JEAN BART "Mémoire de l'intendant HUBERT"

 
MÉMOIRE D'HUBERT   INTENDANT DE LA MARINE A DUNKERQUE (1671/1679)
SUR LES ARMEMENTS EN COURSE A DUNKERQUE.
M. Hubert, peu de jours après, avoir envoyé à Colbert :la liste des corsaires dunkerquois, il  lui envoya  ce mémoire sur les armements en course.
Mémoire dans lequel il donne de curieux détails sur le mode suivi par les armateurs de Dunkerque.
« Par ceux ci-devant envoyés,   j'ai marqué le nombre et la force des bâtiments de guerre qui sont à Dunkerque appartenant à des particuliers , les sujets pour les commander, et la qualité des matelots qui pourraient les servir pour les desseins qu'on pourrait avoir.
Outre qu'il y a peu de matelots pour les armer tous, et pour former une forte escadre, il y a tant de sortes d'intéressés dans les frégates, qu'il y aurait peine à les préparer tous à l'emploi qu'on en voudrait faire : les désordres et les procès qu'on voit journellement parmi eux le font dire, et, à moins d'un grand avantage pour eux, il serait difficile de les y porter, particulièrement dans le temps qu'ils voient retourner leur navire de la mer avec grandes dépenses, n'y ayant trouvé que tous vaisseaux exempts ou porteurs de passeports de Sa Majesté.
Dans cet état, ils voient bien que la navigation ennemie se faisant par de forts convois, il y aura plus de dépenses et de risques à courir que de bien et de fortune à espérer pour eux; et, comme la plupart sont peu accommodés, ils cesseront d'armer indubitablement, ainsi que ceux de Calais ont déjà fait, s'ils ne sont secourus d'ailleurs, pour les obliger à continuer leurs courses vers le Texel et le Vlie.
Fatiguant de la sorte la navigation des ennemis, que cela puisse empêcher leur commerce, ou les obligeant à faire de grands armements, qui seront plus de dépense qu'à charge aux autres, parce qu'ayant moyen de s'étendre à la mer, ils pourront aller ailleurs au passage des flottes qu'ils ont dehors, et revenir de temps en temps à leur port continuer la guerre, même aller souvent dans le Nord interrompre leur pêche, qui leur est d'autant plus sensible, qu'elle fournit presque la subsistance de leur pays, et fait le plus considérable négoce qu'ils aient, néanmoins gardés par de simples convois aisés à enlever. 
« Si Sa Majesté pense simplement à porter ceux de Dunkerque à faire la guerre à ses ennemis de la manière qu'ils ont fait, il n'y a pas nécessité de les obliger tous à faire de fortes escadres; outre qu'il n'y aurait pas de matelots assez, il y aurait moins à espérer pour eux, et de mal à faire aux autres.
Ou le commerce des ennemis cesserait, voyant des forces dehors, ou ils en auraient d'autres pour le favoriser. Dans la disposition où sont la plupart des armateurs, il serait assez difficile de les porter tous à l'armement de leurs vaisseaux; il y a tant de différentes personnes intéressées, que souvent ils ont peine à convenir de ce qu'ils ont à faire; et, pour le dessein qu'on aurait de les joindre tous ensemble, il faudrait les pressentir et quasi leur dire la pensée qu'on aurait, ce qui me paraît de conséquence.
« La mienne serait de préparer adroitement ceux qui ont les plus considérables bâtiments, leur offrant quelques secours; même si Sa Majesté voulait leur accorder de ses frégates, les donner en place de celles qui n'auraient pas de disposition à se joindre à eux , on pourrait demander le dixième des prises qui se feraient, leur laissant le reste pour augmenter la part des matelots, et pour les désintéresser d'ailleurs; de la sorte, ils pourraient s'engager dans la dépense d'armements (qui ne sont pas de peu de considération). Peut-être que les autres armateurs, voyant quelques apparences de profit, viendront insensiblement demander à joindre leurs navires, et à former une ou plusieurs escadres, selon le besoin. Il est bon d observer sur cela que les prises qui se sont faites n'ont pas beaucoup enrich i les armateurs la plupart de leurs gains sont en vaisseaux qui leur demeurent sur les bras, et peu d'argent comptant pour faire des armements; ainsi, outre les frégates de Sa Majesté, il les faudra secourir d'ailleurs, les intéressant de telle sorte que l'apparence de profits les fasse agir; mais, de quelque manière que le secours se donne, soit de vaisseaux, ou d'autre chose, il est nécessaire que là tout paraisse à eux, et que rien ne soit connu de ce qu'exige Sa Majesté, du moins dans les commencements des armements. Pour cet effet, il faudrait commencer par l'armement de trois à quatre bâtiments, et continuer le reste ensuite, pour se joindre, en cas de besoin, selon les occurrences : de cette sorte, on pourra être en état d'attaquer toutes les flottes qui entrent et sortent, et incommoder extrêmement les ennemis de Sa Majesté.
« À l'égard des matelots, pour peu qu'on augmente leur part, et qu'ils sentent du bien, il en viendra assez d'ailleurs s'engager à servir ».
« HUBERT. » 
 
 Extraits de « Jean Bart et Louis XIV drames maritimes du XVII siècle »
d’Eugène Sue 1851

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