J.B Trystram et le port de Dunkerque
Dans le rapport présenté à la Chambre des Députés, le 16 juillet 1879, au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi ayant pour objet l'amélioration et l'extension du port de Dunkerque, M. J.-B. Trystram, Sénateur et Président honoraire de la Chambre de Commerce, écrivait :
« Le port de Dunkerque a plusieurs fois, au cours de notre histoire, payé de sa ruine la rançon de la France.
A peine en 1854, depuis plus d'un demi-siècle, avait-on remis ce port dans l'état où Vauban l'avait établi à la fin du XVIIe siècle. De 1845 à 1854, par un barrage, sans ajouter un mètre de quai à ceux existants, on transforma 800 mètres de quai d'échouage en bassin à flot. Un décret du 14 juillet. 1861 établit un programme comprenant l'exécution de travaux qui ne sont point encore terminés (en 1879).
JEAN-BAPTISTE TRYSTRAMne recevant pas d'allocations suffisantes, la Chambre de Commerce proposa à la Ville de faire à l'Etat l'avance des sommes nécessaires, et une loi de 1868 autorisa celle-ci à prêter à l'État une somme de 12.000.000 de francs. La lenteur avec laquelle s'exécutèrent les travaux rendit nécessaire, en 1875, une nouvelle allocation pour achever le programme de 1861, absorbé en « partie par des travaux militaires.
Mais ces travaux n'avaient évidemment pour but que de préparer l'avenir.
Ceux qui les ont ordonnés prévoyaient certainement les extensions que le projet de loi qui vous est aujourd'hui soumis va réaliser.
Le défaut de quais est en effet tellement prononcé à Dunkerque que l'on y voit presque toujours les navires alignés sur trois et quatre rangs. Le premier rang décharge à quai ; le second passe son chargement à dos d'homme au-dessus du premier; le troisième ou le quatrième, quand le bassin n'est pas trop encombré, donne son chargement à des bélandres. Il n'est pas rare de voir des navires attendre pendant une ou deux semaines, quelquefois plus, pour pouvoir commencer leur déchargement. Les bâtiments désarmés sont arrimés dans l'arrière-port sur neuf, dix, onze et douze rangs et gênent la circulation.
Cet état de choses occasionnait au Commerce des pertes de temps et d'argent considérables et on comprendra combien cette situation était regrettable, si l'on considère que Dunkerque est le port naturel de nos départements les plus riches et les plus industriels ».
M. de Freycinet, alors Ministre des Travaux Publics, s'en rendait parfaitement compte et dans le voyage qu'il fit à Dunkerque, en 1878, il s'exprimait ainsi :
« Nous ne pouvons oublier que Dunkerque est la sentinelle avancée de la France au-delà du détroit et le port peut-être le « mieux situé pour disputer à Anvers le sceptre de la mer du Nord. La question du port de Dunkerque dépasse les limites « de cette ville, dépasse les limites du département et est pour nous une question française ! »
La loi du 31 juillet 1879 a enfin permis de mettre un terme à la situation déplorable décrite par M. Trystram dans le rapport cité plus haut.
Cette loi, d'une importance considérable pour le port de Dunkerque, déclarait d'utilité publique les travaux nécessaires à son amélioration et à son extension.
Elle fixait à 50.000.000 la dépense à faire et prenait acte de l'engagement contracté par le Conseil Municipal de contribuer à la dite dépense, solidairement avec la Chambre de Commerce, jusqu'à concurrence de 15 %.
La Chambre de Commerce, bien qu'elle eût déjà, par un vote unanime, reconnu que cet heureux évènement était dû surtout à l'initiative et à la persévérance de M. J.-B. Trystram, décida, dans sa séance du 2 août 1879, qu'à l'exemple du Conseil Municipal, elle se rendrait en corps chez son Président pour lui porter l'expression de sa gratitude et de celle du Commerce.
De plus, une délégation de la Chambre et de la Municipalité se rendit à Paris, près du Chef de l'Etat, pour lui demander, au nom du Commerce et de la Ville de Dunkerque, l'autorisation de nommer les bassins et les darses de l'Ouest « Bassins de Freycinet ».
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