FORT MARDYCK la création de la concession ROYALE

 Création de la concession de Fort-Mardyck
transposition d'un plan du Fort de Mardyck sur carte à ce jour.
   A ce jour l'origine du hameau de pêcheur retenue est celle avancée par Raymond de Bertrand en 1852 dans "L'histoire de Mardyck et de la Flandre maritime" dont l'extrait figure à la fin de cet article. 
 
Le développement ci-après a le souhait d'étayer cette partie de l'histoire de la concession en le complétant par des informations indisponibles à l'époque.
 
 Louis XIV voulant que son royaume devienne une grande puissance maritime, outre la mise en place d’un  programme ambitieux de construction navale,  demanda à Colbert  de créer un système de recrutement des équipages de la marine royale, qui devrait se substituer aux enrôlements forcés (la presse).
Pour ce faire Colbert crée en 1668 l’inscription maritime en prescrivant un recensement général de tous les gens de mer qui seront répertoriés en catégories et en classes (contingents annuels) permettant ainsi leur affectation sur les bâtiments royaux à tour de rôle.
C’est vers  1670, (les premiers d'habitants)  certainement après la démilitarisation (1665) et début de la destruction du Fort de Mardyck, que des marins furent recrutées parmi les inscrits maritimes pour remplacer les militaires  comme gardes côte au  fort de bois et pour alimenter la flotte de l’état en même temps que la flottille des corsaires dont le rôle était alors considérable.   Le choix, compte tenu de l’époque, se serait porté vers des  marins  étrangers à ce territoire flamand nouvellement conquis, et dont les habitants étaient peut-être encore à cette époque réticent   à l'inscription maritime, toutefois il y eut  quelques marins des environs qui devaient répondaient au même critères de sélection. ( liste d'arrivée des premières familles)
Il est possible que de ce fait  les personnels recrutées avec leurs familles  furent logés  dans le Fort de Mardyck démilitarisé  et qu’à la destruction totale de celui-ci (en 1674) il leur fut attribué, par une ordonnance royale, un territoire. Ce territoire dont une grande partie pourrait correspondre   à la superficie du fort: 900 x 700 mètres).
transposition d'un plan du Fort de Mardyck sur carte à ce jour.
Le fort rasé cela   leur permit de rester sur place dans les mêmes conditions et avantages que lorsqu'ils étaient dans l'enceinte du  Fort dont la destruction avait déjà été entamé en 1665.  
 Et c'est peut-être également ses conditions et avantages qui sont à l'origine du règlement  propre à la concession.
Petite-Synthe et Grande-Synthe n'ont donc pas retrouvé à cette occasion la souveraineté sur ce territoire qu'il possédaient avant la création du fort, bien que leur incombèrent les actes administratifs.
Carte mili 1820 avec chemin Dunkerque Gravelines (rue du comte Jean)
Aujourd-hui  avec l'échelle
    Le terrain qu’on leur concéda alors  l’était à titre perpétuel. Et   tous les enfants mâles devaient être classés « inscrit maritime ». Pas un ne manqua à ce devoir. Les corsaires de l’époque, parmi les marins de leurs flottilles, comptèrent plus d’un des rudes habitants de la concession.        
  Ces familles, originaires du littoral de Gravelines à Etaples, arrivèrent progressivement dans la concession. En 1677 on comptait plus de vingt familles.      Les premières familles, qui ne parlent que le français  ont du mal à se lier aux populations environnantes qui nouvellement rattachées à la France se sentent encore plus flamandes que françaises.                     
 Le hameau fut la pépinière d’une foule de marins intrépides qui, presque tous, naviguent avec succès, et dont quelques-uns furent des capitaines et des patrons de pèche expérimentés. Les femmes de ces matelots-pêcheurs sont le type d‘une race fort belle. Elles approvisionnent les marchés de Dunkerque, de poissons ou de gibier, selon les saisons ainsi que des légumes qu’elles ont cultivés au jardin. Le hameau de Fort-Mardyck fut dès son origine divisé en deux parties pour son administration (baptêmes mariages décès) rattachées l’une à la commune de Grande Synthe l’autre à la commune de Petite-Synthe. La limite entre les deux communes suit la rue du corps de garde aujourd’hui rue de l’Amirauté. 
Des relais de mer étant indispensables, Les pêcheurs du Hameau traversaient librement les territoires de Petite-Synthe et de Grande-Synthe pour aller à la mer.
Acte en ligne / site Généanet.org
Acte en ligne / site Généanet.org

Voici la partie consacrée au hameau de pêcheur dans le Livre de R. de Bertrand sur  Histoire de Mardyck.et de la Flandre maritime. édité en 1852.

"Une idée civilisatrice jaillit un jour du cerveau de Louis XIV, au milieu de ses mille et une préoccupations de conquêtes, de batailles, de blocus, de sièges, de fêtes. Le souvenir de Mardick n'était pas sorti de sa mémoire et le grand roi ordonna spontanément à l'un de ses ministres, de faire un appel à ses sujets pour former une colonie de marins dans la Flandre maritime. Il indiqua alors du doigt sur la carte le lieu qu'il avait choisi. Ce lieu était Mardick, le sol qu'avait occupé le célèbre fort où ses armes avaient été victorieuses.

Le but du roi n'était pas uniquement de peupler cette partie de son royaume, mais de trouver là sous sa main en toutes occasions une pépinière de marins, dont il comprenait toute l'utilité.

Le projet eut un plein succès et quatre familles de la Picardie vinrent s'offrir au ministre de la marine. Ces familles étaient de Cucq, village maritime situé à trois lieues Ouest de Montreuil-sur-Mer dans le Pas-de-Calais. Le gouvernement leur accorda les frais de route en 1670. Ils arrivèrent à Mardick où on leur fit construire des maisonnettes, espèces de huttes en torchis et chaume, qui avaient chacune leur jardinet. On leur paya, en outre, les frais d'installation; ils eurent, de plus, la faculté de défricher et d'exploiter ce qu'ils pouvaient des terres sablonneuses contiguës à leurs habitations. Les noms de ces familles primitives étaient Benard, Everard, Zoonckindt et Godin.

C'était une chose étrange que cette colonie de gens ne parlant que le français, venant s'implanter au centre d'un pays flamand, car, en 1670, la langue française était très peu en usage à Mardick et à Dunkerque, et elle était même inconnue à Grande-Synthe et à Petite-Synthe.

Telle fut l'origine du hameau des Matelots-Pêcheurs du fort de Mardick qu'on trouve situé à 51 degrés 7 minutes de latitude et à 23 degrés 26 minutes de longitude en suivant la déclaration de Louis XIII du 5 avril 1634, qui fixait le premier méridien à l'extrémité de l'île de Fer, la plus occidentale des îles Canaries.

Trente personnes à peine composèrent la première population de la colonie. Faible noyau dont les fruits devaient produire un jour des ramifications nombreuses, homogénes, puissantes, intimement liées sous l'égide protectrice de gouvernements paternels, et nous donner l'exemple d'une véritable république toujours tolérée dans le sein même de la monarchie, mais jamais hostile envers la mère-patrie. Les colons donnèrent au hameau naissant ainsi qu'aux terres sablonneuses à l'Est et à l'Ouest, dans une certaine étendue, le nom de Petit Mardick, nom qu'il conservait encore dans le cours du siècle suivant.

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