LES PECHEURS D'ISLANDE POEMES DE VICTOR DE COURMACEUL 2- LA TEMPETE.
LA PÊCHE D'ISLANDE
Poème par Victor de COURMACEUL.(1855)
1- Le départ-
2- la tempête-
3- la pêche-
4- le retour-
LA TEMPETE
Pendant de longues nuits, des jours laborieux,
Au sein des grandes mers voguant sous d'autres cieux,
Le vaisseau qui cherche le pôle
Par le courant rapide au hasard emporté,
En tournant les écueils, vers quelque astre aimanté,
Suit l'aiguille de la boussole.
Les vapeurs de la nuit s'élèvent au zénith ;
Le firmament plombé, de son sein qui frémit,
Lance sa flamme glaciale,
Et par le vent du nord l'incendie allumé
Consume lentement le nuage enflammé
Des feux d'aurore boréale.
Un bruit sinistre court dans les cieux ébranlés,
Us vomissent bientôt de leurs flancs désolés
Comme une lave qui ruisselle;
Et la nuit lumineuse aux brumes se noyant
Jette sur l'horizon son voile flamboyant
Que l'ardente étoile constelle.
Du météore éteint les dernières clartés
Colorent les glaçons sur les flots agiles,
L'écume fouette les visages;
Déjà des profondeurs du gouffre ténébreux,
L'Océan rebondit vers le ciel sulfureux
Où s'amoncellent les nuages.
Quel est ce point obscur qui du morne horizon
S'élève, et d'où bientôt jaillit comme un tison,
Le feu des éclairs de phosphore?
Quel autan en courroux chasse vers le vaisseau,
Et qui, plein de tonnerre, étend son noir réseau
Aux quatre coins du ciel sonore ?
Alerte!... le sifflet du maître a résonné;
Sur le pont de l'esquif le flot aiguillonné
Bat l'écoutille sans relâche;
La rafale, en hurlant, sur le tillac s'abat,
Et la foudre s'attache à la pointe du mât
Comme un éblouissant panache.
On dirait que le ciel, croulant avec fracas,
De sa voûte de feu dispersant les éclats,
Tombe sur la mer en cascade ;
Ou que dans ses transports, le bouillant Océan,
Entassant flot sur flot, comme un autre Titan,
Des Cieux veut tenter l'escalade
Alerte, amis, c'est la tempête !....
C'est la lutte des éléments ;
C'est le Ciel qui, sur votre tête,
S'ébranle dans ses fondements I
C'est le tourbillon formidable
Qui soulève les bancs de sable
Et les emporte dans son flanc ;
C'est l'orage qui vous assiège,
Empourprant l'éclatante neige
De ses éclairs rouges de sang !
Alerte! alerte! de la foudre
Se rapproche le roulement ;
La nature va se dissoudre
Sous les débris du firmament.
O matelots ! votre pensée
Vers le pays s'est élancée
Du sein du suprême combat ;
Des regrets vous sentez l'atteinte,
Mais du moins ce n'est pas de crainte
Que sous la main le cœur vous bat.
Dans cette scène d'épouvante
Qui glacerait d'autres d'effroi,
A chaque coup de la tourmente
Du vaisseau craque la paroi ;
Le câble brisé se torture
Et s'enroule dans la mâture
Avec un aigre sifflement;
La voile tombe et se déchire,
Et des sombres flancs du navire
Sort un confus mugissement ;
La foudre allumant l'incendie
Dans les entrailles du vaisseau,
De cette grande tragédie
Eclaire le dernier tableau ;
En vain dans les flots de fumée
Ta frêle barque est enfermée,
O Marin, conserve ta foi !
Et, combattant l'ardente flamme,
Invoque tout bas Notre Dame,
Car la mort passe devant toi !
Tendre mère de Dieu, douce Reine des Anges,
Étoile de la mer,
Secourez le marin qui chante vos louanges
Et qui vous est si cher.
Salut, source de vie, et de miséricorde,
Notre espoir le plus doux !
Bénissez tous les biens que votre amour accorde
A vos fils à genoux !
0 Vierge immaculée, animez nos courages,
Et comblez tous nos vœux !
Guidez de vos rayons, dans la nuit des orages,
Nos vaisseaux hasardeux.
Douce sainte Marie! ô clémente ! ô pieuse !
Priez ! Priez pour nous
Celui qui, consacrant votre mamelle heureuse,
Voulut naître de vous !
Protégez vos enfants sous vos ailes fidèles
Au milieu des périls,
Et répandez sur eux les grâces éternelles
De votre divin fils !
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