POEME DE VICTOR DE COURMACEUL LE RETOUR A DUNKERQUE LA PECHE D'ISLANDE
LA PÊCHE D'ISLANDE
Poème par Victor de COURMACEUL.(1855)
4- le retour-
LE RETOUR.
Mais de votre retour le signal est donné ;
Les vaisseaux alourdis, vers la France, ont tourné Leur proue, au choc des mers meurtrie ;
Le marin, fatigué de son rude labeur,
Sous sa calleuse main, sent tressaillir son cœur, Au souvenir de la patrie !
Déjà l'astre du jour, dont les feux ont pâli,
Déjà l'astre du jour, dont les feux ont pâli,
D'un rayon, que l'automne a bientôt affaibli,
Perce la brume congelée ;
Déjà du fond du Nord, la bise qui gémit Traverse, en tourbillon, le ciel qu'elle obscurcit
De sa première giboulée.
La voile s'est tendue, et l'amarre a glissé,
La voile s'est tendue, et l'amarre a glissé,
Et, de son bras nerveux, le marin a hissé
Le cordage qu'il développe,
Et le flot, qui s'abaisse, et s'enfle tour à tour, Balance mollement le vaisseau, de retour
Dans les eaux de la vieille Europe.
0 mère bien-aimée ! Enfants chéris ! 0 sœur, Épouse, ou fiancée ! 0 souvenirs du cœur,
0 mère bien-aimée ! Enfants chéris ! 0 sœur, Épouse, ou fiancée ! 0 souvenirs du cœur,
Au cœur trop longtemps contenus !
Et vous, durs compagnons, à la rive enchaînés, Vous que, depuis six mois, sur ces bords étonnés, D'autres devoirs ont retenus,
Accourez sur la plage; inondez le chenat ;
Et vous, durs compagnons, à la rive enchaînés, Vous que, depuis six mois, sur ces bords étonnés, D'autres devoirs ont retenus,
Accourez sur la plage; inondez le chenat ;
De
la haute marée arborez le signât ; Lancez le canot qui circule ;
Interrogez de l'œil l'horizon incarnat, Et cherchez sur les flots la
pointe de ce mât, Qu'enveloppe le crépuscule.
Il vogue lentement, chargé de son fardeau ; Tandis que des frimats prochains l'on voit sur l'eau
Il vogue lentement, chargé de son fardeau ; Tandis que des frimats prochains l'on voit sur l'eau
Voler déjà les blancs fantômes,
Lui, fuyant vers le Sud le retour de l'hiver,
Il creuse fièrement cette neigeuse mer,
Que bordent quatre grands royaumes.
II approche ! Il arrive ! Il gagne le détroit
II approche ! Il arrive ! Il gagne le détroit
Dont le lit agité, dans ses ondes, reçoit
Le
Rhin superbe, et la Tamise ; Il borde les récifs de l'ancien continent
;
Le vent, le flot, l'étoile, à l'envi le guidant, Il touche à la terre
promise !
Le voilà ! Le voilà qui double le grand banc !
Il glisse au pied du phare ! Il presse de son flanc
Le voilà ! Le voilà qui double le grand banc !
Il glisse au pied du phare ! Il presse de son flanc
Le sein de la terre natale !
Le voilà, répondant aux cris partis du bord !
Le voilà, repliant sa voile dans le port,
Le voilà, répondant aux cris partis du bord !
Le voilà, repliant sa voile dans le port,
Et jetant l'ancre sur le sable!
Salut à toi, France chérie !
Soleil béni, ciel enchanté !
Salut, douce, et chère Patrie !
Sol sacré de la Liberté !
0 France indomptable, et féconde,
Salut à toi, France chérie !
Soleil béni, ciel enchanté !
Salut, douce, et chère Patrie !
Sol sacré de la Liberté !
0 France indomptable, et féconde,
Arbitre des destins du monde,
Providence de l'Univers,
C'est toi qui répands la lumière,
Et qui, sur le double hémisphère,
Armes les bras, et romps les fers !
Salut, ô nouvelle Atlantide !
Salut, terre des dévouements !
Salut, sentinelle intrépide,
Salut, ô nouvelle Atlantide !
Salut, terre des dévouements !
Salut, sentinelle intrépide,
Qui surveilles deux éléments !
Salut, Dunkerque ! cité fière !
Toi, dont la fanfare guerrière
Salut, Dunkerque ! cité fière !
Toi, dont la fanfare guerrière
Frappe l'écho de tous les temps,
Et dont les revers, ou la gloire
Se sont inscrits, dans notre histoire,
En caractères éclatants !
Que ta muraille se festonne ;
Que ta muraille se festonne ;
Que sur ton rempart pavoisé,
Les derniers bouquets de l'automne
Parent ton front cicatrisé ;
Du haut de tes tours sourcilleuses,
Que tes chansons les plus joyeuses,
Fêtent l'aube de ce beau jour;
Bénis le ciel, qui t'est prospère,
Et sois heureuse, ô tendre mère :
Voilà tes enfants de retour !
Et maintenant, dans la chapelle,
Et maintenant, dans la chapelle,
Dont la dune abrite le toit,
Que !'équipage se rappelle
Le vœu qu'à Notre-Dame il doit :
C'est elle qui, gardant la poupe,
Protégea la frêle chaloupe
Contre le gouffre et l'ouragan ;
Aux pieds de la Madone sainte,
Chantant la naïve complainte,
Priez, enfants de l'Océan.
Tendre mère de Dieu, douce reine des Anges, Étoile de la mer,
Tendre mère de Dieu, douce reine des Anges, Étoile de la mer,
Secourez le marin, qui chante vos louanges,
Et qui vous est si cher!
Salut, source de vie, et de miséricorde,
Salut, source de vie, et de miséricorde,
Notre espoir le plus doux!
Bénissez tous les biens que votre amour accorde
Bénissez tous les biens que votre amour accorde
A vos fils à genoux !
0 Vierge immaculée, animez nos courages,
0 Vierge immaculée, animez nos courages,
Et comblez tous nos vœux!
Guidez de vos rayons, dans la nuit des orages, Nos vaisseaux hasardeux !
Douce sainte Marie ! ô clémente ! ô pieuse !
Priez ! priez pour nous
Guidez de vos rayons, dans la nuit des orages, Nos vaisseaux hasardeux !
Douce sainte Marie ! ô clémente ! ô pieuse !
Priez ! priez pour nous
Celui qui, consacrant votre mamelle heureuse, Voulut naître de vous!
Protégez vos enfants, sous vos ailes fidèles,
Protégez vos enfants, sous vos ailes fidèles,
Au milieu des périls,
Et répandez sur eux les grâces éternelles
De votre divin fils.
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