HISTOIRE DUNKERQUE SOUS LE 1er EMPIRE 1804/1814

 

 

DUNKERQUE SOUS LE 1er EMPIRE (1804-1814.)

voir aussi Les Visites de Napoléon à Dunlerque

Dunkerque apprit par les salves d'artillerie et le bruit des cloches que le vœu qu'exprimait en son nom le conseil municipal était réalisé: l'Empire était proclamé. La foule alla, le 15 Juin 1804, remercier Dieu a St-Éloi, où fut chanté un Te Deum. 

Le 7 Août elle put acclamer l'Empereur lui-même, qui vint s'assurer de la manière dont s'exécutaient ses ordres relatifs au projet contre l'Angleterre. Le quartier-général était au Tornégat, aujourd'hui Sl-Pol ; l'Empereur était à la campagne de Guizelin-Théry. Afin de donner des renseignements sur l'état, les besoins, les intérêts de la ville, le maire fut admis au conseil où se trouvaient le maréchal Mortier, Berthier, Moncey.

L'importance de la situation de Dunkerque, si bien appréciée par Charles-Quint et Louis XIV, ne pouvait échapper à Napoléon, qui eut fait de notre ville un des ports les plus prospères de l’Empire, si sa volonté et son activité n'avaient été occupées par des guerres gigantesques. Toutefois Dunkerque lui dut bien des améliorations, et rien ne doit nous étonner dans l'expression de sa vive reconnaissance pour celui qui rendit à ses chantiers leur activité, qui fit dévaser le port, construire six cents mètres d'estacade, restaurer les quais ; sous le règne duquel le canal de Furnes fut amélioré, une nouvelle route établie entre Dunkerque et Gravelines pour remplacer celle qui circulait dans les dunes ; la ville assainie et embellie, la Panne comblée.

La Panne, canal dont le nom est resté à une rue, avait son cours dans la ville depuis le canal de Furnes jusqu'au port; il s'en exhalait des odeurs infectes ; la salubrité et l'embellissement de la ville gagnaient beaucoup par la suppression de cette source d'émanations fétides.

Le tableau offert à la ville, qui ressemblait à celui-ci et qui trôna à l’hôtel de ville, fut brulé sur ordre du préfet le 6 Juin 1817. 

Napoléon était sensible aux témoignages d'affection des Dunkerquois, à qui il envoya un magnifique tableau où il était représenté auprès d'une table qui portait des manuscrits, sur lesquels on lisait : Plantation des dunes,  Relèvement de la chaussée de l'Est. Au camp de Boulogne , où il se rendit après sa visite à Dunkerque , afin de présider à cette grande fête de la Légion-d'Honneur qu'il avait instituée pour récompenser les services civils et militaires, il décora Emmery,  le premier des douze maires de France à qui ce jour-là la croix fut accordée. 

Dunkerque fêta magnifiquement.le sacre de Napoléon par le St-Père (2 Décembre 1804); les troupes du camp de Rosendaël exécutèrent de grandes manoeuvres; il y eut bal public, illuminations, distributions de secours aux pauvres : la joie était générale.

Les sentiments patriotiques donnaient lieu à de nombreux engagements volontaires ; ils animaient nos marins qui faisaient renaître l'époque des Jean Bart. Allemes, Dumont, Scorssery, Blanckeman ressuscitaient la gloire de nos grands corsaires. Blanckeman qui reçut en 1805, de l'Empereur, la croix de la Légion-d'Honneur, était l'effroi des Anglais. Ils promirent mille livres sterlings   à qui le prendrait. Il fut pris en effet. « Enfin, s'écrie la Gazette de Londres, le corsaire le plus redoutable dont on ait entendu parler, vient d'être pris ! » Rendu à la liberté, à l'abdication de Napoléon , il revint à Dunkerque où il mourut pauvre en 1822.

Pourtant la haine contre l'Angleterre n'étouffait  les sentiments d'humanité , et quand le vaisseau anglais Assistance fut jeté à la côte par une furieuse tempête, le dévouement des pilotes dunkerquois sauva la vie à trois cent soixante-cinq personnes.

On espérait tirer enfin une vengeance éclatante de toutes les perfidies anglaises. Mais le plan si intelligemment dressé échoua, d'un côté par l'impéritie de l'amiral Villeneuve, battu au cap Finistère, bloqué dans Cadix , écrasé à Trafalgar ;  d'autre part, par l'habileté et surtout l'or du ministre anglais Pitt, qui réussit encore à coaliser l'Europe contre nous. Napoléon, à regret, tourna le dos à l'Angleterre pour courir, de victoire en victoire, jusqu'à Vienne, et gagner le 2 Décembre 1805, la grande bataille d'Austerlitz sur les empereurs d'Autriche et de Russie. C'est du champ de bataille qu'il nomma Kenny, maire de Dunkerque.

L'Angleterre échappait encore une fois à l'invasion. Le camp de Rosendaël fut levé. Après le départ de l'armée on créa à Dunkerque une nouvelle garde nationale composée de quinze cents hommes choisis parmi les habitants aisés.

Les étapes de l'Empire ne sont plus guère indiquées à Dunkerque que par des fêtes publiques ; ainsi :

Le 15 Août 1806, en même temps que la fête de l'Empereur, inauguration solennelle, sur la place de l'Égalité (aujourd'hui du Théâtre) du buste de Jean Bart, par Lemot, en présence des autorités, d'une foule de marins, de pêcheurs, de la garde nationale et de la garnison. Les discours exaltaient la gloire de Napoléon ; l'un d'eux se terminait ainsi : « Un tel homme était digne de venger Jean Bart de l'oubli où il était depuis longtemps resté. »

 Le 15 Août 1807, fête de l'Empereur et célébration de la paix continentale avec la Russie et la Prusse. Cette paix allait-elle enfin donner un peu de vie à notre port qui ne recevait plus que soixante-quinze navires, en moyenne par année? L'étoile de Napoléon ne va-t-elle pas pâlir? Il divorce, il fait la malheureuse guerre d'Espagne.... Puis viendra la douloureuse campagne de Russie.... Deux  terribles ouragans marquèrent les années 1807 et 1808. Celui de 1807 amena en rade quatre navires anglais et un prussien qui furent pris par nos corsaires; celui de 1808 détruisit presque entièrement le Fort-Blanc et le Risban ; l'eau déborda sur le port.

— En Mai 1810, fête splendide pour la réception de l'Empereur, de sa nouvelle épouse, Marie-Louise, de leur suite, le roi et la reine de Westphalie, le prince Beauharnais , les ducs de Bassano, d'Istrie, le prince de Wagram et de Neufchatel, l'évêque Belmas , le général Vandamme , le Préfet, le Grand-Chambellan , etc. Des pêcheuses offrirent à l'Impératrice un poisson d'argent dans un filet d'or. L'Empereur visita le port, le soir il se rendit au théâtre où vingt jeunes filles présentèrent des ileurs à l'Impératrice.

— En Mars 1811, fête pour la naissance du fils de Napoléon, enfant qui eut dans son berceau le titre de Roi de Rome, à qui les plus magnifiques destinées semblaient assurées ; qui fut un moment Napoléon II et qui mourut à vingt-et-un ans loin du pays où le fondateur de la dynastie napoléonienne croyait avoir, pour des siècles, établi l'autorité des siens.

Mais les fêtes allaient cesser. Les guerres continuelles avaient épuisé la France; nos populations, si empressées, au commencement de l'Empire, à donner des volontaires aux armées, voyaient avec effroi les bras manquer à la culture ; les désertions devenaient fréquentes. Le commerce était tellement tombé à Dunkerque qu'en 1812 le total des navires entrés et sortis n'allait qu'à 89 et à 83 en 1813, tandis qu'en 1811 il était monté à 1,293 ! La victoire nous abandonnait. La désastreuse campagne de Moscou amenait à la frontière des bataillons en désordre et des milliers de blessés : notre ville en reçut un convoi... Plus de fêtes, mais une tristesse si profonde que le carnaval passa sans ses réjouissances habituelles pour nos marins et notre population qui aime tant les fêtes bruyantes qui la distraient un moment des affaires.

Voyant la France épuisée, ses belles armées détruites,  

ses compagnons l'abandonner, Napoléon abdiqua le 11 avril 1814 et se rendit à l'île d'Elbe .

d'après L. MORDACQ

(POUR VOIR LES SOURCES UTILISEES PAR DUNKERQUE ET SA REGION "dans l'ancien temps")

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