LE FORT DE MARDYCK

 


Le fort de Mardyck
 II était question depuis plusieurs années d'établir à « Petite Sainte » un fort pour la défense de la place et du port de Dunkerque. Quand on arrêta définitivement le projet en 1622, Jean Gamel, ingénieur de Dunkerque, reçut la direction des travaux, au nom du roi d'Espagne. 
On choisit l'emplacement dans les dunes où se trouve aujourd'hui le hameau des Matelots-Pêcheurs devenu Fort-Mardyck. Il y avait alors à l'Ouest du chenal de Dunkerque, une passe profonde entre la plage et le banc le plus rapproché, le banc Shurken. C'était le canal de la Fosse de Mardyck qui avait son entrée à trois kilomètres de Dunkerque. 
  «Ce Fort remplissait parfaitement l'objet pour lequel il était construit puisqu'il éloignait de la passe  qui formait dans ce temps là la rade de Dunkerque, les escadres hollandaises qui croisaient continuellement dans le voisinage. Enfin, l'attaque ennemie sur Dunkerque se développait le long du littoral, le long du chemin de Gravelines à Calais ». Il était donc utile de créer cet ouvrage avancé. Le Fort Mardyck étant devenu un ouvrage militaire aussi utile que remarquable, on oublia vite le Fortin ou Fortelet des temps modernes et le château fort des Romains, et dont il ne reste guère que des vestiges en 1852. 
Le fort était composé de deux parties dont la plus élevée contenait quatre bastions d'une grande élévation avec une fausse braie  au pied de laquelle on voyait une palissade et un large fossé avec une contrescarpe palissadée. Ce haut fort renfermait une petite église surmontée d'un clocher ainsi que deux pavillons d'état-major et deux autres petites constructions. Il était entouré d'une enceinte comprenant trois bastions royaux à l'Est et à l'Ouest et de deux autres vers la plage. Cette enceinte qui se nommait le bas-fort était elle-même entourée d'un fossé avec des demi-lunes, des courtines et une contrescarpe palissadée.
 Le bas-fort renfermait quatre corps de casernes de 70 mètres chacune, trois magasins long chacun de 60 mètres et servant d'écuries au besoin et de deux logements pour les marchands de 160 mètres chacun. L'ensemble du fort de Mardyck avait, dans sa plus grande longueur, c'est-à- dire de l'Est à l'Ouest, 900 mètres environ et du Sud au Nord 700 mètres. Les ouvrages extérieurs se terminaient à la laisse de haute mer. L'entrée du port se trouvait au Sud-est. Il pouvait contenir de 3 à 4 mille hommes. Les fossés du fort étaient alimentés par la mer et par le canal de Mello au Sud. Le Mello communiquait au watergand le Vliet devenu le canal de Bourbourg. 
Le chemin de terre de Gravelines à Dunkerque, formant la seule voie de communication entre ces deux villes, passait presque au pied de la contrescarpe extérieure du fort, longeait du Sud le banc du Comte Jean et se trouvait donc coupé par le Mello que l'on traversait sur un pont. Au midi de ce fort, il existait un bourg considérable qui était environné de plusieurs ouvrages de fortifications. Deux mille soldats pouvaient y loger. 
Le fort de Mardyck fut le théâtre de durs combats en 1629, 1645, 1646, 1652, 1657. Ses fortifications furent souvent relevées, améliorées. Le cadre de cet ouvrage ne permet pas de raconter par le détail toutes les péripéties de ces luttes entre deux nations qui s'acharnaient à s'emparer d'une citadelle qu'elles considéraient comme la clef de Dunkerque. 
En 1662, par suite du rachat du territoire de Dunkerque par Louis XIV aux Anglais, le fort est définitivement possession française. On avait commencé au cours de l'été de 1663, à travailler aux fortifications de Dunkerque et de Gravelines ; à mesure qu'elles augmentèrent, le fort de Mardyck devint inutile. Le roi en ordonna la démolition ; on mit tout de suite la main à l'œuvre et on la termina en 1665, en majeure partie du moins. 
En 1670, le hameau des Matelots-Pêcheurs est créé ; mais, à mesure qu'il prenait de l'extension, le gouvernement se sentait moins disposé à conserver en cet endroit un poste militaire pour la défense de la côte.
 Le conseil du roi résolut, à la fin de 1673, de faire opérer de rasement du nouveau et de l'ancien fort de terre dont il n'existait plus, du reste, qu'une faible partie. Au commencement de 1674, le roi transmit, à cet effet, des ordres à Denis le Boistel de Chantignonville, son intendant des places de Flandre du côté de la mer. Aux premiers beaux jours ces ordres furent exécutés ; au mois de mai, cinquante hommes travaillaient au dérasement. Il ne resta plus que le fort de Bois. 
  Ainsi disparut, après une existence d'un demi-siècle cette redoutable citadelle, témoin de tant de luttes. Le sol de Fort-Mardyck a toujours été pour l'archéologue l'objet de recherches se rapportant aux guerres dont ce lieu a été le théâtre. C'est ainsi qu'on a trouvé, au siècle dernier, des cuirasses, des biscaïens, des boulets de différents calibres, des fondations de murailles, des balles, des foyers de cheminée, des ossements d'hommes, de chevaux, de mulets, notamment une tête humaine dans laquelle était planté un poignard. Un préposé des douanes y a trouvé le corps d'un officier Espagnol recouvert de son uniforme et muni de ses armes. En 1847, des travaux d'aplanissement ont mis à nu des moellons en excellent état, une énorme pierre en grès et la statue d'un saint, haute de plus d'un mètre que le contact de l'air réduisit en poussière. 
La ville de Fort-Mardyck n'a pas de vestiges visibles des anciens forts élevés sur son territoire. Cependant, l'existence du fort des Romains est signalée par une légère élévation de terrain. Dans la rue du Nord, les jardiniers ont parfois la surprise de rencontrer dans leurs travaux de solides fondations qui seraient celles de l'ancien fort.   Une personne qui creusait profondément à cet endroit trouva des ossements humains; les squelettes étaient voisins les uns des autres et bien rangés, ce qui prouverait l'existence d'un cimetière militaire. Rue de la République, les habitants ont remarqué qu'a certains endroits, le sol résonnait cachant peut-être des souterrains ou des galeries de l'ancien fort souvent détruit et réparé. 

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