, car les animaux coûtent à nourrir et à soigner; ils donnent de mauvaises odeurs, surtout pendant l’été, et certains, tels que les chiens, peuvent être dangereux pour les enfants des voisins, de plus, il faut en payer la taxe.
Les chambres doivent être blanchies à la chaux, au moins tous les ans, au 1 er mars ou 30 avril. Passé cette date, elles seront blanchies d’office par l'administration aux frais du locataire. Cet entretien, peu coûteux, d’ailleurs, est imposé dans l’intérêt de la salubrité et de l’hygiène des habitations. A partir du commencement de la sixième année d’occupation consécutive, le prix de la location est réduit de 3,50 F par semaine.

Les locataires sont tenus d’envoyer régulièrement leurs enfants aux asiles et aux écoles. »

 Lors de l’exposition universelle Les Hospices de Dunkerque reçurent une Médaille d'or en ces termes :

 « L'Exposition des Hospices de Dunkerque, en dehors des bonnes conditions des constructions elles-mêmes, a frappé le jury parce qu'elle montre les résultats qu'on peut obtenir par la capitalisation des loyers pour arriver à des constructions successives.

Grâce à la générosité d'un honorable citoyen de Dunkerque, M. G. Féron, vice-président de la Commission administrative des Hospices de cette ville et grâce à l'esprit d'initiative de ses collègues, qui ont surpasser outre certaines objections d'ordre administratif, 8 maisons ont été construites avec l'argent, produit d'une donation de M. G. Féron sur des terrains appartenant aux Hospices; ce  n'est là qu'un commencement, car, d'après les calculs établis, avant douze ans, le produit des loyers de ces huit maisons capitalisé sera assez important pour permettre la construction de huit autres maisons et ainsi de suite.

Il n'a pas échappé au Jury, et la récompense qu'il a décernée en est la meilleure preuve, combien il était intéressant de signaler hautement une initiative qui, espérons-le ne restera pas sans imitateurs. »

 

 

  

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