LES PECHEURS D'ISLANDE : Le départ.

 
Le départ
Ce jour-la, le bâtiment arbore tous les pavillons ; au grand mât se trouvent les drapeaux de la France et de Dunkerque. L'après-midi a lieu le diner flamand (FOLHUYS) où l'on "trinque" et où chacun chante à tour de rôle. Payé partie par l'armateur, partie par l'équipage, tous y assistent. Parfois, dans la première quinzaine de Mars, la flottille est bénie solennellement.
 le jour du départ; tous les yeux interrogent le ciel, la marche des nuages : le vent est bon! Nous allons partir.
Un grand remue ménage se fait dans les maisons habitées par les pêcheurs : c'est le coffre qu'on emporte pour le conduire à bord; dans ce coffre, ont été rassemblés par la mère, par l'épouse, tous les chauds vêtements de laine que l'on a tricotés dans les longues soirées d'hiver, en s'entretenant de l'absent , en se répétant pour la centième fois le récit de quelqu'un de ses voyages, de quelqu'une de ses fredaines. Ce coffre, qui s'en va le premier, est le sujet-des premières larmes.
Il est d'usage que, le jour du départ, les matelots embarquent à l'écluse. Officiers, mousses et novices sont abord dès le matin et travaillent dur afin de déhaler le navire, sans avaries, à l'entrée des écluses du bassin du commerce. Ils sont aidés par les gréeurs, le personnel de la maison, voiliers, tonneliers, charpentiers, et les canots-lamaneurs. D'autre part le commandant veille aussi sur ses hommes. Sans doute ceux-ci ne sont pas loin et boivent le fameux coup de l'étrier soit à l'estaminet Vincent, soit à la "Plateforme". Les  retardataires arrivent essoufflés au Quai du Risban, tandis que gendarmes et "bonnes amies" reconduisent les poivrots.
Cependant l'heure de la marée approche. Les navires qui, la veille, ont quitté le bassin pour venir s'amarrer dans le port d'échouage, commencent à flotter. Les autres se pressent dans le sas et aux écluses du bassin à flot qui vont s'ouvrir pour laisser passer une première fournée de ces retardataires, puis une autre, et encore une autre plus de cent navires.
Quel mouvement dans toute la ville! Les boutiques, les magasins, les cabarets sont encombrés de pêcheurs qui viennent faire une dernière emplette, boire un dernier coup, sera-t-il le dernier? Avant de s'embarquer. Les femmes, les sœurs, les mères, les filles, d'autres encore ne les quittent pas d'une semelle, les yeux sont bien rouges; le coin des tabliers est un peu mouillé. 
 
Mais l'heure presse, il est temps de mettre fin à ces épanchements, il s'agit de regagner le navire, tous les groupes se dirigent donc vers le port.  
La foule  se dirige aussi le long des quais, par les rues, vers l'avant-port et les estacades.  
Un joyeux prélude du célèbre carillon ramène, fort à propos, nos pensées vers les choses présentes.
Les voilà qui s'embarquent.   Le pont des navires est encombré de légumes et de vivres frais de diverses natures, les idées, de leur côté, sont un peu embrouillées, car si les yeux ne sont pas voilés par des vapeurs alcooliques, ils aperçoivent à deux pas, sur le quai, d'autres yeux bien faits pour faire naître des distractions. 
 Cependant le capitaine jure et tempête, quelques bourrades aidant, l'appareillage s’accomplit ; les voiles se gonflent les unes après les autres et les navires commencent à creuser lentement un sillon qui ne s'arrêtera que dans six mois. Ils filent entre les jetées qui sont envahies par la foule des curieux, des amis et des parents : les femmes hâtent le pas pour accompagner jusqu'au bout, le frère le fils, l'époux  qui s'éloignent de plus en plus vite.
Mais les jetées sont dépassées ;
 
 les navires, toutes voiles dehors, fendent l'eau avec rapidité, dans un instant, les matelots pourront à peine deviner dans la foule qui encombre les jetées, les visages, puis les costumes de celles qui leur appartiennent.  
En route, pour de bon, vers le "Trou", passage dangereux entre le Nord de l'Ecosse et les Orcades, puis vers les Iles Westman du Sud de l'Islande,  point de ralliement où commence la campagne.

Commentaires

articles les plus consultés

CARTES POSTALES DE DUNKERQUE ET SA REGION "JOSEPH TOP" ANNEES 50

DUNKERQUE ET SA REGION " AU TEMPS DU TRAMWAY"

LE CARNAVAL DE DUNKERQUE " hier et asteu'

HISTOIRE DE FORT-MARDYCK une concession royale

LES CORSAIRES ENFANTS DE DUNKERQUE

L'HISTOIRE DE DUNKERQUE ET SA REGION

LES ARTICLES DU BLOG PAR THEMES

DUNKERQUE ET SA REGION "EN PHOTOS AERIENNES "

ABREGE DE LA VIE DE JEAN BART