LES PECHEURS D'ISLANDE POEMES DE VICTOR DE COURMACEUL 1- LE DEPART

 LA PÊCHE D'ISLANDE

Poème par Victor de COURMACEUL.(1855)

1- Le départ-
2- la tempête-
3- la pêche-
4- le retour-

LE DEPART.
Enfin d'Avril naissant sonne la première heure !
La nature sourit au réveil du printemps ;
Le soleil, des Poissons quittant l'âpre demeure,
Réchauffe le Bélier de ses feux éclatants,

Sur le sol reverdi que la brise caresse,
L'insecte aux reflets d'or brille comme un écrin ;
Et poussé vers le bord avec plus de mollesse,
Sur les galets luisants glisse le flot marin.

Le germe contenu du sillon se détache,
Le ciel s'est repeuplé des oiseaux babillards,
Et le bourgeon sur l'arbre éclate en vert panache,
Où s'arrêtent les pleurs de nos derniers brouillards.

Tandis que recevant son hôtesse fidèle,
La chaumière, où s'abrite un nid chaud et soyeux,
Pour fêter le retour de la douce hirondelle,
Remplit l'air odorant de ses concerts joyeux,

Sur l'aile du zéphyr le nuage s'élance ;
Vers le pôle engourdi la chaleur arrivant;
De l’Océan-arctique ouvre le flanc immense,
Et fond la glace en bloc qui s'en va dérivant.

Sur le chantier marin l'activité redouble;
Dans le bassin à flot le navire est lancé,
Et les vieux matelots, qu'aucun souci ne trouble,
Reprennent les refrains de leur chant cadencé.

Ils frappent les échos du chenal qui s'anime;
Et fixant sur les mâts leur hardi pavillon,
Ils mêlent à l'envi la chanson maritime
Et les cris du départ aux airs du carillon.

Où vont-ils ces vaisseaux qui sortent de ton port?
Où vont ces matelots qui méprisent la mort,
Et qui chantent du haut des hunes?
Où vont tous ces patrons qui, quittant ton rempart,
T'adressent par trois fois les hourras du départ,
0 ma vieille ville des Dunes?...

Cette mer vers laquelle ils ont tourné les yeux,
Ces flots impétueux qu'ont domptés leurs aïeux,
Que sillonnera leur navire,
Cet Océan du nord sombre, froid et brumeux
Sait bien de ces secrets tristes ou glorieux
Qu'en grondant il pourrait leur dire.

C'est par là qu'ont passé le Picte conquérant,
Les Saxons dont les flots roulaient comme un torrent,
Les vieux Romains du Capitole ;
Là, les bateaux normands à la côte échoués
Ont fait luire de loin leurs brandons secoués
Sur les campagnes de la Gaule !

Là, flotta dans les airs le drapeau des croisés,
Là, Richard assembla sur ses mâts pavoises
La, noblesse de l'Angleterre.
Là-bas, de l'Armada Pétendart orgueilleux,
0 mer, tu t'en souviens, sous tes flots périlleux,
S'est englouti dans ta colère.

C'est là que Maës, Dauwère, et tant d'autres depuis,
Sous les feux de l'éclair, au sein des sombres nuits,
Se sont joués de la tempête ;
Et que Jean Bart, vainqueur, sur les flots défiés,
Passa majestueux, l'abîme sous les pieds,
Le soleil de Dieu sur la tête.

Quoi ! Vont-ils s'élancer dans le même sillon,
Ces marins dont on voit flotter le pavillon,
Où le blanc et l'azur alternent?
La patrie en danger les a-t-elle appelés ;
A-t-elle enfin jeté du fond des cieux troublés,
Ces cris d'angoisse qui consternent?

Comme en des jours récents, a-t-on vu l'Empereur
Grouper, les bras croisés, le front sombre et rêveur,
Sa flottille obsidionale ?
D'un oeil d'aigle sondant cet orageux détroit,
A ses soldats bouillants a-t-il montré du doigt
Le coeur saignant de sa rivale?

Non... La France a levé son insolent blocus ;
A tous ses ennemis qu'elle a cent fois vaincus,
Elle a tendu sa main meurtrie.
Un astre pacifique illumine ces mâts,
Et guidé ces vaisseaux aux modernes combats
Du commeree et de l'industrie.

Un vent propice enfle les voiles,
Partez intrépides marins ;
Livrez à la foi des étoiles
L'esquif qui porte vos destins.
Dans cet océan redoutable,
Que votre rame impitoyable
S'enfonce comme un éperon ;
Et que votre main vigoureuse,
Secouant la vague houleuse,
La fatigue de l'aviron.

Partez, chauds de nos embrassades,
Partez, mes hardis compagnons,
Glissez entre les estacades
Au bruit des salves des canons.
La ville entière est accourue,
Et sa voix immense salue
L'aurore de cet heureux jour.
Du beffroi la cloche pieuse.
De la même chanson joyeuse,
Accueillera votre retour.

Vos femmes, en proie aux alarmes,
Tout bas, pour vous, invoquent Dieu,
Et leurs bouches mêlent aux larmes
Les tendres baisers de l'adieu.
Du bout de la double jetée
Leur voix dans vos cœurs répétée
Vous envoie un dernier signal,
Tandis qu'à l'horizon de sable,
De plus en plus insaisissable,
Se meurt l'écho du sol natal.

Au loin emporté par la vague,
Sous le vent fuit votre vaisseau;
Et votre oeil plongé dans le vague,
Ne voit plus que le ciel et l'eau.
Amis, cette heure est solennelle

Vos bras vers la voûte éternelle
Se sont levés en suppliant ;
Vous implorez votre patronne,
Et, du ciel, la Sainte-Madone
Vous a bénis en souriant.

Tendre mère de Dieu, douce reine des Anges,
Etoile de la mer,
Secourez le marin qui chante vos louanges
Et qui vous est si cher !

Salut, source de vie et de miséricorde,
Notre espoir le plus doux !
Bénissez tous les biens que votre amour accorde
A vos fils à genoux !

0 Vierge immaculée! animez nos courages,
Et comblez tous nos voeux;
Guidez de vos rayons dans la nuit des orages
Nos vaisseaux hazardeux I

Douce Sainte-Marie, ô clémente, ô pieuse !
Priez, priez pour nous
Celui qui, consacrant votre mamelle heureuse,
Voulut naître de vous !

Protégez vos enfants sous vos aîles fidèles
Au milieu des périls,
Et répandez sur eux les grâces éternelles
De votre divin fils!

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