HISTOIRE DE DUNKERQUE: LA PLACE JEAN-BART


LA PLACE JEAN BART
par Albert BRIL 1935

Ce vaste quadrilatère qui forme notre belle Place Jean Bart et nous apparaît aujourd'hui comme le centre de l'activité urbaine, n'a pas toujours joué ce rôle dans la vie de notre cité.
Cette Place est en effet de construction assez récente ; elle n'était pas jadis le lieu de réunion de nos ancêtres dans le Bourg primitif qui fut le berceau de Dunkerque.
Celui-ci se trouvait dans le quartier de la rue de Saint-Gilles à l'abri d'une grande dune qui suivait l'axe de la rue de l'Eglise.
De cette crête partaient divers prolongements vers l'Est et l'Ouest.
Au pied de ces monticules, l’emplacement de la place Jean-Bart n'était alors qu'un marécage toujours rempli d'eau car le sol était très bas à cet endroit.
Une nouvelle enceinte en maçonnerie, flanquée de nombreuses tours, fut construite en 1405. Cette muraille reportée sur un plan actuel engloberait tout le pâté de maisons formant le côté Nord de là Place Jean Bart. Elle était bordée par un large fossé, et percée de ce coté d'une porte la Zuydtpoorte que protégeait un cavalier.
La ville, était trop exiguë pour sa population. En 1640 une nouvelle enceinte bastionnée fut édifiée beaucoup plus en dehors. De ce côté elle longeait la rue du Sud; L'enceinte de 1405 fut néanmoins conservée. Dans les terrains vagues qui se trouvaient entre elles s'édifièrent peu à peu quelques constructions.
Quand Louis XIV eût racheté la ville en 1662, et eut résolu faire une forteresse imprenable, il renforça les fortifications de 1640 et finalement décida en 1676 de démolir les vieux remparts de 1409.
Cette démolition fut confiée à des entrepreneurs— le Roi s'étant réservé la maçonnerie:
On dessina de nouvelles rues mais on réserva à l’Est et au Nord de l'ancienne enceinte deux vastes emplacements pour y créer deux places spacieuses :
L'une devint la Place Dauphine aujourd'hui place du Théâtre, l'autre la Place Royale ou Grand-Place.
Comme le sol de celle-ci était en contrebas, il fallait l'exhausser. On utilisa pour le remblayer les terres: prélevées dans le Parc de la Marine, où l'on creusait des cales de construction de navires.
Ainsi fut créée la place principale de la ville, qui reçut le nom de Place Royale ou Place d'Armes.
Sous la Révolution on rappela Place de la Liberté. Elle devint ensuite suivant les changements de régime Place Impériale, puis Royale jusqu'au jour où fut placée la statue du grand marin dunkerquois(7 septembre 1845). Elle prit alors le nom de Place Jean Bart qu'elle a conservé officiellement depuis lors. Que de souvenirs s'y attachent !
Alors qu'au début du XVIIe Siècle ; on ne voyait sur son emplacement que quelques petites bicoques, en 1765 on y comptait quarante cinq maisons. Le numérotage commençait au numéro 29 actuel (Café du Grand Morien) pour finir à l'origine de la rue de la Vierge où Notre-Dame (rue des Bassins). ,
Les numéros furent changés sous la Révolution.
Les numéros 1 et 3 ne formaient autrefois qu'une seule propriété. On voit encore au premier étage une enseigne de pierre sculptée, Auguste Malier, fabricant de tabac en était propriétaire au début du XIXe Siècle. Ce fut ensuite le Café Bertot, puis le Café Jules.
Un bureau de tabac occupait également l'immeuble N° 5 à l'époque de l'inauguration de la statue de Jean Bart. Un magasin de tissus lui succéda puis un antiquaire et enfin en 1859 Joseph Dehondt y créa « Le Petit Bazar ». P. Gossonnet lui succéda en 1876, Souty en 1884, et Bécarmin en 1890.
Actuellement il est occupé par les magasins de Confections l’Impeccable.
La maison voisine était une pâtisserie ; on y vit ensuite un magasin de draperie, une lingerie, une confiserie, puis une pharmacie.
Au numéro 9 était au siècle dernier le Café Suisse. Cet établissement créé et dirigé par le confiseur Squeder était de tous les établissements de ce genre le seul à l'époque qui rappelait la Capitale, et par son aspect extérieur en été surtout où il s'ouvrait sur là voie publique avec tables et sièges sur le trottoir, et par sa disposition intérieure, par la manière d'être aussi de ses habitués.
Le numéro 11 se dénommait jadis « Maison de l'Ange ».
La maison portant actuellement les numéros 11 bis et 13 fut dit-on habitée par Jean Bart à l'époque de la victoire du Texel (1694). Ce fut un des premiers immeubles élevés à l'Ouest du Grand Marché, dès que la nouvelle place fut tracée. L'immeuble avait été bâti par le charpentier Leclercq. Jean Bart quitta cette habitation en 1698 pour aller s'installer rue de Bar. Les Lorenzo y installèrent, dès le milieu du XVIIIe Siècle leur imprimerie, A la veille de la Révolution l'immeuble appartient à un sieur Robert Platt qui la vend à Olivier. Les Lorenzo, devenus propriétaires y installent une librairie portant l'enseigne : « A Sainte-Ursule ». La maison était modeste avec son unique étage aux trois fenêtres à impostes et un vaste grenier à la grande lucarne flanquée de deux ouvertures plus petites, aménagées dans un toit fortement incliné et recouvert suivant l'usage de simples pannes ou lourdes tuiles des Flandres.
L'immeuble passa ensuite aux Jacques, Hovelt, Delval et Bollaert, puis au Crédit Lyonnais. L'architecture de l'immeuble fut entretemps modifiée et le rez-de chaussée totalement transformé. Seul le sous-sol a conservé des pierres datant du temps de Jean-Bart.
C'est dans cet immeuble qu'Emmanuel Lorenzo publia son Almanach jusqu'en 1830.
De la fenêtre du N° 17, ancien cercle de l'Union, le Comte d'Artois, plus tard Charles X, qui avait soupe chez Thélu dont il était l'hôte, assista au spectacle d'une fête flamande. Le cortège passa devant lui. Son aïeul Louis XIV et Christian, roi de Danemarck avaient joui du même coup d'œil. Le prince vit défiler devant lui les deux marches, l'une dite de dévotion, à l'issue de la messe paroissiale, l'autre qui n'avait d'autre dénomination que celle de Procession. Dans cette dernière figuraient, avec leurs drapeaux, étendards et attributs, les confréries et corps de métiers ; puis les chars : du Pélican, de l’enlèvement. d'Europe, de Vulcain, d'Asie, d'Auvergne, des Vendangeurs, de Saint-Louis, de Dunkerque, du Roi, de la Reine, les petits Chevaux légers, les Dauphins, les Sauvages, Gentille, Reuze, un géant à cheval, le navire de Saint-Pierre, etc…
Les maisons de la Grand-Place (voir le détails) se distinguaient de celles des autres quartiers, par le nombre de magasins des commerçants. Voici comment elle se présentait en 1845, quand elle prit son nom actuel :
Le pavage de la Place Jean-Bart était en grès de deux couleurs d'une remarquable symétrie. Sous le socle de la statue, un premier cercle en engendre d'autres coupés par une sorte d'étoile à quatre facettes, allant toujours en diminuant et ayant chacune à son extrémité la lettre gravée sur pierre des quatre points cardinaux.
Ce pavage a été modifié avec le nouveau piédestal, mais du haut du beffroi, le dessin est encore d'un très bel effet;
C'est, paraît-il, David d'Angers qui aurait donné le tracé, établi comme un tapis, au centre duquel se dresse la statue.
 La banque de France fut construite en 1858 sur l'emplacement du couvent des Clarisses.
 

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